1 Octobre 2016
Cela se passe en 2008. Marie-Thérèse Besson n'était pas encore Grande Maîtresse de la GLFF, mais une sœur de cette obédience depuis 1979, soit presque 30 ans. Dans la clinique privée dont elle était la directrice, un événement fut l'occasion de plusieurs articles.
Ce que nous pouvons en savoir : Un « musulman » - on ne sait rien d'autre, d'ailleurs, sur le principal acteur de cette histoire - fit un scandale dans une clinique privée catholique, demandant le retrait de la chambre de sa fille, d'un crucifix qui s'y trouvait.
L'article, assez court, mentionne que le "scandale" dura un quart d'heure et qu'au bout du compte, le personnel soignant céda.
Marie-Thérèse Besson, directrice de cette clinique, déclare à cette occasion aux journalistes que l'on retrouve dans cet article :
«Quand les gens choisissent d'être soignés dans notre établissement, ils le font en toute connaissance de cause. Ils savent qu'ils sont dans une maternité catholique. Ceci n'est nullement caché: c'est d'ailleurs parfaitement inscrit à l'entrée de l'établissement, tout comme dans le livret d'accueil. Les petites soeurs des maternités catholiques évoluent en vêtement religieux dans les services, la cloche visible depuis les chambres sonne trois coups à chaque naissance. Cette demande est surprenante de la part d'une famille qui a choisi librement notre établissement " déclare Marie-Thérèse Besson, directrice de la clinique. "Chaque chambre est pourvue d'un crucifix. De petite taille, celui-ci n'est nullement ostentatoire, très sobre".
Cette polémique a échappé à tout et un chacun … Pourtant, il en dit long sur la personnalité de Marie-Thérèse Besson. Ce qu'elle pense sur les crucifix, les cloches et sur les gens qui choisissent d'être soignés dans cette clinique privée, n'intéresserait personne si elle n'était pas justement aujourd'hui la Grande Maîtresse de la GLFF, obédience qui est la seule a avoir inscrit « laïcité » dans sa déclaration de principe avec « liberté, égalité, fraternité ».
Il est donc important pour notre édification personnelle de se pencher sur ce que dit la loi ...
Le droit au respect de la croyance voir de l'opinion est consacrée dans l'article 10 des Déclarations des Droits de l'homme : "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes religieuses".
Quant à l'article 1er de la Constitution du 4 octobre 1958, c'est-à-dire une des valeurs républicaines, celui-ci explique : "La France assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »
Cette clinique privée, que dirigeait Marie-Thérèse Besson, est bien en France. Elle est donc tout autant soumise au même principe de liberté de conscience que n'importe quel lieu recevant du public. Le caractère privé et catholique ne l'en exonère nullement.
Afin d'aider les cliniques privées comme les établissements de soins publics, une Charte du patient hospitalisé annexée à la circulaire ministérielle no 95-22 du 6 mai 1995, réactualisée en 2006, dispose d'un certains nombres de points, afin de faire respecter le principe de laïcité y compris dans une clinique privée :
« Tous les établissements de santé doivent contribuer à garantir l’égal accès de chaque personne aux soins requis par son état de santé. Aucune personne ne doit être l’objet d’une quelconque discrimination, que ce soit en raison de son état de santé, de son handicap, de son origine, de son sexe, de sa situation de famille, de ses opinions politiques, de sa religion, de sa race ou de ses caractéristiques génétiques. »
S'étonner d'un choix d'un patient, qui n'est pas de la « bonne » religion, comme le fait Marie-Thérèse Besson est donc contraire aux principes fondamentaux de la Charte. En effet, elle ne peut pas "inviter" comme elle le fait les "musulmans" à aller se faire soigner ailleurs et, donc, à "s'étonner" de la présence de cette famille ou de toute autre famille musulmane.
Un patient a le droit, pour lui ou ses enfants, de choisir l'offre de soin qui lui semble la meilleure, comme une clinique privée n'a pas à discriminer d'une manière ou d'une autre ce patient comme la famille de ce patient.
Cette même Charte stipule dans son chapitre VIII : « L’établissement de santé doit respecter les croyances et convictions des personnes accueillies. Dans les établissements de santé publics, toute personne doit pouvoir être mise en mesure de participer à l’exercice de son culte (recueillement, présence d’un ministre du culte de sa religion, nourriture, liberté d’action et d’expression, rites funéraires...). Toutefois, l’expression des convictions religieuses ne doit porter atteinte ni au fonctionnement du service, ni à la qualité des soins, ni aux règles d’hygiène, ni à la tranquillité des autres personnes hospitalisées et de leurs proches. Tout prosélytisme est interdit, qu’il soit le fait d’une personne hospitalisée, d’un visiteur, d’un membre du personnel ou d’un bénévole. »
Le respect de la croyance est une obligation, du moment qu'il ne nuise pas à la santé du patient, à l'ordre public, à l'hygiène et à la qualité des soins y compris dans le privé. Le public se doit, par ailleurs - et c'est la seule différence - prévoir et permettre des aménagements cultuels si besoin était.
Retirer un crucifix d'une chambre n'est aucunement une nuisance pour les soins et l'hygiène. C'est un ramasse-poussière en moins. J'espère que dans le plan de désinfection il est prévu de temps en temps une désinfection des crucifix ! Une chambre appartient au domaine privé du patient contrairement au hall d'accueil.
Ce patient n'a pas demandé un exercice de culte particulier. Ni même voulu convertir les religieuses ou le personnel soignant à l'islam … Maintenir des crucifix dans une chambre et "s'étonner" qu'un patient souhaite le voir retirer est du prosélytisme. C'est tout au moins nier la conviction intime de ce patient.
Quant à ce qui est « affiché », ce « en toute connaissance de cause », semble être un argument spécieux.
Marie-Thérèse Besson semble, d'ailleurs, avoir des problèmes fondamentaux avec les affiches, découvrant tardivement soit un logo d'un ministère sur l'affiche d'un colloque, soit un logo UMP sur des prospectus qu'elle a distribués, le sourire aux lèvres.
Il n'est nullement indiqué à l'entrée de cette clinique : « Attention ! Crucifix dans toutes les chambres ! ». Une cloche (que l'on voit au loin) ne l'indique pas non plus. Ni même la présence de religieuses. D'ailleurs, on notera que cet homme ne remet pas en cause la présence de ces dernières, ni même les crucifix se trouvant dans les communs, ni la présence d'une chapelle, mais bien d'un crucifix dans la chambre de sa fille.
Le financement d'une clinique privée est le même qu'un établissement public : les soins. C'est à dire un financement public.
Comme Marie-Thérèse Besson fut une directrice administrative, elle n'ignore pas que le caractère "privé" d'un établissement de soins est lié à la propriété de l'établissement (l'état n'est pas propriétaire) et au statut soit associatif, soit à but lucratif (entreprise). Celle de Marie-Thérèse Besson est associative.
Sur son nouveau site internet, cette clinique, désireuse de se montrer ouverte à toutes et à tous, précise d'ailleurs dans un chapitre dédié "Droits des malades" que la charte dont j'ai cité quelques extraits est bien affichée dans les chambres des patients.... et respectée !
Quant à l'origine de cette clinique, elle est mixte : une histoire de famille, financé par un laïc, aidée par sa fille, sage-femme entrée dans les ordres. Elle fut fondée en 1930. Elle n'a donc rien de si "ancestral" que cela, contrairement à bons nombres de cliniques et maisons de soin divers en France.
Entre 2007 et 2008, elle fut reconstruite pour regrouper d'autres établissements dans un "Médipôle". Ce qui signifie que quelques mois après cette histoire de crucifix, la petite cloche a disparue de l'horizon des patients et certainement avec elle, les fameux crucifix dans les chambres. Depuis mars 2016, cette clinique a ouvert conjointement avec le service public un service de néonatologie. Le public et le privé ne pouvant pas ouvrir ce type de service dans la même région ont été contraint de trouver un accord. Malgré ces points positifs, cette même clinique connait ses difficultés. Le décès d'un bébé en 2013 a conduit à la condamnation du médecin. Quelques années auparavant c'était celle d'une maman que la clinique déplorait, alors dans ses anciens locaux, qui a conduit à la condamnation (aussi) du praticien. Il y a 40 patients en France qui meurt chaque année des suite d'erreurs médicales.
C'est grâce à ses soins, à leurs qualités, et donc aux patients qu'une clinique peut exister, alors que l'on peut imaginer qu'un établissement public puisse continuer « à tourner » en ayant un minimum de malades. Ce qui, en France, est de moins en moins possible, mais c'est un autre débat. On connaît (du moins ceux qui sont de la partie), le lourd débat sur les durées d'hospitalisation moyenne, toujours plus élevée dans le privé que dans le public, histoire de récupérer de l'argent de la collectivité.
Bien sûr, certains comme certaines veulent faire de ses établissements de soins, de même que les écoles privées, des sortes de bastions religieux, "interdits" à ceux et à celles qui n'auraient pas la bonne couleur religieuse, naviguant entre un prosélytisme bon enfant et l'intolérance pure et dure.
Un établissement de soins privé est, à leurs yeux, un intermédiaire entre l'église et la morgue. Comme le fait Marie-Thérèse Besson, ils les confondent avec un couvent ou un monastère, croyant (c'est bien le mot) que le caractère privé n'est issu que de son histoire religieuse et aucunement d'un statut juridique spécifique que la loi française autorise. Toutefois, aussi privée soit-elle, cette clinique participe au service public de soins qui sans ledit "public" n'existerait même pas.
Je suis de celle qui – hospitalisée dans une clinique privée – aurait fait le même scandale que cet homme réduit à sa seule religion. Je trouve les crucifix particulièrement morbide et moche. Il n'inspire pas la joie de vivre et méditer sur les tortures sur un lit d'hôpital est une activité que j'aimerais m'éviter, surtout que je m'évanouis à la moindre perfusion que l'on me retire. Quand on m'en plante une dans le bras, on fait en sorte de me mettre en état ne me permettant pas de protester !
Une de mes amies en soins palliatifs, dans le public, a fait redécorer sa chambre d'hôpital par sa famille. Une semaine plus tard, elle mourait avec sous ses yeux un tableau qu'elle affectionnait et une étagère qu'elle jugeait laide cachée par un tissu chatoyant.
C'est cela aussi la conviction intime.
Marie-Thérèse Besson a entendu durant 30 ans une petite phrase "Que la beauté l'orne" ... Elle est censée aussi être un super-symboliste, grande initiée devant le GADLU ... Elle apparaît surtout n'avoir jamais réfléchi un seul instant sur la symbolique et encore moins sur celle de la croix.
Pour conclure, la législation en France ainsi que la charte du patient contredit passablement Marie-Thérèse Besson. Personnellement, je m'en suis faite une raison. Marie-Thérèse Besson n'est pas connue spécialement pour être respectueuse de l'opinion des autres, des règlements et des lois. Rien d'étonnant qu'elle ne fut pas non plus très respectueuse de la liberté de conscience et des principes de la laïcité.
Ce qui m'oblige à écrire cet article n'est pas que Marie-Thérèse Besson est la plus mauvaise défenderesse de la laïcité de la GLFF connue à ce jour, ni même qu'elle a une conception bien trop personnelle du respect de la croyance, comme de l'opinion de l'autre, mais parce qu'elle a été « reconnue » par toute l'extrême-droite de la stratosphère comme une des leurs, la félicitant de sa résistance à protéger des crucifix, visiblement une espèce en voie de disparition dans ce monde de larmes et de souffrance.
Brunon Gollnisch sur son site par exemple écrit : « Lefigaro.fr a ainsi fait état d’un article du Dauphiné Libéré, publié mercredi, qui s’arrête sur un fait divers assez emblématique. Ainsi un mahométan qui avait choisi, en toute connaissance de cause, de faire hospitaliser sa petite fille à la clinique Saint-Vincent de Paul de Bourgoin-Jallieu (Isère) « qui venait de subir une intervention chirurgicale programmée », « a demandé que le personnel décroche un crucifix de la chambre de sa fille ». « Pendant près d’un quart d’heure, le père en présence de son épouse s’est emporté verbalement, exigeant que le crucifix soit décroché ». « La direction de la clinique a exprimé son étonnement. La directrice de la clinique, Marie-Thérèse Besson, a déclaré au Dauphiné Libéré que cette demande était « surprenante de la part d’une famille qui a choisi librement notre établissement ». « Quand les gens choisissent d’être soignés dans notre établissement (…) ils savent qu’ils sont dans une maternité catholique », a ajouté Mme Besson. Certes, mais dans les faits est-il expliqué, « le personnel de l’établissement a finalement cédé à cette exigence ». Par charité chrétienne ? »
Bruno Gollnisch fut député du Rhône durant quelques années et est actuellement toujours député européen. Il fut suspendu de l'Université Lyon III durant cinq ans, pour des propos négationnistes sur les chambres à gaz. Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il s'inquiète d'événements sur sa région. On sera choqué par certains termes utilisés par ce monsieur - méprisants et arrogants - pour ne pas dire bassement racistes. On saura aussi surpris par son approbation aux propos de Marie-Thérèse Besson, regrettant comme elle que ce crucifix soit finalement retiré.
Le « quotidien royaliste du net » (sic!), la Faute à Rousseau, quant à lui, explique que : « La directrice de la clinique, Marie-Thérèse Besson, a déclaré au Dauphiné libéré que cette demande était "surprenante de la part d'une famille qui a choisi librement notre établissement....Quand les gens choisissent d'être soignés dans notre établissement... ils savent qu'ils sont dans une maternité catholique", a-t-elle ajouté. Fort bien, mais - et pour quelle(s) raison(s) ?- Madame Besson a finalement obtempéré, et le crucifix a été retiré !..... Pour nous, il est clair que la directrice a eu totalement tort de céder à l'inacceptable demande d'une personne qui, elle, a eu tort de la formuler. »
Les déclarations de Besson sont notées 10/10 par nos royalistes, mais pas ses actions. C'est un peu comme tout ce qu'elle dit et fait.
« FdeSouche » reprend l'information sans la commenter, c'est parfaitement inutile: . Le site « le Salon Beige.», quant à lui, y va aussi de son article. L'affaire traverse même l'Atlantique pour être « glané » par un site d'extrême-droite canadien. On la retrouve encore rapportée ici. Je n'ai bien sûr pas fouillé le darknet. Mais que du beau monde que voilà !
Ces sites boueux et nauséabonds ont compris la même chose que moi au sujet de cette affaire grotesque de crucifix et surtout concernant Marie-Thérèse Besson. Ils l'applaudissent. Moi certainement pas.
Marie-Thérèse Besson est devenue une héroïne incomprise et nationaliste. Une nouvelle Jeanne d'Arc de toute la fascosphère raciste, anti-maçonnique et islamophobe. Quelques secondes de célébrité qui feront boire une coupe d'amertume à toute la GLFF.
Si la GLFF a ajouté « la laïcité » dans sa « déclaration de principe », ce n'est pas pour narguer le GODF. Le but était de pouvoir agir juridiquement contre les atteintes à la laïcité en s'affichant positivement comme une association laïque, défenderesse de la loi de 1905.
Les atteintes à cette loi sont nombreuses, provenant d'interprétations personnelles et d'une volonté d'arranger la législation en fonction d'une ou plusieurs religions.
L'étonnement de Marie-Thérèse Besson n'est pas acceptable, ni encore le fait d'imaginer qu'il soit nécessaire que l'on se doit de faire un scandale pour que des soignants daignent retirer un crucifix d'une chambre (espace privé dédié aux patients le temps de l'hospitalisation) qui, au demeurant, n'apporte strictement rien aux soins.
C'est bien à cause même de ce genre de dérive que la GLFF s'est engagée à s'inscrire en qualité d'association laïque …C'est ce genre d'événement que souhaite combattre la GLFF. C'est donc contre Marie-Thérèse Besson et ses propos, félicités par l'extrême-droite, que la GLFF pouvait, en 2008, s'insurger et mener une action.
Alors oui, voir qu'une des manifestations contre la laïcité fut menée par une soeur de la GLFF est désagréable. Que cette soeur devienne quelques années plus tard la grande maîtresse de la GLFF, cela dépasse l'entendement.
Voilà bien une situation particulièrement inédite pour la Grande Loge Féminine de France qui se trouve avoir à sa tête une Grande Maîtresse dont la seule notoriété est faites par des sites d'extrêmes-droites et antimaçonniques.
Que ces extrémistes de droite se rassurent, ils ne se sont pas trompés sur le personnage Besson !
Qui a prévenu ce journaliste du Dauphiné Libéré de l'incident, le lui a raconté et a ouvert sa porte pour se faire citer dans un article ? Marie-Thérèse Besson. Je doute fort qu'il était à attendre dans un couloir de quoi faire un papier.
Bien évidement, les soeurs de la GLFF ignorent tout de cette affaire. Marie-Thérèse Besson n'a nullement prévenue qui que ce soit que son nom apparaissait dans ce genre de sites et encore moins qu'elle y fut soutenue.
Marie-Thérèse Besson était une parfaite inconnue au sein de la GLFF avant son élection. Elle n'a été qu'une seule fois conseillère fédérale entre 1991 et 1994, soit il y a plus de 20 ans. Pour tout dire, si elle n'avait pas été Grande Maîtresse, aucune soeur de la GLFF ne connaîtrait son nom.
Si elle n'était pas connue des 400 loges de la GLFF, elle l'était de sa loge, de sa région .... comme de plusieurs sœurs de la GLFF et de frères et sœurs d'autres obédiences. Une sœur active en franc-maçonnerie dans des villes comme Lyon finit par avoir une petite notoriété.
« Sarkoland » et cette affaire rocambolesque de crucifix ne peuvent donc pas être ignorés ni de sa loge, ni de sa région. Qui a soutenu sa candidature à la grande maîtrise? Pourquoi n'y a-t-il pas eu des vérifications d'usage sur ses capacités à défendre les principes de la laïcité, fer de lance de la GLFF, et tout au moins de veiller à sa e-réputation?
Les victimes sont aujourd'hui les 14000 soeurs de la GLFF. Cependant, elles en portent une part de responsabilité. Le laxisme des loges, les postures bordeline de certaines sœurs, la tendance à l’idolâtrie d'autres, composent un terrain propice à la mise en avant d'un personnage tel que Besson.
Aux soeurs de la GLFF de prendre en main l'avenir de leur obédience, de défendre ses valeurs - Valeurs qui sont bien écornées depuis plusieurs mois par leur grande maîtresse ....