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La Maçonne

La Tradition Primordiale en discussion.

Alors que je faisais des recherches sur la démonologie (ça en jette, hein?), je suis tombée sur un article de Jean-Marc Vivenza intitulé « la Tradition Primordiale selon Guénon ». J'ai ainsi abandonné momentanément mes sataniques et satanées recherches pour me pencher, une fois n'est pas coutume, sur ce concept de « Tradition Primordiale ». 

Il y aurait une « Tradition Primordiale » - que Jean-Marc Vivenza appelle aussi « Tradition-mère » - que l'on peut appeler aussi Tradition-source ou Tradition originelle – qui serait à l'origine de toutes les traditions spirituelles. 

Lire l'article de Jean-Marc Vivenza en cliquant sur le lien ici


Il ne nous serait resté quelques miettes éparses dans diverses spiritualités. Le travail d'un ésotériste serait de rassembler ces éléments, tels les pièces d'un puzzle, et de reconstituer cette tradition-mère.  Il va s'en dire que la plupart du temps, les adeptes de la tradition primordiale se contentent de déclarer « ceci est LA Tradition primordiale », de s'en féliciter et de gonfler tout le monde avec. C'est d'ailleurs ce que nous propose Jean-Marc Vivenza. L'intérêt – et c'est d'ailleurs tout ce qui m'intéresse moi – est la construction de la pensée et, par conséquent, de ce qui conduit Jean-Marc Vivenza a affirmé qu'il a trouvé la « Tradition primordiale » …  Il oppose son raisonnement à celui de Guénon. 


Les bases de la théorie de Vivenza. 

La théorie développée par Jean-Marc Vivenza serait que cette tradition primordiale aurait été divisée en deux branches. Ceci dit après nous avoir rappelé que les pères de l'Eglise, les théologiens et les occultistes du 18ème siècle étaient tous d'accord pour mener une quête de cette tradition originelle et que cela sous-entendrait que, si les résultats et les moyens pouvaient être divergents, une tradition primordiale existerait bel et bien. Si la France n'est pas de « culture chrétienne », les ésotéristes du 18ème siècle l'étaient.

Leurs horizons étaient bouchés tout en étant convaincus de la suprématie de la spiritualité chrétienne. En gros, ils ne possédaient aucune pièce d'aucun autre puzzle permettant de leur ouvrir de nouveaux champs de recherches. 

Ainsi, selon Vivenza, cette tradition primordiale aurait été séparée par deux cultes : 
Abel, représentant de dieu et de la « vraie religion » - ce qui se prouve par ses offrandes expiatoires et sanglantes, Cette « vraie religion » est présentée comme « sur-naturelle ». 
Caïn, représentant de la fausse religion, c'est-à-dire de la religion naturelle, se contentant de maigres prières. 

Caïn travaillait à la gloire des démons, c'est-à-dire de la terre et de la nature. Sous une interprétation personnelle, il serait représentant des cultes polythéistes alors qu'Abel serait le représentant du culte monothéiste. 
Bon cela se tient. Sauf qu'étant frères (et donc contemporains), il faudrait considérer que les religions polythéistes et monothéistes existeraient sous une forme ou une autre en même temps. L'histoire des religions dit le contraire. Le monothéisme est post-polythéiste et n'est apparu dans l'histoire de l'humanité que très récemment. 
Cela n'interdit pas de penser qu'Abel offrait un type de culte satisfaisant censé racheter la Faute primordiale, celle de la chute, ni même d'y voir en Abel et Caîn deux traditions antagonistes, comme le présente Vivenza. 
Caïn a finalement tué Abel. De fait, la seule religion restante fut polythéiste. 
« Les hommes assistent et participent, de ce fait, depuis la Chute, à un développement croissant et continuel de la religion naturelle réprouvée qui souhaite conquérir le Ciel par ses propres moyens, héritière, en raison de son insoumission et de son caractère criminel, de la postérité du serpent, contraignant les élus de l’Éternel qui constituent le « Haut et Saint Ordre », à une préservation attentive et soutenue des éléments du vrai culte, de la Vraie Religion, de la Tradition effective. » Nous explique Vivenza. 

Mouais. Du coup, dieu – dans son infinie bonté – ne jeta pas pour autant son éponge divine et envoya régulièrement aux humains, à titre de rappel, des « élus ». Le problème des humains est qu'ils sont les fils de Caïn. Abel ayant été tué, prématurément, n'a aucune descendance. Son culte de la « vraie religion » fut néanmoins préservée par les Patriarches – ceux d'avant le déluge -  « Adam, Seth (qui « remplace » Abel), Énos, Caïnan, Malaéel, Hénoch, Mathusalem et Lamech père de Noé. » 
« Ce sont eux qui transmirent, sans l’altérer, la Tradition Divine qu’ils avaient reçue, l’enrichissant et la développant alors, qu’au même instant, parallèlement à ce tout petit lignage de Patriarches qui veillaient jalousement sur l’enseignement saint et pur, entretenant avec dévotion le culte sacré à l’Éternel, l’immense majorité des hommes était aspirée par la fausse tradition naturelle de Caïn, par la religion déviée et pervertie productrice du vice, du crime, de l’impiété, de l’impudicité, de la débauche et de la corruption généralisée des mœurs et des valeurs. »  Voilà. C'est dit. 

Enlil (assis)

Le complot des dieux. 

Malgré tous leurs valeureux efforts, la situation allant en s'aggravant, dieu estima que l'humanité était perdue et envoya derechef le déluge, désirant anéantir une bonne fois pour toute la tradition de Caïn et – je dirais au vu de la démonstration de Vivenza – le polythéisme. Jean-Marc Vivenza insiste d'ailleurs, dans son article, sur l'importance du déluge du fait de sa « rare précision » dans la Genèse. 

Il estime que la tradition de Caïn est emportée avec le déluge (entièrement). Il ne survivrait ainsi qu'à travers Noé la tradition d'Abel (la « vraie religion »). Ainsi, afin de faire correspondre une certaine chronologie, la tradition après le déluge qui ressemblerait à celle de Caïn (donc les nombreuses cultures polythéistes) seraient donc postérieures et bien plus récentes que la tradition monothéiste à laquelle se réfère Abel. 

Soit. Or, malheureusement pour Vivenza et sa démonstration, le déluge n'est ni plus, ni moins qu'un mythe qui trouve son origine dans les mythes mésopotamiens. Le plus ancien mythe du déluge daterait du 17ème siècle avant J.C (le mythe d'Atrahasis), il fut assez notable pour que les archéologues en trouvent plusieurs versions sur plusieurs siècles. 

L'affaire est assez importante pour que je vous la rapporte. 
Les dieux (suivant l'épopée de Guilgamesh) ou le seul dieu  Enlil (suivant le mythe d'Atrahasis) décidèrent, effectivement, d'anéantir l'humanité sous les eaux. Bon, en fait, Enlil avait tenté d'anéantir l'humanité en leur envoyant famine, maladie, et autres joyeuseté. De guerre lasse, les humains survivant à chaque fois, il décida de noyer tout cela. Enlil trouvait les humains trop bruyants et pléthoriques. 
Ea, dieu des eaux douces, avertit Atrahasis / Outanapishtim (le Noé mésopotamien) de la décision  divine. Ea lui ordonne de construire un bateau afin qu'il y installe sa famille mais aussi tous les animaux.  La déesse Ichtar, regrettant cette funeste divine, souhaite, elle aussi, apporter son aide à ce Noé des temps anciens. 
Le bateau échoue sur le mont Nitsir. Noé (mésopotamien) envoie corbeau et colombe. Seule la colombe ne revient pas. Cet oiseau est, souvent, attribué à Ischtar, bien que l'on ne retienne, généralement, que ses lions. C'est d'ailleurs elle qui conseille à Noé ce stratagème. 

Le Noé mésopotamien fait une offrande aux dieux comme ces derniers le lui avaient conseillés. Ceux-ci, heureux du dénouement, se rassemblent autour de Noé. Enlil est en colère, voyant que l'humanité existait encore.  Bref, il boude. Ea joua les médiateurs afin de le convaincre d'accepter l'offrande faite. Celui-ci, finalement, cèda. Les dieux, afin de remercier ce Noé ancien, lui offrit l'immortalité. 

Ea

L'empressement des dieux à sauver le Noé mésopotamien  –  et avec lui,  l'humanité – n'est pas gratuit. En effet, les dieux mésopotamiens avaient vécu une cruelle mésaventure bien auparavant.

Soit un peu paresseux, soit un peu incompétents dans certaines tâches, ils devaient leur subsistance à des dieux inférieurs. Ces derniers se mirent en grève sans aucune forme de préavis. Les dieux se trouvèrent dans une situation précaire et misérable, crevant littéralement de faim. C'est ainsi qu'ils eurent l'idée de créer les humains, façonnant 7 figurines mâles, 7 figurines femelles à l'aide de l'argile  et, en sacrifiant l'un des leurs,  pour leur insuffler la vie. C'est grâce à cet esprit divin que l'humanité a conscience de l'humanité.  Ce mythe de la création mésopotamien rappelle, bien sûr, le mythe de Lilith. 

La conception de la place de l'humain et de l'humanité par rapport aux divinités est mis en relief dans les mythes de Création et, rappelé dans celui du déluge. Si les êtres humains sont inférieurs aux dieux du fait d'une absence notable de pouvoirs surnaturels, ils n'en sont pas moins à partager avec les dieux de dures nécessités. Ils partagent, d'ailleurs, un peu de leur conscience.

C'est pour ne pas mourir de faim que les dieux complotèrent contre Enlil. C'est pour cette raison aussi, qu'ils se précipitèrent tous autour de l'offrande pour en profiter. Contastant les dégâts provoqués par Enlil, bien supérieurs à ce qu'ils pouvaient imaginer – et l'imagination des dieux est infinie, comme on le sait  – ils en furent les premiers choqués et regrettèrent amèrement d'avoir occasionné de telle souffrance à l'humanité. Le Noé mésopotamien hésita lui aussi – c'est-à-dire tout comme le Noé de la Bible - à quitter l'arche, choqué par la vision d'un monde dévasté. 

La réaction des dieux mésopotamiens est égale à celle de l'humanité face à la souffrance et la mort. Ce que ne partage, d'ailleurs, pas le dieu monothéiste. Tout sentiment de compassion et de remords de dieu est absent dans la version qui nous est revenu jusqu'à nous au travers de Noé. Alors que les dieux mésopotamiens s'empressent de déjouer les plans d'un des leurs, le dieu monothéiste apparaît volatil, arrogant, jaloux et possessif, tout en étant désireux d'asservir l'humanité et de la punir. 

Ainsi, s'il y a bien quelque chose d'inexact et d'infondé dans l'analyse de Jean-Marc Vivenza est de considéré ce mythe comme étant issus du monothéisme, alors qu'il transpire et respire encore du polythéisme et de ce que cela accompagne. 

Ce sont les éléments naturels qui se sont déchaînés contre l'humanité, reprenant force et place dans leur destinée. Ce sont encore des animaux qui furent sauvés mais aussi les porte-étendards de Noé et ces veilleurs. Le mythe de Noé est  un hymne à la nature et à la terre . L'intelligence humaine est aussi mise en avant pour servir et protéger les autres êtres vivants peuplant la planète. L'humanité se trouve ainsi face à une responsabilité qui fait aujourd'hui encore débat sous une autre forme : protéger leur seul et unique bien qui a de la valeur : la vie – toute vie et la planète. Pour aller plus loin dans l'étude symbolique du déluge, il s'agit aussi de démontrer que l'humanité n'est pas propriétaire de la planète mais qu'elle n'en est pas moins sa gardienne. 

Alors que tempêtes, inondations, et autres fléaux naturels renvoient  encore, de nos jours, l'humanité à sa vulnérabilité et sa solitude, il serait difficile et injuste d'y voir une punition divine pour quelques pêchés, soient-ils aussi originel que la chute.  Pour revenir à l'analyse de Vivenza, le mythe de Noé et du déluge est, donc, toujours la fameuse branche de Caïn qui s'exprime – se contentant de maigres prières à la terre et à la nature, envoyant des oiseaux pour savoir si le monde est sauf. 


Le livre d'Henoch.  

Je vous laisse à la lecture du passage concernant la tour de Babel, qui là encore – histoire des religions oblige – n'est ni plus, ni moins qu'une ziggourat, temple mésopotamien. Le mot ziggourat signifie « porte du ciel », représentant la jonction symbolique de la terre-matière avec le ciel-esprit. La caractéristique de ces temples étaient d'être montés en terrasses, d'être monumentaux et d'être construit avec des briques. Ces ziggourats servaient aussi de poste d'observation du ciel et des étoiles.

On doit à la civilisation mésopotamienne, la division des journées en 24 unités, celle de  l'année en 12 périodes désignées par des signes astrologiques. Chaque dieu était associé à une planète. De même, les plans des cités représentaient sur terre les plans célestes. On leur doit ainsi - et les francs-maçons n'en seront pas insensibles – autant la mer d'airain que les colonnes J et B du Temple de Salomon ainsi que la fâcheuse manie des dieux à donner aux humains des plans pour construire des temples et autres édifices – comme le fut l'arche de Noé , la tente de la Rencontre …. et le temple de Salomon. 

Or, ce n'est pas vraiment son explication confuse et pas vraiment originale de la Tour de Babel qui me heurte. Tous les enfants allant au catéchisme (catholique) la connaissent. C'est sa méconnaissance de qui est Melchisédech qui m'intrigue. 

Ne me regardez pas avec les yeux ronds. Ce sont les personnages mineurs de la bible qui me passionnent. Ceux qui sont mentionnés que deux trois fois, ceux qui n'ont aucun rôle majeur …. Melchisédech  appelé aussi Malki-Tsédeq est l'un de ces personnages.  
Il n'est mentionné que trois fois dans la Bible : 

  • Une première fois, il est le roi de Salem, donnant le pain et le vin à Abraham. (Génèse – 14-18)
  • Une seconde fois, dans le psaume 110, dont le titre est « Roi et Prêtre » destiné à David « Le Seigneur l'a juré : Tu es prêtre pour toujours à la manière de Malki-Tsédeq. » 
  • Une dernière fois dans l’Épître aux Hébreux. Cet épître est attribué à Paul, bien que les historiens le contestent du fait du style particulier et du message de ce texte. Jésus y est présenté comme « fils de la maison divine » ce qui est un peu moins bien qu'être « fils de dieu » . Ce qui signifie qu'il est un fils du peuple juif. Il est ainsi présenté comme prêtre  à la manière de Malki-Tsédeq l'opposant aux prêtres selon Aaron. 

Ceci n'explique en rien – d'ailleurs – d'où sort ce Malki-Tsédeq – que tout le monde semble connaître … mais ne présente jamais, comme le fait Vivenza. 
Il explique ainsi, utilisant ce personnage ô combien mineur, qu'Abraham – parce qu'il reçoit des mains de ce Malki-Tsédeq du pain et du vin – devient le précurseur de Jésus. On pourrait en dire autant de tous les autres prophètes … De fait, nous explique-t-il, cela prouve que LA Tradition Primordiale serait le christianisme. L'affaire est emballée. 

Or, Melchisédech apparaît dans un autre texte, considéré comme « apocryphe » par les religions chrétiennes comme par le judaïsme  : le livre d'Henoch.

Il existe, en réalité, plusieurs livres d'Hénoch, issus de plusieurs traditions : l'Hénoch juif, appelé aussi éthiopien et l'Hénoch slave. 
L'Ancien Testament a été écrit une première fois à partir de 922 avant J.C – et aurait donc plus ou moins 3000 ans aujourd'hui. Il fut manipulé par la suite par, au moins trois auteurs différents. Le « Nouveau Testament » a été rédigé, quant à lui, à partir du 2ème siècle après JC  et certainement a été figé aux alentours du 4ème siècle. 

Si de nombreux historiens affirmaient, de leur côté, que le texte n'avait rien d'apocryphe,  la découverte des manuscrits dans les grottes de la Mer Morte a permis de le prouver, avec un livre d'Hénoch écrit en araméen avec plusieurs autres inédits bibliques. 

Józef Tadeusz Milik (24/3/1922 – 6/01/ 2006), qui participa aux traductions des nombreux fragments trouvés dans les grottes de la Mer Morte, estimait quant à lui que le livre d'Hénoch fut écrit avant la Genèse. Cette dernière en était qu'une retranscription. 

Le livre d'Hénoch fut considéré comme apocryphe – et retirer du corpus biblique – à partir du 3ème siècle après JC par les catholiques. Ces derniers ont demandé à l'Eglise de Constantinople d'en faire autant et de brûler tous les livres qu'ils possédaient. Ce qu'ils ne firent pas . Du moins pas tout de suite. 

L'Hénoch slave proviendrait d'un texte écrit en grec et qui a circulé en Europe jusqu'au 13ème siècle et – suivant les habitudes inquisitoriales catholiques de l'époque – pas dans toute l'Europe.  Ce texte fut rassemblé et retrouvé dans le courant du 19ème siècle. 

 

 

L'Hénoch slave pose, néanmoins, quelques problèmes aux chrétiens de toutes religions. Hénoch est présenté comme un « sur-prophète ».

« Enlevé par les anges », il parcourt la création et dialogue en tête à tête avec dieu. Hénoch apparaît être un rédempteur (avant Jésus!) lavant les péchés des hommes.  Pour différentes raisons, la version slave du livre d'Hénoch, en dehors d'un personnage central commun, n'aurait pas une origine hébraïque. Il n'a pas, non plus, une origine chrétienne. L'église de Rome ne s'est pas trompée en demandant à l'église de Constantinople de le brûler  …. et en brûlant elle-même tous ses exemplaires. 
Si on ignore l'origine de l'Hénoch slave – du moins des divergences avec l'Hénoch éthiopien  -  pour l’historien Philip Davies, Hénoch possède de nombreux points communs avec le roi En-mendur-Anna-k appelé aussi Enmeduranki , roi de Sippar. 

 «La légende d’Énoch commence avec la liste des rois sumériens d’avant l’inondation, liste préservée sous différentes formes. L’un de ces rois, souvent donné comme le 7eme, s’appel Enmeduranki. Dans certains texte, ce Enmeduranki a été le premier à qui les dieux Adad et Shamash ont montré trois forme de divination : l’eau sur l’huile, l’inspection du foie et l’utilisation du cèdre »

Hénoch est considéré dans la tradition juive avoir le premier offert un culte à Dieu. 

C'est d'ailleurs la partie la plus ennuyeuse du livre d'Hénoch slave.  Pour ce qui est du Coran, Hénoch est majoritairement considéré par les musulmans comme le nom biblique du prophète Idris. Il serait le père de l’écriture, de l’astronomie, de la couture et de la maîtrise du fer.

Ecrire des livres, les lires, étudier et comprendre l'origine et les secrets du monde ne posent problème finalement qu'aux catholiques mais ce qui peut chiffonner tout le monde est qu'Hénoch parle « face à Dieu », ce qui le met sur un pied d'égalité avec ce dernier mais aussi avec les anges. 
 
Or, la présence du personnage de Melchisedech apparaît être, jusqu'à nouvelles découvertes majeures, une originalité de l'Henoch slave. Ceci dit, alors que la tradition autour de la personnalité de Melchisédech semble avoir bien existé selon ses rares mentions dans la bible officielle. 

Sin (dieu de la Lune)

La naissance de Melchisédech. 

Hénoch, après avoir visité la création et discuté avec dieu, est retourné auprès de sa famille afin de régler ses affaires et transmettre les livres qu'il a écrit à son peuple. Dieu lui avait donné 30 jours avant de le rappeler à lui. Après moult conseils, préceptes et exhortations, Hénoch parti, ce fut Mathusalem qui devint prêtre et remplaça son père Hénoch. A la mort de Mathusalem  (oui, oui, …), c'est Nir qui devint prêtre.

Ce dernier avait une femme, Sophonim. Celle-ci trop âgée pour enfanter, délaissée par son prêtre d'époux depuis qu'il fut désigné comme prêtre par dieu, était malgré tout enceinte. Nir finit par le découvrir, échangea quelques mots avec son épouse qu'il accusa, bien sûr, d'infidélité. Celle-ci lui expliqua qu'elle ignorait tout de son état. Elle finit par tomber aux pieds de Nir, morte. Nir, fortement perturbé – on peut le comprendre – appela son frère Noé. Celui-ci rassurant, proposa d'aider Nir à creuser une tombe en secret pour son épouse décédée et, surtout, sa grossesse qui arrivait à terme. Les deux hommes étendirent Sophonim sur un lit, l'habillèrent de noir et partirent creuser une tombe.

Or, de retour dans la pièce où ils avaient laissé le corps de Sophonim, ils découvrirent un jeune enfant. Ce dernier, venant de naître, se tenait assis, parlait et louait dieu. Les deux hommes lavèrent et habillèrent l'enfant de vêtements de sacerdoce (prêtre). Ils changèrent Sophonim pour la revêtir de plus beaux vêtements, et lui construire un autre tombeau plus glorieux et moi anonyme. Enfin, ils appelèrent l'enfant Melchisédech. 
"Et Noé dit à son frère : « Garde l'enfant en cachette jusqu'au moment favorable, parce que le peuple est devenu méchant sur toute la terre, et de quelque façon ; le voyant, ils le feront mourir »"


Nir s'occupa ainsi de Melchisedech. Or, le temps était passé, la destruction promise par dieu étant inéluctable, Nir demanda à dieu de sauver l'enfant du massacre à venir. Dieu – qui était bien plus loquace dans ces temps reculés qu'il ne l'est aujourd'hui – lui répondit

« […] mais pour l'enfant n'ait pas de souci, Nir, parce que moi, dans peu de temps, j'enverrai mon archistratège Michel, et il prendra l'enfant et le placera dans le jardin d'Eden […] et il sera mon prêtre des prêtres, je le sanctifierai ; et je le changerai en un grand peuple qui me sanctifiera. » Nir bénit dieu – et la précision sur la naissance qu'il donne ne manque pas de piquant : « […] parce que ta parole a donné un grand prêtre dans la matrice de Sophonim ma femme. Car je n'ai pas de descendance et cet enfant me tiendra lieu de descendance, il deviendra comme mon fils, et tu le compteras parmi tes serviteurs  [….] et Mélchisedech sera la tête des prêtres dans une autre race. »

40 jours après cet échange, l'Ange Michel fut envoyé, comme prévu, récupérer l'enfant. Dans un premier temps, Nir ne le reconnut pas, refusa de le remettre craignant que l'enfant soit tué par le « peuple pervers ». 

Jésus et Melchisédech.

Ce mythe est un peu gênant pour les chrétiens qui se trouvent avec un premier rédempteur dans le personnage d'Hénoch mais aussi une naissance sur-naturelle, un « fils de dieu » - pour ne pas dire un « messie » - avec Melchisédech avant l'heure.

Ce qui me fait dire que ce mythe n'a pas été inventé entre Belgrade et Constantinople, est  tout simplement l'épître aux hébreux qui donnent à Jésus le même rôle que Melchisédech en, d'ailleurs, s'en référant. 

 Melchisédech fait de Jésus un imposteur.  D'autres  voient en Melchisédech un précurseur, une sorte de « messie » avant l'heure. Il a existé plusieurs sectes gnostiques appelée Melchisédéciens, sur l'origine et la doctrine de laquelle nous ne savons pour ainsi dire rien; qui se rattachaient à Théodote le changeur. Elles niaient la divinité de Jésus et donnaient la prééminence à Melchisédech sur le Christ. 
D'autres imaginent que ce serait le Christ, Jésus, qui serait descendu sur terre (bien avant sa naissance!) pour dire bonjour à Abraham ! 
On sait maintenant de qui Vivenza a hérité son sens aiguë de l'anachronisme. Bref, Melchisédech dérange les chrétiens, au même titre qu'Hénoch. 
Le judaïsme n'étant pas une religion homogène comme le sont les religions chrétiennes, enferrées dans des dogmes et des hiérarchies, il est bien moins ridicule de penser qu'il existait deux ordres de prêtrises, l'un se présentant selon « Melchisédech » et l'autre selon « Aaron ». 

Dans tous les cas, le livre d'Hénoch et – avec lui le personnage de Melchisédech – ruinent purement et simplement les dogmes christiques et, par là même, la théorie de Vivenza qui trouve dans les religions chrétiennes, la « Tradition Primordiale ». C'est pourquoi, j'ai trouvé la référence à ce personnage aussi cocasse qu'incongrue. 

Hénoch est, d'ailleurs, si ma compréhension de la doctrine martiniste est exacte, celui qui a réussi la « réintégration ». Non seulement, il a entretenu des relations prisées des martinistes avec des anges mais aussi s'est offert un face à face fructueux avec dieu. Il a, en somme, réussi à revenir à l'état d'avant la chute tant recherchée. Melchisédech  peut se glorifier de la même réussite, étant sanctifié « prêtre des prêtres » par dieu lui-même, alors qu'il venait de naître.  D'accord, on peut dire qu'il a triché. Tout le monde ne peut pas se vanter d'être le fils de dieu ! Là encore, comme on vient de le voir, s'il fallait y trouver une « tradition primordiale », elle est tout – sauf chrétienne !  

L'autre point incroyable dans la démonstration de Vivenza est l'oubli manifeste d'une autre tradition monothéiste : le judaïsme. Pas un mot là-dessus, au point qu'il est à se demander comment il fait entrer le judaïsme dans ses deux branches Abel et Caïn qui apparaissent bien étriquées - qui à moi, me fait penser plutôt à du pur manichéisme. 

Pour terminer ce long article, je me suis demandée pourquoi tordre une chronologie, ignorer tout de l'histoire des religions, être finalement passablement imprécis, pour ne pas dire de mauvaise foi, quant à l'essentiel de la démonstration pour faire des religions chrétiennes la « tradition primordiale » ? Vivenza n'a pas dépassé le dogme chrétien. Les nombreuses citations de Martines de Pasqualy ne trompent pas. Un désir d'évangéliser les maçons ? Donner un aura  de supériorité aux religions chrétiennes?  

L'ésotérisme n'est pas ignorer. Cela, on peut le laisser aux religieux. 

 

 

Source : En 2002, a été rééditée une étude de André Vaillant « Le livre des Secrets d'Hénoch » publié initialement en 1952. Il existe plusieurs études sur l'Hénoch slave de la même époque téléchargeable sur Gallica. 

L'Hénoch éthiopien fait naître, lui, Noé de manière merveilleuse, lui donnant une physionomie particulière à tel point que  Lamech demande à son père Mathusalem de sortir Hénoch du paradis pour en comprendre la signification. Noé ne serait pas le fils de Lamech, mais lui aussi "fils de dieu" ou "d'un ange", fondateur d'une "nouvelle race". 

Pour une meilleure connaissance de la culture mésopotamienne, je vous invite à vous procurer le "dictionnaire de la Mésopotamie", collection "Bouquins", véritable mine d'informations. 

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J
Et, dans ce délire, il ne faut pas oublier l'Enoch maçonnique, celui qui, d'après "L' Ecole des Francs-Maçons" en 1748, "avait prévu que Dieu punirait tous les hommes par un déluge universel" et qui "érigea deux grands Colonnes, sur lesquelles les enfants de Seth gravèrent leurs découvertes astronomiques, et les principes de l'Art Sublime ; l'une était de pierre pour résister à l'eau, et l'autre de brique pour résister au feu"<br /> <br /> cfr :<br /> <br /> https://books.google.be/books?id=bYYM-p9_JCQC&hl=fr&pg=PA5#v=onepage&q&f=false<br /> <br /> http://mvmm.org/c/docs/gages.html#e<br /> <br /> http://mvmm.org/c/docs/Anders3.html#e
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C
Et "l'Hénoch maçonnique" et ses colonnes (blanche et rouge; j'ai cela dans un de "mes" Temples" habituels) on le trouve en fait déjà chez Flavius Josèphe (premier siècle après JC) dans ANTIQUITES JUDAÏQUES
L
Merci ! Un Henoch maçonnique.....zou lala ! On s'éclate !
H
Vive enza ! ! ! !
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