30 Août 2014
Cette lettre est très certainement le dernier épisode de la crise de la GLNF. Elle a ceci d'intéressant que quitte à faire compliqué, il s'agit du Suprême Conseil pour la France et des relations pour la GLNF.
La GLNF a décidé de rompre ses relations avec le Suprême Conseil Pour la France, qui régissait les degrés supérieurs (du 4ème au 33ème degré) du REAA et qui était rattaché à la seule GLNF en sa qualité de seule obédience « régulière » en France.
Le Grand Maître de la GLNF demande aux frères de la GLNF de démissionner, ils sont en effet dans ce qui est appelé une juridiction « irrégulière ». Ils ont, pour ce faire, jusqu'au 15 novembre 2014.
Cette situation peut paraître incongrue pour des maçons appartenant à des obédiences libérales. En effet, chaque obédience possède ses propres juridictions de degrés au delà du grade de Maître. L'idée d'une même juridiction pour plusieurs obédiences ne leur est pas venue. D'ailleurs aucune (même si certaines en rêvent secrètement) ne peut prétendre à une quelconque hégémonie sur les autres.
Les juridictions des degrés supérieurs au grade de Maître (3ème degré) sont indépendantes du fonctionnement d'une obédience, c'est-à-dire que celles-ci n'interviennent pas dans les décisions de l'obédience et que l'obédience n'intervient pas dans les leurs.
D'une obédience libérale à l'autre, il existe quelques nuances. Pour les obédiences libérales, les rapports entre les juridictions des degrés dits supérieurs et les loges bleues sont généralement issus du contexte historique, comme d'ailleurs tout ce qui concerne la maçonnerie en France. Ces relations sont décrites dans les constitutions des obédiences. Loin de moi, l'idée de juger un fonctionnement obédientiel plutôt qu'un autre, le problème, en effet, ne vient pas de ce qui a été décidé et voté par des convents mais des relations qui ne sont pas écrites et donc votées. Du fait de la pluralité de rites de la plupart des obédiences, aucune juridiction n'a réellement vocation de se positionner dans un rapport de force avec l'obédience.
De même, si les obédiences libérales entre elles reconnaissent les maçons jusqu'au 3ème degré leur permettant de changer d'obédiences ou de participer aux travaux, ce n'est pas le cas des juridictions des hauts degrés. Ainsi, un frère du Droit Humain ne peut pas rejoindre le Suprêmes Conseil du GODF et inversement. Il est obligé de passer « à nouveau » tous ses degrés à partir du 4ème. Je parle ici des juridictions au REAA, mais celles au RF sont toutes aussi étanches.
La maçonnerie dite « régulière » n'apprécient guère les nuances. Celles qui concernent les relations avec les juridictions supérieures n'échappent pas à la règle. Pour elle, les loges bleues – c'est-à-dire l'obédience – ne peut pas interférer dans les hauts grades et inversement.
"La préoccupation qui m'anime est de permettre à chaque Frère de fréquenter des ateliers ou structures de perfectionnement, sous l’autorité de Juridictions souveraines et indépendantes, tout en veillant simplement à ce que ces Juridictions n’acceptent en leur sein que des Frères n’appartenant qu’à des Grandes Loges dûment reconnues comme régulières. Ainsi, le constat du Grand Maître de la GLNF est clair :
"À ce jour, toutes les Juridictions françaises ont accepté ce principe, sauf le Suprême Conseil pour la France, en charge du 4ème au 33ème degré du Rite Écossais Ancien et Accepté.
J'ai attendu plus de 18 mois avant de normaliser cette situation, ne voulant en aucun cas manifester la moindre ingérence de notre Grande Loge dans le fonctionnement du Suprême Conseil pour la France.
Il appartient à cette Juridiction de définir la qualité de ses membres selon les termes de ses propres Constitutions et Règlement Intérieur.
Il est temps en revanche de préciser que, compte tenu de la composition de ses effectifs, les appartenances au Suprême Conseil pour la France et à la Grande Loge Nationale Française sont incompatibles.
Je demande donc aux Frères de la Grande Loge Nationale Française qui en sont membres, de suspendre la fréquentation de toute structure relevant du Suprême Conseil pour la France du Rite Écossais Ancien et Accepté et ce, avant le 15 novembre 2014." (extrait de la lettre du 29 août 2014, GLNF)
Un frère « régulier » n'a pas le droit d'appartenir à une juridiction maçonnique qui est considérée comme « irrégulière ». Un frère de la GLNF n'a pas le droit d'être membre du GODF ou de la GLDF. De même qu'un frère du GODF ne peut pas fréquenter une structure maçonnique qui ne serait pas reconnu par l'obédience. Cela, je l'imagine, depuis le temps que l'on vous le serine est compris. Une obédience, qu'elle soit libérale ou non, est en mesure de définir ce qu'elle considère comme acceptable via des reconnaissances.
La GLNF, en décidant de couper ses liens avec ce qui est devenu son ancien Suprême Conseil, l'a dans le même temps déclaré « irrégulier ». On vous le tournera autrement : c'est parce que cette juridiction est irrégulière que les relations sont coupés.
Ce Suprême Conseil pour la France est agité depuis son début par une histoire peu commune, étant lui-même issus de la GLDF et d'une scission des années 60. La GLDF après avoir rompu avec le GODF (première perte d'effectif) pour cette quête de régularité a repris ses relations avec ce même GODF provoquant la scission de son propre Suprême Conseil DE France. Ses membres, pour une bonne partie, se sont présentés à la porte de la GLNF et ont fondé un Suprême Conseil POUR la France. On notera, au passage, que les intitulés de ces juridictions ont été éclaboussés par l'absence d'originalité de leurs fondateurs.
Les scissions de la GLNF ont provoqués le départ de frères appartenant à ces juridictions quelque soit le rite. Sont parties uniquement les loges bleues. Illogisme du genre régulier – qu'un libéral ne peut pas comprendre. Pour elles et eux, en effet, lorsque l'on quitte aussi brutalement son obédience, on quitte aussi les structures de hauts-grades qui y sont rattachées, voir sont fondées rapidement des nouvelles.
Ce ne fut pas le cas pour les scissions de la GLNF. Les juridictions des hauts degrés n'ont pas fait scission. Elles recevaient donc à la fois des frères de la GLNF et des frères de la GLAMF et des autres obédiences récemment fondées. On imagine l'ambiance … ou on imagine rien.
Peu à peu, ces juridictions risquant de se trouver dans la délicate posture de l'éternelle irrégulière de l'année ont normalisé leurs situations, demandant aux frères qui ont quitté la GLNF pour rejoindre la GLAMF (ou une autre obédience) de fonder autre chose qui leur conviendraient mieux. Je résume en une phrase ce qui a certainement nécessité de longs palabres.
La chose fut faite sauf pour le Suprême Conseil Pour la France.
Autre fait troublant : ce Suprême Conseil pour la France est composé majoritairement de frères de la GLAMF. Le rapport de force est donc évidemment au désavantage de la GLNF. Elle ne pouvait que s'en séparer afin d'éviter de se mettre elle-même en situation d'irrégularité. Ce qui si tôt après être reconnu par la GLUA serait assez fâcheux.
Ceci dit pour l'explication de texte.
Ceci n'explique pourtant pas pourquoi cette juridiction a souhaité demeuré dans le giron de la GLNF en même temps que celui de la GLAMF. Cette dernière récupère intégralement une juridiction, toute faite et toute finie, pour elle toute seule. Elle va être contente.
Une obédience qui préfère faire le deuil de son Suprême Conseil pour cause d'irrégularité, c'est certainement une première dans l'histoire de la maçonnerie … et si quelqu'un veut y voir un signe, cela n'est pas un prétendu rapprochement possible entre la GLNF et la CMF.
Lilithement vôtre,