11 Octobre 2016
Notre frère Vabadus revient dans cet article sur un aspect de l'histoire de la franc-maçonnerie : l'anarchie & les frères et sœurs anarchistes, dont l'une d'entre elle n'est ni plus, ni moins que Louise Michel.
Cet article entre dans la catégorie « Essai d'histoire » de ce blog.
Bonne lecture !
Nous voulons par ce texte, montrer de façon simple quels sont les rapports qui existent entre les Maçons et les anarchistes, d’une part, et les libertaires d’autre part. Ceci nous amènera à nous poser les questions suivantes :
Quid de la présence des anarchistes dans les Loges françaises hier et maintenant ?
Les libertaires sont ils présents dans les Ateliers en 2016 ?
Tout ceci consiste finalement à se poser la question : les anarchistes et les libertaires peuvent-ils être Maçons ?
Nous tentons de répondre à ces interrogations avec notre subjectivité et notre esprit un tantinet libertaire. C’est dit !
Le mot « anarchie » n’est guère populaire car il est associé à la violence et/ou au désordre. dans l’imaginaire des Français.
Il y a un siècle, les anarchistes posaient des bombes ou détroussaient les bourgeois. Aujourd’hui quelques centaines d’individus abrutis et violents se qualifiant « d’anarchistes » cassent des abribus et des vitrines d’agences bancaires pensant, peut-être, provoquer la Révolution ! Ils ne font que renforcer l’idée que « l’anarchisme » c’est le désordre, la "chienlit".
Si l’on se réfère à Wikipédia, L’anarchie vient du grec et signifie absence de hiérarchie, de commandement et désigne l'état d'un milieu social sans gouvernement, la situation d’une société où il n’existe pas de chef, pas d’autorité unique, autrement dit où chaque sujet ne peut prétendre à un pouvoir sur l’autre.
Pour les anarchistes, l’anarchie est l’ordre social absolu grâce notamment au collectivisme anticapitaliste.Il faut savoir qu’il y a de nombreuses tendances anarchistes. Il y a même des « anarchistes de droite » et certains classent L-F Céline, l’auteur aux écrits antisémites, dans cette catégorie.
Pendant longtemps on utilisera indistinctement les termes anarchistes et libertaires pour désigner les membres du mouvement anarchiste.
Selon Simon Luck, dans sa thèse de doctorat en science politique :
« Par la suite, avec l’apparition de nouveaux mouvements contestataires dans la seconde moitié du 20ème siècle, les termes « anarchiste » et « libertaire » ont de plus en plus fréquemment été utilisés pour désigner des réalités partiellement distinctes : le vocable « anarchiste » restait réservé aux partisans de l’abolition de l’État, du capitalisme et des religions, alors que l’adjectif « libertaire » était appliqué à l’ensemble des expériences militantes alternatives et anti-autoritaires. Mais il s’agissait là d’une distinction sémantique bien plus que d’une divergence idéologique et pratique puisque l’ensemble des courants se retrouvaient sur des valeurs essentielles, comme l’égalité, l’autonomie, la promotion de l’expression personnelle ou la contestation du fonctionnement de la démocratie. »
Mai 68 marque un tournant le courant libertaire vit une révolution culturelle rampante qui lui permet de se renouveler et de connaître une expansion sans précédent ».
Dans les années 1970, un courant issu des nouveaux mouvements sociaux s'approprie le terme libertaire tout en prenant ses distances par rapport à l'identifiant anarchiste considéré comme « sectaire » ou « dépassé ». « Le refus de l’autorité, l’accent mis sur la priorité du jugement individuel, incitent particulièrement les libertaires à faire preuve d’antidogmatisme. »
Ainsi, le concept de mouvement libertaire déborde-t-il celui de mouvement anarchiste. Face aux anarchistes qui sont plus doctrinaires, les libertaires sont donc « les anarchistes de l'anarchie » !
On trouve notamment des libertaires chez les bobos D’ailleurs celui qui utilse pour la première fois le terme de bobos est un professeur de sociologue Michel Clouscard. Il définit le bobo comme « bourgeois libéral-libertaire (lili-bobo) ». Daniel Cohn Bendit est étiqueté en 2016 par la formule « liberal-libertaire », lui « l’anarchiste » de Mai 68 !
J’ai puisé dans l’excellent ouvrage de Léo Campion intitulé "Le drapeau noir, l’équerre et le compas", un certain nombre d’informations sur les anarchistes maçons.
Dans cet ouvrage on y trouve de nombreux noms d’anarchistes historiques et frères et sœur maçons . D’autres personnalités bien moins connues sont également présentées. Voici quelques unes de ces célébrités.
Léo Campion que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître, se présente ainsi :
« J’appartiens aux Chapitres et Aéropage La Clémente Amitié, au Consistoire d’Ile de France, et je suis 33ème.
Je fus à trois reprises président de l’Union Maçonnique du spectacle, qui groupait sur le modèle fédéral quatre fraternelles interobédientielles de la profession.
Cela me ramenant à mon métier, disons que j’ai derrière moi une belle carrière de chansonnier, mais que si je devins histrion ce fut autant par vocation libertaire que par vocation artistique.
Car un cabotin n’a pas de maître.
Et il n’est le maître de personne.
C’est ainsi que l’on acquiert la Maîtrise. »
Et, à un admirateur qui lui demandait: « Dois je vous appeler maître? », il répondit : « Appelez moi vieux con ».
La double appartenance, il l’a justifiait ainsi :
« Si les maçons anarchistes sont une infime minorité, la vocation libertaire de la maçonnerie est indéniable. Elle est la seule association à laquelle puisse adhérer celui qui n'adhère à rien. »
En 1840, Pierre-Joseph Proudhon est le premier à se réclamer anarchiste. Il fut initié le 8 janvier 1847 à la Loge Sincérité, Parfaite Union et Constance Amitié de Besançon.Comme tout néophyte, avant de recevoir la Lumière il dut répondre par écrit à trois questions d’usage.
Bakounine s’était affilié à la Loge italienne « Il progresso sociale » dans les années 1860. Il écrivit un « Catéchisme de la Franc-Maçonnerie Moderne »
Le Frère Jean-Baptiste Clément fut initié à la Loge "Les Rénovateurs" du GODF à Clichy le 28 octobre 1901. Jusqu’à sa mort il sera fidèle à son idéal.
« C’est à la nouvelle génération de s’inspirer des événements de la Commune, du courage de ses défenseurs, de profiter des grandes vérités qu’elle a proclamées, des fautes qu’elle a pu commettre, et de se mettre à la besogne pour hâter la revanche du prolétariat, le triomphe de la justice et l’égalité sociale »
Il est l'auteur de la célèbre chanson "le temps des cerises" :
« J’aimerai toujours le temps des cerises
Et les souvenirs que je garde au cœur »
Des chansons témoins de la Commune. - La Maçonne
Je ne me connais pas de goût particulier pour les chants révolutionnaires. Or, suite à mon article sur le très bon livre " Louise Michel, une femme debout ", collection Voix d'Initiées (GLFF),...
http://lamaconne.over-blog.com/2015/09/des-chansons-temoins-de-la-commune.html
Il fut initié en 1875, à la Loge Les Égalitaires fondée à New York par des exilés de la Commune. Revenu en France il s’affilia en 1887 à la Loge Le Libre Examen, de Paris.
Il fut sur les barricades et condamné à mort par contumace pour sa participation active à la Commune.
C’est en 1871 qu’Eugène Pottier écrivit l’Internationale.
Son texte initial fut amputé de vers fameux, sans doute affirme Léo Campion « pour ménager la susceptibilité des tribuns socialistes « :
« Il n’est pas de sauveurs suprêmes,
Ni Dieu, ni César, ni tribun »
C’est dès fin 1882 que les anarchistes se prononcent pour l’abandon du drapeau rouge au profit du noir, celui de la révolte.
Le 18 mars 1883, Louise Michel s’exclame salle Favié à Paris :
« Plus de drapeau rouge, mouillé du sang de nos soldats. J’arborerai le drapeau noir, portant le deuil de nos morts et de nos illusions ».
L'initiation de Louise Michel se déroula le 13 Septembre 1903 à la Loge "La Philosophie Sociale" de la Grande Loge Symbolique Ecossaise "maintenue et mixte" (GLSE II). Elle fut suivie de sa première conférence le 14 septembre 1903 à la Loge "Diderot (GLSE II) sur le thème du féminisme. Elle débuta sa planche ainsi :
"Il y a longtemps que j'aurais été des vôtres si j'eusse connu l'existence des loges mixtes, mais je croyais que, pour entrer dans un milieu maçonnique, il fallait être un homme.
Selon moi, devant le grand idéal de liberté et de justice, il n'y a point de différence d'hommes et de femmes ; à chacun son œuvre."
Louise Michel - Hirondelle qui vient de la nuit orageuse
Hirondelle qui viens de la nue orageuse Hirondelle fidèle, où vas-tu ? dis-le-moi. Quelle brise t'emporte, errante voyageuse ? Écoute, je voudrais m'en aller avec toi, Bien loin, bien loin d'ici...
Voici le texte de Louise Michel suite à son initiation à la GLSE II.
Certains anarchistes parmi ceux cités par Léo Campion dans son ouvrage avaient été initiés au GODF. Est-ce à dire qu’à notre époque cette obédience est toujours fréquentée par des anarchistes ? Certainement mais ils sont vraisemblablement très minoritaires dans l’obédience. D’aucuns affirment d’ailleurs, que la minorité agissante notamment sur le sujet de la laïcité, est surtout le fait de trotskistes ! N’oublions pas d’ailleurs que Fred Zeller qui fut Grand Maître du GODF dans les années 70 a été lui même trotskiste et fut un temps, le secrétaire particuliers de Léon Trotski.
On note peu d’événements qui sont la marque des anarchistes.
Au printemps 2008, six loges ont initié huit sœurs sans demander d’autorisation. Passage en force de frères «anarchistes et libertaires qui veulent lutter contre l’institution», dénonce alors le Conseil de l’Ordre.
La justice maçonnique est saisie en vue de «suspendre tous les maîtres qui se mettent en dehors de la règle commune et de la démocratie»!
Puis tout s’arrangea car le GODF finit par admettre que les Loges qui le souhaitent pouvaient devenir mixtes. On ne sait pas s’il y a des loges où l’influence anarchiste demeure ? Est-ce le cas de la Loge « Ni Maîtres, ni Dieux » qui initia Manuel Valls et le GM actuel de l’obédience? Cette Loge est, dira Alain Bauer peuplée « de trublions, de rebelles, de libertaires, d’anarchistes, de socialistes autogestionnaires ou de communistes ». C’est possible, mais cela n’a guère eu d’influences sur le gout de l’ordre de Manuel Valls.
A noter pour l’anecdote que le samedi 3 octobre 2015, Alain Bauer, qui est un peu le BHL de la FM, a été entarté par un "commando" dénommé "Amour et Chantilly". Des sympathisants de la mouvance "anarcho-autonome" lui ont envoyé deux parts de tarte au visage.
On peut estimer que l’effectif des libertaires est bien plus conséquent que celie des anarchistes au sein du GODF, Mai 68 étant passé par là !
l'auteur de cette chanson est anonyme. Elle date de 1913 et parle essentiellement des mal-logés. Vous apprécierez la reprise "d'époque"
Surtout, pas d’anarchistes !
Il y a un siècle et plus, la GLDF était une obédience progressiste et très impliquée dans les réflexions sociales. Il est fort probable que ses Loges étaient fréquentées par des anarchistes. Son évolution vers « la spiritualité écossaise » n’a certainement pas incité des anarchistes à adhérer à cette obédience. Si en 2016 il devait exister en son sein des anarchistes ce serait comme trouver des poissons volants au milieu de l’océan Pacifique ; ça existe mais ce n’est pas l’espèce la plus répandue. Comme disait Alain Graesel le 6 octobre 2013 : « Et quant à moi, je resterai attaché à la Grande Loge de France que nous l'avons héritée de Michel Dumesnil de Gramont, Pierre Simon, Henri Tort Nouguès, Georges Marcou et bien d'autres. Eux qui nous ont appris que les loges de la Grande Loge de France ne sont pas des repaires de libres penseurs »
Si donc les loges ne peuvent être des repaires de libres penseurs alors imaginer qu’elles puissent être des repères d’anarchistes, faut pas dec !
Sur incitation de son Grand Maître, le 29 avril 2014 Jean-Laurent Turbet publie à 13h un article sur son blog qui annonce ceci :
« Marc Henry, le Grand-Maître de la Grande Loge de France, se rendra – une fois n’est pas coutume – à la manifestation organisée par le Grand Orient de France au mur des fédérés le 1er mai prochain pour commémorer la Commune de Paris de 1871.
Décision qui peut sembler étrange au premier abord mais qui est parfaitement cohérente.
Il n’est pas dans la tradition de la Grande Loge de France de parler politique. Cela tombe bien, le Grand Maître de la Grande Loge de France ne parlera pas politique mais il parlera d’Histoire. Oui d’Histoire avec un grand « H ».
Marc Henry se rendra également à l’invitation de Catherine Jeannin-Naltet à 14 heures 30 au cimetière de Levallois-Perret (101, rue Baudin) pour l’hommage à Louise Michel organisé par la Grande Loge Féminine de France. ».(blog de JL Turbet)
Marc Henry est effectivement venu devant la tombe de Louise Michel comme le montre les photos publiées sur le blog de J-L Turbet. Il était vêtu de noir, chapeau sur la tête, et sans décors de Grand Maître. Une tenue d’historien en somme ! Vous avez compris également que l’annonce de sa venue sur le blog de JL Turbet permettait de ne pas communiquer officiellement la participation du Grand Maître sur le site de l’obédience ! Pas annoncé, pas vu, pas politique !
Il faut dire que pour Marc Henry la formule « Maçon Libre dans une Loge Libre », c’est déjà de l’anarchie ! Ainsi il a déclaré dans PVI n° 178 page 97 :
« Certes les francs-maçons ne sont pas que des moines, mais croire qu’ils peuvent s’exonérer de règles comme on le dit trop souvent « le Maçon Libre dans une Loge libre » serait aussi absurde que d’entendre le « fais ce que voudras « de Rabelaisien comme une invitation à l’anarchie. ».
Il est clair que ce mot « anarchie » est employé ici comme un repoussoir par Marc Henry considérant essentiel le principe fondamental d’autorité pour empêcher le désordre, le chaos, sur la base implicite que l’ordre nécessiterait une hiérarchie.
Le GM Philippe Charuel qui s’efforce à chaque occasion de montrer qu’il est un chef-sachant-cheffer s’inscrit dans ce management autoritaire et disciplinaire qui se traduit par ce message aux Frères de la GLDF « Obéis et tais toi ! » (voir mon article sur le serment maçonnique publié dans ce blog).
À la limite des libertaires !
Il y a des libertaires présents dans les Loges de la GLDF à dose homéopathique. En 2016 le jeune profane libertaire qui voudrait être admis trouverait des d’ateliers dont les membres auraient certainement la tolérance et le respect de la liberté de conscience pour l’accepter.
Nous écartons d’emblée la possibilité qu’un anarchiste de notre temps veuille entrer en Maçonnerie car la question n’a guère de sens.
Voici ce qu’écrit Léo Campion en 1996, dans son ouvrage :
« Aussi est-il regrettable que des anarchistes sectaires excommunient la Franc-Maçonnerie au nom d’un pseudo-dogme de l’Anarchie (comme si l’Anarchie était anti-tout alors quelles est à-tout) et que les Maçons sous-évolués excommunient l’Anarchie au nom d’un pseudo-dogme de la Maçonnerie (comme si la Maçonnerie n’était que tradition, alors qu’elle est tradition, dialogue et progrès). Ces attitudes sont d’autant moins admissibles qu’au contraire l’Anarchie comme la Franc-Maçonnerie, anti-dogmatiques par essence, sont l’une comme l’autre tout le contraire d’un dogme. Elles qui ont en commun le culte de la Liberté et le sens de la Fraternité, avec comme but l’émancipation de l’Homme ».
Depuis l’origine du mouvement anarchiste jusqu’à nos jours, les doctrinaires de l’anarchie ont considéré comme incompatible la double appartenance anarchiste et franc-maçonne. La FM participe au régime bourgeois or l’anarchiste refuse le régime bourgeois et capitaliste et lutte contre lui, contre la division en classes, contre la classe bourgeoise.
Il y donc un danger qu’expose un doctrinaire de l’anarchie en ces termes :
"Le mélange des deux idées dans l’activité d’un militant donne un abandon partiel ou total de nos idées, une tendance à l’affaiblissement du mouvement, car idéologiquement ce mélange est une absurdité."
Si effectivement on vit l’anarchie comme un Khmer noir rêvant toujours de « massacrer du bourgeois » il est inenvisageable d’entrer en Maçonnerie. En poussant le bouchon un peu plus loin on pourrait imaginer qu’un anarchiste « pur sucre » soit intégré dans une obédience pieuse. Un proverbe africain traduirait ce conflit entre deux dogmatismes par la formule : « il ne peut y avoir deux crocodiles dans un même marigot ».
En fait le problème sur un plan pratique se résout par lui même. Depuis les 50 dernières années il y a de plus en plus de Maçons et de Maçonnes et de moins en moins d’anarchistes !
Leur rencontre dans un Temple est donc fortement improbable en 2016 !!
La question se pose d’abord pour le profane libertaire ! C’est à lui de savoir si ses convictions peuvent supporter les règles de fonctionnement d’une obédience et les rituels utilisés. À lui de trouver l’obédience et la Loge qui offrent les meilleures acceptations des formes de liberté et la plus grande souplesse en matière « d’ordre ». La question se pose ensuite pour l’obédience.
La FM est-elle comme le déclarait Oswald Wirth ; « une École de la Liberté » ou un Ordre religieux où l’on vient pour prier et communier ensemble ?
Dans l’idéal un libertaire tendra à privilégier une obédience ayant un fonctionnement démocratique s'appuyant sur la souveraineté des Loges. Il considèrera que la Loge est la base de la Franc-Maçonnerie et qu’elle est la SEULE instance susceptible de s'exprimer au nom des membres. L'obédience n'est qu'un supplément d'âme pour lequel "on est prêt à payer, mais pas trop". A la limite il posera franchement la question : « une obédience à quoi ça sert « ? Finalement ce sont les Loges libres et souveraines comme celles qui existent, réunies en Fédération qui lui conviendraient le mieux. Elles sont généralement nées d'une volonté commune de Sœurs et de Frères de quitter les obédiences pour vivre en refusant toute hiérarchisation structurelle.
Découvrez cette chanson méconnue d’un anarchiste et maçon bien connu : René-Louis Lafforgue. Si je l’ai choisi ce n’est pas parce qu’il évoque le GADLU, mais parce qu’il est pleinement d’actualité dans cette Douce France où, si nous avons bien compris, nos ancêtres sont les gaulois et nous sommes tous des français blonds aux yeux bleus et de tradition chrétienne.
Cette chanson a été écrite par un Maçon de qualité, un anarchiste humaniste, tolérant et pacifique
LE GRAND MANITOU
Quand je passerai l'arme à gauche
S'il faut me faire pendre ailleurs
Pour le pire et pour le meilleur
Je ne raterai pas le coche
Par la route la plus directe
Si Dieu n'est pas un chicanier
J'irai jusqu'au grand architecte
Le jour du jugement dernier
Si le seigneur, en tête-à-tête
Inquiet de mon hérédité
Veut un curriculum vitae
Moi j'écrirai sur ses tablettes
"Je suis faiseur de ritournelles
Roturier comme mes aïeux
Je suis sans parti, sans chapelle
Je ne suis qu'un fesse-mathieu"
Si le chef venait à m'absoudre
Je lui dirai "Mon vieux Jupin
Chapeau bas, t'es un vrai copain
Nom de Zeus, tu es un bon bougre
Tu n'as rien de croque-mitaine
Voilà pourquoi, avec ferveur
De tes qualités magiciennes,
Je te demande la faveur"
Pour la négresse, ma nourrice
Qui m'a donné son lait tout blanc
Permettez, sorcier tout puissant
Que je ne sois pas un jocrisse
Je dois le jour à ses mamelles
Et c'est pourquoi je fais le vœu
Par ma négresse maternelle
Faites-moi négro dans les Cieux
Pour le juif errant sur ma route
L'amour n'était pas de l'hébreu
Quand ma bourse sonna le creux
Il m'épargna la banqueroute
Ma bonne étoile fraternelle
Jéhovah exaucez ce vœu
Par mon juif et son escarcelle
Faites moi youpin dans les Cieux
Pour l'Indien qui s'ouvrit les veines
Quand mon corps se vidait de sang
Pour le Chinois qui, souriant
Sauva ma vie, perdant la sienne
Grand Manitou, si ton doigt bouge
Divin Bouddha si tu le veux
Par mon Chinetoque, par mon Peau-rouge
Faites-moi comme eux dans les Cieux {
Patron, pour suivre cet oracle
Qui paie ses dettes s'enrichit
Faites de moi un mal blanchi
Si vous n'y voyez pas d'obstacle
Que je sois les uns et les autres
Et Rouges et Jaunes et Noirs et Blancs
Je vous dirai des patenôtres
Dans un éternel ramadan