13 Janvier 2014
Si vous voulez lire quelque chose de déprimant pour commencer l'année, c'est ce qu'il vous faut. Jiri Pragman partage dans son testament une vision figée et passéiste des blogs maçonniques, des relations des obédiences avec le web, des maisons d'éditions, des commentateurs et des réseaux sociaux.
Le chapitre peu débattu, par ailleurs, concerne les obédiences, d'autant que s'il y a reproche, il n'est pas clairement formulé. Plus présente sur le web, possédant un site, Jiri Pragman précise :
« Aujourd'hui, il existe une tendance à considérer qu'une obédience absente du web n'existe pas », rappelant, à juste titre, qu'il existe des obédiences « virtuelles » qui n'ont qu'un site et pas de réelle existence (ou se montrant plus importante qu'elles ne le sont). Il estime que les obédiences tentent, via leur site, obtenir des candidatures. Les obédiences plus discrètes sur le web seraient dans la tradition de la cooptation.
J'ai présenté une obédience mixte qui, présente sur le web, préfère la "cooptation", démentant l'analyse de Jiri Pragman.
Une obédience a parfaitement le droit de communiquer comme elle le souhaite et afficher clairement sa tendance, des informations sur elle, et même une cartographie, fort utile lorsque l'on souhaite guider un candidat de province …
"En France, ce sont les loges "sauvages" rebaptisées "libres et souveraines" qui utilisent le web pour se faire connaître; elles qui rejettent les obédiences se mettent en réseau."
Jiri Pragman en profite pour donner son avis sur les loges indépendantes. Un avis quelque peu déformé par son appartenance et peut-être orienté. Les loges libres ou indépendantes sont rebaptisée "sauvages" par les obédiences. Leur mise en "réseau" n'a pas grand chose à voir avec un fonctionnement obédientiel. Ensuite, elles ne trompent nullement leurs candidats.
Avant, des "loges" ou "associations maçonniques" étaient tout simplement sur les "pages jaunes" et - si mes souvenirs sont bons - Umberto Eco dans "le pendule de Foucault" avait amusé la jeune lectrice que j'étais d'une liste. Si c'était mieux "avant" ... il faudra m'expliquer en quoi.
Le chapitre sur la place des commentaires sur son blog me laisse pensive.
Tous les blogs ont des problèmes pour gérer les commentaires. J'ai abandonné rapidement le choix de la « modération » (c'est-à-dire de filtrer les commentaires), parce que je ne les filtrais pas. Je faisais semblant.
Comme je n'ai pas d'opinion réellement tranchée sur le sujet, suite à un message d'un de mes lecteurs, m'incitant à expliquer les fonctions informatiques des commentaires du blog, j'ai publié un article, semaine dernière. Bref, si je voulais alimenter une réflexion sur cette question, en comptant sur celle de Jiri Pragman, je pouvais toujours rêver.
Jiri Pragman a, quant à lui, maintenu la "modération des commentaires", le trouvant à force bouffe-temps . Ce que je ne peux nier, surtout qu'il ne faisait pas semblant. (Même en faisant semblant, c'est du temps!) D'autres blogs font le choix de supprimer la possibilité de commenter. Le blog le plus connu, à plus d'un titre, est celui de Roger Dachez.. (http://pierresvivantes.hautetfort.com/). Or, n'est pas Roger Dachez qui le veut. Mes articles ne nécessitent pas une réflexion aussi intense que les siens. Les articles du "blog maçonnique", aussi intéressants soient-ils, non plus.
Tout comme moi et tous les blogueurs avec lesquels j'ai eu l'occasion de discuter, Jiri Pragman a croisé (difficile de l'imaginer autrement en 10 ans d'existence !) des potentats de tous poils, non-anonymes, qui ont tenté de l'obliger à supprimer un article, voir plusieurs, qui ont porté des accusations sur son intégrité morale,...
Pourquoi n'en parle-t-il pas ? Alors que c'est justement cette caste de « cordonnés », imbus d'eux-même, qui sont très certainement les plus mal intentionnés et les plus vindicatifs que ce soit en public ou en privé? Qui ont des avis sur tout, des critiques acerbes à faire dès qu'ils le peuvent et savent très bien se répandre en insultes diverses.
Pourquoi Jiri Pragman évince-t-il la question – qui pour le coup aurait intéressé autant ses lecteurs que les blogueurs ? Comptez bien, il montre du doigt combien de personnes sur plus d'un millions de visites annuelles ! Une dizaine ? Vingt ? Cinquante personnes ?(voir son bilan ici: http://www.hiram.be/Le-bilan-2012-du-Blog-Maconnique_a6992.html).
Il faut du cran, du courage, "du sens critique et aussi quelque capacité de distanciation" pour oser dénoncer la culture du cordon des obédiences et le goût de pouvoir de quelques uns.
Des réseaux sociaux ? Là aussi, je ne comprends pas. Depuis deux mois (sur six d'existence), mes lecteurs proviennent majoritairement du moteur de recherche « Google ». Facebook ne vient qu'en seconde position et m'a apporté moins de visites que les deux blogs qui ont partagé « la Maçonne » sur le leur. Mon nombre de "visiteurs uniques" est en constante augmentation, bien que plus modeste que le blog de Jiri Pragman.
Pour l'expérience, j'ai re-publié un article déjà présenté en octobre 2013, «Un anniversaire de loge à Jérusalem, GLFF », article que je n'ai pas partagé sur facebook. Il arrive malgré tout en deuxième position du top 10 des articles les plus lus de ce début de moi
Jiri Pragman utilisait ces mêmes réseaux sociaux avec constance et possédait une bonne maîtrise de ces outils, partageant ses articles sur ses pages tout autant que sur les groupes. Assiduité que je n'ai pas. Le comportement qu'il reproche aux utilisateurs des réseaux sociaux est ce que l'on appelle « le zapping ». Un utilisateur va d'un post à un autre. Ce comportement n'est pas nouveau, n'a rien de choquant ou de déplaisant. Jiri Pragman le regrette, le reproche, en fait une cause personnelle. Un tel blog de 10 ans, ayant ses lecteurs fidèles, ne peut pas être victime des réseaux sociaux. A moins que quelque chose m'a échappé ...
Les réseaux sociaux, contrairement à ce qu'il affirme, ne remplace pas un blog. Il les sur-estime leur importance dans un choix/quête de lecteurs. Une page FB et un profil permettent, tout au plus, de ne pas laisser la place vide et évite les usurpations. Il informe de la parution d'un nouvel article, mais en aucun cas, cela oblige qui que ce soit à le lire!
En dehors de quelques commentaires désagréables ou décalés, nous avons aussi des petites merveilles. Des frères et des sœurs qui apportent réellement dans leur commentaire un point de vue, une richesse humaine, et des approches variées. Qui sont là, qui nous donne envie de continuer, qui nous lise et finalement qui apporte à un blog ce que le blogueur ne peut pas apporter seul : de la joie, de la fraternité, de la vie. Ces frères et ses sœurs sont heureusement les plus nombreux.
Au bout de 10 longues années, il ne mentionne pas une seule fois ces autres commentateurs, ses lecteurs, ceux qui ont donné vie à son blog et raison d'être.
Il ne mentionne pas non plus les milliers de lecteurs qui le lisaient et qui ne commentaient rien. Pas un mot sympathique, de remerciement pour leur gentillesse, leur présence et leur fidélité. Sans ces lecteurs, il ne serait pas Jiri Pragman.
Il y a de quoi s'interroger.
Sur les blogs? C'est simple: il n'y a que le sien qui était "maçonnique". Pour les autres, il s'en prends à ceux des apprentis, faisant la morale. Et pour ce qui concerne le mien, il écrit ceci :
« Certains blogueurs (il peut s'agir d'une blogueuse) optent pour l'anonymat pour régler impunément leurs comptes vis-à-vis de leur obédience ».
J'avoue tout : mon obédience est la GLDF. Ils ont initié une femme - moi - Nan! je plaisante! En fait, c'est la GLNF ... Mais chut! C'est un secret de filles!
En retrouvant le chemin de son obédience, il découvrira que l'on ne juge pas un travail en fonction de l'identité et du grade d'un frère ou d'une soeur. C'est tout le mal que je lui souhaite.
Lilithement vôtre,
Pour tout savoir sur le testament de Jiri Pragman: http://www.hiram.be/Le-testament-d-un-blogueur-franc-macon_a8501.htm
Une vieille chanson que je trouve appropriée ....