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La Maçonne

Racisme et antisémitisme : on ne remplace pas une haine par une autre.

Bien loin de moi l'idée de m'opposer au concert d'indignation que le choeur soit des partis politiques, des médias ou des obédiences.  Par contre, oui – je m'en étonne.  

En effet, depuis plusieurs années, je suis devenue une lectrice assidue de tous les rapports, les indicateurs et toutes les études universitaires sur le racisme de manière générale. Les chiffres que nous indiquent Christophe Castaner dans son communiqué m'ont paru faussé par rapport à ceux auxquels je suis habituée ces dernières années. 
A mes yeux, les faits racismes comme tout propos raciste sont non seulement inexcusables, mais aussi doivent être considéré avec sérieux. La lutte contre le racisme ne doit pas être un effet de mode – comme on le constate bien souvent – et encore moins doit être utilisé pour diaboliser une population. On ne remplace pas une haine par une autre haine. 

Au regard des chiffres communiqués par le ministère de l'Intérieur, on peut être tenté de relativiser. 
« Que » 550 faits antisémites alors que, pour la seule année 2017, les services de police enregistraient 16400 plaintes pour viols et 24000 pour agressions sexuelles ! 
Effectivement, politiquement, il est plus facile de faire battre les  pavés pour lutter contre des actes racistes – et encore pas tous comme vous le constaterez dans cet article  - que contre les viols et agressions sexuelles. 

 

D'où viennent ces chiffres ? 


 
Ils sont les résultats du recensement des actes racistes réalisé par le Service central du renseignement territorial (SCRT) de la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP). 
Le SCRT assure un suivi quotidien des faits qui lui sont rapportés par ses relais et partenaires locaux et qui entrent dans le champ d’une nomenclature qui lui est propre. Il s’agit davantage d’un outil informationnel et opérationnel qui ne tient pas compte des plaintes et mains courantes, et encore moins des activités de la police. En gros, l'idée est de récupérer des informations via les médias et des signalements directs. 

La qualification d'actes antisémites, racistes ou antimusulmans est ainsi à la libre appréciation des opérateurs du SCRT. Ceci explique la fluctuation du simple au double, voir au triple, de ce type de faits. 

A titre de comparaison,  on peut lire avec intérêt la situation des actes racistes, antisémites, antimusulmans  publié par Gérard Collomb en janvier 2018. 
Les actes haineux enregistrés par le SCRT en 2017 sont globalement en diminution de 16% par rapport à l’année précédente (950 faits en 2017 contre 1 128 en 2016).
On observe une baisse des faits racistes (passage de 608 faits en 2016 à 518 faits en 2017, soit -14,8%), des faits antimusulmans (passage de 185 à 121, soit -34,5%,) et des faits antisémites (passage de 335 à 311 faits, soit -7,2%)."

Un an plus tard, le ministère de l'Intérieur notait : 
«  Parmi ces 541 faits, 183 actions antisémites ont été recensées (81 concernent des violences, des tentatives d’homicide et un homicide ; 102 concernent des atteintes aux biens) et 358 menaces à caractère antisémites ont été dénombrées.
S’agissant des faits à caractère raciste et xénophobe, une baisse de 4,2% a été constatée avec 496 actes en 2018 (518 en 2017).
Les actes antimusulmans atteignent cette année, avec 100 faits, leur plus bas niveau depuis 2010.
Enfin, le nombre d’actes antichrétiens est stable sur l’année avec 1063 actes recensés (1038 en 2017)
 » 

Lorsque l'on fait l'addition des actes haineux toutes catégories confondues pour l'année 2018, on constate un total de 1704 faits racistes pour 2018 contre 950 pour 2017. Ces 950 actes haineux pour l'année 2017 se retrouvent en faisant l'addition des données indiquées par Collomb. Ce chiffre est corroboré par ailleurs, bien que critiqué, comme nous le verrons plus loin. 

Castaner, notons-le, casse une habitude ministérielle, en se refusant de faire une telle addition. 
Peu importe comment on retourne le problème, suivant les chiffres que nous donne Castaner, il y aurait une augmentation de 754 faits haineux pour l'année 2018, que l'augmentation de l'antisémitisme n'explique pas, soit une augmentation de 79% sur tous les faits haineux. Ce qui est énorme. 

Castaner parle d'actes « antichrétiens » alors que Collomb n'en mentionnait aucun, un an plus tôt. Ce dernier mentionnait des « actes racistes » qui regroupent toutes les minorités comme par exemple les Roms ou les faits racistes dont la minorité en cause n'est pas définie comme le racisme anti-noir par exemple. Il en dénombrait, pour 2017, 518.  
Castaner n'indique aucun chiffre pour cette catégorie de faits haineux mais annonce un chiffre qu'il dit « stable » qu'il appelle « actes antichrétiens ». En effet, en admettant que Collomb a oublié de les mentionner, son total reste cohérent par rapport aux années précédentes – ce qui n'est pas le cas de Castaner. 


La distinction entre l'action et la menace qui apparaît dans le bilan de 2018 pour l'antisémitisme n'apparaît pas pour le racisme, les actes anti-musulmans ou encore ceux dits « antichrétiens ». Les menaces sont les propos, injures, tracts, courriers, etc. Les actions sont les violences physiques sur les personne ou sur les biens, cela peut être des coups et blessures comme des tags sur un bâtiment. 
Au même titre, si on a parfaitement le droit de se sentir horrifié vis-à-vis de l'antisémitisme, on peut craindre le pire au vu des chiffres concernant les actes dits « antichrétiens » dont le même Ministère de l'Intérieur semble être satisfait de leur stabilité. A plus de 1000, soit une moyenne de 2 à 3 plaintes ou mains courantes par jour, on le peut.  


Une malhonnêteté statistique ?

 
Comme il ne s'agit pas de chiffres liés à des plaintes ou des mains courantes mais à des informations extérieures,  et monté de manière complètement empiriques, les chiffres transmis par le Ministère de l'Intérieur ne peuvent être compris comme des indicateurs. 


Les faits et actes antimusulmans y sont généralement sous-représentés et, par ailleurs, je ne sais pas où Castaner a trouvé la catégorie « antichrétiens » car elle n'existe tout simplement pas. 
Il s'agirait très certainement des « faits racistes », c'est-à-dire ceux « hors catégories » pour certaines minorités comme les Roms ou des racismes qui n'ont aucun lien avec les religions juives ou musulmanes, comme le racisme anti-noir, dont, d'ailleurs, il n'indique aucun chiffre pour l'année 2018.

On peut effectivement y trouver les dégradations des églises catholiques ou temples protestants mais, en aucun cas, il existe une catégorisation spécifique permettant d'être aussi précis.

Castaner a simplement estimé que tous les faits racistes, qui ne seraient ni antisémites, ni antimusulmans, sont des actes « antichrétiens » !
Si c'est le cas, on ne voit pas non plus où se trouve la stabilité annoncée par Castaner. En effet, Gérard Collomb en indiquait que 518 et pas les 1038 que mentionnent Castaner, soit une différence de 520 faits. 

 


 

Le visage du raciste. 


Le visage du raciste n'évolue pas d'une année sur l'autre. Il faut plusieurs années, pour ne pas dire générations, pour noter une évolution concernant la typologie du racisme.
Afin de vous permettre de comprendre au mieux les répartitions des faits racistes, j'ai trouvé pour vous une étude de la COMMISSION NATIONALE CONSULTATIVE DES DROITS DE L’HOMME (on le retrouve complètement ici) pour l'année 2017. Il s'agit d'un document de 417 pages qui est mis à disposition en ligne. On attendra avec impatience l'analyse pour 2018. 

L'étude de la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme, pour 2017, est composé d'un sondage sur un modèle universitaire – on a droit ainsi au long développement de la méthodologie (au secours!) – mais aussi une analyse des données du Ministère de l'Intérieur pour l'année 2017 qui dépasse le très succinct communiqué de presse des deux ministres de l'Intérieur. La fin du document concerne les conseils dont un est d'arrêté d'utilisé le bidouillage du SCRT et de préférer les chiffres des forces de l'ordre. 


On découvre que 33% des Français dit avoir été victime de comportements racistes au cours des 5 dernières années, dont 4% « souvent » et 21% «parfois ». 
« Ce chiffre est le plus élevé enregistré dans le baromètre, en hausse régulière depuis 2011 : c’est là un signe qui va dans le sens d’un aggravement progressif des crispations identitaires dans notre pays, alors que la majorité des résultats tendent à mesurer un apaisement depuis quelques années. Sans surprise, les personnes ayant au moins un ascendant d’origine étrangère (45%), et notamment quand il s’agit d’un parent (50%), sont nettement plus susceptibles d’avoir fait face à des comportements racistes que ceux qui n’ont pas d’ascendant étranger (26 %). Ce sont toutefois les Français de religion musulmane (68%) qui sont les plus concernés par ce type de comportement. » 

Quant à la perception du communautarisme, seuls les Roms sont perçus pour 66% des français comme « à part ». N'oublions pas les propos de Emmanuel Valls sur les Roms qui ne peuvent pas s'intégrer, et dernièrement de Emmanuel Macron sur le « boxeur  gitan » ; propos qui participent à la stigmatisation d'une population de 20 000 personnes mais aussi qui justifient un racisme et comportements haineux à l'égard d'une population dans les différentes couches de la société –  

La perception des juifs, suivant le même sondage, est plus positive.

« Par ailleurs, l’intégration des juifs Français n’est pas un problème aux yeux des sondés : une très large majorité (91%) partage l’opinion selon laquelle « les Français juifs sont des Français comme les autres », un chiffre en hausse de 3 points et qui atteint son plus haut niveau dans ce baromètre. À noter que les niveaux mesurés à cette question pour « les Français musulmans » (80%) et surtout « les Français Roms » (58 %) sont nettement inférieurs. » [.. .]

De manière générale, les opinions antisémites sont plus répandues parmi les sympathisants de droite, et nettement plus chez les proches du FN. En revanche, contrairement à certains discours sur la montée d’un «nouvel antisémitisme » de gauche, les sympathisants de la gauche radicale (extrême gauche, Front de Gauche) ne montrent pas de disposition particulière à approuver ces préjugés, bien au contraire : ils les rejettent systématiquement plus que la moyenne des Français. Ces différences que l’on retrouve quelles que soient les minorités testées dans le baromètre montrent que le rejet de « l’autre » se structure de la même manière et selon les mêmes logiques pour tous les groupes » 


Les français, de manière général, se montrent favorable à une lutte contre le racisme et la discrimination sous toutes ses formes. De fait, ils sont plus sensibles aux menaces et insultes antisémites. « la proportion de personnes réclamant une sanction judiciaire pour des propos comme « sale juif » est passée de 76% en 2012 à 86% en 2017, dont 40% demandant une condamnation sévère ». 
« Au total, les juifs en France sont depuis le début des années 2000 la minorité la mieux considérée. Sur l’Indicateur longitudinal de tolérance, qui donne la moyenne annuelle des réponses tolérantes à une série de 69 questions du Baromètre CNCDH posées régulièrement depuis 1990, elle obtient depuis 2000 les scores les plus hauts. Il s’établit en 2017 à 78 sur 100, soit 14 points au-dessus de celui de l’échantillon, 17 points au-dessus de celui des Musulmans et 44 points au-dessus de celui des Roms. » 

Cette étude fait mentir la tendance "raciste" des français que nous affiche le ministère de l'Intérieur.  

L'analyse des plaintes pour 2017. 


L'étude de la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme analyse, à son tour, des chiffres. 
Le ministère de l’Intérieur communique, chaque année, à la CNCDH, un bilan statistique produit par le service central du renseignement territorial (SCRT) des « actes » (ventilés en « actions » et « menaces ») à caractère raciste.
 Depuis 2016, une autre statistique est remise, établi par le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), présente des données très différentes du premier, tant par le volume que par la ventilation des faits rapportés. 


En 2017, le SSMSI recense 8730 infractions à caractère raciste tandis que le SCRT décompte que 950. Pourquoi cette différence ? 


Le SSMSI est un décompte des délits et crimes à caractère racistes constatés par la police et la gendarmerie. Ces données entrent dans un ensemble de données policières qui décomptent autant les vols, les agressions, …. c'est-à-dire la criminalité en France. Le SCRT assure un suivi quotidien des faits qui lui sont rapportés par ses relais et partenaires locaux et qui entrent dans le champ d’une nomenclature qui lui est propre. 
L'objectif du SCRT est d'indiquer les « grandes tendances » de l'état du racisme. En somme, les informations qu'elles transmettent sont plus ou moins faux - plutôt plus que moins - mais en langage étatique "pas approprié pour mesurer une réalité". 


La SSMSI se base sur les plaintes et mains courantes enregistrées., soit  le système informatique mis à disposition. Les policiers et gendarmes disposent ainsi de 160 codes NATINF  relevant du contentieux à caractère raciste. A savoir que ce qui est relevé lors de la prise de la plainte ne sera pas nécessairement reconnu par le parquet qui est libre de requalifié le délit ou le crime, en supprimant par exemple le caractère raciste. 


En 2017, 8 730 infractions en relation explicite avec la race, l’origine, l’ethnie ou la religion, ont été enregistrée dont 5 130 crimes et délits (59 %) et 3 600 contraventions de 4e et 5e classe (41 %). 11000 infractions étaient enregistrées en 2015 et 9000 en 2016. Ainsi, on constate une baisse (relativement sensible) de ce type de crimes et délits sur une période de trois ans. En 2015, avait été constaté un recrudescence des violences racistes (essentiellement antimusulmanes) du fait de la série d'attentats. Ce que l'on ne retrouve pas en 2016. En moyenne, ce sont 800 procédures qui sont ouvertes tous les mois. 

En dehors des contraventions, on dénombre très exactement 5130 crimes et délits ayant un caractère raciste, soit 210 violences, 110 atteintes aux biens (les TAGS entrent dans cette catégorie) et plus de 4000 insultes et propos racistes. Les victimes sont, pour 58%, des hommes. 21% des victimes sont des personnes de nationalités étrangères et touchent majoritaires des personnes ressortissantes d'un pays d'Afrique. Sans surprise, ce sont les grandes agglomérations qui sont les plus touchées. 


Les français ne savent rien du racisme dit « biologique », c'est-à-dire lié à l'origine ou la couleur de peau. Ce type de racisme  a quasiment disparu en France.  Il n'y a que 9% personnes interrogés, toujours suivant la même étude, qui estiment qu'il existe des « races supérieure ».  Bien sûr, - enfin, on peut deviner - que ce type de racisme est largement partagé à l'extrême-droite. 

 


Ces chiffres nous font découvrir  les « mis en cause », c'est-à-dire les auteurs (présumés) des actes racistes. Ils sont au nombre de 2190 personnes, toujours pour 2017 (une bonne partie des crimes et délits de cette nature sont des faits par des anonymes comme une dégradation d'un bien). Les femmes représentent 29% - et sont par conséquent plus nombreuses que les victimes. Les mis en cause sont plus âgés que les victimes (42 ans de moyenne d'âge contre 30 ans pour les victimes). Les jeunes de moins de 25 ans sont sous-représentés aussi bien du côté des victimes que des mis en cause. Par contre, ce sont les seniors qui sont les plus agressifs représentant, quand même, 25% des « mis en cause » alors que seulement 6% des victimes sont âgés de plus de 55 ans. 


Pour ce qui sont les données du SCRT, il indique peu ou prou ce que Collomb expliquait à la Nation suspendue à ses lèvres  : "

  •  Les actes antisémites comptabilisés baissent depuis 2014, avec encore un léger recul de 7,2 % au cours de l’année écoulée, pour un total de 311 faits (contre 335 en 2015), soit 214 « menaces » (- 17,1 %) mais 97 « actions » (+ 26 %).
  •  Les actes antimusulmans 34 enregistrent une baisse globale de 34,5 % sur l’année écoulée, soit 121 faits (contre 185 en 2016) qui se répartissent en 72 « actions » (+ 7,5 %) et 49 « menaces » (- 58,5 %).
  •  Les autres actes, réunis sous la catégorie générique « actes racistes », enregistrent une baisse de 14,8 %, pour atteindre un total de 518 faits (contre 608 en 2016), dont 85 « actions » (+1,19 %) et 433 « menaces » (-17,36 %)."
     

On constate – là aussi – l'absence d'actes « antichrétiens » qui auraient été identifiés en 2017 par le SCRT. Ainsi, Collomb ne risquait pas de nous en parler. Reste à savoir d'où vient les quelques 1000 actes "antichrétiens" que nous a trouvé Castaner pour 2018, les comparant à 2017 ... 

Les observateurs juifs ou musulmans contestent les chiffres du SCRT. En effet, la catégorie « menace » ne prend pas en ligne de compte les sites internet et les réseaux sociaux. De même, pour tous, les jeunes hésitent à signaler soit des menaces, soit des violences racistes – ce que l'on constate d'ailleurs dans la sous-représentation des victimes de moins de 25 ans qui passent la porte d'un commissariat ou d'une gendarmerie pour déposer plainte. 

Pour eux, l'antisémitisme varie essentiellement en fonction du conflit israléo-palestinien. Il est évoqué une d’« islamophobie sécuritaire », directement liée aux dérives de la politique de sécurité et des discours sécuritaires, comme l'état d'urgence par exemple. 


Le CNCDH appelle, une nouvelle fois, le Ministère de l'Intérieur à utiliser les chiffres de la SSMSI, qui sont plus représentatifs de l'état du racisme, puisque concernant des plaintes réelles – et non pas une prise d'information relativement empirique et contestée à tous niveaux. 


Sans être douée de dons de clairvoyance, le communiqué de Castaner vient de nuire définitivement au sérieux du SCRT, utilisant largement l'ignorance des français quant aux moyens mis en place pour lutter contre les faits racistes ou haineux pour les manipuler. S'il y a bien un poison : il est aujourd'hui politique qui empêche une prise en compte des faits racistes pour faire valoir un projet discriminant. 


Déjà, on peut s'estimer choqué de la minimisation constante des actes racistes – qui ne sont pas que « 950 ou 1000 », mais pratiquement 9000 chaque année et qui touchent majoritairement des ressortissants étrangers. Un racisme de « vieux » … 

 

Les suites judiciaires. 

L'augmentation des prises en compte par la justice des faits racistes ne signifient pas une augmentation du racisme mais une réponse adaptée à ces crimes et délits. En effet, les défenseurs des droits humains reprochent à la justice de refuser, un peu trop, facilement la qualification de racisme, caractère aggravant, dans les condamnations. 

En 2016, le ministère de la Justice indique que 7664 affaires racistes ont été orientées par les parquets avec plus de 6600 « mis en cause », c'est-à-dire une augmentation d'affaires élucidées. Or, une affaire sur deux est classé « sans suite ». Dans 75% des cas, ce classement se justifie parce que l'infraction ne serait pas suffisamment caractérisée. 

Or, ce qui pose problème est que ce classement sans suite, dont le taux est particulièrement élevé, reste une constante. Pour les autres affaires, le classement sans suite pour infraction insuffisamment caractérisée est de 12% c'est-à-dire bien inférieur aux 75 % des crimes et délits racistes. 

Dans 39% des cas, la réponse pénale passe par une poursuite alors que dans les contentieux, le taux est de 44% 

On pourrait analyser le cas "Dieudonné" qui ne fut réellement condamné pour antisémitisme qu'à partir de 2015 alors que les premières plaintes dataient de 2005.  

 

Conclusion. 

Le racisme est une réalité quotidienne avec 25 plaintes par jour dont en moyenne 14 pour des crimes et délits, passibles d'une réponse pénale. Aujourd'hui, on peut prédire que seulement 7 de ces plaintes trouveront une résolution judiciaire et, par là, une reconnaissance du caractère raciste des faits. 

Nous sommes loin de la réalité affichée par le ministère de l'Intérieur qui minimise des faits racistes, en qualifie d'autres d'antichrétiens alors que cette classification n'existe pas que ce soit en 2017 et en 2018. Il fait le jeu des racistes et des antisémites en utilisant une haine - voir en inventant une - pour remplacer une haine. 

 

 

 

 

 

 

 

Observations : 

1) Assimilée à une Autorité Administrative Indépendante (AAI), la CNCDH  est une structure de l'Etat qui assure en toute indépendance, auprès du gouvernement et du parlement un rôle de conseil et de proposition dans le domaine des droits de l’homme, du droit et de l’action humanitaire et du respect des garanties fondamentales accordées aux citoyens pour l’exercice des libertés publiques. 

L’indépendance de la CNCDH est inscrite dans la loi n°2007-292 du 5 mars 2007. La CNCDH  est saisie ou se saisit de projets de loi ou de  propositions relatifs aux droits de l’homme et au droit international humanitaire.

En tant qu'institution étatique indépendante, elle s'oppose d'ailleurs à la loi anti-casseur et fut une des organisations qui alertaient sur les dérives autoritaires et sécuritaire de Castaner. 

2) La loi interdit de qualifier un crime ou un délit du fait de l'origine de son auteur (présumé) ou l'origine religieuse de la victime. Il faut que l'acte raciste soit clairement identifié comme tel. 

3) Les actes "antichrétiens" sont généralement dénoncés par une presse d'extrême-droite et chrétienne. Il existe un "observatoire de la christianophobie" (oui, je sais), qui évoque des crucifix "vandalisé", des églises visitées (et pas par des esprits frappeurs), .... mais aucun acte de violence physique à l'encontre d'un chrétien parce que chrétien.  Même si il est difficile de nier le vandalisme, rien n'indique que c'est la religion qui est ciblée (cela peut être du vandalisme gratuit) et rien ne montre les "suites" à ses affaires.  Toutefois, la lecture, ô combien édifiante de cet observatoire, laisserait entendre que derrière quelques uns de ces actes, la pédophilie des prêtres catholiques seraient une des causes directes ou indirectes d'une partie de ces actes. 

4) Le SCRT (Service Central du Renseignement du Territoire) a été fondé en 2014. Il remplace le SDIG, qui lui a été fondé en 2008. Il est composé d'environ 2000 fonctionnaires de police et serait chargé de renseigner les services de l'état sur diverses menaces - terrorisme, sectaires, et bien sûr "politiques". C'est un service de renseignement au sens originel du genre qui n'a pas d'aptitude à traiter de questions complexes comme le racisme d'une manière globale. 

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M
Vous tenez un discours politique ! Est ce la place pour cela ? Seriez vous mal à l'aise en loge ?
Répondre
L
Oui ... les hommes sont tout aussi jaloux que les femmes et même frustrés ! Merci Valérie de ton commentaire.
V
Ma chère Maçonne, je trouve cette réaction incompréhensible. Comment peut-on te demander de devoir te plier aux règles d'une loge alors qu'il s'agit ici d'un blog ? Nos règles à la GLFF nous permettent de dénoncer le racisme et de traiter de cette question dans une loge lors d'une planche. <br /> Chez moi, on discute souvent de tes articles. On regrette toutes le comportement de ta loge (loge de la GLFF). On a essayé d'en parler à notre CF à l'époque mais elle n'a rien voulu entendre. C'était complètement bidonné dès le départ. Besson a voulu te faire payer. Une bande de jalouses ... hihi ... Tu vas râler. Un truc de nanas frustrées.
L
Ici, autant que je sache, ce n'est pas une loge mais un blog maçonnique. Ensuite, c'est moi qui décide quoi écrire, quoi mettre, quoi faire sur ce blog. <br /> Pour ce qui concerne cet article, je suis néanmoins étonnée ... il s'agit pas de faire état d'études sur le racisme (un peu de culture générale ne nuit à personne) et de faire part des comptes de plaintes réelles en 2017 dites "racistes". En somme, dans la rubrique "politique" de ce blog, c'est certainement l'article le moins politique au sens partisan de ce blog. <br /> Ainsi, Michel, si vous êtes d'une part incapable de présenter ce genre d'article dans votre propre loge, et d'autre part de n'être même pas capable de le supporter sur un blog, cela ne peut que dire que vous vous êtes senti visé personnellement.