25 Novembre 2019
Toute la rubrique « Femmes, féminisme et société » de ce blog le prouve : je n'ai pas attendu un « grenelle », 138 femmes tuées pour dénoncer les violences faites aux femmes, des manifestations qui obtiennent (enfin!) un impact. L'année dernière encore, à la même date, je rédigeais un article comme je le faisais l'année précédente, et l'année d'avant encore.
Je n'ai jamais hésité à partager le seul et unique communiqué d'une seule et unique obédience maçonnique : la Fédération Française du Droit Humain. La GLFF a communiqué la dernière fois sur la question en 2013 … et quelques 780 femmes tuées par leurs conjoints n'auront pas raison du mutisme de la principale obédience féminine à la cause de femmes.
780 femmes, c'est 130 femmes tuées par an sur une période de 6 ans, mais j'y reviendrais plus avant dans cet article.
Les autres obédiences qu'elles soient mixtes, féminines, ou encore masculines s'en foutent. Disons les choses simplement. Cela, ni ne les intéressent, ni encore ne semblent les concerner, … comme si le sujet n'est qu'un problème de femmes ou de féministes.
Bref, sans m'en rendre compte, je programmais tous les ans le même rituel. On aime les rituels en franc-maçonnerie. Cependant, celui-là – je le crains – ne fait pas grandir la franc-maçonnerie. Il ne fait que démontrer la déconnexion des obédiences à la société.
Les obédiences françaises ne savent pas accorder le féminin dans leur large majorité. Ce n'est pas pour savoir dénoncer les féminicides.
S'il y a environ 130 femmes tuées, ce sont 130 hommes qui ont tués leur conjointe (ou ex-conjointe), soit en 10 ans quelques 1300 hommes qui laissent derrière eux autant de victimes et qui, dans certains cas, ont aussi le sang d'enfants, de parents proches ou encore de voisins. Bref, c'est bien plus un problème d'hommes, d'hommes violents d'ailleurs.
Demeurent tout aussi invisibles les femmes grièvement blessées et qui se trouvent handicapées, séquelles des coups de leurs conjoints. Il y a environ 85 000 plaintes qui sont enregistrées chaque année par les gendarmeries et les commissariats. On sait très bien que les forces de l'ordre n'enregistrent pas toutes les plaintes et se contentent d'une main-courante. Lorsque l'on dénombre les plaintes, on n'indique pas non plus le nombre de plaignantes. 60% de ces plaintes concernent des blessures physiques ... Bien que le nombre de plaintes est conséquent, chaque année, il n'y a que 16 000 condamnations pour ces faits de violence. En somme, comme pour toutes les violences touchant les femmes, la justice ne condamne qu'un faible pourcentage d'entre elles.
Au niveau mondial, ce sont 85 000 femmes qui sont tuées par an par leur conjoint ou un proche (famille). On y dénombre aussi des crimes d'honneur.
Concernant la lutte contre les violences faites aux femmes, le pays modèle est l'Espagne qui a mis en place ces 20 dernières années tout un ensemble de moyens dont des tribunaux spécialisés. Aujourd'hui, l'Espagne ne dénombre qu'une 50 aine de victimes ... et peut s'enorgueillir d'avoir sauver ces 20 dernières années, la vie de milliers de femmes.
C'est cela le sens de cette journée particulière. Sauver des vies.
