8 Août 2016
L'antimaçonnisme considère que les francs-maçons fomentent des complots pour détruire soit l'humanité, l'asservir, ou tout simplement pour s'enrichir et avoir le pouvoir. Ces complots sont ultra-secrets, impossibles à détecter par des personnes « normales ».
Ces accusations de complot existent depuis que la franc-maçonnerie est née, soit depuis 1717 (ou presque). Pourquoi cela ?
Les motivations des complotistes du 18ème siècle (ceux qui accusent la franc-maçonnerie de complot) sont essentiellement religieuse. La bulle « In eminenti apostolatus specula » du pape Clément XII de 1738 accuse la franc-maçonnerie de réunir des hommes de plusieurs religions et de prêter un serment secret. Cette bulle, même si elle demeure à l'origine du complot et de l'antimaçonnisme, ne fut jamais adoptée par le royaume de France. Ainsi, la franc-maçonnerie accueillait des aristocrates proches du Roi, des ecclésiastes, des riches bourgeois dans ses rangs.
Les francs-maçons sont accusés d'être à l'origine de la Révolution de 1789. D'ailleurs, toute une littérature maçonnique assure la même chose ! En réalité, les francs-maçons étaient naturellement divisés entre eux. Certains ont, effectivement, participé à la Révolution alors que d'autres royalistes s'y sont opposés. Dans tous les cas, cette Révolution n'a pas portée bonheur à la franc-maçonnerie. Elle fut, en effet, interdite comme d'ailleurs toutes les associations.
De nombreux francs-maçons, même les révolutionnaires de 1789, furent guillotinés comme Philippe-Egalité. Louis-Philippe d’Orléans, duc d'Orléans, Grand Maître du Grand Orient, devint député, condamna à mort le Louis XVI et fut, à son tour, guillotiné en 1793 car de sang royal et suspecté de comploter contre le régime en place ! A la sortie de la terreur, il ne restait à peine en France une 20aine de loges. Les francs-maçons, tout au long du 19ème siècle, furent tour à tour, Bonapartistes, Royalistes et Républicains, sans comploter contre l'un ou l'autre.
La plupart des accusations de complot vis-à-vis des francs-maçons se classent en deux catégories :
Aujourd'hui encore, lorsque l'on lit les théories du complot sur le net, on y retrouve des mouvances d'extrême-droite comme d'extrême-gauche et des catholiques intégristes.
La première raison est qu'elle ne saurait pas faire même avec la meilleure volonté du monde. En effet, pour comploter, il faut que tous soient d'accord. Or, les francs-maçons sont rarement d'accord entre eux. C'est d'ailleurs même considérer par certains – comme d'ailleurs par moi – comme un principe universel : avoir le droit de n'être pas d'accord avec l'autre. Cela s'appelle la tolérance, la liberté d'opinion, la liberté d'expression et de réunion. Cela s'appelle la fraternité. Les francs-maçons n'ont, en fait, aucun intérêt à être d'accord entre eux. S'ils l'étaient, s'ils le devenaient – ce qui est impossible – ce ne serait plus de la franc-maçonnerie. Ce qui signifie qu'en franc-maçonnerie, toute répression contre des francs-maçons « qui ne seraient pas d'accord » avec un Grand Maître ou une Grande Maîtresse, par exemple, est un manquement maçonnique grave. Les francs-maçons appellent cela du dogmatisme. Pour ma part, je l'associe à une forme d'intégrisme. Comme un Grand Maître ou une Grande Maîtresse est parfaitement remplaçable, il suffit simplement d'en élire un ou une autre.
Le jour où les francs-maçons ne combattront plus ces atteintes à l'opinion, à la tolérance, à la fraternité, que ce soit à l'intérieur de leurs loges ou obédiences, comme à l'extérieur, la franc-maçonnerie n'existera tout simplement plus.
Lutter contre les extrémismes n'est pas une atteinte à l'humanité. L'extrémisme se caractérise par son incapacité à respecter le désaccord de l'autre, par ses interdits et son sens profond de la discrimination. Un extrémisme est de condamner Untel pour ce qu'il est – ou paraît être - C'est un message de haine et de violence. Il est parfaitement inutile de monter des complots, dans le secret de loges, contre cela. Combattre l'intégrisme et les extrémismes se fait ouvertement et publiquement.
Lorsqu'il n'existe pas d'argument, il suffit de sortir une bonne vieille théorie du complot. Après Munich, la plupart des politiques, dont d'extrême-droite comme Marine Le Pen, criaient à l'attentat islamique. Il s'est avéré que l'auteur était un assassin de masse, catholique, d'extrême-droite. Forcément, cela fait tâche pour le Front National. Au lieu d'accepter cette vérité, Marine Le Pen comme ses petits collègues ont préféré accuser les autorités allemandes d'un complot. Toutes les théories du complot fonctionnent de la même manière. Il est plus facile d'accuser l'autre d'un complot que de s'inquiéter de la vérité et des faits.