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La Maçonne

Syrie: Al-Assad ou l'histoire de celui qui détruit sa maison pour tuer une souris.

Ce vendredi 7 avril, un attentat a eu lieu à Stockholm, à l'aide d'un camion, faisant 4 morts et plusieurs blessés. Il fait suite à celui de Londres du 22 mars, faisant 5 morts et plusieurs blessés.

Un attentat à la bombe de St-Petersbourg, ce 3 avril, a fait, quant à lui, 14 morts. Après ceux en France, en Allemagne et en Belgique, ces attentats sont tout autant liés au conflit syrien. Non pas du fait des milliers de réfugiés affluant en Europe, mais du fait d'une politique désastreuse occidentale, d'une guerre civile & syrienne qui s'enlise et dont on ne comprend plus la cause, comme de la position trouble de certains états de l'ONU comme de politiques.

 

L'attaque chimique d'un village par l'armée syrienne de Bachar Al-Assad a conduit une riposte musclée des Etats-Unis. L'attaque chimique de 2013 (dite de Gouhta) avait fait 1400 morts civils. A cette époque, l'Occident avait préféré accuser les rebelles alors que des rapports contradictoires désignaient déjà le gouvernement syrien. Bachar Al-Assad est un dictateur, comme certains pays savent en fabriquer, assoiffé de pouvoir, sanguinaire, violent. 

Le résultat : 500 000 morts, la naissance de L’État Islamique, un pays détruit, des attentats en Europe, des millions de réfugiés s'agglutinant dans des conditions misérables aux frontières. Dire que la situation est explosive est un pléonasme. A ces drames humains, comme si un dictateur qui ne suffisait pas pour compliquer le conflit, s'ajoute l'incompétence des politiques occidentaux et leur plus parfaite indécision. Ménager le chou pour avoir la chèvre semblait être leurs préoccupations. Or, aujourd'hui, la chèvre est mal en point et le chou a été mangé depuis longtemps.

 

La 15 mars 2011 éclate la contestation syrienne à Deraa. En majorité sunnite, elle n'avait pas oubliée les 30 000 victimes de 1982, tués sous les bombes syriennes lors du soulèvement des « Frères Musulmans ». .

De ce « printemps arabe », le printemps syrien a conduit Bachar Al-Assad au pire. Des manifestations pacifiques, non armées, il n'a pas hésité à envoyer l'armée tirer à balles réelles sur les opposants au régime. Contre ceux qui ont été armés, il a envoyé des chars. Contre ceux encore utilisant des lances roquettes, c'est l'armée de l'air qui fut envoyé. D'une opposition politique, il en a fait non seulement un carnage mais aussi une opposition inter-confessionnelle.

Le régime de Bachar Al-Assad est essentiellement alouite qui représente à peine 10% de la population  Cette contestation, si elle devient inter-confessionnelle grâce à Bachar Al-Assad, a fait, tout autant le jeu de l'Arabie Saoudite et du Qatar. Il n'est retenu que le terrorisme et les massacres djihadistes. L'indifférence de l'Occident de cette période est coupable.

Ce même Bachar Al-Assad - qui réprime dans le sang une contestation islamique tuant des milliers de civils – finançait et abritait le siège du bureau politique du Hamas depuis de nombreuses années.  Ce n'est pas « l'islam » l'adversaire de Bachar Al-Assad mais l'Occident, la désignant comme un ennemi naturel, s'accordant ainsi à soutenir et aider ceux qui se présentaient comme ses combattants. La haine n'est pas religieuse, comme on aime à le croire - cette haine ne concerne finalement que les militants de base. Elle est politique. Ce n'est pas Israël mais les Etats-Unis.

Il est accusé d'avoir favorisé le djihadisme en finançant le mouvement dès 2003 et en libérant quelques 260 islamistes …. pour jouer ensuite le rôle de la victime. 

La position de la Russie et de Poutine ont concordé à, non pas seulement compliquer le conflit syrien, qui l'était assez, mais à augmenter tragiquement le nombre de morts, de destructions et d'impasses.

Poutine y trouve une position internationale qu'il n'avait pas. Enfin, on l'écoute. De Barak Obama à Trump, en passant par François Hollande, Merkel ..., son avis compte. Il fait la pluie et le beau temps. Il s'obstine à faire passer les massacres comme l'oeuvre des rebelles et non pas comme celles du gouvernement syrien. Une légitime défense, en quelque sorte.

Bachar Al-Assad n'est pas un « rempart contre l'islamisme ». L'Etat Islamique (Daech) a vu le jour, curieusement, en Syrie. Ce qui ne milite pas spécialement pour la qualité dudit rempart. Le pays est en cendre. L'armée régulière de Al-Assad doit être gangrenée par l'incompétence la plus crasse pour n'être pas fichue de maîtriser une faction de 30 000 hommes dans ses beaux jours, tout en laissant derrière elle 500 000 morts ! C'est l'histoire de celui qui, voulant se débarrasser d'une souris, détruit sa maison … et la souris est toujours vivante ! Si Bachar Al-Assad gouverne quelque chose, c'est installé sur des ruines. 

L'armée de Bachar Al-Assad, aidée par Poutine, massacre bien plus souvent et volontiers des rebelles non-islamiques, des civils, appartenant à la fluctuante armée libre, qui se bat aussi contre l'EI plutôt que Daesh lui-même. Trois factions sont en lutte. Détail que l'on omet de préciser. 

Il ne faut pas être un pro de la géopolitique pour comprendre que Bachar Al-Assad sait utiliser le flou entretenu en Occident entre les différentes catégories de « rebelles »,  massacrant ceux qui l'arrangent et utilisant les autres pour affaiblir les premiers. Pour lui, d'ailleurs, c'est le camp « anti-Occident » - du moins celui qui se positionne à ses yeux comme tel – celui qui revendique des attentats en Europe – avec lequel il peut espérer trouver un accord et garder son précieux pouvoir. 

Le fait rare est bien de s'attaquer avec autant de violence à son propre peuple. Cela n'inquiète guère Poutine qui semble habitué à une certaine idée du pouvoir. Le peuple est, pour lui, une menace surtout lorsqu'il est contestataire. 

Cela n'inquiète guère une partie des commentateurs et politiques occidentaux qui se bercent de l'illusion de trouver ainsi une protection contre Daech. Faudra-t-il déplorer 500 000 victimes de plus ? C'est d'ailleurs tout le scandale du conflit syrien. 

Les attentats en Europe ont suivi le conflit syrien, ont ajouté à la confusion. Alors que Bassar Al-Assad a retrouvé la maîtrise d'une bonne partie de son pays en janvier 2017, gagnant des victoires "saluées", aurait même le contrôle de l'aide humanitaire affamant la population assiégée par son armée, des attentats contre Londres, Stockholm, St-Petersbourg ont eu lieu. ...  

Leurs auteurs ne viennent pas de l'extérieur mais ont grandi, voir sont nés - comme l'auteur de l'attentat de Londres  - en Europe. Ils ont fréquenté nos écoles, ont joué au ballon ou encore ont rêvé, enfants, de devenir pompier comme n'importe quel gamin en Europe. Il n'y a pas de "terroristes venus de l'extérieur" - aucun syrien dangereux qui nous a été envoyé - Il n'y a que la peur, bête et méchante des faibles qui nous arrivent par bouffées, entretenue par Al-Assad. Il faut être naïf ou stupide pour espérer que Assad puisse vaincre une barbarie ne sachant pas même contrôler la sienne.

La communauté internationale devra prendre une décision contre le dictateur Al-Assad pour ses crimes contre l'humanité. Des crimes de guerre touchant une population civile qui ne voulait qu'un peu plus de démocratie. Mais quand?

 

 

 


 

Sources :

François Burgat. La strategie al Assad : diviser pour survivre. François Burgat, Bruno Paoli.

Pas de printemps pour la Syrie. Les clefs pour comprendre les acteurs (2011-2013), La Decouverte, pp.19-32, 2013, 978-2-7071-7775-9. <halshs-00915294>

Slate : Printemps Arabe (Syrie)Le Monde : Assad - crime contre l'humanitéSlate : Massacres en Syrie (Al-Assad)Marianne : Syrie : Vladimir Poutine lâchera-t-il Al Assad?Le Figaro : Armée rebelle (Syrie)Le Monde : Rencontre avec Al Assad (Hollande, Merkel).Huffigton Post : Al Assad favorise le jihadla Tribune : effectif DaechEurope 1 : bilan du conflit syrienCourrier International : Aide internationale (Syrie)

 

 

 


 

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