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La Maçonne

Le GADLU : le Grand fourre-tout de l'Univers

"Got as an Architect" de William Blake (1794)

Je souhaite, par cet article, continuer cette réflexion à plusieurs chapitres que j'ai débuté sur le blog de Fidèle d'Amour ici, et que j'ai poursuivi sur mon propre blog traitant de la méthode maçonnique, de l'humain au centre du débat ou encore de la bible en 3ème lumière. 

L'un des fondamentaux de la franc-maçonnerie est le "Grand Architecte de l'Univers" surnommé pour les intimes "GADLU". 

Dans ce premier article,  je vous propose une réflexion sur l'approche contemporaine et actuelle du Grand Architecte de l'Univers. 


Quelques notes historiques : Newton et l'athéisme. 


L'étude historique du Grand Architecte de l'Univers est assez simple : c'est un principe newtonien comme l'a présenté Michel König dans ses deux volumes : « Le GADL'U » Newton n'a pas écrit uniquement sur la physique, mais aussi – et certainement plus – sur la théologie et l'alchimie. Il était  un unitarien.

L'unitarisme considère que dieu est unique et s'oppose au principe de la trinité (le père, le fils et le st-esprit). Il nie la divinisation de Jésus, qui serait pour eux qu'un prophète. Il s'agit, finalement, d'une approche judaïsante.  A cela, il estimait que dieu n'était pas omnipotent, laissant à l'être humain son libre-arbitre. 
Ainsi, le fondateur de la franc-maçonnerie, il y a trois siècles, estimaient que l'ordonnancement de l'univers était plus sûrement dû à des principes mathématiques et physiques compréhensibles qu'aux esprits scientifiques et, en rien, à un quelconque principe divin ou créateur. 


Pour compléter les recherches menées par Michel König, et les mettre en perspective, Newton n'était pas spécialement opposé à l'épicurisme représenté généralement par Hobbes et ayant conduit à une polémique au 17ème siècle sur l'existence et l'immortalité de l'âme, après des découvertes scientifiques menées sur le cerveau humain. Il s'opposait à l'atomisme qui, selon lui, favorisait l'athéisme. 

En 1713, Anthony Collins écrivait ainsi : « il ne trouve qu'un ancien système complet d'athéisme, qui est celui d'Epicure, écrit par Lucrèce dans un ancien langage ; mais les prêtres n'ont pu souffrir qu'il demeurât plus longtemps, pour ainsi dire enseveli dans un langage inconnu à tant de gens ; il a fallu qu'un d'eux, c'est le révérend Mr Creech, l'ait traduit en vers anglais pour la commodité et le divertissement des lecteurs. Et il paraît à la tête de cet ouvrage, plus d'approbations de théologiens que j'en aie vue au commencement d'aucun livre quelque dévot et religieux qu'en fut le sujet. » 

« Dans ces circonstances, il n'est pas étonnant que les premières des conférences instituées en 1692 par le chimiste Robert Boyle (avec le soutien actif de Newton) pour combattre l'irréligionsoient consacrées par le théologien Richard Bentley à une réfutation de l'athéisme et du matérialisme dirigée explicitement contre les épicuriens, dont le représentant est apparemment Hobbes. Robert Boyle lui-même considère les épicuriens comme les ennemis principaux de la religion : les athées modernes sont, selon lui, des « somatistes » qui se fondent totalement sur des principes épicuriens » nous explique Ann Thomson. 


 Ainsi, l'athéisme compris par Newton, qu'il combattait, entrait non pas exclusivement dans une polémique théologique, mais autant philosophique (l'épicurisme) que scientifique. Les débats furent longs et à l'entrée du 18ème siècle, de nombreux livres sur l'immortalité de l'âme et défendu, pour un camp ou un autre, au sein de la Royal Society. 

Le médecin William Coward, dont les travaux furent largement publiés et commentés dans les publications scientifiques de l'époque, niait l'existence d'une substance spirituelle attachée à l'homme. Selon lui, les êtres humains, comme les bêtes, meurent complètement et il n'existe pas de vie après la mort. Cette affirmation bien athée est minorée par, ce qui apparaît une pirouette, Il affirme également que toute la matière « est douée à la création d'un principe d'auto-motion, expliquant que c'est Dieu, pouvoir autosuffisant ou indépendant, qui accorde à la matière des principes permettant aux esprits animaux de produire la pensée, au moyen du mouvement. » Ce qui lui permet – si vous suivez tout – de ressusciter ou pas, suivant les théoriciens de l'époque. 

Pour ce qui nous intéresse ici, que s'il y a débat, ce débat entrait aussi dans les loges maçonniques et on comprend mieux l'origine du fameux article de la constitution d'Anderson interdisant la franc-maçonnerie aux athées et libertins irréligieux. Il s'agissait, tout simplement, d'interdire l'entrée de la franc-maçonnerie à des scientifiques, des médecins, qui seraient amenés à étudier le cerveau humain en appuyant la thèse d'une formation « matérialiste » de la pensée les conduisant à nier toutes substances immatérielles dont celle de l'âme sans par ailleurs nier l'existence de dieu. 


Aujourd'hui, on sait que Newton se trompait. La pensée humaine est bien issue de la matière. Par ailleurs, ces scientifiques – qualifiés d'athées et de libertins irréligieux, c'est-à-dire d'épicuristes – ne l'étaient pas au sens actuel du terme.

Ils préféraient la vérité scientifique à celle dogmatique et religieuse comme Newton, lui-même. Plus loin dans cet article, on comprendra pourquoi il est important de souligner que Newton a fait plus de recherches ésotériques que scientifiques. 


Les théories matérialistes de ces médecins eurent un certain succès en France dont émergèrent une pensée nouvelle que l'on attribue « au siècle des Lumières », séparant les affaires profanes et religieuses, développant un véritable esprit scientifique basée sur l'observation et l'étude. Descartes définira ainsi, un être humain « mécaniste », merveilleuse machine dont le mouvement s'explique par celui des particules. Cela ouvre, bien sûr, à une pensée athéiste – et Descartes en fut accusé tout autant. 


Dans la liste des « exclus » au sens newtonien de la franc-maçonnerie (avant qu'elle n'existe), on trouve ainsi Francis Bacon qui traitera de l'euthanasie laissant à l'être humain le droit de mourir dignement (sans mettre en péril le repos de son âme), William Harvey qui sera à l'origine de la découverte du la circulation du sang et bien sûr Thomas Willis pour les anglais, tous réformateurs de la médecine vers une conception scientifique dont la pratique est l'élément essentiel de celle-ci (et non pas la naissance du médecin), mais aussi Copernic, Galillée, Montaigne du côté des français, en sus de l'ensemble des philosophes et scientifiques  du 18ème siècle qui se sont imprégnés, dès le 17ème siècle, du dualisme matérialiste d'une manière ou d'une autre. 

On comprends mieux ainsi que, finalement, la conception newtonienne du franc-maçon ne fut certainement pas respecté, car si elle l'avait été, la franc-maçonnerie aurait été incapable de fêter ses trois cents ans et même de survivre après Newton et Désaguliers. (lire aussi "Réflexion sur le Grand Architecte de l'Univers, de la loge Dermott ici). 


Le Grand Architecte de l'Univers, aujourd'hui dans les obédiences adogmatiques et libérales. 

Il est coutumier d'expliquer que chacune ou chacun peut mettre ce qu'il veut dans le GADLU (Grand Architecte de l'Univers). Ceci concerne les obédiences et loges libérales et adogmatiques, ayant pour principe la liberté de conscience, qui pratiqueraient un rituel travaillant à la Gloire du Grand Architecte de l'Univers, soit le REAA – Rite Ecossais Ancien et Accepté, pour ne citer que lui. 
Ainsi, cela signifierait que ces loges travailleraient à la gloire d'un grand fourre-tout de l'Univers. Présenté ainsi, on comprend mieux pourquoi les obédiences et frères réguliers ricanent doucement trouvant l'approche quelque peu hypocrite. Or, qu'en est-il exactement du ce fourre-tout dans les obédiences adogmatiques, qui font de la liberté de conscience et de la laïcité, leurs principes fondateurs ? 

Deux faits pour illustrer les bases de cette réflexion sont nécessaires. 

  • Marie-Thérèse Besson, grande maîtresse de la GLFF, lors de sa première année de mandat, a demandé aux garantes du Rite Français d'intégrer l'invocation au Grand Architecte de l'Univers, parce que – a-t-elle expliqué à son Conseil Fédéral – des sœurs se plaignaient de trouver le Rite Français trop vide et que, toujours selon elle, ces sœurs en souffriraient. L'histoire ne dit pas si elle est allée jusqu'au bout de son projet, ni comment les garantes du rite ont réagi.  Le Rite Français avec un GADLU existe déjà : il s'appelle le REAA, sauf pour celui pratiqué par le Droit Humain qui travaille au « progrès de l'Humanité » depuis son origine, héritage de la Grande Loge Symbolique Ecossaise. En somme, c'est n'avoir pas tout compris de l'histoire des trois premiers degrés du Rite Ecossais Ancien et Accepté. 
  • L'autre fait remarquable est une interview de Philippe Charuel, grand maître de la GLDF, c'est-à-dire d'une obédience libérale et adogmatique dont un des principes est la liberté de conscience, principe qui fut revoté par le convent de la GLDF en 2013, qui affirme sans se rendre compte de l'absurdité de ses propos, qu'il ne comprenait pas ce que faisaient les athées en franc-maçonnerie. 

Pour Hiram.be, il explique que « Nous on reste adogmatique. Le Grand Architecte doit rester un principe créateur librement interprétable. Les agnostiques par exemple vont y voir le caractère sacré qui est dans l’homme, et pas forcément une divinité » (source)
Si le Grand Architecte de l'Univers est défini comme « un principe créateur », il ne peut pas être « librement interprétable » comme il l'indique. En effet, rien ne prouve qu'un « principe créateur » existe. Il s'agit d'une croyance que l'on peut se permettre de remettre en cause. 

Pour ces deux dignitaires, ce n'est pas un GADLU « fourre-tout », respectueux de la liberté de croyance et d'incroyance de chacun et de chacune, mais bel et bien un Grand Architecte de l'Univers qui tiendrait d'un principe divin, appelé aussi « principe créateur ». 
D'ailleurs, on leur proposerait de supprimer le GADLU – Grand Architecte de l'Univers – , ils seraient à pousser des hauts cris, crieraient au scandale, alors qu'il n'est censé être qu'un symbole comme un autre. 
Ceux et celles qui ont étudié – un minimum – leur rituel respectif, savent que les symboles vont et viennent depuis l'origine de la Franc-maçonnerie. La GLFF, pour ne citer qu'elle, a supprimé le miroir et ajouté des chaînes lors des cérémonies d'initiation au REAA. Le symbole du miroir se trouve au Rite Française pour cette obédience qui l'a récupéré suite à une modification du Rite Français que sait très bien mener 
La GLDF a fait évoluer les trois premiers degrés du REAA depuis sa première écriture assez régulièrement ayant un jour supprimer la bible en 3ème lumière et quelques décennies plus tard, l'imposant à nouveau. Bible appelée « volume de la loi sacrée » qui ne serait aussi qu'un symbole dans lequel chacun y verrait ce qu'il veut. 
Pour en savoir plus sur les nombreuses modifications de ces deux rites, je vous conseille la lecture des travaux de Philippe Michel publié : "Genèse du Rite Ecossais" ou encore "le rite français d'origine 1785"

Pour la grande maîtresse de la Grande Loge Féminine de France, le GADLU n'est qu'un élément décoratif permettant de remplir le vide apparent du Rite Français et surtout du REAA. L'idée que c'est aux sœurs de remplir ce vide par leur propre démarche initiatique ne lui est pas venue. 
En tant que bon élève soumis du Suprême Conseil, Philippe Charuel n'y voit qu'un principe divin –   qui interdirait aux athées de devenir membre de la glorieuse GLDF. En somme, il permettrait de justifier une ségrégation suivant la croyance et l'incroyance des frères. . 

Ainsi, supprimer le Grand Architecte de l'Univers et son invocation ne serait qu'une modification comme une autre qui ne devrait avoir aucune espèce importance au vu des définitions  de nos deux dignitaires.

Il y a d'autres moyens de décorer un rituel que l'évocation du GADLU, comme il existe d'autres moyens de discriminer les frères en fonction de leur croyance ou incroyance, comme par exemple,  en leur faisant jurer leur croyance en un « principe créateur ». 
 

Chacun peut convenir qu'invoquer « un grand fourre-tout de l'Univers » et travaillé à sa gloire, n'a non seulement aucun sens et, surtout, n'apporte pas grand chose à une démarche maçonnique en sus d'être un tantinet ridicule. N'oublions pas que l'on a vu dans un article précédent que la franc-maçonnerie travaillait essentiellement au « progrès de l'humanité » et qu'en cela elle respectait un invariant ésotérique, c'est-à-dire possédait et respectait un point commun à tous les ésotérismes occidentaux qui – eux – ne glorifient pas tous dieu, un GADLU ou un quelconque principe créateur, même s'ils en font état, dont on peut se permettre de douter, rationnellement, de l'existence. Ce que d'ailleurs les ésotéristes n'ont pas manqué de faire. 
Ainsi, l'importance donnée au Grand Architecte de l'Univers par ces deux dignitaires montrent que, pour eux, la franc-maçonnerie n'est pas un travail d'amélioration de l'humanité mais une sorte de religion de substitution qui se devrait avoir des rituels jolis avec plein de choses dedans et discriminer les individus en fonction de leur croyance.  

Cela ouvre à considérer l'avenir de la franc-maçonnerie sous un aspect bien sombre. Force est de constater qu'aussi au niveau des religions, « dieu » ne recouvre pas le même sens. Si c'était le cas, il n'y aurait qu'une religion et les théologiens seraient depuis longtemps au chômage. Présenté ainsi, on peut estimer que c'est tout autant un concept « fourre-tout » que le GADLU lui-même.

A la différence que les religions, encore aujourd'hui, ont la fâcheuse manie de tuer « au nom de dieu ». Quelques millions de morts plus tard, après l'inquisition, une multitude de guerres de religions, des croisades sanguinaires, des génocides dont celui de la 2nde Guerre Mondiale n'est pas le moindre, la guerre de Syrie, des milliers de réfugiés arrivant en Europe dans des conditions inhumaines, des attentats qui ont secoué la France et l'Europe, faisant son lot de morts, dont le dernier épisode se passe en France,  on pouvait espérer mieux de la part de ces dignitaires  que de vouloir provoquer une rupture avec le principe de la liberté de conscience, principe garant de la paix. 


Accepter la liberté de conscience est autant un travail sur la paix mais aussi l'égalité de toutes les femmes et les hommes sans les discriminer suivant leurs croyances et incroyances. 
Aujourd'hui encore, 7 pays ’l'Afghanistan, l’Iran, les Maldives, la Mauritanie, le Pakistan, l’Arabie saoudite et le Soudan, condamne à mort les athées pour leur non-conviction religieuse. Pour le Bangladesh, l’Egypte, l’Indonésie, le Koweit et la Jordanie, l’expression de convictions athées ou humanistes sur la religion est totalement interdite ou strictement limitée par des lois condamnant le blasphème conduisant à des peines de prison. 
 
Ainsi, trouver dans des obédiences qui se veulent adogmatiques et libérales, dont la GLFF qui a pour principe « la laïcité » en sus de la liberté de conscience, est bien plus qu'une provocation, l'expression d'une aigreur ou un choix de politique « obédiencielle », mais le résultat d'un délitement des valeurs autant que de la transmission initiatique au plus haut niveau de nos obédiences. En effet, on peut deviner que Marie-Thérèse Besson déteste, tout simplement, le rite français et souhaite, finalement, le supprimer au sein de son obédience. Quant à Philippe Charuel, il ne fait que suivre les prescriptions de son Suprême Conseil sans réfléchir.  On pouvait espérer mieux. 

La liberté de conscience est aussi un démarche initiatique, non pas uniquement parce qu'elle est humaniste, mais parce qu'elle implique de facto la notion de fraternité. 
Nous ne sommes pas frères ou sœurs parce qu'un jour – plutôt un soir – nous avons été initiés, mais parce que nous vivons dans nos tripes, dans nos cœurs, une fraternité rendant à l'être humain sa place centrale. Une fraternité vécue qui interdit toute exclusion pour des motifs de croyance, d'incroyance, d'opinion ou encore d'expression de celle-ci. Ce qui est aussi la liberté de conscience. 

On sait combien nos deux « dignitaires » ont été avides d'exclure tous ceux qui ne pensaient pas comme eux – et même celle – qui est votre blogueuse préférée. Marie-Thérèse Besson a ouvert une chasse aux sorcières prévoyant délations et radiations automatiques contre des sœurs qui seraient seulement soupçonnées de visiter les loges de la nouvelle obédience féminine, la GLIFF. Philippe Charuel a ouvert, contre de nombreux frères de son obédience, des procès maçonniques pour « indélicatesse au grand maître », avec les votes favorables de son conseil fédéral . Dans les deux cas, ce n'est ni plus ni moins, de condamner des sœurs et des frères pour blasphèmes, de délits d'opinion et de leur interdire toute liberté de pensée comme d'association. Ceci « au nom du Grand Architecte de l'Univers ». 


Or, il s'agit là non pas de démarches initiatiques assumées – elles seraient curieusement détournées tendant à devenir une démarche ésotérique d'extrême-droite qui définit l'être humain suivant des considérations anti-modernes, raciales et/ou religieuses exclusives, afin de former une élite gouvernante - quoique dans les deux cas de ces dignitaires, cela peut encore se discuter -  mais repose sur leur sphère limitée de compréhension autant que sur une vision superficielle de l'initiation et de l'initiatique. 


Il faut ainsi les lire non pas comme pas hypothétiquement des francs-maçons, des initiés,  mais comme des profanes en tenant  compte de leur contexte sociologique et sociétal. Ils n'apportent en effet aucun élément de réponse d'ordre initiatique qui sortirait de leur contexte personnel. 
Le Grand Architecte de l'Univers est réduit à sa seule invocation. Il faut le glorifier parce que c'est écrit et que cela fait joli de le faire. 

D'ailleurs, en cherchant bien, hormis d'expliquer que c'est un symbole fourre-tout, que cela fait bien de le glorifier pour la pureté rituelique, combien c'est une Tradition (entendez le « T » majuscule) qu'il faut respecter, on ne trouve rien d'autres dans la littérature de ces obédiences. C'est, disons-le, à ce stade de mon enquête sur le GADLU dans nos obédiences – et de savoir ce qu'il y fiche (encore) – bien maigre comme motif. 

 

Le GADLU pour la franc-maçonnerie théiste, aujourd'hui. 

Regardons du côté de ceux qui font du GADLU, dieu, un être suprême, un dieu « révélé ». Si je n'ai rien contre les symboles fourre-tout – ils le sont tous – au moins, la franc-maçonnerie « régulière » a le bon goût de ne pas tromper sur la marchandise. Il y a peu de chance que l'on découvre que le Grand Architecte de l'Univers devienne, par un tour de passe-passe rhétorique, le haut symbole de l'athéisme à l'instar de la GLDF qui en fait un principe religieux. La pratique « régulière » de la franc-maçonnerie contemporaine est d'utiliser autant le Grand Architecte de l'Univers que dieu, de manière indifférenciée comme, d'ailleurs, on peut le trouver dans des rituels datant d'avant 1870.

Or, l'usage d'un Grand Architecte de l'Univers remplaçant le mot « dieu » assure, aux frères, que tous les hommes de toutes religions sont acceptés. Aucune religion n'est supérieure à une autre.

Suivant, l'exposé historique indiqué en début de cet article, cette franc-maçonnerie « régulière » ne respecte pas plus une « Tradition » - c'est-à-dire les principes d'origine de la franc-maçonnerie du temps de Newton – que moi.

Ils se trouvent, eux aussi, face à leurs problèmes : un ésotérisme d'extrême-droite qui polluent largement leurs obédiences et loges au même titre que le prosélytisme de certains frères souhaitant christianiser les frères et soeurs. 

Le plus triste exemple est le Grand Prieuré des Gaules et son « Grand Aumônier », qui se faisant passer pour un « archiprêtre orthodoxe » alors que membre d'une fausse église – plus exactement d'une secte - n'a pas hésité à traiter d'hérétiques les frères qui s'opposaient à sa fausse église et ses dogmes. (Lire aussi "des faux prêtres en franc-maçonnerie")

Le Grand Prieuré des Gaules a été chassé de la « régulière » GLNF pour ses discours frisant l'antisémitisme et son prosélytisme en 2000 . Son ancien « Grand Maître » était, comme on l'a vu dans mon article, un membre imminent de la même fausse église que notre « Grand Aumônier ». Ce grand prieuré a été reconnue par le GODF et la LNF en 2000. C'est aujourd'hui, non plus un mal des réguliers, mais une dérive de la franc-maçonnerie adogmatique et libérale.  

L'infiltration de faux prêtres, de fausses églises, est néanmoins facilitée par une démarche théiste voir même déiste affirmée, au nom d'une prétendue quête spirituelle. Si celle-ci est de finir dans une secte, il y a de quoi s'alarmer.  

Là aussi, il faut lire les justifications permettant les dérives comme ceux du Grand Prieuré des Gaules, non pas comme provenant d'initiés, mais de profanes qui nous offrent une très belle lecture littérale de la franc-maçonnerie et de sa prétendue Tradition. Pour eux, comme le Grand Architecte est dieu, tous ceux qui le critiquent ne peuvent qu'être des hérétiques, des vils anti-religieux, des mécréants et des anti-chrétiens. D'ailleurs, certains n'hésitent pas à affirmer que les « origines chrétiennes » de la Franc-maçonnerie supprimeraient tout droit à l'initiation aux non-chrétiens.  

Or, même Newton doutait de la divinité de Jésus … qu'il rangeait dans la catégorie des « prophètes », comme, d'ailleurs, très certainement Désaguliers son secrétaire.  


Malgré l'accusation des nombreux maux que la franc-maçonnerie à causer à la France, dont la Révolution française de 1789 et la mise à mort de la monarchie et de l'aristocratie (mise à mort qui ne fut pas que symbolique), des membres de l'extrême-droite sont malgré tout attirés tels des aimants par ce qui doit leur être des « ennemis naturels ». 


Or, a contrario, on peut être surpris aussi de voir les obédiences se taire, sinon hésiter et ergoter – interdisant toutes réflexions de fond sur ces membres « à l'extrême » dans leurs obédiences. Pour exemple, une conseillère fédérale, apprenant que la loge Dionysos – alias Chiboulette – comptait aussi une sœur à l'extrême-droite, a répondu qu'étant donné qu'il était interdit de parler politique et religion en loge (ce qui est faux pour la GLFF, il est seulement interdit d'entretenir des controverses religieuses et politiques, étant une obédience traitant des sujets « sociétaux »), la présence de sœurs d'extrême-droite ne dérangeait en rien. En fait, pour cette conseillère fédérale, cette sœur peut très bien appeler aux votes de Marine Le Pen aux agapes (ce qu'elle ne se gênait pas de faire) du moment qu'elle ne le faisait pas lors des tenues ! Diantre !  

L'hypothèse  développée par Jean-Pierre Bacot est un besoin de repli d'une partie des francs-maçons et maçonnes, face à une société en constante évolution et surtout particulièrement complexe.(lire ici)
Ces derniers opteraient pour une forme de « spiritualisme » - ce que je considère comme un substitut religieux – du fait d'un délitement des religions elles-mêmes. Ce « spiritualisme » forcé et, trop souvent superficiel, ne peut se faire qu'en préservant quelque chose à glorifier, faute de mieux le Grand Architecte de l'Univers peut encore jouer ce rôle. Là aussi, il remplit un vide … et il n'est pas strictement décoratif. 


S'il avait celui de réunir tous les hommes et toutes les femmes – quelque soit leur croyance ou incroyance – on peut considérer qu'il y a largement échoué que ce soit pour la franc-maçonnerie adogmatique ou régulière et théiste. 

Le Grand Architecte de l'Univers n'aurait, au bout du compte, aucune dimension ésotérique qui ne saurait être compris pour des profanes. C'est très certainement qu'aucune obédience et, plus exactement, les maçons et maçonnes ne dépassent pas une lecture profanant la franc-maçonnerie, que ce soit ses valeurs et ses principes ou encore le caractère ésotérique qu'elle est censée avoir.  

Pourtant, peut-être, il se pourrait qu'il en existe un. Y compris pour le GADLU. Ou pas. 


 

 

 

 

 

 

 

Sources : 

Thomson Ann. Matérialisme et épicurisme en Angleterre au début du siècle. In: Dix-huitième Siècle, n°35, 2003. L'épicurisme des Lumières. pp. 281-296doi : 10.3406/dhs.2003.2549

http://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_2003_num_35_1_2549

 

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C
je voudrais récupérer le topo de Vabadus sur "les serments"; possible ? Merci, frat (Arvreur)
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L
Bien sûr, pas de souci !
L
PS : de la part d'un frère bienveillant. travaillant au GADLU et au PDLH
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L
Je me permets la question suivante:<br /> Quelle démarche initiatique y a-t-il s'il n'y a plus aucune figure de l'Immatériel et du Spirituel (rôle au demeurant très bien joué par le GADLU pour de nbreux FF et SS dans le monde).<br /> <br /> Je postule que le problème vient davantage d'une espèce de politisation (ou vulgarisation) du sujet que du sujet lui même.<br /> Lorsqu'un homme aimé de tous (si j'ose dire) comme Frédéric Lenoir écrit "l'Âme du Monde" (ou Paulo Coelho, "l'Alchimiste"), tout le monde acclamera - et a raison - la beauté spirituelle du conte et personne ne tirera sur l'auteur et ses lecteurs.<br /> <br /> Le sujet - ô combien métaphysique et spiriturel - est toujours le même, mais l'objet (Dieu, GADLU, Elohim, Allah, etc), mais le(s) terme(s) est(sont) galvaudé(s), Hélas!<br /> <br /> J'ai pour théorie que nous avons tous un besoin de spiritualité. Ce Moi "Spirituel" n'est de nos jours plus "maitre en sa propre maison" pour paraphraser Freud.
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