14 Décembre 2019
Si quelqu'un trouve que je suis bien absente ces derniers temps sur le blog « la Maçonne », ce sont des mauvaises langues. Si certains comme certaines espèrent que j'abandonne cette folle idée de témoigner d'une franc-maçonnerie féminine, féministe, respectueuse de valeurs fondamentales, qui ne transige pas sur le fond comme sur la forme, ils ou elles se font des illusions qui pourraient même être mauvaises pour leur santé.
Je reste fidèle à ce que je suis (ce qui est déjà pas mal) et à cette indépendance – je dirais même cette liberté que j'ai acquise – indépendance et liberté d'esprit qui, comme chacun et chacune le sait, n'est pas au goût de toutes et de tous.
Il m'a simplement manqué de temps. Du temps, non pas pour réfléchir – mais pour rédiger et terminer la dizaine d'articles que j'ai commencé.
Puis au delà du temps, il y a l'époque.
Je ne suis pas d'une nature pessimiste – loin de là – Or, cette époque n'inspire pas à l'optimisme joyeux et niais. Je fus un des seuls blogs – voir l'unique blog maçonnique à m'insurger contre les violences policières, une justice à deux vitesses, voir même trois vitesse et à ricaner devant l'amateurisme de l'actuel gouvernement comme celui de l'actuel Président de la République, Emmanuel Macron. (In Marianne, "Et si c'était Macron le problème ?") Effectivement, on peut se demander, si ce n'est pas lui – finalement – le problème, lui qui se croit si intelligent qu'il en est définitivement stupide.
Ma critique s'adresse aussi aux obédiences maçonniques. Elles ont démontré dans un très bel ensemble parfaitement organisé qu'elles ne servaient à rien. Elles sont surtout incapables d'avoir ces quelques minutes de compassion à l'égard de citoyens français meurtris, blessés dans leur chair et dans leur esprit par les forces de l'ordre, arrêtés et dont les droits ont été niés par les tribunaux français. Il s'agit de milliers de personnes, de journalistes tentant de faire leur travail d'information (il me semble qu'il y en a une centaine de faits constatés) et d'autant de manipulation coupable des informations par une catégorie de médias.
Le pire est que cela continue. Une année encore. Une année qui se termine par des manifestations – et encore du sang dans nos rues. Se taire est être complice. Je n'aime pas cette complicité tacite, ce silence morne et cette peur de ce qui constitue la démocratie de la Vème République, des obédiences maçonniques françaises. En effet, pour se taire ainsi, il faut avoir bien peur, avoir la frousse, que ce soit la voix du peuple qui construisent la voie de l'Etat et non pas quelques élites au cœur vide et au sens commun absent. (source)
Ce silence restera dans l'histoire de la franc-maçonnerie française et ne pourra que la salir, alors que de nombreux médias français et étrangers, des associations internationales des droits humains n'ont de cesse de démontrer et de dénoncer les atteintes massives aux fondamentaux de manifestation, mais aussi la dangerosité des méthodes policières françaises.
Les obédiences maçonniques en ne prenant pas partie, prennent finalement partie : c'est tout le problème du silence. Elles ne soutiennent pas les violences policières mais les acceptent les considérant, finalement, normales.
L'avocat Régis De Castelnau dans une tribune dénonce :
« L’impression désastreuse laissée par l’installation de cette répression violente se nourrit bien sûr, de son bilan épouvantable en termes de décès, d’amputations, de blessures souvent gravissimes, mais aussi et surtout de cette impression d’une violence complètement débridée, utilisée absolument sans complexe et nourrie par un sentiment d’impunité qui pousse à la surenchère. »
David Dufresne, sur son compte twitter, affichait le 866ème signalement à l'IGPN – vidéo à l'appuie – lors de la manifestation à Lille du 10 décembre 2019 d'un homme traîné à terre sur plusieurs mètres. Le 865ème signalement est un jeune homme jeté à terre, frappé à la tête qui a perdu neuf dents.
Un article de Libération fait, à son tour, le décompte des blessés par les forces de l'ordre le 5 décembre 2019 : des manifestants mais aussi journalistes français et étrangers n'ont pas été épargnés par une brutalité policière sans limite. .
Ces précisions pour montrer que personne ne peut dire qu'il ne savait pas ou qu'il n'avait pas conscience de la gravité des faits. Les obédiences françaises usurpent, aujourd'hui, des missions et des rôles qu'elles ne savent pas tenir.
Le blog « la Maçonne » est le lieu de réflexion pour une autre franc-maçonnerie respectueuse de ses engagements. L'époque et les événements me conduisent à fermer une boucle. C'est en quelque sorte une contextualisation. Je m'explique : les obédiences maçonniques ne sont guère différentes de ce que ce qu'on trouve ailleurs : elles sont un parfait reflet de notre époque. Elles ne peuvent pas être différentes – et ne parlons pas de supériorité – car elles ne s'en donnent pas les moyens et surtout n'ont même pas conscience qu'elles passent à côté de l'histoire.
En fait, si on se demande à quoi sert l'IGPN – question purement rhétorique – tant il s'est ridiculisé en niant la causalité du décès de ce jeune homme, Steve, lors de la fête de la musique , on peut se poser la même question au sujet des conseils fédéraux/ de l'ordre pour les mêmes motifs : le déni d'une responsabilité sur leurs propres affaires internes qui va jusqu'au ridicule et à l'insoutenable.
La différence est la gravité des faits. Les obédiences maçonniques n'ont aucune importance dans notre société. Elles peuvent dysfonctionner tant qu'elles veulent, elles ne peuvent faire du tort qu'à elles-mêmes. Au pire, elles ne peuvent que provoquer à terme leur propre disparition déjà entamée par l'éclatement de ces dernières en micro-structure : loges isolées ou regroupement de celles-ci en micro-obédiences.
Lorsqu'un gouvernement – comme celui actuel – dysfonctionnent : ce sont toutes nos institutions qui sont en danger et avec elles, toute une idée républicaine, un état. Cela devrait nous inquiéter et tout au moins engager une réflexion de fond. Encore faut-il pour cela avoir quelques respects et connaissances de ses fondamentaux.
Nous revenons toujours à la même chose. Pourtant, les événements actuels nous apprennent autre chose. Il faut du courage et l'intelligence du cœur. C'est ce que nous apprend l'époque comme pour toutes époques tourmentées.
Cette mise en parallèle entre les obédiences françaises et la société actuelle, dont je viens de vous présenter une ébauche, ouvre des perspectives d'analyses nouvelles. Après tout les obédiences maçonniques estiment être les gardiennes de l'Etat … au moins.