20 Octobre 2016
C'est la question que soulève indirectement "3,5,7 et plus" dans son article Charles Riandey, l'obscur s'étonnant de voir Charles Riandey maltraité dans le dernier article de notre frère Vabadus GLDF : un document historique.
Notre frère Vabadus souhaite apporter ce droit de réponse :
« Cher Ami qui gérez le blog " 3, 5, 7 et plus", ce « DROIT DE RÉPONSE » qui vous concerne.
En effet vous venez de diffuser un article intitulé « Charles Riandey, l’obscur » dans lequel vous contestez certaines de mes informations ou appréciations sur Riandey. J’ai été surpris que ce soit VOUS qui réagissiez sur mes critiques concernant ce triste sire Je pouvais logiquement m’attendre que les critiques proviennent de la partie reaaptilienne des cerveaux des « historiens » du Bureau des Légendes de la rue Puteaux. Alors que vous me semblez un défenseur des valeurs de la Maçonnerie, j’avais trouvé très sympathique votre valorisation de l’article sur la GLDF de « La Belle Époque » du Cercle des Invisibles, je vous trouve bien compréhensif envers Riandey.
Voici donc ce que vous me reprochez :
« Alors Charles Riandey a-t-il été la « crapule » que décrit Vadabus ? Je me garderai bien de trancher mais il me semble toutefois important de rappeler que Charles Riandey a rejoint la Résistance à partir d'avril 1943. Ce que Vadabus a omis de souligner. Il faut enfin ajouter que Charles Riandey a été arrêté par la Gestapo en juin 1944. Il a été ensuite déporté au camp de Buchenwald en août 1944 (cf. Daniel Ligou, Dictionnaire universel de la Franc-Maçonnerie, PUF, Paris, 1991). »
« Néanmoins, je pense que ça ne justifie pas que l'on réduise son souvenir à celui d'un antisémite et d'un collaborateur du régime nazi. Le procédé me semble très expéditif et particulièrement injuste. »
« Omission » expéditif » injuste » écrivez vous ce qui n’est pas très « méchant » à mon égard, je vous l’accorde. Vous titrez votre article : « Charles Riandey, l’obscur » alors que je traite cet individu ainsi :
« Vu sous l’angle des valeurs maçonniques le Très Illustre Frère Riandey a bien été LA CRAPULE qui est le déshonneur de la GLDF ! »
Entre « obscur » (sans renommée, dans l’ombre, inintelligible ») comme vous dites et « crapule » il y plus qu’une différence de degré, c’est une différence de nature. Pour moi cet individu est à la GLDF ce que furent Papon et Bousquet pour les Présidents de Gaulle et Mitterand.
Je n’ai pas traité Riandey de « collaborateur du régime nazi ». Ces mots ne figurent pas dans mon texte. J’ai simplement dit qu’il était « pétainiste ». Ce n’est pas une insulte sinon il faudrait admettre d’insulter tous ces millions de français qui furent des pétainistes convaincus !
J’avais bien lu la formule qui traîne dans tous les textes « Son engagement dans la Résistance (en 1943) lui évita d’être radié de la Grande Loge de France. »
Je n’ai pas relevé cela qui me paraît une invention de bureau des légendes quand on sait que Riandey qui avait fréquenté Laval avec BERTELOOT était ce Secrétaire général de la Mairie du 18ème arrondissement de Paris, qui reçut Pétain début 1944 lorsqu’il vint à l’hôpital Bichat au chevet de blessés, suite aux bombardements des alliés.
Enfin Riandey arrêté pour faits de résistance en juin 1944 quand les troupes arrivent pour libérer Paris deux mois plus tard, quel courage !!!
Cela me fait penser à ce que disait le Frère Pierre DAC : » Les plus grands résistants furent les français qui résistèrent jusqu’à la dernière heure pour entrer dans la résistance !! Résistant de la 25ème heure !
J’ai donc volontairement omis de donner dans le Riandey « résistant« dont l’histoire me semble en partie cousue de fil rouge par un bureau des légendes et/ ou d’opportunisme de la part de l’individu. La version du bureau des légendes évitait à la Libération de faire passer Riandey Grand Commandeur en Comité d'épuration de la GLDF comme un sans grade ou un "petit grade" !
J’espère Cher Ami, que vous resterez un fidèle lecteur attentif et critique, si besoin est, des articles de La Maçonne, comme j’encourage tous les lecteurs de ce « DROIT DE RÉPONSE » à devenir de vos fidèles lecteurs.
Bien Amicalement
VABADUS
* nb. je n’ai pas trouvé sur votre blog le moyen de vous adresser directement ce « droit de réponse » ! »
(Illustration : antisémitisme, 2ème guerre mondiale)
Ceci dit, je souhaite ici mentionner que des sources existent confirmant les positions pétainistes de Charles Riandey et donc l'analyse faite par le frère Vabadus.
Elles proviennent directement de Corneloup, que deux auteurs R. Caron & A Faivre indiquent dans leur livre « Esotérisme, gnose & imaginaire symbolique ».
Alors que des membres du GODF (dont Corneloup) et des membres de la GLDF (dont Riandey) tentaient de se mettre d'accord pour fonder une obédience maçonnique unique, en 1943, Charles Riandey et Marcel Cauwel se rapprochaient, eux, de Pétain et de son ministre de l'intérieur Laval pour fonder une « maçonnerie d'état ».
R Caron et A Faivre présentent un document et l'extrait d'un courrier de Charles Riandey, n'hésitant pas à souligner dans une note de page que le fascisme de Riandey avait été souligné par d'autres historiens. Ce qui signifie que ce n'est pas un scoop.
Cette note de Corneloup mentionne ceci :
« Le Suprême Conseil de Fracne a conçu le projet de reconstruire en France une Maçonnerie d'Etat avec l'autorisation et l'appui des pouvoirs publics de Vichy. » Ce document mentionne qu'ils avaient réuni plusieurs 33ème afin de « permettre de fonder un atelier à chaque degré ». "Ces premières démarches réussies, les instigateurs prirent contact avec le Provincial Jésuite de Lyon (novembre 1943)"
A la suite de cette entrevue, ils demandèrent audience à Mr Pierre Laval qui les reçus peu après à Vichy et leur accorda son autorisation du Ministre de l'Intérieur. »
Ce projet prit fin du fait des remous au sein du gouvernement de Vichy fait autour de cette affaire. Pétain fit publier un article fustigeant la franc-maçonnerie afin de calmer les esprits.
Cette obédience d'état, sous le gouvernement de Vichy, se devait être sous le contrôle de la Compagnie de Jésus. Ce qui signifie qu'elle devait être « catholique ».
L'extrait de correspondance de Charles Riandey se trouvant dans le même livre est adressé à Pierre-Joseph Berteloot, jésuite lyonnais. On retrouvera le jésuite Berteloot après la 2ème guerre mondiale militant pour un "rapprochement" avec la franc-maçonnerie. Il est considéré comme un des rares à l'avoir fait. Il est aussi l'auteur d'un livre "Franc-maçon & Jésuite : le souvenir d'une amitié", faisant le portrait du frère Albert Lantoine.
Voici ce que Riandey lui écrit :
« Pour répondre à votre désir, j'ouvre ici une parenthèse pour dire que mon groupement qu'il accepte les principes, mais que son essentielle raison d'être est de promouvoir dans un esprit dégagé d'obédience étroite. Ils sont conformes, d'ailleurs, à ceux élaborés par le Grand Convent de Lausanne de 1875 qui a affirmé la croyance en Dieu et en l'immortalité de l'âme. […] »
Il explique, par la suite, que la situation actuelle (la 2nde Guerre Mondiale !) permettent « aux institutions » dont l'Eglise Catholique de « reprendre le départ en s'alignant sur les bases essentielles ». Après ces événements, souligne-t-il, il n'y aura peut-être pas d'autres chances. Les autres institutions dont est la sienne ne pourront que la suivre. La sienne devrait ainsi « donner l'exemple ».
Ce court extrait montre, très bien, les motivations de Charles Riandey : profiter d'une guerre mondiale pour permettre à l'église catholique et à une certaine idéologie de s'imposer et de se pérenniser en s'associant. Au passage, on s'amusera de lire sous la plume de Riandey que le Convent de Lausanne est la simple réaffirmation de la croyance en Dieu et en l'immortalité de l'âme. Les "historiens à eux" vont avoir des difficultés à contourner cette peau de banane venu du passé.
La citation concernant sa lutte contre les juifs en franc-maçonnerie a pour source Riandey lui-même dans le livre « Confession d'un Grand Commandeur de la Franc-Maçonnerie », autobiographie posthume dont il sera difficile de remettre en cause ce qu'il dit sur lui dans ce domaine. Il est inutile de fouiller les archives de la gestapo.
"J'ai combattu, avec beaucoup d'autres, au prix de pénibles épreuves, l'envahissement de la Maçonnerie par les juifs, non pas par antisémitisme primaire, mais parce que la Maçonnerie, ouverte à tous les hommes de bonne volonté, qu'elles que fussent leurs opinions ou leurs croyances, ne devait devenir le champ d'expériences ou le champ d'action d'aucune secte, d'aucune confession, d'aucun parti, d'aucun particularisme".
Pour quelqu'un qui a tenté de fonder une obédience catholique avec un jésuite, c'est être particulièrement de mauvaise foi !
Charles Riandey a conservé, durant la guerre alors que tous les francs-maçons avaient étaient exclus de la fonction publique, son emploi de secrétaire général d'une mairie d'arrondissement à Paris. Comme l'indique Vabadus, il a reçu Pétain et Bertheloot lors de sa visite à l'hôpital Bichat début 1944. Les bombardements alliés avaient fait 600 morts. Il est à se demander quand il fut "déporté" et quand il devint "résistant" !
Ce qui montre assez bien qu'il ne s'agit pas de simple couillardise comme se contente de considérer notre frère du blog "3,5,7 et plus", mais que ce « résistant », a collaboré avec le régime de Vichy assez pour garder ses fonctions et se rapprocher du ministre de l'intérieur Pierre Laval pour proposer son projet de « maçonnerie d'état ».
On imagine très mal qu'un « résistant » qu'il soit de la première heure ou de la dernière heure, connu pour être franc-maçon voir même en être un dignitaire, puisse obtenir ce type de privilèges sans offrir quelques contreparties – voir même des services précieux -
S'il y a des documents qu'il serait intéressant de lire sont les enquêtes qui ont été faites sur Charles Riandey après la 2ème Guerre Mondiale pour sa réintégration à la GLDF, si enquêtes il a existé.
Sans que je puisse obtenir plus d'informations, par ailleurs, il aurait appartenu à un mouvement d'extrême-droite à partir de 1936. S'il en était vraiment besoin, je pourrais trouver des sources permettant de le confirmer.
Charles Riandey était un antisémite, fasciste, assoiffé de pouvoir – voir même obnubilé par cela – prêt au pire pour l'obtenir. Il est difficile de prétendre le contraire.
La chance de la franc-maçonnerie fut d'avoir été interdite par Vichy. Sans cela, bien plus de frères que Riandey et ses accolytes au 33ème degré, se seraient retrouvés dans ses rangs. Cette remarque n'est pas de moi mais d'un ancien Grand Maître du GODF.
Il suffit aujourd'hui de voir combien de frères et de sœurs sont des sympathisants de l'extrême-droite et/ou d'une droite décomplexée sur nos colonnes. L'histoire de Charles Riandey devrait nous contraindre à l'humilité et à la vigilance quant au respect de nos valeurs et surtout, lorsqu'il s'agit de regarder la partie sombre de l'histoire de la franc-maçonnerie.
Pour compléter, vous pouvez lire l'étude faite par des frères de la Grande Loge Alpina qui situe Charles Riandey parmi les collaborateurs.
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