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La Maçonne

Dans mes murs : franc-maçonnerie mixte & féminine (2)

Dans mes murs : franc-maçonnerie mixte & féminine (2)

Filiation

Si l'indépendance de la GLFF vis-à-vis des patentes ne faisait aucun doute, il nous faut nous interroger sur son actualité ou – devrais-je dire la manie des obédiences masculines à lui transmettre des patentes sur le tard et en plusieurs exemplaires.

Ainsi, elle a accepté une patente de la GLDF en 2006 pour les trois premiers grades du REAA qu'elle pratiquait depuis 1959. Le goût pour la clandestinité des pionnières s'est affaiblie, certainement, au fil des ans.

Elle n'en avait nullement besoin, ayant quand même depuis 1959 « fait ses preuves ». Or, ainsi elle devient « conforme » aux yeux de nos frères. Inattaquable? Ceci est moins certain. Une patente se remet avec discours lénifiant sur la fraternité et grandes pompes, pas dans le secret et le silence des livres d'histoire. Que cela soit entendu !

Elle a reçu de la GLTSO, en 1974, celle du RER que le GODF a « confirmé » en 1980 ceci pour, au final, 9 loges au RER.

Combien de patentes au même rite faut-il pour que nos frères considèrent que la GLFF soit fréquentable ? Combien de fois faut-il initier une femme pour qu'elle soit considérée comme franc-maçonne ? (question subsidiaire : c'est quoi "confirmer" une patente?)

Cet argument de "filiation" existe aussi pour le Rite Français remis par le GODF à la GLFF. Une filiation un peu trop souvent rappelée aux sœurs pratiquant le rite français. C'est presque à regretter de ne leur avoir pas volé leur rite à eux aussi.

Faut-il aux femmes une filiation et, bien sûr, masculine alors que l'obédience l'avait brisée dès 1959?

Si la GLDF s'enlise dans des discours sur la pureté originelle de la maçonnerie (on se croirait à l'église), le Droit Humain qui partage avec elle les mêmes origines a dépassé depuis longtemps ces états ... d'âme.

D'ailleurs, les unes ou les autres obédiences mixtes ont hérités de leurs rites (et patentes) de leurs frères, qui, en France, n'ont pas disparu "naturellement" de leurs obédiences.

Aucune chaîne n'a été rompue. Elle a juste été ouverte aux femmes en sus des hommes. Elle exige la même "filiation" qu'une obédience masculine. Sans médire sur la GLFF, d'un point de vue masculin, ce sont les obédiences mixtes qui ont été les plus respectueuses de ce que l'on appelle "la transmission" et de cette notion de filiation, alors qu'il faut à nos frères pour la GLFF faire du tricot et de la couture pour qu'elle leur paraisse assez "régulière".

La mixité demeure, malgré cela une atteinte aux règles maçonniques, déviance, voir même crime maçonnique, alors que les obédiences mixtes sont finalement identiques aux obédiences masculines, depuis leur fondation.

Le REAA, société, politique & religion.

Pourtant, il y a cette question troublante – et c'est toujours Jean-Pierre Bacot qui le souligne – la véritable question n'est pas de savoir si le REAA est destiné aux femmes, mais si le RF l'était.

Il faut reconnaître les faits: les femmes ont obtenus relativement facilement le REAA d'une manière ou d'une autre, cela depuis plus d'un siècle.

Pour qu'elles puissent avoir l'ultime privilège de travailler au Rite Français (en 1973), il a fallu – tenez vous bien – que le GODF supprime l'obligation de croyance en dieu, la naissance d'obédiences mixtes dont le Droit Humain, la GLSE, celle de la GLDF, celle de la GLFF, deux guerres mondiales, mai 68 et le féminisme des années 70. Il faudrait encore féliciter le GODF ! J'espère que l'on plaisante.

Interdire aux femmes de parler de politique et de religion que ce soit en maçonnerie ou dans le monde profane, équivaut à leur interdire de réfléchir à leur situation et donc de modifier la société - Une société qui n'a pas réussi à se passer des mouvements féministes pour faire évoluer les droits des femmes -

Si cela peut convenir à des hommes – certainement privilégiés – ce n'est pas le cas pour des femmes.

En ce qui les concerne, c'est leur interdire une pensée féministe, voir à l'évidence de remettre en cause une société patriarcale dont l'origine est religieuse et dont l'outil est politique.

Le REAA, de part sa démarche fortement spiritualiste, piège dans lequel est tombé le Droit Humain avec la théosophe Annie Besant (bien qu'elle fut une féministe convaincue) que j'aborderai plus loin, pourrait peut-être paraître comme un moyen d'étouffer la voie des femmes.

C'est psalmodier « Liberté-Egalité-Fraternité » sans qu'elles puissent avoir le droit de réfléchir à leur vie, à ce qu'elles sont, à ce qu'elles ont acquis au travers de leur éducation. C'est leur demander de rester enfermer dans un stéréotype social et culturel qu'elles n'ont pas le droit d'étudier.

Or, l'initiation de Maria Deraismes, pour ne parler que d'elle, n'est pas moins issus d'une réflexion féministe, même si leurs auteurs étaient les plus modérés.

Finalement, ce n'est pas – pour les françaises – le « spiritualisme » du REAA qui l'a emporté, mais bien un besoin d'avoir, en un seul lieu, les moyens d'avoir une réflexion complète, sans interdit de typologie de sujets et sans se fermer à elles-mêmes des portes. On peut affirmer qu'elles ont pris le REAA, faute de mieux.

Néanmoins, au sein du REAA et des obédiences mixtes et féminines, les courants spiritualistes du 19ème siècle continuent à se transmettre et à vouloir s'imposer comme seule originalité voir une obligation du genre (féminin). Les femmes, d'ailleurs, se sont montrées et se montrent encore extrêmement douées, même si paradoxe de l'histoire de la maçonnerie en général et du monde de l'édition, ce sont elles qui sont le moins publiées dans le précieux domaine qu'est le symbolisme.

L'apport du Rite Français, encore trop récent (et toc!) et encore minoritaire** (bien que pour la maçonnerie féminine et mixte, cela n'a aucune conséquence) ne me permet pas d'aller plus loin dans l'analyse. La GLFF n'attend pas une seconde patente pour que son rite soit valider (c'est le moment où jamais de le préciser).

Pourtant, malgré sa jeunesse, malgré sa rareté, malgré l'histoire, les sœurs qui le pratiquent se retrouvent, sans par ailleurs se reconnaître dans le modèle du GODF.

Ont-elles, là aussi, découvert autre chose?

L'exemple du Droit Humain est, d'ailleurs, riche en enseignement.

D'une origine irrémédiablement anticléricale (nous dirions laïque), engagé dans la société, il a pris un tournant avec la théosophe Annie Besant, dès le début du 20ème siècle, fondamentalement déiste. Se sont rencontré ainsi deux courants opposés, non sans heurts. Le courant déiste, même minoritaire, s'est montré souvent désireux de réformer l'obédience.

La fondation du « Suprême Conseil Mixte » par Georges Martin a, d'ors et déjà, compliqué les choses : il organisa l'obédience du 1er au 33ème degré, générant une vivre opposition du côté des sœurs et des frères. Les loges n'avaient alors aucun pouvoir législatif. Ceci causa d'emblée de nombreuses actions pour voir modifier les constitutions internationales. En 1914, la Grande Loge Symbolique Ecossaise Mixte est fondée par Blanche Lantoine et Errnestine Rousseau. Ce fut la première scission française du Droit Humain. Entre 1920 et 1921, le Droit Humain s'organisa en Fédération par pays. Durant cette même période, les fédérations et les loges des pays anglo-saxons, abordent la question de la croyance en Dieu. Au fil des années et après plusieurs rebondissements, le Droit Humain adopta un statue quo et finalement en 1927, reconnaît une « liberté d'interprétation » aux loges. Le GADLU demeure un symbole.

Cependant, l'influence théosophique et déiste ne s'amenuise pas. Le Droit Humain et son Suprême Conseil se ferment et proposent une neutralité « politique » du fait de la dimension internationale de l'obédience. Les loges, dans les années 60, peuvent travailler au choix « au GADLU » ou « à la gloire de l'Humanité ». Cependant, ces dernières sont surveillées. Les frères et les sœurs protestent contre un recul de la notion de la « liberté de conscience » et le prosélytisme des théosophes. Ils notent aussi une fermeture aux questions touchant à la société.

Dès 1973, le Droit Humain devra faire face à une nouvelle scission de trois loges, qui donnera naissance à la Grande Loge Mixte Universelle. Le Droit Humain, jusqu'au début 2000, devra fait face à de nombreuses démissions.

La GLMU instaure « la liberté de conscience » dans ses constitutions et s'ouvrent à une réflexion sociétale. En 1982, une scission l'affaiblit, donnant naissance à la GLMF – Grande Loge Mixte de France, qui adopte dans un premier temps les constitutions du GODF. En 1988, elle reprendra les principes de la Grande Loge Symbolique Ecossaise (numéro 2), dont l'égalité entre les hommes et les femmes, et la possibilité aux loges d'être mixte, féminine ou masculine (bien qu'il n'existe que des loges mixtes). Cette reprise nous fait remonter le temps. Nous nous retrouvons aussi, même symboliquement, au début de l'histoire de la féminisation de la maçonnerie.

A l'heure actuelle, le Droit Humain semble avoir choidsi sa démarche : liberté de conscience assurée, l'égalité entre les hommes et les femmes, réglant durant cette dernière décennie ses problèmes.

L’Ordre Maçonnique Mixte International « LE DROIT HUMAIN » affirme l’égalité de l’Homme et de la Femme.
En proclamant « LE DROIT HUMAIN », l’ORDRE veut qu’ils parviennent sur toute la terre à bénéficier, d’une façon égale, de la justice sociale, dans une humanité organisée en Sociétés libres et fraternelles.
L’Ordre Maçonnique Mixte International « LE DROIT HUMAIN » est composé de Francs-Maçons, hommes et femmes fraternellement unis, sans distinction d’ordre ethnique, philosophique ou religieux. L’Ordre s’impose, pour atteindre ce but, une méthode rituelle et symbolique, grâce à laquelle ses membres édifient leur Temple à la Perfection et à la Gloire de l’Humanité. Respectueux de la laïcité, de toutes les croyances relatives à l’éternité ou à la non éternité de la vie spirituelle, ses membres cherchent, avant tout, à réaliser sur la terre et pour tous les humains le maximum de développement moral, intellectuel et spirituel, condition première du bonheur qu’il est possible à chaque individu d’atteindre dans une Humanité fraternellement organisée…

Constitution Internationale du Droit Humain

Dans mes murs : franc-maçonnerie mixte & féminine (2)
Dans mes murs : franc-maçonnerie mixte & féminine (2)

Fédération américaine du Droit Humain : http://losangelesfreemasons.com/

Les relations avec les obédiences masculines.

Elles ont été mauvaises. Longtemps, agressives et souvent condescendantes.

Mauvaises donc, les premières sœurs et avec elles, les militantes féministes, ont essuyé toutes les insultes.

Depuis lors, les frères n'ont guère été innovants. Les femmes créent le désordre, la catastrophe, bref elles sont la cause de tout … dépravation des mœurs, société en perte de repère, la famille qui disparaît.... et j'en oublie.

Les revus et publications maçonniques (GODF) furent les porte-parole des frères hostiles aux premières sœurs du Droit Humain, et a, pour but, d'effrayer les bonnes gens éprises de l'ordre immuable de la nature. Les frères, lorsqu'ils parlent de la maçonnerie mixte, parlent de « para-maçonnerier », « soi-disant loges de femmes », de « mixtage », de « loges féministes »....(A lire Françoise Jupeau-Réquillard - l'Initiation des femmes).

Les obédiences mixtes et féminines se distinguent, vis-à-vis des relations avec les obédiences masculines, par deux écoles:

  • l'une de rechercher les reconnaissances avec les obédiences masculines :
  • l'autre de ne pas le faire

Le Droit Humain, sous l'impulsion de Georges Martin et du fait que le premier objectif de ce dernier était de rendre « mixte » les obédiences masculines, a entrepris de nombreuses démarches pour faire reconnaître et accepter les sœurs et les frères du Droit Humain. Les frères du GODF furent interdit (par le GODF) de visiter les loges mixtes et les loges même de les aider financièrement. Finalement, c'est seulement en 1910 que les frères du GODF peuvent participer aux travaux des loges mixtes et en 1921 que le GODF reconnaît « que les hommes » du Droit Humain.

La GLDF, si elle ne permet pas les visites des soeurs du Droit Humain, ne montre aucune hostilité. Rappelons, aussi, que les frères de la GLDF étaient, pour une partie, tout autant membre de la première GLSE et du Droit Humain. Georges Martin, lui-même, n'a jamais quitté la GLDF.

Le Suprême Conseil et ensuite la GLDF leur louent des locaux. En province, les loges de la GLDF et du Droit Humain achètent ou louent ensemble des locaux en commun. Par ailleurs, dès 1905, pour les frères initiés au Droit Humain, la GLDF accepte leur filiation, reconnaissant leurs degrés.

C'est plus tard que les relations se tendent et que du même coup, la GLDF va nier ses relations avec le Droit Humain.

La GLFF a choisi, quant à elle, une autre « méthode » … Bien qu'en fait, elle n'avait pas d'autres choix que de se détourner ou de, tout simplement, ne pas escompter une quelconque « reconnaissance » de la part d'une GLDF qui les avait mise à la porte et qui voyait d'un mauvais œil le fait qu'elle s'appelle « Grande Loge ». Le GODF, d'une nature lente et étant déjà passé à côté de l'histoire de la maçonnerie mixte, n'a pas dérogé à la règle en ce qui concerne la maçonnerie féminine.

D'un point de vue "féminin" - et la GLFF ne sait que cultiver ce type de point de vue - ce sont, bien sûr, les frères qui ont tort. Ce qui parait être un isolement a finalement permis aux soeurs de donner à leur obédience un projet et une identité qui lui soit propre rapidement.

Si les deux obédiences GLFF et Droit Humain connurent des début relationnels difficiles, elles se retrouvaient devant les grandes questions féministes du 20ème siècle.

Le Droit Humain et la GLFF apportèrent, sans aucune retenue, leur soutient aux mouvements émancipateurs des femmes. Dès 1951, le Droit Humain mis la question de la contraception à l'étude des loges. En 1957, la GLFF demanda le droit à la contraception, à l'avortement et tout autant des modifications du Code Civil en faveur des femmes.

Les obédiences masculines, hormis quelques rares frères, brillèrent par leur absence et leur silence. En 1966, un rapport montre que les frères restaient des hommes de leur époque. S'ils constataient que les femmes gagnaient peu à peu de nouveaux droits, ils craignaient qu'elles ne deviennent ce qu'ils craignaient le plus « celles qui portent le pantalon ».

« Réclamer leur émancipation et l'égalité des droits avec l'homme n'est pas réclamer la similitude absolue et impossible et non souhaitable … l'homme et la femme ont un comportement différent » (in l'Initiation des femmes, de Françoise Jupeau-Réquillard)

Pour les visites des sœurs en loge masculine, comment vous dire ? C'était tout comme actuellement, avec les mêmes arguments …

« Ce qu'il faut éviter, c'est un changement brutal auquel les esprits ne sont pas préparés […] la franc-maçonnerie n'est pas forum. Elle doit progresser dans le calme et il semble que l'esprit maçonnique ait toujours préféré une évoolution méthodique aux aléas d'une révolution. » (in l'Initiation des femmes, de Françoise Jupeau-Réquillard)

La solution, pour palier aux nombreux inconvénients des visites des sœurs, fut d'organiser et les inviter à des réunions profanes et autres cérémonies.

On croirait lire, à la fois, Daniel Keller, l'actuel Grand Maître du GODF et Marc Henry, l'actuel Grand Maître de la GLDF! C'est dire que depuis les années 60, nos frères n'ont pas beaucoup changer.

Il faut reconnaître que les différentes courses à la régularité n'ont pas permis aux frères de la GLDF de sortir d'une pensée bien trop conformiste. Pour le GODF, se présentant comme progressiste, il se contente de rappeler laborieusement les principes républicains, afin de plaire à ses membres, sans rien apporter de plus, devenant tout aussi conformiste que la GLDF. La laïcité, oui. La remise en cause de l'ordre - ordre définit par le religieux -non. Il ne faut pas, pour nos frères, aller ... trop vite. Il faut prendre son temps.

On comprendra, là aussi, d'où vient l'actuelle contradiction de la GLFF vis-à-vis des obédiences masculines. Celle qui se fichait à ses débuts de la « reconnaissance » de celles-ci, joue le jeu, dès qu'elle pense qu'une porte s'ouvre, envoyant ses délégations de sœurs et généralement élisant la plus brillante ou la plus spécialisée - de quoi faire peur à n'importe quel homme! – tout en sachant se lever d'une seule femme et quitter l'assemblée – au moindre écart des frères. Les écarts, en question, ne se comptent plus.... et les départs de ses délégations non plus.

Le Droit Humain, quant à lui, s'attache à envoyer des délégations de frères aux tenues de la GLDF et affiche une mixité d'envergure aux réunions profanes et aux tenues communes, sans craindre de répéter les discours de Georges Martin - toujours d'actualité.

Le vide des années 80-90 s'expliquent. L'origine du malentendu est criant. Là, où nos frères ne voulaient pas « faire un forum », les obédiences féminine et mixte croyaient qu'ils le faisaient ou allaient le faire, d'autant qu'ils tiennent forum pour d'autres sujets ...

Militer pour la laïcité, devenir les gardiens de la république… oui, mais pas pour réviser des lois remontant à des périodes plus religieuses de notre histoire.

Or, les origines religieuses de notre histoire ont fondé en particulier une maçonnerie exclusivement réservée aux hommes.

La "silence-attitude"

Avant l’avènement d'internet, les obédiences mixtes et féminines n'exprimaient publiquement pas grand chose, pour ne pas dire rien, laissant les obédiences masculines et ses Grands Maîtres offrir aux profanes une pensée consensuelle.

Une certaine définition du « spiritualisme » (ah ! Le REAA) imposait aux obédiences féminine et mixtes la discrétion. Cela muselait les sœurs ainsi que les frères, désireux d'exprimer leurs idées.

La réalité a pris le dessus : une société qui peu à peu affiche un recul pour les droits des femmes et avec elles, des hommes, une situation sociale de part le monde guère en progrès, une situation politique qui se complique et qui déçoit… Les obédiences mixtes et féminines prennent la parole. Seules.

Elles retournent à leurs premières amours, du temps, où les féministes du 19ème siècle, fondaient journaux, publiaient et écrivaient des articles pour proclamer leur droit à exister.

Parce que l'on est jamais mieux servi que par soi-même, la GLFF a ouvert une collection pour ses publications. Le Droit Humain préfère les technologies nous offrant ses colloques sous forme de vidéo sur son site.

Cependant, nous pouvons nous interroger du silence (relatif) des obédiences féminine et mixte, alors que de nouveaux mouvements féministes, durant les années 90, voyaient le jour en maîtrisant l'art de la communication. Le travail des loges existaient et pouvaient trouver un auditoire ...

Si l'argument « spiritualiste » demeure une hypothèse de travail, cette attitude silencieuse des obédiences peut aussi trouver d'autres explications : la présence d'une génération de femmes toujours dans la même attente que celles des années 80, plus concentrées à faire « leur preuve » qu'à considérer qu'elles n'en ont pas plus besoin que les hommes, à craindre aussi que l'on ne se mêle de leurs affaires – ce que les obédiences masculines font et ont toujours fait, ne serait-ce qu'en leur trouvant des « filiations » ou en remettant en cause leur intérêt - et aussi la question du logement des loges, fer de guerre du GODF.

Gérard Contremoulin, défenseur (ce qui est tout à son honneur) des grandes retrouvailles des obédiences libérales avec le GODF comme leader, a publié la dernière tentative en date : « le premier forum des obédiences libérales et adogmatiques européennes » qui s'est tenu au siège du GODF, le 28 mai 2014, et dont les débats ont été ouverts par Daniel Keller. On pourra sourire du titre.

Il en publie sur son propre site les comptes-rendus des trois ateliers, soit ce qui tient lieu des actes du colloque. http://www.souslavouteetoilee.org/2014/08/le-1-forum-des-obediences-liberales-de-l-union-europeenne-les-actes.html

L'un des ateliers « Droits des femmes » est celui qui met en avant une démarche la plus complète et la plus travaillée. Cet atelier a mérité (imposé?) plusieurs pages a lui seul, sous la direction de Ina PIPERAKI (Delphi, Grèce). Les autres ateliers bénéficient d'une seule page.

Vient à point le troisième atelier « franc-maçonnerie européenne » qui explique, finalement, que les obédiences participantes ne se sont pas mises d'accord sur la démarche à suivre et encore moins sur la nature des sujets à traiter. Les unes souhaiteraient coller à la réalité du terrain et aux questions européennes, et je cite -

http://data.over-blog-kiwi.com/0/93/14/92/20140804/ob_cc85f3_actus-cr-forum-280514.pdf

« D'autres estiment que c'est à la Maçonnerie de choisir les sujets sur lesquels elle souhaite réfléchir et pouvoir travailler sur un terme plus long, sans souci de dates imposées ». Une autre manière de dire que la maçonnerie n'est pas un forum?

Si dans le monde profane on estime qu'il faut se méfier des eaux dormantes, pour la maçonnerie, il n'y a rien à craindre. Elles ne se réveilleront pas.

Cet exemple nous montre qu'entre les effets d'annonce des uns et l'accoutumance des autres, il y a un décalage notoire entre les obédiences libérales. Décalage qui ne s'amenuise pas au fil des années.

Comme je suis une sœur d'une de ces obédiences (mixte et féminine) et un de ses "pure produit", mon absence de réaction en dit long … A la seule évocation « Droits des femmes », je me devais sauter sur le sujet « Hein ? Quoi ?25 obédiences se réunissent pour parler des droits des femmes au niveau européen ?! » … réclamer les fameux actes, au moins rédiger un article sur le sujet.... Ceci, bien sûr, tremblante d'émotion et pleine d'espoir.

Ben non, rue Cadet et les droits des femmes, c'est historiquement antinomique … De même, j'ai vu les photos de notre frère Jean-Laurent Turbet défiler sur FB: j'ai failli leur envoyer « la Barbe » (Ceci n'est pas le site de « la Barbe » :http://www.jlturbet.net/2014/05/reportage-au-godf-conference-sur-l-europe-du-28-mai-2014.html)

A moins que touchée par la grâce, je me suis pliée aux exigences spiritualistes du REAA en faisant un vœu momentané de silence.

Lilithement vôtre,

La collection de la GLFF "Voies d'initiées" comprenant actuellement 6 numéros http://www.conform-edit.com/livres/livres-maconniques-collection-glff

Le Droit Humain a aussi sa collection dont les actes d'un colloque organisé par le Droit Humain "Fraternité" : http://www.conform-edit.com/livres/livres-maconniques-collection-droit-humain. A voir sur son site, la TV du Doit Humain : http://www.droithumain-france.org/node/397

Article précédent : http://lamaconne.over-blog.com/2014/08/dans-mes-murs-franc-maconnerie-mixte-feminine-1.html

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L
Bon article ,merci des documentations.Je m'étonne souvent des difficultés de nos SS à comprendre ce que sont (me semble t'il) les sentiments de la majorité des FF de la GLdF.je résume les miens.<br /> Les femmes sont évidemment tout aussi initiables que les hommes et les travaux de nos SS tout autant valables que ceux des fFF.<br /> Surtout dans un vaste choix comme en France chacun(e) doit pouvoir trouver l'Obédience qui lui convient.<br /> Des Obédiences doivent également pouvoir préférer travailler en &quot;monogenre&quot; simplement parce que c'est le choix de ses membres.<br /> Personnellement je verrai bien des jumelages de LL qui se réuniraient une ou de fois par an pour échanger sur un travail commun choisi d'avance et présenté par une S et un F.<br /> Le problème serait de ne pas faire de comparaison! On doit pouvoir trouver quelque chose.<br /> Qu'en pensez-vous?<br /> Cordialement
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F
Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris. Mais j'aime beaucoup la conclusion : rester silencieux me paraît également être l'attitude la plus appropriée.
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