10 Mai 2014
C'est sur le blog « la Lumière » de François Koch, notre journaliste profane, qu'a été publié une Circulaire de 7 pages destiné aux loges de la GLDF en vu de préparer le prochain Convent de juin 2014. Cette circulaire dévoilée n'est que le énième épisode de la Confédération Maçonnique de France et cette quête à l'inespérée et bien lointaine reconnaissance d'obédiences régulières.
La GLNF, reprenant le poil de la bête, retrouve peu à peu ses liens perdus avec les Amériques et ne saurait tarder à s'asseoir prochainement à la table de la Grande Loge Unie d'Angleterre (UGLE). Les cinq Grande Loges Européennes, suite à leur dernier communiqué, un peu trop insistant et public, ont fait vœux de silence.
Dans sa circulaire, Marc Henry insiste pourtant sur la continuité des démarches et l'intérêt de la Confédération Maçonnique de France.
« Le dialogue a été poursuivi avec les 5 Grandes Loges Européennes sur la base du mandat donné par le Convent, et engagé avec les Obédiences Françaises se situant comme nous-mêmes dans le cadre d’une Maçonnerie respectueuse des principes de Spiritualité, de la Tradition et du caractèrestrictement initiatique des Travaux rituels en Loge. »
Il mentionne la désinformation, déformation et même les mensonges de certains commentateurs qui embrouillent les esprits de nos pauvres frères de la GLDF. La Confédération est «un pôle » par rapport à d'autres obédiences, est-il ainsi expliqué, qui auraient « des préoccupations sociétales, parfois antireligieuses et très souvent politiques ». La GLDF ne mange pas de ce pain-là.
Cette circulaire explique que Marc Henry, accompagné de Jean-Noël Dubar, a participé à tous les Congrès Régionaux afin d'éclairer les positions véritables de la GLDF auprès des frères de la GLDF.
Quelques questions se posent pourtant : N'est-ce pas aux frères de la GLDF de décider de l'avenir de la GLDF ?
Pourquoi les informer seulement après les Congrès Régionaux de l'avancée du dossier alors qu'ils auraient peut-être appréciés en discuter librement entre-eux lors de ces congrès ?
Enfin, question subsidiaire pour départager les vainqueurs, que fiche cette circulaire sur le blog très profane de François Koch ? (qui dit « mercis » aux blogueurs de ne pas la mettre, mais comme je suis une blogueuse, on comprendra que cela ne me concerne pas ... ).
La seconde partie de cette circulaire sont les réponses aux questions que se posent les frères de la GLDF. Pour ma part, ces réponses me laissent autant dans la perplexité qu'auparavant.
Voici une petite lecture-analyse « à ma façon »:
Rupture avec le GODF ? Il n'y a pas lieu de rompre, puisqu'il n'y a aucun traité d'amitiés avec le GODF (comme d'ailleurs avec les autres obédiences) et uniquement des accords administratifs. Marc Henry et son Conseil Fédéral est dans cette rhétorique : on ne peux pas rompre ce qui n'existe pas.
Je vais l'appliquer à ma prochaine rupture sentimentale pour voir si cela marche :« Ce n'est pas du tout une rupture, chéri. Nous n'avons rien signé.»
Relation avec la GLFF ? Ce sera tout pareil : les femmes dehors. Aucun changement. Elles se contenteront (bien) des « cérémonies de réception », histoire qu'elles comprennent leur infériorité biologique. Cette réponse ne dément nullement ce que je soupçonnais : la confédération empêchera toute évolution promise ces dernières décennies aux soeurs.
Relation avec les autres obédiences ? Elles resteront inchangées.
Evolution des tenues ? Aucune modification. Il est toutefois rappelé que ce ne sera pas la fête chez Nono, il est interdit de parler de politiques et de religion en loge. Le GADLU reste un symbole comme un autre et la GLDF maintient la non-croyance en Dieu pas obligatoire.
Les visiteurs ? C'est complétement open pour les frères de la GLAMF et la GLIF. Cela nous le savions déjà. Pour les autres, tous les frères reconnus comme tels pourront être reçus aux tenues de la GLDF (non sans vérifier si le frère visiteur sait où il est).
Voilà, où cela se complique. Le Conseil Fédéral et Marc Henry parlent bien, je suppose, des frères des obédiences avec lesquelles ils ne peuvent pas rompre, parce qu'ils n'ont pas de traités d'amitiés.
Comment peuvent-ils donc recevoir des frères d'obédiences avec lesquels ils expliquent qu'ils n'ont aucune relation ? Ils le faisaient, bien sûr, avant – mais avant, il n'y avait pas la Déclaration de Bâle, leur espoir d'être eux-mêmes reconnus par d'autres obédiences régulières, et la demande de rompre « sans ambiguité » qui semble bien être la préoccupation majeure de ces mêmes obédiences. De même, de l'autre côté, la coutume, la tradition, la confiance permettaient ces relations sans traités d'amitiés. Demain qu'en sera-t-il ?
Les frères de la GLDF pourront-ils visiter d'autres obédiences ? Même type de réponse. Seulement et seulement si ces obédiences respectent les principes de la GLDF. Du coup, on se demande quels sont ces principes. La non-mixité, l'invocation au GADLU, la bible en troisième lumière ?
Il est rappelé assez sournoisement, que les frères de la GLDF ont accepté ses Principes (avec un P majuscule). Il est donc demandé aux frères de la GLDF de s'engager à les respecter « en conscience » en refusant d'aller visiter ces loges qui ne les respecteraient pas.
Comment maintenir les relations fraternelles avec les obédiences ? Par les colloques, conférences publiques, et les fameuses cérémonies de réception. Cette inhabituelle question fait suite aux deux autres. Elle confirme que visiter ou recevoir des visiteurs extérieurs à la Confédération Maçonnique de France n'est pas spécifiquement recommandé. Le maintien des relations avec les autres obédiences se fera, dans la pratique, durant des sauteries profanes.
D'un point de vue immobilier, la GLDF mentionne qu'elle ne court aucun risque.
Si les frères ne peuvent parler de religion ou de politique en loge, ils pourront malgré tout défendre les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, comme les droits de l'homme.
La Confédération, pourquoi ?
« Vivre pleinement le REAA dans le respect des principes qui sont les nôtres »
« Elargir la chaines d'union », « découvrir d'autres frères » peut-on lire. De la part d'une obédience qui annonce d'emblée qu'elle n'a pas signé de traités d'amitiés avec des obédiences en France qu'elle connait depuis des décennies, que leurs frères visitent, avec lesquelles ils espèrent s'arranger avec des colloques et à la buvette du coin, je ne pense pas que cette réponse soit satisfaisante.
« Permettre à la GLDF d'assumer son histoire ». Je n'ai pas vraiment l'impression que la GLDF, en particulier Marc Henry et son Conseil Fédéral, l'assument.
Conclusion :
Chacun construira son opinion, à la faveur d'une saine lecture. Quant à moi, je note :
la volonté de la part de Marc Henry et de son Conseil Fédéral de continuer (et faire voter les dispositions qui lui sont liées) la Confédération Maçonnique de France. Les raisons sont, d'ailleurs, toujours la reconnaissance avec au moins les cinq Grandes Loges Européennes (mais n'en citent aucune) et « entrer dans l'histoire ».
Pas de rupture. Le principal argument est que la GLDF ne peut pas rompre avec des obédiences avec lesquelles elle n'a rien signé. Ce qui signifie que les obédiences libérales comme le GODF, la GLFF, le DH ne sont pas reconnues par la GLDF et ne l'ont jamais été. Il est préféré une rupture progressive ou « par étape ». Il y a d'ailleurs une insistance à considérer que les joyeusetés profanes suffira à maintenir des relations fraternelles avec les obédiences libérales. C'est d'ailleurs pour cette raison que la GLDF a quitté l'IMF, sans avoir l'avis du Convent.
L'argument auquel devront faire face loges et frères qui pratiqueraient l'inter-visite se dessine déjà : ils se sont engagés à des Principes (lesquels?) et devront agir « en conscience ».
S'il y a acceptation de la part du convent de la GLDF, il existera toujours un flou – une ambiguïté – qui permettra de faire pression sur les loges et les frères dans l'avenir qui souhaiteraient visiter d'autres obédiences, afin d'obtenir un minimum de visites des frères dans les obédiences mixtes et féminines. Un minimum « acceptable » par les obédiences régulières.
S'il n'y a rien de signé avec les obédiences en France aujourd'hui, il est évident que la GLDF ne souhaite pas y remédier et ne proposera pas à celles et ceux qu'ils visitent depuis des décennies et même pour certains plus d'un siècle une quelconque reconnaissance de leur part. Une définition originale du "maintien des relations fraternelles". On apprendra, donc, que même en maçonnerie, il n'y a rien de mieux qu'un document signé.
L'avenir de la GLDF ne sera plus dans les mains du Convent et des frères de la GLDF, mais bel et bien dans celles des obédiences régulières, celles de la GLAMF, celles de ceux qui courent après des l'illusion d'une reconnaissance, qui pourront continuer à jouer la même pantonyme.
S'il y a refus, il y a très certainement moyen pour la GLDF de créer réellement le type de démarche – si elle est uniquement à but initiatique – au sein d'une Confédération. Aucune obédience libérale n'empêche de vivre et de pratiquer la démarche que les frères de la GLDF veulent. Tout comme les obédiences libérales, même en les visitant, en les reconnaissant comme tel, n'ont pas abandonné leurs propres démarches et assument leurs histoires.
Cette circulaire - un peu tardive - pourquoi? Parce que la majorité des frères refuseraient une confédération qui les éloigneraient de leur pays, de leur histoire qu'ils partagent autant avec le DH qu'avec le GODF et de ce qui fait leurs spécificités. Il y a une différence entre construire une démarche initiatique contre d'autres démarches, en seule opposition avec elles, et en construire une pour eux. Cette circulaire montre du doigt des obédiences, des frères et des soeurs, et leurs engagements - mais ne dit rien de ce qu'est et deviendra la GLDF.
Petit message à l'intention du Grand Maître de la GLDF et de ses conseillers fédéraux : La rupture, c'est comme une épilation : il faut y aller franchement et honnêtement.
Lilithement vôtre,
Lien vers la circulaire ... Interdit aux blogueurs.
Pour compléter cet article à lire aussi sur le blog Myosotis du Dauphiné Savoie, tenu par le frère Emmanuel, « Fidèle d'amour » de la GLNF : « le Grand Maître de la Grande Loge de France précise sa position » : http://le-myosotis-dauphine-savoie.over-blog.com/article-le-grand-maitre-de-la-grande-loge-de-france-precise-sa-position-au-sein-de-la-cmf-pas-de-rupture-a-123586471.html
En rappel d'autres articles sur la même question :
Lettre Blanche Ouverte aux 5 Grandes Loges Européennes : http://lamaconne.over-blog.com/2014/02/lettre-blanche-ouverte-aux-5-grandes-loges-europ%C3%A9ennes.html
A lire l'analyse qui a suivi cette "lettre blanche ouverte" sur le blog « Myosotis du Dauphiné Savoie » : « les 5 Grands Maîtres comme la CMF en déconfiture » http://le-myosotis-dauphine-savoie.over-blog.com/article-les-5-grands-maitres-europeens-comme-la-cmf-en-deconfiture-122482112.html
Parce le passé et en particulier l'histoire d'une obédience explique parfois son actualité, je souhaite mentionner (hélas tardivement) l'existence du blog suivant : http://sifodierisinvenies.overblog.com/ et son dernier article : : sifodierisinvenies.overblog.com/2012/12/le-cheval-de-troie.html
Je souhaite rapporter un fait qui n'y est pas mentionné. En 1955, la GLDF s'est rapproché de la GLNF pour leur proposer un projet de fusion. Huit réunions ont permis d'établir ce projet. La GLDF renonçait à la Grande Maîtrise, bien que d'effectifs supérieurs, et surtout à l'élection du Grand Maître par le convent. La GLNF a voté cette fusion et l'a fait accepté par son convent. La GLDF ne l'a jamais présenté.
(in Livre du Centenaire de la GLNF 1913 - 2013)