11 Mai 2016
Parce que la franc-maçonnerie et nos obédiences ne peuvent exister voir survivre sans débat de fond, dans cette période de crise qui nous touche toutes et tous, je vous propose ici une réflexion du frère Vabadus, sous le titre "Habemus Papam !"
Aujourd’hui, des frères et des sœurs élisent à des fonctions un pouvoir dit « exécutif », et en particulier Grand Maître et Grande Maîtresse, sans avoir la possibilité d’avoir les informations concernant leurs actions, les réponses à leurs questions et sans que leur soit garantie que ces derniers respectent nos valeurs, nos principes et les constitutions de leur obédience.
La fatalité n'étant pas le fer de lance d'un frère comme d'une soeur, il y a des solutions à mettre en place de toute urgence par les convents des différentes obédiences.
Une nouvelle conception de nos obédiences et de la franc-maçonnerie est en marche.
Le 14 mars 2016 dans texte : « LE BLOG MAÇONNIQUE, UN CONTRE-POUVOIR ? » tu proposais l’analyse suivante :
« Ce qui me fait dire que les blogs maçonniques peuvent devenir un contre-pouvoir qu’à la condition qu’il n’existe plus de recours interne, de transparence entre les « dirigeants » d’une obédience et les frères et sœurs, membres de l’obédience, et, donc, de communication possible. L’expérience de la CMF est un autre de cet exemple. S’il nous fallait analyser l’importance des blogs – et la détestation de Philippe Charuel concernant le mien – c’est peut-être parce qu’il manquait aux frères de la GLDF des informations voir même un droit de débattre en interne.
C’est, en effet, ce qui ressort du maintenant très célèbre « petit clic de la porte qui se ferme ». Ce sont, néanmoins, eux – ces frères – qui ont fait l’essentiel du travail de réflexion et d’analyse de ce qui leur était proposé (imposé ?) par leur conseil fédéral à l’époque. » fin de citation
Ce que tu écrivais était pertinent car les blogs sont d’autant plus actifs qu’il y a défaillance de la démocratie interne dans les obédiences.
Par ailleurs, ce partage des rôles entre les blogs qui alertent et les Frères de la GLDF qui accomplissent le travail de fond en relais, a été constaté à sa façon par Roger Dachez lorsqu’il écrit « Et c’est du reste l’un des grands problèmes de cette affaire : on a, plus ou moins délibérément, menti aux Frères. Lorsque leurs yeux se sont ouverts – notamment grâce aux échanges d’informations sur les blogs – et qu’ils ont pu prendre la parole, tout s’est finalement réglé assez vite. » - Blog Hiram be - 23 décembre 2014
Les blogs sont et continueront d’agir car ils s’intègrent au « Quatrième Pouvoir ». Mais faut-il se contenter de constater comme tu le fais qu’ils sont d’autant plus utiles que ça dysfonctionne dans les obédiences sans s’interroger sur le fond du problème et trouver une réponse structurelle pour empêcher ces dysfonctionnements ?
Cette solution me semble passer par l’instauration d’un « CONSEIL DE SURVEILLANCE » dans les obédiences, contre-pouvoir officiel et efficace si on lui fait jouer son rôle. Je pense donc qu’il y a une importance et une urgence certaine à lancer le débat sur ce sujet par l’intermédiaire de ton blog.
L’hypertrophie de l’égo des dignitaires maçonniques comme la cordonite sont brocardés depuis très longtemps. Le Momasite contient des textes savoureux à ce sujet comme cette formule :
« La hiérarchie MED ( Mirages Et Décors) vaut à tout Illustre plongé dans une salle humide de subir une poussée verticale de bas en haut égale au poids qu’il pèse en haut. »
Mais depuis une dizaine d’années la mégalomanie des dirigeants a conduit certaines obédiences dans le fossé. Cette dérive est notamment constatée par Alain Bauer, Roger Dachez et Michel Barat dans leur ouvrage « Les Promesses de l’aube » paru en 2013 – page 14 :
« C’était il y a dix ans : on dirait qu’il y a un siècle déjà. Car tout ou presque a été détruit par la culture des égos et la pulsion du cordon plus large, plus doré, plus frangé- que ce soit celui d’un individu ou celui d’une obédience. Le cordon qui cache non plus la noblesse de la naissance face à la roture, qui n’égalise plus pour faire de chaque frère, chaque sœur , un (e) égal(e), mais qui créée la hiérarchie, la différence, la distance. Le cordon qui défraternise car il cache le tablier. Le cordon qui isole. » -
Cette situation a conduit des dignitaires depuis 2009 à précipiter leur obédience dans le fossé et a dégrader leur notoriété sans parler des hémorragies d’effectifs.
En fait ce qui a permis cela c’est que les responsables des obédiences se sentent immunisés dans l’accomplissement de leur charge. Toute la compréhension du sujet tient dans la formule suivante :
« Qu'il ne soit permis à qui que ce soit de détruire ou d'attaquer ou contredire, par une audacieuse témérité, cet écrit de Notre déclaration, décision et définition. Si quelqu'un avait la présomption d'y attenter, qu'il sache qu'il encourrait l'indignation du Dieu Tout-Puissant et des bienheureux apôtres Pierre et Paul. »
« Munificentissimus Deus »- Pape Pie XII
Ce texte est considéré comme la référence de l’INFAILLIBILITÉ PONTIFICALE.
Certains dignitaires dans un passé récent ont considéré qu’ils agissaient sous régime de l‘infaillibilité pontificale ».
Gare au Frère ou la Sœur qui critique ?
Tu en as fait les frais par la censure de ta parole au Colloque maçonnique de Bordeaux. Le Frère de la GLAMF qui gère le blog « Myosotis Occitan » a quant à lui, interdiction de fréquenter sa Loge en attendant son jugement par la justice de son obédience.
Aucun pouvoir n’aime la critique de ses actions. À un journaliste occidental qui lui demandait, à l'époque de la déstalinisation, s'il comptait autoriser l'ouverture de loges maçonniques en URSS, Kroutchev répondit : « Vous voulez donc que j'installe des puces sous ma chemise ? »
Mais en France, pays qui garantit la liberté d’expression et pour des obédiences composées de « Maçons libres dans des loges libres » on n’est pas obligé de gouverner avec des méthodes venues du froid.
On a vu avec l’exemple de la GLNF que ces dignitaires qui menaient leur obédience dans le fossé ne quittaient pas facilement le pouvoir. La seule sanction possible passe statutairement, par le vote des Députés en Convent les écartant du Pouvoir à venir. Il y a donc importance à instaurer un Conseil de Surveillance (CDS).
Ce système répandu dans le monde profane conduit certainement bon nombre de Sœurs et Frères à travailler dans des entreprises qui l’ont intégré dans leurs structures de gouvernance.
Dans une obédience, composé de Député(e)s, le CDS vise à renforcer les pouvoirs des Frères et les Sœurs des Loges. C’est un organe complémentaire à intégrer dans l’architecture de gouvernance, confortant ainsi son fonctionnement démocratique, en séparant pouvoir exécutif et législatif.
L’action du CDS doit garantir aux Frères et aux Sœurs que les Valeurs et Principes fondamentaux de la Franc-Maçonnerie en général et de l’obédience en particuliers sont respectés. Ainsi le CDS doit veiller au respect absolu par l’exécutif des Principes, de la Constitution et des Règlement Généraux, notamment lors de modifications statutaires et règlementaires souhaitées par l’exécutif.
Sa tâche essentielle consiste à contrôler, AVANT LEUR DIFFUSION au pouvoir législatif, les projets de l’exécutif engageant l’obédience tant sur le plan interne que dans ses relations internationales. Mais il faut aussi filtrer tout autre projet important qui ne serait pas soumis au pouvoir législatif.
Un membre de l’obédience doit pouvoir saisir le CDS et requérir son avis sur une disposition réglementaire sur une décision ponctuelle de l’exécutif de toute nature afin de vérifier sa « conformité » aux références de l’obédience. Il doit obtenir une réponse. Son action d’alerte est protégée.
C’est exactement ce qui se passe avec les questions des parlementaires français posées chaque semaine au gouvernement, les ministres étant tenus de répondre immédiatement. Dans une obédience cela permettrait de traiter dans l’urgence, des problèmes d’actualité posés par des actes de l’exécutif.
Ainsi, la Maçonne, tu pouvais demander en son temps, pourquoi la Grande Maîtresse, Marie Thérèse Besson, a réclamé ton interdiction à la Biennale de Bordeaux et ainsi obtenu rapidement une réponse. Cela aurait surtout servi à éviter qu’elle se prête à cette manœuvre.
Le Conseil de Surveillance a été instauré à la GLAMF mais selon le Frère qui tient le blog « Myosotis Occitan » le pouvoir en place aurait tout fait pour en polluer le fonctionnement, preuve que l’on craignait son efficacité !
Les obédiences doivent évoluer et mieux intégrer leurs membres à être acteurs de leur Histoire en rééquilibrant les pouvoirs entre exécutif et législatif. Tout pouvoir a tendance au fil du temps, à s’exercer de façon absolue. Il faut remédier à cela par des « contrepoids « comme l’écrivait Montesquieu, esprit « éclairé ».