23 Février 2015
Après avoir mené une lutte sans merci ayant conduit au nettoyage approfondi de mon disque dur, supprimé des « logiciels malveillants » qui ralentissaient mon accès internet et mon ordinateur, polluant au passage jusqu'à mes emails d'un jeu idiot me demandant de compter des carrés, j'ai vacciné Google Chrome avec AdBlock : ce logiciel gratuit qui bloque les publicités intempestives.
Quoique pas toutes : un blog est gratuit et la publicité, m'a expliqué Overblog, en me lançant une vidéo pour une marque de lave-linge, paye cette gratuité.
AdBlock compte les publicités qu'il me bloque mais pas celles qu'il me laisse lâchement. Ce truc est une punition. Une stratégie pour préférer les publicités à tous les vaccins et remèdes. C'est le sirop contre la toux de mon enfance.
La franc-maçonnerie mène à tout, même à réfléchir sur le sens de la publicité sur internet.
Il est temps de se poser la bonne question : c'est quoi toute cette publicité ? Là, pour le coup, parce que je ne la vois plus, je ne sais plus.
Voilà tout le problème ! Me dis-je en mon fort intérieur. Les publicités, celles que nous voyons à la télévision, que nous entendons à la radio, celles que nous lisons d'un œil distrait dans nos magazines, nous nous en souvenons … même celles sur la lessive qui détache et qui dit « stop au tri ». Nous n'en rêvons pas, mais ils nous en restent quelques brides, des images et des sons. La publicité sur internet est creuse et laide. Là, où les publicitaires pouvaient avoir une relation interactive avec leurs victimes, se permettre toutes les fantaisies, semblent n'avoir accès qu'à une palette de couleurs criardes, des vidéos trop longues et fades, et des ritournelles sans éclat.
Un sondage Ifop, datant de juin 2013, indique que sur les 3 heures que passe un français sur internet par jour, il serait « exposé » à 70 publicités. Autrement dit, nous survivrons à une publicité toutes les 3 minutes. Le choix du verbe « exposer », tiré du sondage Ifop, en dit assez long. 2% des français considèrent que la publicité sur internet est « une bonne chose ». Pour certains de nos concitoyens, en effet, cela doit générer une forme de dépendance proche du masochisme. 84% des français estiment que c'est une perte de temps. Les autres ont du temps à perdre. 12% des français seulement estiment avoir acheté grâce à la publicité sur internet. C'est pour tous les médias, le plus mauvais score.
La plus moche, la plus chère, la plus prolifique, la publicité sur internet est la moins efficace. L'argument économique sur l'utilité de la publicité sur internet (et la publicité en général) – permettant de faire connaître des produits & services, maillon nécessaire d'une grande chaîne du fabricant au consommateur final – a oublié la notion bonasse du résultat.
La publicité a une autre mission. La publicité, même celles sur les lessives, reflétaient notre société … Combien de féministes n'ont pas jeté l'anathème à ces publicités sur ces ménagères préparant la meilleure purée, offrant à leurs enfants les meilleurs bonbons, et lavant avec Aaamour les maillots de foot du père de leur progéniture ? Il n'y a rien de pire que les tâches d'herbe. C'est la publicité qui nous l'a appris. Nous mourrons moins idiots grâce à elle. C'est aussi le rendez-vous des créatifs … heu, des artistes …. des acteurs, des scénaristes et autres monteurs sans lesquels nos intermittents du spectacle, les malaimés des gouvernements de droite comme de gauche, n'auraient pas de revenus. Heureusement que la pub est là.
La publicité sur internet, c'est m'apprendre que potentiellement mon ordinateur est infesté par un virus … Cela m'en dit long sur l'état de notre société. Ebola n'est pas loin. C'est la grippe qui nous terrasse.
Plus sérieusement, cette publicité serait le gage de notre liberté. Elle a permis, nous explique-t-on, de permettre à internet d'être ce qu'il est aujourd'hui. C'est oublier les milliards d'heures de travail de toutes ces femmes et ces hommes qui ont été ses vrais développeurs C'est oublier toutes ces femmes et ces hommes qui sont les utilisateurs d'internet, qui ont permis par leur présence et leur engouement à faire ce qu'il est aujourd'hui. A quoi servirait un réseau social si personne ne s'y enregistrait ? C'est rendre à ces bandeaux publicitaires « pop'up » que j'ai toujours connu « à bloquer » une part trop belle … C'est considérer que les spams ont permis le développement de la messagerie.
Sommes-nous d'accord, tout d'abord, sur ce qu'est intrinsèquement cette liberté ? Elle est – et devrait être – en ce qui concerne internet, l'accès à l'information, à la culture (au sens large) et bien sûr l'expression. L'amendement 138, voté par le Parlement Européen, a décidé d'en faire une liberté fondamentale : « aucune restriction aux droits et libertés des utilisateurs finaux ne doit être prise sans décision préalable des autorités judiciaires, notamment conformément à l'article 11 de la Charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne concernant la liberté d'expression et d'information, sauf lorsque la sécurité publique est menacée ... »
Dans la pratique, toutes les 3 minutes – paf ! - une publicité mange la moitié de ce que vous lisez. Je ne vais pas crier à l'atteinte à nos libertés fondamentales sur la seconde … Nos libertés prennent une drôle d'allure. Passer son ordinateur par la fenêtre doit en être une.
Je vais me consoler …. en me faisant une overdose de spot publicitaire.
Lilithement vôtre,
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