5 Septembre 2014
Alors que j'écrivais mon article « CMF & GLNF : bientôt un SCUMF ? » http://lamaconne.over-blog.com/2014/09/cmf-glnf-bientot-un-scumf-html,Jean-Pierre Servel peaufinait une réponse qui n'est pas adressée à Jean-Luc Fauque, mais aux frères de la GLNF, en date du 4 septembre, dont vous trouverez ci-dessous le texte complet.
Décidé visiblement à remettre Jean-Luc Fauque, Souverain Grand Commandeur et son Suprême Conseil, face à ses responsabilités, Jean-Pierre Servel rappelle la part active de celui-ci quant à la scission de la GLNF ayant permis la fondation de la GLAMF.
Un passage en particulier de la déclaration en date d'avril 2012 ne laisse aucun doute à ce sujet :
"Dans ces conditions, le processus de retrait de reconnaissance de la part des Grandes Loges étrangères ne peut que s’accélérer et la Grande Loge Nationale Française sera probablement bannie de la Maçonnerie régulière reconnue.
Cette situation largement prévisible, a été anticipée par de nombreux Frères qui se sont regroupés pour construire une nouvelle Grande Loge régulière en France dans le respect des « landmarks » fondateurs et avec la volonté de rétablir sur le territoire, les conditions de renaissance d’une maçonnerie initiatique traditionnelle. Cette initiative a rencontré l’adhésion d’un grand nombre de Frères, tous rites confondus. Le projet s’est finalisé récemment donnant naissance à la Grande Loge Alliance Maçonnique Française (GL-AMF) qui sera consacrée par ses Loges fondatrices le 28 avril prochain. Cette obédience totalement souveraine permettra à tous ses membres la pratique régulière des trois degrés symboliques dans tous les rites reconnus de la maçonnerie universelle. Créée régulièrement et respectueuse des critères de fonctionnement de la maçonnerie régulière, la GL-AMF est un corps maçonnique régulier. A ce titre, elle est légitimement fondée à demander la reconnaissance des Grandes Loges régulières étrangères au sein de la Franc-Maçonnerie mondiale des deux hémisphères."
Difficile de prétendre après une telle déclaration de n'avoir pas participé au départ des frères de la GLNF, en leur expliquant que « régulière », elle ne pouvait que demander la reconnaissance des GL régulières du monde entier.
Difficile aussi de prétendre que le but n'était pas une reconnaissance par la GLUA qui est le début de la chaîne.
Jean-Pierre Servel ne mâche pas ses mots : les dirigeants ont fait une erreur en fondant la GLAMF. Si eux-mêmes étaient si sûrs de sa régularité, ils ne seraient pas affiliés dans d'autres obédiences régulières.
« Il y a ce que les dirigeants du Suprême Conseil ont fait… et ce que qu’ils ont dit aux Frères qui leur ont fait confiance. » écrit-il.
Pourtant, il demande aux frères de la GLNF de ne pas répondre aux agressions de la GLAMF et de son prochain et tout à lui, Suprême Conseil.
« Ces choix sont ceux de l’obédience que le Suprême Conseil a directement suscitée, ce dernier les cautionne. Nous avons tout lieu de les respecter, je les respecte et vous engage à les respecter. J’engage les Frères qui les adoptent à les assumer sereinement et sans agressivité. Je considère néanmoins de mon devoir de ne pas vouloir y associer les Frères de la GLNF. »
Sans entrer dans une polémique sur la pratique maçonnique libérale & adogmatique des frères de la GLAMF, Jean-Pierre Servel indique que les frères de la GLNF membre du Suprême Conseil ont un choix : quitter le Suprême Conseil et éventuellement fondé s'ils le désirent un Suprême Conseil « Régulier » ou quitter la GLNF et rejoindre les rangs de la GLAMF.
Après la lecture du courrier de Jean-Luc Fauque, on peut être surpris par la posture adoptée ici par Jean-Pierre Servel : il ne fait aucune pression auprès des frères de la GLNF. Il leur demande de faire un choix en toute conscience & connaissance de cause dans la paix.
Il est aussi intéressant aussi de découvrir les raisons qui ont poussé Jean-Pierre Servel a stoppé ses entretiens avec Jean-Luc Fauque, qui avait envoyé des documents censés diffamés la GLNF à la GLUA, sur des rituels du 4ème degré portant la nom de la GLNF, publié par l'Edifice, maison d'édition, tenu par un frère de la GLDF. Ils sont charmants …
Malgré ses postures libérales & adogmatiques, il faudra effectivement du temps à la GLAMF (et je ne parle que des loges bleues) pour qu'elle se trouve une identité.
Actuellement dans un entre-deux, dans le regret d'une régularité-reconnaissance perdue du fait de leur départ de la GLNF, dans le rêve « de faire l'histoire » (et nous risquons de l'entendre souvent!), la GLAMF est une trop jeune et récente obédience pour qu'aujourd'hui nous puissions être fixé à son sujet. De même, il semblerait qu'elle a récupéré en son sein ce que les frères ont voulu fuir : la démagogie de dirigeants qui ont vraisemblablement zappé l'essentiel de leur travail initiatique pour se concentrer sur une conquête de cordons.
Elle voudrait imposer autant à la maçonnerie libérale qu'à la maçonnerie régulière, sa vision et sa pratique maçonnique. Pour le moment, nous n'en voyons pas grand chose : à part des frères qui se sont exclus de ce qu'ils cherchent et qui ne veulent pas ce qu'ils disent être.
Il leur faudra du temps pour admettre que la GLNF est restée la GLNF et qu'il n'y a rien de nouveau. D'ailleurs, la nouveauté en maçonnerie ne fait pas bon ménage avec la régularité.
Il y a certainement dans le monde de la maçonnerie libérale, 10 000 façons de l'être et aucune normalement n'est mauvaise. Il faudra du temps à ces frères – à une partie d'entre eux – pour comprendre que la leur n'est pas meilleure que ce que nous pratiquons dans nos obédiences et que nous ne les avons pas attendus.
Il leur faudra du temps pour comprendre qu'ils ont participé et participent encore au plus terrible jeu de massacre qu'a connu la maçonnerie française dans toute son histoire.
Lilithement vôtre,
Très Chers et Bien Aimés Frères,
C’est avec tristesse que j’ai pris connaissance de la déclaration du Souverain Grand Commandeur Jean-Luc Fauque aux membres du Suprême Conseil pour la France.
Croyez que ma seule préoccupation en la circonstance est de rendre la situation que nous traversons la moins pénible possible pour tous et, en particulier, pour nos Frères de la GLNF membres du Suprême Conseil pour la France. Il est essentiel pour cela de garder en toute circonstance une attitude fraternelle et respectueuse des options de chacun.
Il serait souhaitable que le Souverain Grand Commandeur Jean-Luc Fauque prenne un peu de hauteur et veille à modérer le ton de ses propos. Sans porter de jugement de valeur, personne n’ignore la part active que les instances dirigeantes du Suprême Conseil ont prise à la situation que nos Frères du REAA sont aujourd’hui contraints d’affronter. On peut en juger à travers l’histoire de la création de la GL-AMF et l’historique des propres discours et déclarations de Jean-Luc Fauque (ci-joint, pour mémoire et en copie, les textes de son discours de décembre 2011 et de sa déclaration d’avril 2012). Ces textes montrent à l’évidence qu’il n’ignorait rien des considérations conduisant le Suprême Conseil à être aujourd’hui en contradiction avec ses propres constitutions et règlements.
Depuis 2012, le Suprême Conseil argue avec constance de la régularité des Frères de la GL-AMF au motif que ces derniers ont été initiés dans une Grande Loge Régulière, la GLNF. Au sens où les Grandes Loges Régulières etreconnues l’entendent, la « régularité » d’un Frère n’est pas un « label ». Elle est tout simplement liée au fait qu’il soit membre d’une obédience régulière et reconnue officiellement comme telle. Jean-Luc Fauque en fait lui-même la démonstration dans son discours de décembre 2011.
D’ailleurs, s’ils étaient si sûrs de la régularité des Frères de la GL-AMF aux yeux des Grandes Loges Régulières, on peut se demander pourquoi les dignitaires du Suprême Conseil ont pris la précaution d’être membres de Grandes Loges Régulières reconnues et non de la GL-AMF. Il y a ce que les dirigeants du Suprême Conseil ont fait… et ce que qu’ils ont dit aux Frères qui leur ont fait confiance.
Pour désagréable que soit, pour le Suprême Conseil, le fait de considérer lucidement les conséquences de l’erreur commise en participant activement à la création de la GL-AMF, tout le monde sait bien que l’issue de la situation ainsi créée était devenue inéluctable. En effet, qu’en est-il aujourd’hui ?
Ne parlons pas des « cicatrices » encore fraîches qui émaillent encore, hélas pour des années, les relations entre les Frères de la GLNF et de la GL-AMF. Quel que soit notre élan fraternel, quel que soit le désir de vouloir concilier les contraires, laisser la situation perdurer aboutirait à entraîner les Frères du Suprême Conseil de notre obédience dans une voie que ne nous jugeons pas régulière, avec un effet de flou sur les principes qui conditionnent cette régularité : primauté donnée à la liberté de conscience sur toute autre considération, conception devenue de ce fait ambiguë du vocable de « Grand Architecte de l’Univers », principes d’inter-visite laissés à la liberté de chaque Loge et de chacun.
Ces choix sont ceux de l’obédience que le Suprême Conseil a directement suscitée, ce dernier les cautionne. Nous avons tout lieu de les respecter, je les respecte et vous engage à les respecter. J’engage les Frères qui les adoptent à les assumer sereinement et sans agressivité. Je considère néanmoins de mon devoir de ne pas vouloir y associer les Frères de la GLNF.
Croyez bien que je suis le premier à me soucier du climat difficile qui risque de s’installer durant le moment que nous sommes contraints de traverser. Essayons de vivre ce moment sereinement et de nous tourner, les uns et les autres, vers l’avenir. Les positions sont claires désormais et je m’engage à ne pas les troubler par des postures agressives. Il serait souhaitable que le Souverain Grand Commandeur fasse de même. Il convient en effet de laisser les Frères de nos corps maçonniques respectifs se déterminer en paix, sans attiser des sentiments néfastes par des attitudes peu fraternelles.
Le choix de tous les Frères issus de la GLNF se situe entre :
Cette vision « européenne continentale » est très différente de la situation rencontrée dans le reste du monde. Les Frères des Suprêmes Conseils américains ou anglais n’abordent le Rite Écossais Ancien et Accepté que dans les Loges de perfection, à partir du 4ème degré, pour le poursuivre dans les degrés capitulaires et au-delà. D’une rive à l’autre de l’Atlantique ou de la Manche, nos points de départ sont certes différents, mais quel que soit notre cheminement, si l’on appartient à une Grande Loge Régulière, l’ambition initiatique de chacun doit être la même. Elle doit le conduire dans la Lumière à une communion dans la compréhension personnelle et partagée qu’il a du Grand Architecte de l’Univers et de lui-même.
Pendant presque 50 ans, notre obédience a permis à des Frères de plus en plus nombreux de pratiquer le REAA avec bonheur et de se perfectionner dans une Juridiction parfaitement souveraine. Ce dispositif global est donc possible et réaliste. Croyez que je serai pour ma part attaché à ce que nos Frères du REAA puissent tous très vite à nouveau pratiquer leur Rite dans la sérénité et la qualité et, selon leur désir, trouver une voie sereine de perfectionnement initiatique les conduisant à l’aboutissement d’eux-mêmes.
Chacun a une construction personnelle à vivre. Conformément aux principes de régularité, il ne m’appartient pas d’intervenir dans le processus qui conduirait à la construction d’une Juridiction régulière pour le REAA mais sachez qu’avant de rentrer en relation amicale avec une Juridiction qui se serait constituée et qui respecterait les principes de régularité, notamment dans la composition de ses effectifs, je serai très attentif à la qualité de son projet, tout en m’interdisant, bien évidemment, toute ingérence dans son entière indépendance et autonomie.
Il ne m’appartient pas de vous en dire plus et je vous souhaite courage, lucidité, mais aussi sérénité dans le choix que vous devez faire.
Recevez, Très Cher et Bien Aimé Frère, l’assurance de ma fraternelle affection.
Jean-Pierre Servel
Grand Maître
ADDENDUM AU MESSAGE DU GRAND MAITRE // PRÉCISION QUANT À L’INTERRUPTION DES CONVERSATIONS AVEC JL FAUQUE
Dans le courrier qu’il a adressé au Grand Maître, le Souverain Grand Commandeur prétend que « des structures écossaises de hauts grades sous l’égide de la GLNF » auraient utilisé les rituels du SCPF grossièrement modifiés.
Déjà au mois d’avril, sans prendre la peine de téléphoner au Grand Maître dans l’esprit fraternel de leurs rencontres d’alors pour s’assurer de la véracité de ce qu’il supposait, Jean-Luc Fauque a fait parvenir secrètement au Suprême Conseil anglais et sans en avertir Jean-Pierre Servel, les documents incriminés. De cet envoi, il essayait, avec le succès que l’on sait, de tirer argument contre la reconnaissance de la GLNF, précisant en outre qu’une période d’hostilité s’ouvrait avec la GLNF.
Cette démarche, qui a profondément choqué nos amis anglais, nous a définitivement convaincus, si besoin était, de ne pas prolonger avec le Suprême Conseil des conversations qui nous sont apparues dès lors comme manquant singulièrement de sincérité. À l’instar des structures de hauts grades écossais dont il était fait mention, le document transmis et dont elle a appris l’existence lorsqu’il lui a été retransmis, échappait totalement au contrôle de la GLNF, étant le fait d’une maison d’édition indépendante (Les Éditions de l’Édifice) dont le dirigeant, M B (1) est un frère de la Grande Loge de France, qui avait pris l’initiative de l’éditer en mentionnant la GLNF sans en référer à quiconque. Un courrier recommandé a été adressé à Monsieur B(1), lui intimant de cesser immédiatement l’édition de ce document.
Note du 15 février 2016 : suite à la demande de Monsieur B qui me fut faite directement, j'ai supprimé son nom du passage en question.