25 Septembre 2016
Voici un sujet doublement tabou dans nos loges libérales. Elles sont non seulement adogmatiques et donc ne peuvent admettre que le dogmatisme puisse exister chez elles. Pourtant, la réalité humaine est toute autre : qu'il soit franc-maçon ou non, l'être humain, pour se rassurer, par goût du pouvoir, parce qu'il ne supporte pas le doute a besoin de se sentir protéger par des opinions ou une pensée unilatérales. Ce que nous appelons un dogme, un préjugé, … Certains vont plus loin. Petit inventaire de ce que nous, maçonnes et maçons, nous entendons un peu trop souvent.
Il y a des chanceux et chanceuses qui, grâce à la franc-maçonnerie, ont toutes les réponses à leur question. Ils se demandent, d'ailleurs, comment nous faisons, nous, pour en avoir encore alors qu'ils sont là pour nous apporter leurs réponses. Si par ailleurs, vous tentez d'apporter une réponse différente de la leur, sachez-le, elle est (obligatoirement) mauvaise et vous le font savoir durement. Masse inculte, suivez le gourou !
Je me demande quant à moi, puisque la franc-maçonnerie est nonobstant faite pour « chercher laVérité» pourquoi ces sœurs et ces frères si fortunés qui l'ont « trouvé » encombrent encore nos colonnes et ne sont pas passés à autre chose ?
Si vous en croisez une ou un, il serait peut-être bon de le leur demander.
J'appelle cela « péter du cordon ». Si vous voulez mon avis, par rapport au premier cas, ce sont les moins sympathiques et les plus ennuyeux. Les premiers peuvent être vraiment convaincus d'avoir les réponses à toutes leurs questions – et donc se les être posées un jour même s'ils ont oublié qu'aucun d'entre nous ne peut prétendre avoir des réponses ou les imposer aux autres – Les seconds sont foncièrement dans une relation de pouvoir, estimant dominer les autres parce qu'ils ont un cordon pour deux ou trois ans ou qu'ils sont entrés dans des hauts grades. Ils nous montrent surtout par leur comportement que ce n'est pas (vraiment) la panacée et le lieu pour devenir « grand sage ».
Lorsque vous entendez un profane expliquer les raisons pour lesquelles ils souhaitent entrer en franc-maçonnerie, aucun n'explique qu'il souhaite devenir véné de la loge ou intégrer les hauts grades. J'imagine l'état du vote si l'un s'y risquait. Pourtant, ces anciens profanes ne trouvent en franc-maçonnerie que ces seuls intérêts ... Curieux, non?
Diantre ! Qu'avez-vous fait pour mériter cela ?
Vous voilà prévenu ! Je ne suis pas une bonne illustration de la franc-maçonnerie féminine. Le problème est que je n'ai jamais prétendu l'être … En même temps, je ne suis plus en "franc-maçonnerie féminine" !
Il est inutile d'épiloguer sur les motivations de ces sœurs ou ces frères qui osent répandre sur le certains commentaires quelque peu hasardeux.
Cela existe dans nos loges pour, hélas, beaucoup de sœurs et de frères. Voir même à la tête des obédiences.
Il fut un temps où être « un bon chrétien » était important. Cela relève de la même logique. La franc-maçonnerie est, pour elles et eux, un substitut de religion. C'est d'autant plus dogmatique, voir gourouisant, qu'il ne peut exister de « bons » ou « mauvais » maçonnes ou maçons, mais des femmes et des hommes différents, égaux et libres. Cette liberté est, tout au moins, être et rester ce que vous êtes.
Si je voulais être désagréable – et vous savez que je sais l'être – si cela relève d'une logique religieuse, cela relève aussi de la même logique que le racisme. Ces frères et ces sœurs estiment qu'il existe deux humanités au sein de leur loge ou obédience, des « bons » et des « mauvais » frères et soeurs. Ils s'estiment, femmes et hommes, bien supérieurs, et, à ce titre, peuvent en juger d'autres.
Rassurez-vous (enfin si l'on veut), ils sont tout autant imbus d'eux-mêmes vis-à-vis des apprentis, des compagnons ainsi que des profanes. Comme ma petite illustration le montre, cela signifie plus simplement que nos « bons maçons » ou « excellentes maçonnes » prennent les autres pour des andouilles.
Aïe ! Nous sommes en pleine rituellâtrie. C'est certainementt la plus courante des postures dogmatiques que nous pouvons rencontrer. Guère dangereux, sauf s'il est associé à d'autres problèmes, il est cependant polluant. Un rituel n'est pas à comprendre au sens littéral et à prendre au pied de la lettre. Pour reprendre mon analogie avec les religions, c'est comme la bible et le coran !
Pourtant, même en le sachant, cela n'empêche pas certains de nos sœurs et frères de nous l'expliquer doctement.
Si littéralement « se couper la gorge » voulait dire « se couper la gorge », il n'existerait plus de francs-maçons sur terre : ils se seraient tous couper la gorge depuis longtemps. Si littéralement, on jure de « garder le secret », le problème est que l'on n'en a pas de liste. Finalement, depuis l'aube de la franc-maçonnerie nos rituels se trouvent dans toutes bonnes librairies et nos planches sur des sites dédiés. La rituellâtrie manque souvent de bon sens. Elle devient dogme si elle veut plus souvent imposer un interdit plutôt qu'ouvrir à une nouvelle liberté.
Ici, cela frise la secte. La franc-maçonnerie ne demande pas que nous fassions des sacrifices, que vous risquiez votre emploi, votre vie privée ou familiale. Si vous pensez que vous êtes plus souvent dans le sacrifice que dans le plaisir de faire quelque chose pour vous et les autres, vous êtes sur la mauvaise pente. Vous vous devez pour vous-même avoir plaisir à être en franc-maçonnerie, en loge, à faire une planche ou à tenir un plateau.
On n'a pas besoin d'être psychologue pour comprendre que cette notion de "sacrifice" appartient aussi à la religiosité de l'autoflagellation.
Lorsque vous étiez jeune profane, encore plein d'illusions, c'était pour ce plaisir anticipé de rencontrer des personnes différentes, travailler sur vous et sur tant de sujets que vous avez frappé à la porte d'un temple … C'est émerveillé que vous avez découvert votre rituel, que vous vous êtes rendus à vos instructions.
Je vous conseille de préserver cet état-là : un état d'émerveillement constant (ou presque). Si en plus, votre sacrifice est « pour le bien de la loge », « pour entrer dans l'histoire », « pour la grandeur de votre rite », … Il vous faudra chanter un hymne la main sur le cœur et faire un défilé au pas cadencé, fusil à l'épaule. Si, en plus, on brule un peu d'encens et tue un chat, ce sera encore mieux !
Tout système sectaire ou dogmatique, qui peut être religieux, est reconnaissable par sa liturgie, la culpabilisation, l'éviction du groupe ou menace de l'être, une hiérarchie conférant des pouvoirs à une minorité, accompagné d'actions vexatoires ou brimades.
La franc-maçonnerie ne propose pas cela. C'est le culte du doute, de la question (sans réponse) remettant en cause toutes idées ou opinions. C'est, d'une certaine manière, une prise de risque constante avec soi-même. L'individu est au centre du groupe. Le groupe (loge ou obédience) n'a de l’intérêt que s'il satisfait à l'individu. Ce qui semble être une hiérarchie au sein de la loge n'est ni plus, ni moins qu'une organisation qui a, elle-même, sa symbolique. Le bon sens veut que le mode de fonctionnement soit intrinsèquement démocratique.
La contradiction vient que des sœurs et des frères s'y refusent (cela les concerne), mais l'interdisent aux autres par ricoché, espérant forcer ainsi une reconnaissance, un pouvoir, par peur aussi, ou tout cela en même temps.
Ce qu'à mon avis, il faut retenir est que sans éthique, sans valeur, la franc-maçonnerie n'existe pas.
Quelles sont les valeurs que nous défendons ? Refuser de débattre sur le dogmatisme de certains de nos frères et soeurs est aussi éviter, pour nous, de nous concentrer sur ce en quoi la franc-maçonnerie peut avoir une utilité.