7 Juin 2020

La crise sanitaire mondiale liée au Coronavirus montre les inégalités entre pays mais aussi entre citoyens et résidents de chaque pays. Inégalités sociales, économiques et politiques, inégalités dans l'accès aux soins et à l'accès à l'information, … Au delà de ces constats, il y a un autre aspect – qui non pas émerge – mais qui devient de plus en plus flagrant : l'irresponsabilité des politiques face aux drames humains que des millions de foyers traversent.
Plus préoccupant, les études « scientifiques » qui ne cessent de se contredire depuis deux mois et demi. Durant toute cette période aucune étude sérieuse n'a été menée pour trouver un traitement pour la forme précoce de la maladie, comme je l'expliquais dans un précédent article.
Le débat sur la chloroquine ne cesse pas d'en finir. La énième étude de « The Lancet » est une nouvelle preuve. Observationnelle, c'est-à-dire analysant les dossiers de patients hospitalisés de manière rétrospective – il s'agit d'une analyse simplement statistique - sur plus de 96000 patients et plus de 650 hôpitaux sur plusieurs continents.
Cette étude statisticienne concluait que la chloroquine n'avait aucun effet et que, de plus, le taux de mortalité était plus élevé pour le groupe ayant reçu la molécule que le groupe sans.
C'est par décret qu'en France que ce médicament n'a été administré que pour les formes graves, en tant que traitement dit « compassionnel », comme le soulignait à l'époque le site Caducee.fr dans cet article
Cet article explique ainsi « En réalité, le HCSP ne recommande l’hydroxychloroquine qu’en dernier recours en cas d’indisponibilité des autres molécules à effet antiviral. Pour les formes légères ou modérées, la recommandation est de ne prescrire aucun traitement spécifique » et de souligner l'avis d'un médecin :
« Si le Dr Maudrux est chirurgien urologue, pour beaucoup il restera à jamais le président de la caisse de retraite des médecins libéraux, la CARMF. Il est très remonté contre la « déplorable » gestion du gouvernent qu’il qualifie d’irresponsable voire de criminel. Sur son blog il dénonce un scandale de la chloroquine.
« Ils continuent de faire le contraire de ce qu’on devrait faire. Je doute fortement que le Plaquenil agisse sur les poumons des patients hospitalisés (l’Azithromycine si). La première indication du Plaquenil, c’est au début de la maladie, en diminuant la charge virale, il diminue la contagiosité et peut éviter l’aggravation et le passage à l’hôpital. Il est probablement plus utile pour éviter l’hospitalisation, que pour les cas déjà sévères »
Ce même décret interdisait aux médecins de prescrire cette molécule aux stades précoces de la maladie.
Cette énième étude, censée prouvée l'inefficacité de la chloroquine et sa dangerosité, a suffit à Olivier Véran, Ministre de la Santé, à réclamer de nouvelles règles de prescription, voulant interdire la chloroquine Il a ainsi abroger son décret qui limitait, déjà, les prescriptions aux seules formes graves dans les hôpitaux.
L'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a stoppé toutes les études, le temps de vérifier celle publiée par « The Lancet ». On a même frôlé le mélodrame avec Ségolène Royal qui a supprimé tous ces tweets sur la question.
L'Europe a été particulièrement absente durant le plus gros de la crise sanitaire – dont je vous rappelle qu'elle n'est pas encore terminée. Les citoyens espagnols et italiens ont été abandonnés. L'entre-aide européenne n'a pas existé. La coopération entre pays fut quasi-inexistante. Quant aux recherches sur le coronavirus au niveau européen, c'est un doux rêve.
Or, l'une d'entre elle était annoncée fin mars en grande fanfare. L'étude européenne Discovery est, en vérité, un flop complet. Les résultats non seulement sont repoussés mais les experts de l'étude sont, eux-mêmes, par des annonces maladroites, des publications sans fondement scientifiques, leurs liens avec des laboratoires dont Gilead, remis en cause. (source)
Tout indique que rien ne sortira de cette étude sur laquelle reposait tous les espoirs. Le gouvernement avait misé sur celle-ci pour conduire sa politique sanitaire de ces dernières semaines, empêchant toutes autres études qui n'entreraient pas dans le cadre.
Cette étude est censée avoir, d'ors et déjà, avoir des premiers résultats sur un panel de molécules dont la chloroquine. Autrement dit, d'avoir déjà un recul – si insuffisant pour publier – suffisant pour mesurer l'éventuelle dangerosité d'une ou plusieurs molécules testées. Ce qui ne semble pas être le cas, car s'appuyant uniquement sur l'étude de The Lancet, Discovery stoppait celle sur la chloroquine. Cela à grand coup d'annonce médiatique.

Ainsi, nous étions – une semaine plus tôt – inondé d'une même et seule information : l'étude publiée dans la revue prestigieuse « The Lancet » mettait fin au débat sur la chloroquine. Les quelques médecins et spécialistes qui critiquaient l'étude passaient pour des fous-furieux et des irresponsables.
Dans un « vrai/faux », le 28 mai, le site de France Info s'efforçait d'enfoncer les retours de Douste-Blazy (que l'on aime ou pas) en se basant sur les données de l'étude.
Ils écrivaient alors "Les écarts pointés par Philippe Douste-Blazy entre les différents groupes étudiés sont réels mais en réalité assez faibles, comme le montre le tableau n°2 de la publication" et plus loin on peut lire aussi : "Les auteurs précisent avoir évidemment pris en compte ces différences de profils entre les groupes. Ils expliquent avoir eu recours à un outil statistique éprouvé : le score de propension." et d'insister encore "Au début de leur suivi, l'état de santé des malades était assez similaire, quels que soient les groupes."
Ce que les médias (français) taisaient ou noyaient, comme ici le 30 mai, toujours par France Info, c'est que la communauté scientifique internationale à laquelle n'appartient pas les scientifiques français, émettait plus que des doutes concernant cette étude. 180 spécialistes adressaient une lettre ouverte à "The Lancet"
Dans cette lettre ouverte, ces médecins constataient que les données analysées n'étaient pas compatibles avec celles, publiées, par les hôpitaux qu'ils soient américains, australiens ou africains et les autorités sanitaires. Les données australiennes de l'étude ne correspondent pas à celles données par le gouvernement australien (trop de décès pour la période concernée).
Plus inquiétant encore, les auteurs de cette étude ont refusé de communiqué la liste des hôpitaux concernés par l'étude. De même, les dosages de chloroquine indiqué dans cette étude ne correspondent pas aux dosages prescrits sur certains continents dont les hôpitaux nord-américains.
Le 30 mai, The Scientist publiait une enquête concernant cette étude couvrant 671 hôpitaux et plus de 96 000 patients.
Cette enquête souligne que les données ayant été utilisées pour cette étude ne sont pas disponibles. Les premiers soupçons se sont portés sur des constats assez simples :
S’intéressant à la société à l'origine de cette étude, Surgisphère et de son principal dirigeant, The Scientist remarque encore que Desai, le dirigeant est poursuivi pour fautes professionnelles depuis le premier semestre 2019 dans trois affaires. De même, l'entreprise elle-même compte à peine cinq employés. Surgisphère tient de la coquille vide.
En sus de cette étude, Surgisphere a publié une étude dans le New England Journal of Medicine au début du mois, basée elle sur 169 hôpitaux en Asie, en Europe et en Amérique du Nord. Là encore, il est impossible pour la communauté scientifique d'obtenir les données, les noms des hôpitaux concernés et même les pays. Cette revue anglaise a décidé de publier une mise en garde la concernant. Surgisphere a refusé, à plusieurs reprises, de remettre les données de l'analyse.
Une semaine après ce déferlement médiatique et ces mesures politiques, nous apprenons que « The Lancet » se rétractait.
Après une mise en garde, The Lancet a lancé une vérification indépendante. Trois des quatre auteurs de cette étude, largement critiquée par la communauté scientifique internationale, à laquelle les scientifiques français n'appartiennent pas, se sont rétractés, ne pouvant assurer la véracité des données qu'ils avaient analysés.
Le 5 juin, The Lancet décide de dépublier l'étude et présente ses excuses à ses lecteurs. Les données demeurant « inaccessibles ».
Les données portant sur 96000 patients et 671 hôpitaux sont fausses. Il s'agirait d'une monstrueuse arnaque.
Si l'arnaque est avérée, la responsabilité incombera à la société Surgisphère et à son dirigeant. On peut accessoirement se demander qui a financé Surgisphère pour monter ce fake. En effet, inventer des données médicales qui paraissent crédibles pour 96000 patients "fantômes", pour prouver la dangerosité d'une molécule, cela ne se fait pas en un jour. Ensuite, trois spécialistes - en dehors du patron de Surgisphère - ont analysé ces données. Ils ont été certainement rémunérés.
Toutefois, pour avoir suivi les nombreux débats sur les études scientifiques et leur validité, cette étude avant d'être publiée sur « The Lancet » a été validée par un groupe de scientifiques indépendants avant publication. Comme aucun journaliste (étranger) n'a réussi à trouver un des hôpitaux concernés par cette étude ayant une relation avec cette société, comment ces spécialistes de « The Lancet » ont réussi à la valider avant publication ?
Comme tout média, The Lancet est responsable de ses publications et, dans ce domaine particulier qu'est la médecine et la recherche médicale, sa responsabilité est importante.
L'OMS a repris les études sur la chloroquine constatant, à son tour, l'arnaque. Discovery reste particulièrement silencieux. Olivier Véran aussi.
Le 2 juin, alors que les journaux étrangers et des spécialistes contestaient depuis plusieurs jours l'étude publiée sur « The Lancet », Olivier Véran déclarait avec toute l'arrogance que l'on connait en macronie "ce n'est pas parce qu'une étude est contestée qu'elle est contestable". "Toutes ces polémiques me passent très, très loin au-dessus de la tête".
La chloroquine (plus exactement son dérivé) est utilisé dans plusieurs hôpitaux depuis de longues semaines avec une surveillance médicale et l'obligation de signaler les effets secondaires. Un taux de mortalité plus important qu'avec un autre traitement aurait été remarqué par n'importe quel praticien en contact avec les patients.
Discovery, comme je le signalais plus avant dans cet article, étudie lui-aussi les effets de cette molécule sur les formes graves du Covid-19 et devrait avoir des premiers résultats. S'ils avaient constaté un taux de mortalité anormalement élevé sur le groupe recevant une molécule (étude dite « à l'aveugle »), l'arrêt de cette molécule aurait été décidé immédiatement. Ainsi, pourquoi Olivier Véran a préféré croire aux résultats d'une analyse statistique sans même prendre le temps de la vérifier plutôt qu'aux résultats et observations émis par ailleurs ?
En attendant que Olivier Veran abroge son abrogation de son décret, un ChekNews de Libération souligne que, contre toute attente, ce sont les classes aisées dans des communes favorisées qui se sont fait prescrire de la chloroquine hors hospitalisation. Ainsi, si la chloroquine est une giletjaunisation de la médecine, comme on le prétend, ce devait être très certainement, les cadres ou les classes aisées qui bloquaient nos ronds-points il y a quelques temps.
Quelque soit le traitement qui permettra de sauver des vies, les politiques n'ont pas à s'en mêler que ce soit pour interdire ou favoriser un traitement plus qu'un autre. En effet, à ce jour, aucun traitement ne donne réellement satisfaction y compris le Remdesivir, selon une étude préliminaire que vous trouverez à la suite de cet article, sur les cas graves.


Pour conclure cet article, voici les résultats des dernières études.
1 - La dernière publication date du 5 juin et s'appelle RECOVERY (lire ici) C'est la version anglaise de DISCOVERY. "Au total, 1542 patients ont été randomisés pour recevoir de l'hydroxychloroquine et par rapport à 3132 patients randomisés pour les seuls soins habituels. Il n'y avait pas de différence significative dans le critère d'évaluation principal de la mortalité à 28 jours (25,7% d'hydroxychloroquine contre 23,5% de soins habituels; rapport de risque 1,11 [intervalle de confiance à 95% 0,98-1,26]; p = 0,10). Il n'y avait également aucune preuve d'effets bénéfiques sur la durée du séjour à l'hôpital ou d'autres résultats. "
L'étude conclut que la chloroquine et son dérivé n'avait aucun intérêt. Vu le taux de mortalité dans les deux groupes, les patients devaient être des cas graves. Toutefois, on n'a aucune donnée sur la situation médicale des patients. On attend les conclusions pour les autres molécules étudiées par RECOVERY.
2 - L'autre étude concerne les patients dits asymptomatiques. Cette étude fut publiée le 3 juin par The New England Journal Of Medecine que vous pouvez trouver ici. "La majorité des études cliniques sur la chloroquine ou l'hydroxychloroquine pour Covid-19 se sont concentrées sur les patients hospitalisés. 5-8 Pourtant, pour modifier la trajectoire de l'épidémie, il faut rompre la chaîne de transmission. Le risque de transmission secondaire des ménages a été estimé entre 10 et 15%" explique l'étude.
Les personnes concernées étaient des personnes exposées au Covid-19 mais ne déclarant pas de symptômes et n'étant pas malades au début de l'étude. Il s'agissait de savoir si la molécule avait un effet préventif.
"Nous avons recruté 821 participants adultes asymptomatiques qui ont été assignés au hasard au groupe hydroxychloroquine (414 participants) ou au groupe placebo (407 participants). [...] Dans l'ensemble, 87,6% des participants (719 sur 821) avaient des expositions à haut risque sans écrans oculaires et masques chirurgicaux ou respirateurs. Parmi ceux-ci, 365 ont reçu de l'hydroxychloroquine et 354 ont reçu un placebo. [...] Dans l'ensemble, de nouveaux Covid-19 (confirmés par PCR ou compatibles avec les symptômes) se sont développés chez 107 des 821 participants (13,0%) au cours des 14 jours de suivi. [...] Deux hospitalisations ont été signalées (une dans chaque groupe). Aucune arythmie ou décès n'est survenu. Il n'y avait pas de différence significative d'efficacité selon le moment du début de la prophylaxie post-exposition ou dans l'un des sous-groupes prédéfinis. Dans l'ensemble, 10,7% des participants (46 dans le groupe hydroxychloroquine et 42 dans le groupe placebo) n'ont pas répondu à l'enquête du 14e jour; parmi ces participants, l'état vital était inconnu pour 36 dans le groupe hydroxychloroquine et 33 dans le groupe témoin."
Le tableau d'analyse montre que 11 % des patients sous hydroxychloroquine ont déclaré des symptômes (tous n'ont pas été testés) alors que pour le groupe sous placebo 14% des patients ont déclaré des symptômes. "Nous reconnaissons que cet essai a des limites. En raison du manque de disponibilité des tests de diagnostic aux États-Unis, la grande majorité des participants, y compris les agents de santé, n'ont pas pu accéder aux tests. Ainsi, une définition de cas symptomatique a priori a été utilisée - la définition de cas clinique aux États-Unis de Covid-19 probable."
3- Enfin, fut publié dans l'indifférence générale, le 22 mai, un rapport préliminaire concernant le Remdevisir que vous pouvez trouver ici. Si il est préliminaire, il demeure bien plus précis que la publication RECOVERY cité ci-dessus. Par ailleurs, le taux de mortalité est bien inférieur à celui de l'étude de RECOVERY (11 % et 14%) pour la cohorte de patients étudiés, laissant supposé que l'état des patients étaient en moyenne meilleur que ceux traités sous RECOVERY.
"Sur les 1107 patients dont l'admissibilité a été évaluée, 1063 ont été randomisés; 541 ont été attribués au groupe remdesivir et 522 au groupe placebo [....] Au 28 avril 2020, un total de 391 patients dans le groupe remdesivir et 340 dans le groupe placebo avaient terminé l'essai au 29e jour, récupéré ou décédé. Huit patients qui ont reçu du remdesivir et 9 qui ont reçu un placebo ont mis fin à leur participation à l'essai avant le jour 29. Il y avait 132 patients dans le groupe remdesivir et 169 dans le groupe placebo qui n'avaient pas récupéré et n'avaient pas terminé la visite de suivi au jour 29. La population analysée comprenait 1059 patients pour lesquels nous disposons d'au moins certaines données post-basales (538 dans le groupe remdesivir et 521 dans le groupe placebo). Quatre des 1063 patients n'ont pas été inclus dans l'analyse principale car aucune donnée post-basale n'était disponible au moment du gel de la base de données. [...]
Les patients du groupe remdesivir ont eu un temps de récupération plus court que les patients du groupe placebo (médiane, 11 jours, contre 15 jours; taux de récupération, 1,32; intervalle de confiance à 95% [IC], 1,12 à 1,55; P < 0,001; 1059 patients. [...] La mortalité était numériquement plus faible dans le groupe remdesivir que dans le groupe placebo, mais la différence n'était pas significative (risque relatif au décès, 0,70; IC à 95%, 0,47 à 1,04; 1059 patients)
Les estimations de Kaplan – Meier de la mortalité à 14 jours étaient respectivement de 7,1% et 11,9% dans les groupes remdesivir et placebo."
Plus simplement, le taux de mortalité est légèrement plus faible sous traitement de Remdesivir (11% contre 14%) par rapport un placebo. Par ailleurs, si le temps de récupération est plus court, les incidents graves ont touchés autant les patients sous placebo que sous Remdesivir. "Des événements indésirables graves sont survenus chez 114 patients (21,1%) dans le groupe remdesivir et 141 patients (27,0%) dans le groupe placebo (tableau S3); 4 événements (2 dans chaque groupe) ont été jugés par les enquêteurs du site comme étant liés au remdesivir ou au placebo."
Et de conclure : "Ces résultats préliminaires soutiennent l'utilisation du remdesivir pour les patients hospitalisés avec Covid-19 et qui nécessitent une oxygénothérapie supplémentaire. Cependant, étant donné la mortalité élevée malgré l'utilisation du remdesivir, il est clair que le traitement avec un médicament antiviral seul ne sera probablement pas suffisant. Les stratégies futures devraient évaluer les agents antiviraux en combinaison avec d'autres approches thérapeutiques ou combinaisons d'agents antiviraux pour continuer à améliorer les résultats pour les patients dans Covid-19."
Autrement dit, le Remdevisir donne des résultats intéressants puisque baissant le taux de mortalité de quelques points par rapport à un placebo, mais est loin du traitement miracle espéré.