23 Novembre 2018
Qui sont ces gens, me suis-je ainsi demandé, qui osent ainsi traiter de « beaufs », de « bidochons », …. et qui crient au « populisme » comme d'autres ont crié à la « guerre civile » lors de la vague d'attentats qui nous a touché ces dernières années ?
Des ignorants. Sûrement. Mais aussi des racistes … Un racisme « de classe » qui devrait nous, sœurs et frères, nous alarmer en premier chef car il concerne et touche un de nos fondamentaux, fissure et flingue la franc-maçonnerie en son entier comme les principes républicains de liberté, d'égalité et de fraternité.
Le racisme repose que sur un seul et unique sentiment : celui de supériorité d'une catégorie d'individus qui s'accrochent à leur prérogative.
Face aux manifestations multiformes, spontanées, il n'existe aucune association syndicale ou politique qui revendique être l'organisatrice de ces manifestations. Le gouvernement se trouve « sans interlocuteur ». D'ici samedi, je suis presque certaine qu'il va même s'en plaindre.
Ainsi, il ne peut espérer recevoir un petit groupe à l'Elysée pour lui donner la bonne parole, l'onction et l'assurance que « tout ira bien ». Inutile d'espérer de faire un show télévisé en faisant appel à des figurants qui poseront des questions – celles qui ne fâchent pas - et auxquelles il ne répondra pas. Enfin, personne ne sait dire – et pas même les manifestants eux-mêmes au cœur de l'action – jusqu'où ira un tel mouvement.
Si Macron et le gouvernement Edouard Philippe se cherchent des interlocuteurs, ils n'ont qu'à traverser la rue. Ils ne manqueront pas d'en trouver.
Certes, il y a bien les arguties politico-gogos qui plombent le débat. Il faut sauver Macron ou sauver la face. Ce qui revient au même. Déjà dans l'Ancien Testament, l’idolâtrie est présentée comme une mauvaise idée. Certes, aucun dieu jaloux ne va venir menacer les macronistes de maux terribles qu'ils savent ne pas mériter. Toutefois, reconnaissons-le, ils se sont fait avoir. Ils se sentent bien ridicules et bien seuls, avec tous leurs jouets, à ne parler qu'à des gens qui ne lisent que les gros titres. Ne nous leurrons pas, même Sarkozy trouvera toujours des électeurs pour le soutenir malgré sa série judiciaire. Macron trouvera, pour les mêmes raisons, des soutiens parmi une catégorie de français, puisqu'il leur permet d'explorer leur racisme de classe.
Des « petites gens » qui auraient des « petites frustrations » …(par exemple ici)
C'est vrai que l'on peut préférer plaindre celles de Carlos Gohsn, qui visiblement ne réussissant pas à boucler ses fins de mois, est soupçonné d'avoir détourné 40 millions d'Euros. Face aux gilets jaunes, dont il n'en a jamais vu la couleur, Macron réclame le « dialogue », lui qui justement l'a toujours refusé, encore il y a peu à Bruxelles. Depuis l'affaire Benalla où dans une gloriole puérile d'enfant gâté il a invité les français « qu'il fallait le chercher » à aujourd'hui, il est accusé d'être arrogant et méprisant à l'égard des français. Le dire silencieux serait exagéré. Il parle. Des phrases qui ne passent pas mais inspirantes (comme ici)
Lui qui refuse de revoir ses positions sur des taxes, dont on sait qu'elles serviront à tout sauf à des projets écologiques, c'est, pourtant, « la France qui se cabre » contre le changement.
La France n'a pas un mauvais gouvernement, un président de la République incompétent, des députés de la majorité moutonnant, mais des mauvais français. Macron n'a pas cessé de s'en plaindre ainsi d'ailleurs que sa majorité. C'est un incompris parmi les incompris.
Avec la taxe sur le diesel, déjà taxé à hauteur de 70 % pour « réduire » la consommation des français, Macron s'attaque aux artisans, aux TPE-PME, comme aux services. De l'ambulance à la coiffeuse à domicile, Macron a souhaité touché à l'économie de manière très large. C'est autant le service de portage des repas aux personnes âgés que l'entreprise locale qui sont pénalisés par cette mesure. Il ne s'agit pas que de ceux qui se rendent sur le lieu de leur travail – et doivent faire plusieurs kilomètres pour cela – mais bien de tout le réseau social et économique des villes comme des villages qui est concerné par cette taxe.
Il n'a pas fallu attendre le 17 novembre pour que des voix – celles-là officielles – s'alarment de ces taxes alors que le prix du baril est en pleine hausse. .
Hors, si les journalistes ont autant de mémoire que des poissons rouges, cette taxe n'est qu'un prétexte à des manifestations spontanées, dont il est impossible d'en mesurer l'exacte ampleur, à un ras le bol général. Inutile de faire l'ENA pour comprendre que c'est la paupérisation d'une partie des français – qui ne concerne plus que les plus bas salaire, mais aussi toute une partie de la population dite « classe moyenne » – qui est en cause. Paupérisation qui n'a rien d'être une nouveauté.
(source)
Or, si tout le monde s'accorde – sauf bien entendu les « macronistes » - à comprendre la cause profonde de ces manifestations, c'est la définition de « classe moyenne » qui coince. Au début des années 80, elle est était parfaitement identifié par son niveau d'études, ses professions dites « intermédiaires » et son niveau de rémunération moyen. C'était la classe « sans problème », les éternels imposables, ceux dont on savait qu'ils allaient savoir lire n'importe quel mode d'emploi, vivre vieux et en relative bonne santé, … et éduqueraient leurs enfants de manière à ce qu'ils remplissent, à leur tour, les caisses de l'Etat. A côté de cela, ces français moyens garantissaient aussi une stabilité électorale. Ce ne sont pas eux qui allaient se risquer dans les eaux troubles des extrêmes. C'est autant les propositions trop à droite de Sarkozy – bien aimé d'une catégorie de ces mêmes français qui apprécient Macron – que la mollesse de Hollande, qui a conduit les français a se désintéresser des politiciens – mais pas de la politique.
Aujourd'hui, cette « classe moyenne » se trouve, tout autant, face à la précarité de l'emploi, aux difficultés pour trouver un logement ou, tout simplement, sur-endettée. Ainsi, pour mieux la cerner, on évoque la France périphérique – il faut croire que les manifestants n'habitent pas ou n'évoluent pas au cœur des métropoles ou encore que la France est un pays coupé en deux.
On a voulu faire des manifestants des «beaufs », des « populistes » incultes, en laissant s'exprimer ce racisme de classe, véritable honte pour toute la France et ce qu'elle représente en Europe : une terre d'égalité sociale.
On a aussi tenté de les accuser d'être à la cause des (deux) morts et des blessés, qui sont, en réalité, les victimes de chauffards – spécimens que l'on connaît trop bien – qui ont forcé des barrages en fonçant dans la foule. Le travail de diabolisation n'ayant pas porté ses fruits – mis à part sur une minorité déjà encline à développer un racisme de classe – les « gilets jaunes » s'en fichant du fait d'une distorsion naturelle des faits entre ce que qu'ils vivaient et les médias – le mouvement, imprévisible par nature, a monté d'un cran s'étendant à plusieurs jours ….
Les multiples tentatives pour diaboliser un mouvement qui s'installe n'ayant pas fonctionné, y compris les menaces, les exhortations et les procédés (classiques) de désinformation, les "gilets jaunes" sont non seulement peu nombreux mais surtout pas du tout organisé.
Ils seraient entre 7000 et 10000 selon le Ministère de l'Intérieur. Ils seraient même évacués facilement, à grand renfort de médias, de CRS, de vidéos. Sinon, ils sont surveillés – encadrés mais toujours non-identifiés –
On se vente de 600 gardes à vue, qui concernent autant des « casseurs », des chauffards que des manifestants, alors que pour la seule journée du 1er mai, manifestation autorisée par la préfecture de police, parfaitement bien encadrée, on dénombre plus d'une 100aine de garde à vue avec 290 arrestations pour la seule ville de Paris …(source)
Quant aux casseurs, ils étaient « 1200 en marge du cortège » le 1er mai, rien qu'à Paris, et seraient encore en vacances de Toussaint ces derniers jours pour le reste de la France.
Des pénuries de carburants dans les stations-services – à peine 80 sont concernées d'ailleurs - mais aussi – et ce qui est très rarement commenté par nos brillants médias et politiques – des pénuries de ravitaillement dans les super-marchés et magasins des principales grandes enseignes. (source)
Peu nombreux et mal organisés seraient la marque de fabrique – et même l'originalité – des « gilets jaunes ». Bien entendu, ces chiffres sont à prendre avec les précautions d'usage. En effet, je doute que soit comptabilisé la 50aine de manifestants qui sont à 3 km de chez moi … et qui ne sont évoqués dans aucun journal local, pourtant présents depuis plusieurs jours. Combien de ces petits groupes, bloquant des endroits improbables, sont « oubliés » des comptes du ministère de l'Intérieur et de Castaner ? On le saura d'ici quelques années.
L'important n'est pas de savoir s'ils étaient 5 ou 20 000 ce jeudi et combien ils seront samedi, mais de comprendre qu'il s'agit d'un mouvement populaire indépendant de toute organisation politique, syndicale ou sociale.
Franc-maçonne, je ne peux pas croire – et cela jusqu'à ma dernière cellule – que les gens, ceux qui manifestent, sont mauvais, soient des fachos – comme certains s'escriment à le faire croire – qu'ils ne sont que des petits frustrés, des ratés qui ont loupés l'heure de la mondialisation, ou encore des vilains égoïstes qui ne veulent pas dépenser 20 Euros par mois de plus pour se rendre au boulot.
Vox Populi.
A l'avenir, il faudra s'entraîner à écouter ... et même à danser.