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La Maçonne

L'antiféminisme : l'art d'être contre le droit des femmes.

"Journée Internationale des Droits des Femmes" 8 mars 2019 (campagne)

Dés lors que j'ai souhaité traité de ce sujet, j'ai commencé mes recherches. A dire vrai, je m'attendais à trouver de copieuses études sur l'antiféminisme et ses conséquences sociales. Or, il y en a très peu. 
L'antiféministe a pour (seul) objectif de combattre le féminisme et ses nombreux méfaits. Ses arguments sont :

  • différentialiste : la femme a une nature ou une essence si particulière qu'il interdit une réelle égalité, présentée comme une illusion, entre les hommes et les femmes. 
  • sociaux :  le féminisme a détruit l'ordre social, en permettant aux femmes d'avoir des rôles sociaux, économiques ou politiques, identiques à ceux des hommes. Il s'agirait que les femmes n'obtiennent pas trop de droits. 
  • Et divers : les féministes détestent les hommes, veulent les dominer … Quand elles ne sont pas accusée de comploter afin que les femmes – non mais hé ho ! Entendez moi bien des femmes ! Hein ? - dirigent le monde … 

Si le sexisme est l'art de détester les femmes et de les considérer comme des éternelles inférieures, l'antiféminisme a de cela de vicieux et de vicier qu'il s'agit de faire valoir une « certaine idée de la Femme », que ce soit sa féminité, son statut de victime (aussi) et ses aptitudes naturelles comme la douceur, la patiente, son goût inné pour soigner les autres … et je vous passe les clichés. Vous les connaissez. 
Bref, la Femme a toute sorte de qualités intrinsèques directement liées à  ses ovaires, (ne cherchez pas la relation de cause à effet, il n'y en a pas), qualités  qu'elle risquerait de perdre en devenant féministe. Les œstrogènes ont leurs mystères que les féministes ne comprennent pas. 

L'antiféministe est bien français. Il ne s'agit pas  d'une invasion d'un concept anglo-saxon, genre américain, qui toucherait de pleins fouets des débats d'idées sur la place des femmes dans notre société. La réponse au mouvement #metoo d'une 100aine de femmes en est une caricature (lire ici). Vous ne comprenez pas en quoi ? C'est facile. Aucune femme ne demande à être harcelées ou agressées. 
 Considérer qu'il s'agit là d'un rapport de séduction est aussi inepte que de discuter de la vie sexuelle d'un enfant de 13 ans et de considérer qu'il en a une. Comment cela on en discute ? Voilà. Un autre exemple de l'antiféminisme.

Les féministes seraient soit inutiles – car finalement, en France, les hommes aiment les femmes, comme le démontre chaque année les quelques milliers de victimes de violences conjugales (je ne compte pas que celles qui sont tuées) – ou encore elles n'auraient pas « les bonnes méthodes » ou seraient « trop agressives », selon un sondage de Grazia (ouais – on peut douter aussi de la sincérité du truc). Ah ! La douceur des françaises ! 

Après  avoir parcouru les rares études faites sur l'antiféminisme, il s'avère que le sujet est inintéressant. Les antiféministes sont si ennuyeux et prévisibles qu'en fait l'étude du phénomène l'est aussi. Ils n'ont pas évolué depuis le XIXème siècle à tel point qu'ils ne sont que des  antimodernes comme d'autres. D'ailleurs, comme bons conservateurs, ils peuvent être aussi  racistes ou encore homophobes.  Ils ne sont pas les meilleurs démocrates, ni même les plus grands défenseurs des droits fondamentaux. 

Ainsi, on trouve comme exemple de cette nostalgie d'un temps révolu – et cette fois à Madrid – des bus circulant avec l'image d'Hitler comparant le féminisme au nazisme et déclarant que la lutte contre les violences faites aux femmes est de la discrimination faites aux hommes. Oui, ils râlent parce qu'ils ne peuvent plus frapper/tuer leur chère épouse. (source)

Dernièrement, c'est un scandale – lui bien français, bien « entre mecs » et pas des beaufs (quoique) puisque journalistes ou autres communicants : la ligue du LOL (dénoncée par Libération à lire ici) qui est pointé du doigt pour être à l'origine d'un cyber-harcèlement de masse depuis 2009. Des femmes et des féministes ont été les cibles privilégiés de ces individus. Des hommes aussi.  Hormis l'intérêt de cette affaire pour une étude sur les réseaux sociaux et l'effet meute de mâles mononeuroniaux, ce harcèlement n'était-il pas aussi un moyen pour ces journalistes, communicants et publicitaires d'évincer des femmes de postes et fonctions de crainte qu'elles prennent leur place. 

L'antiféminisme, c'est cela. Evincer les femmes des lieux de pouvoir. 

 

 

 

 

 

 

 

ANTIFÉMINISME : PAS D'EXCEPTION FRANÇAISE Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri
La Découverte | « Travail, genre et sociétés »  2014/2 n° 32 | pages 151 à 156 - 
ISSN 1294-6303 ISBN 9782707183316
Article disponible en ligne à l'adresse :https://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2014-2-page-151.htm


 

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