11 Janvier 2014
Le monothéisme et le polythéisme possèdent chacun une définition, sinon plusieurs, de « Dieu ». Cependant, du fait de notre culture essentiellement monothéiste, « Dieu » ou la notion de divin possède les caractéristiques essentiellement monothéiste. Il est, ainsi, créateur de toutes choses, tout en étant un principe de salut. Dieu est à la fois « vivant », bien qu’une théologie d’un Dieu mort existe. Il est transcendant, mystérieux, et est « connaissable » grâce à ses œuvres, c’est-à-dire la création, ou par la « révélation ».
Un théiste croit en une idée de dieu, c’est-à-dire en une représentation du divin, comme étant vraie, possédant les caractères définis. Il espère au moins à une promesse de transcendance, de salut voir de rédemption, de compréhension de l’univers (et donc de la création divine). Il s'adresse à un dieu réel ou tout au moins présent, créateur de tout…
L'athéisme, l'opposé du théisme, a, au fil de l'histoire des religions et des époques, bénéficié de plusieurs définitions. L'athée a été impie, un négateur de dieu, un renégat, un être maudit et abandonné de dieu, un désespéré, et même un nihiliste.
Les philosophes et les théologiens ont inventé tout un catalogue d’athée. Le mot, lui-même, n’existe pas à toutes les périodes de l’histoire, comme par exemple au Moyen Age où l’athée était nommé « l’insensé ».
Athée signifie littéralement « sans dieu ». Cette négation ne propose aucun verbe, d’où la difficulté de définir ce qu’est l’athéïsme (par les théistes). Il faut aussi distinguer la démarche philosophique qui questionne et apporte des réponses à la réflexion théologique, qui a pour objet l'étude même du divin, de dieu.
La première option est de considérer que l’athée est celui qui ne « croit » pas en dieu (ou aux dieux). On parle aussi de « doctrine athée », c’est-à-dire de ceux qui ne « nient l’existence » de dieu (ou des dieux). Plus simplement, on considère que l’athée est celui qui refuse de vénérer dieu (ou les dieux). C’est donc celui sans culte et sans religion : un irréligieux donc. Sous une forme passive, on considère que l’athée est privé de dieu (ou des dieux), qu’il est maudit, rejeté de dieu ou des dieux. Qu’est-ce que nie l’athée ? et en quoi cette négation est rejeté par les théistes ?
Croire est de tenir pour vrai une proposition. Il y a deux manières d’être incroyant : « de ne pas croire » ou « de croire que ne … pas . »
« Je crois en dieu » est une affirmation globale, et pour ne pas passer pour du sentimentalisme, il est ajouté « je crois que dieu existe ». Or, « dieu-existe » n’est pas un postulat viable (pour l'athée).
La sémantique est importante : l’idée de dieu existe, mais est-ce que dieu existe ?
Pour le croyant, la dimension logique passe par d’autres postulats : ordre du monde, histoire sainte, salut ou rédemption, exigence d'une transcendance … . Ce que nie l’athée est la crédibilité de ces arguments. L’idée de dieu existe, certes – mais l’idée est humaine. C’est l’être humain qui est créateur de l’idée, de la représentation de dieu ou des dieux. Autrement dit, pour l’athée, c’est l’humanité qui a inventé dieu. Cela ne signifie pas pour autant qu’il considère que l’idée soit mauvaise, seulement il ne la considère pas pour vraie. Elle n’est pas vérité.
L’athée est aussi confronté à un problème central : si cette idée-dieu, quelle que soit sa forme, est une croyance, que faire des autres idées ? Que faire des idées des anges, des fées, des licornes, de Mère-Nature, de l’immortalité de l’âme, du paradis et de l’enfer, qui sont tout autant porteuse d’une symbolique à part entière et de valeurs, alors que ces croyances ne sont pas partagées par tous les théistes? Faut-il croire à toutes les idées dont l’humanité est porteuse ?
Il nie donc la réalité de dieu (ou des dieux) au sens littéral. L’athée ne croit pas en un dieu, ni en plusieurs. Faut-il lui en vouloir?
Est-ce qu’il nie l’existence de dieu ? « Il ne sait pas ». C’est d’ailleurs la manière la plus simple d’exprimer l’athéisme. Le savoir est en constante opposition avec la croyance. L’athée ne considère pas détenir les secrets de l’univers et de sa création. Nous pouvons nous demander judicieusement, est-ce que les théistes en savent plus ? Est-ce qu’eux-mêmes pensent détenir quelques secrets de l’univers qui leur font pense que dieu n’est pas qu’une idée, mais une réalité ?
L’athée n’est pas non plus maudit et rejeté d’un dieu dès le berceau ou dans le courant de sa vie.Refuser de vénérer un dieu n’est plus un crime, fort heureusement. Cependant, un croyant, un théiste, peut aussi refuser d’adhérer à un culte. Il peut n’avoir aucune religion dans laquelle s’identifier. Un athée n’est pas plus désespéré qu’un croyant.
L’athée est simplement celui qui ne croit pas. Est-il, pour autant, un renégat, un impie voir un libertin ? Ce sont des jugements de valeur qui ont jalonné l'histoire des religions. De nos jours, la discrimination de l'athée - de l'incroyant - existe toujours. Ainsi, aux Etats-Unis, dans certaines constitutions des états, la croyance en Dieu est une obligation pour siéger à la cour ou être avocat (Mayland, Tennessee, la Caroline du Sud et le Texas). En Indonésie, celui ou celle qui critique une des religions reconnues de l'état risquent d'être condamné à 11 ans de prison. L'obligation d'être croyant est un pilier de la constitution depuis 1940.
L'athéisme, tout comme le théisme, n'est pas une démarche philosophique. Ainsi, il ne faut pas confondre, non plus, l’athée avec l’agnostique.
L’agnostique considère, quant à lui, que dieu est « méconnaissable », mettant en doute la définition même du divin et de sa représentation. Il travaille, en quelque sorte, au cœur de l’idée du divin. Ce qui ne veut pas dire qu’il est incroyant. Le dire « méconnaissable », c’est-à-dire « inqualifiable » ne signifie pas pour l’agnostique qu’il n’y croit pas. L’agnostique apporte, aux croyants comme aux incroyants, une remise en cause de l’idée de dieu, la notion du doute, mais ne modifie en rien pour eux la notion de croyance ou d’incroyance. Il existe des agnostiques athées, bien que les philosophes en discutent encore. Ce seraient, alors, ceux qui ne croient pas en dieu, qui considèrent qu’il s’agit d’une idée, et qui la disent « méconnaissable » ! Avouez que l’on peut se mettre une balle dans la tête pour moins que cela !
Théiste, athée : ces deux frères ennemis, avaient, semble-t-il, bien assez à faire entre eux, et voient d’un œil circonspect le déiste brouiller plus encore les cartes. Ce sera le sujet d'un prochain article.
Lilithement vôtre,