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La Maçonne

Les affaires de violences sexuelles en politique

Si on devait faire une statistique, 5% à 8% (1) des députés, ministres et autres secrétaires d'état de la majorité présidentielle ont été compromis (ou le sont encore) dans des affaires judiciaires, jugées ou en phase de l'être lors du premier mandat.

Le premier mandat d'Emmanuel Macron fut le plus corrompu parsemé d'affaires mais aussi le plus violent à l'égard des femmes et des hommes. 

Une recrudescence d'affaires de violences sexuelles ou de violences intrafamiliales a été à l'origine de nombreuses polémiques. Rien ne nous a été épargné : jusqu'à une affaire de pédophilie (2)

Etat des lieux. 

C'était, non sans stupeur, que nous découvrions les accusations contre Nicolas Hulot, alors ministre, pour une affaire de violences sexuelles et de viols, puis celles concernant Gérald Darmanin, puis enfin une série d'accusations concernant des faits de harcèlements, de violences sexuelles et d'agressions de la part de députés – dont les plus représentatifs sont Benoït Simian, condamné pour harcèlement (41 faits ont été relevés) ou encore Peyrat (sa victime, c'est-à-dire, son ex-conjointe déclare 14 jours d'ITT (3)). Cela juste pour le premier mandat de Emmanuel Macron.

Pour son second mandat, on retrouve toujours Gérald Darmanin (appel), mais deux autres personnalités politiques accusées de viols et de violences sexuelles : Damien Abad qui fut quelques mois ministre, et une secrétaire d'Etat, ex-gynécologue, accusée par 4 femmes de viols (6 femmes à ma connaissance témoignent dont une mineure à l'époque des faits)
Malgré cela, Chrysoula Zacharopoulou est maintenue dans le gouvernement d'Elisabeth Borne malgré le dernier remaniement qui a évincé Damien Abad, réélu à son poste de député et brillant, d'ailleurs, par son absence. 

 

Condamnée une première fois  en 2021, l'appel au Prud'hommes confirmera la condamnation de Sira Sylla, députée LREM, pour harcèlement moral. Elle sera condamnée dans une seconde affaire de harcèlement moral par le tribunal des Prud'hommes (80 000 € de dommages et intérêts). Malgré cela, elle sera réinvesti par Emmanuel Macron en 2022. 
Quant à Leatitia Avia qui, elle aussi, est accusée de harcèlement moral sous fond homophobe et raciste, par cinq collaborateurs. Son procès aura lieu en 2023 en correctionnel. 

Stéphane Trompille, lui, sera condamné pour harcèlement sexuel dès 2020. Si Macron aura la décence de ne pas l'investir en 2022, il continuera tranquillement son mandat alors que les faits datent de 2018. 
Ce sera la même chose pour  M'jid El Guerrab, condamné à un an de prison ferme et deux ans d'inéligibilité en 2022, En 2017, il a frappé violement avec son casque de scooter le député PS Boris Faure, qui le crâne fracassé passera 3 jours dans le comas. Cela ne semblera pas émouvoir la majorité présidentielle qui ira jusqu'à le réinvestir quelques jours après sa condamnation. 

J'arrête là, cette longue liste d'affaires de violences, de harcèlement et d'agressions qui émanent de personnalités politiques issues de la majorité présidentielle. 
 

Famille Père Mère - Image gratuite sur Pixabay

Une cellule toujours opaque à l'Assemblée Nationale. 

 

Rappelons que l'Assemblée Nationale dispose d'une cellule (et oui) d'écoute concernant le harcèlement moral et sexuel.
Celle-ci est composée de spécialistes  pluridisciplinaire  d’avocats, de juristes et de psychologues. et serait ouverte 24h/24 et 7j/7. Un numéro vert est même disponible, cela depuis la 1er février 2020. Les problèmes de harcèlements au sein de l'Assemblée Nationale doivent être assez graves pour le nécessiter.  

Si certains critiquent l'existence des cellules (4) de LFI (La France Insoumise) ou encore de EELV (Europe-Ecologie Les Verts), la cellule de l'Assemblée Nationale est censé avoir le même type de fonctionnement écoutant les plaignantes et plaignants, ou encore transmettre les éléments à la hiérarchie. L'Assemblée Nationale, outre les collaborateurs des parlementaires, disposent d'une équipe de fonctionnaires plutôt nombreux. 

Bien que Yael Braun-Privet se félicite de l'exitence de cette cellule, la démarche pour cette macroniste reste la même : le silence, ne rien faire et attendre que la justice décide. 
Ainsi, en 2019, les agissements de Pierre Cabaré (LREM, harcèlement moral et sexuel et même agressions) ont été signalés avec des témoins sans que ce dernier ne soit inquiété au sein de l'Assemblée nationale, alors que l'Inspection du Travail avait été saisi. Il a continué son mandat comme si de rien n'était. 

Pour les 40 premières affaires comptabilisés durant les huit premiers mois de son existence, on ignore la proportion de parlementaires parmi les accusés et accusées, le type de faits (harcèlement, agressions, etc) et les suites données (sanctions). Surtout, on ignore si la justice a été saisie et combien de fois (et à l'initiative de qui). 

Cette cellule d'écoute est particulièrement opaque. Tout au plus, pouvons nous soupçonner, puisque c'est la seule affaire connue de ce type, qu'elle a signalé les agissement de Laetitia Avia à la justice, alors son parti n'a pris lui aucune disposition la concernant. 

 

Faux Nouvelles Médias - Photo gratuite sur Pixabay

LREM : soutenir  des auteurs de violences. 

Dans tous ces cas de violences sexuelles ou même de harcèlement moral de députés à l'égard de collaborateurs, la stratégie politique de la majorité présidentielle a été de détourner le regard, nier les faits, refuser tous compromis pour écarter les uns ou les autres, voir même certains ont été protégés par Emmanuel Macron jusqu'à être réinvestis. 

Quant à celles et ceux, les cadres et responsables du mouvement politique « En Marche », c'est tour à tour un déni sous le couvert de la « présomption d'innocence » et toujours une minimisation des faits.  


Tous ces hommes et ces femmes auront le même discours : ils minimiseront les faits, et même certains jusqu'à les nier, cela même une fois condamnés. 

Aucun d'entre eux n'auront un mot pour leurs victimes, aucune excuse, aucun regret, aucune prise de conscience. Eux comme d'ailleurs leurs collègues, le gouvernement ou bien entendu Emmanuel Macron.

 

Nul doute que l'on rencontrera, lors de ces prochaines années, de nouvelles affaires de harcèlement moral mettant en cause des parlementaires sans que Aurore Bergé ou Yael Braun-Privet ne bougent une oreille. 

L'Assemblée Nationale (majorité LREM) refusera de lever l'immunité parlementaire de Benoît Simian, qui non seulement harcèlera sa femme mais sera aussi accusé de harcèlement sexuelle par son assistante parlementaire. 

 Aurore Bergé concernant les accusations concernant l'ex-gynécologue expliquera que « On dérive profondément si on pense qu’un gynécologue, qui aurait éventuellement eu des gestes brusques, deviendrait […] maltraitant ».  Chrysoula Zacharopoulou s’est plus qu’investie pour « mettre sur le devant de la scène » des maladies telles que l’endométriose, précisera-t-elle
 Or, l'ancien chef de service de Chrysoula Zacharopoulou, Émile Daraï, gynécologue renommé de l'hôpital Tenon à Paris  est lui aussi visé par une enquête judiciaire pour viol. 
Une commission d'enquête interne de l'Hopital Tenon, ayant entendu jusqu'à 20 plaignantes (!) reconnaît les agressions et souligne le caractère systématique au sein du service. Suite à la 2nde plainte, l'enquête judiciaire porte sur des « viols en réunion ».
 
A ce jour,  Emile Daraï doit répondre de ses actes face à une 100aine de témoignages, y compris des internes, laissant planer, par ricochet, un véritable doute concernant les pratiques de son ancienne élève et collaboratrice Chrysoula Zacharopoulou. 
Il n'existe donc pas, contrairement, à ce que Aurore Bergé explique une « dérive » dans les accusations mais une réalité monstrueuse que dénonce des associations féministes et qui, malheureusement, ne datent pas d'hier au vu des condamnations de nombreux gynécologues ces dernières années.

Elisabeth Borne se cantonnera à réinventer l'eau chaude en saisissant le Comité National d'Etique, afin que les praticiens puissent prendre les mesures nécessaires afin de valider le consentement des patientes. Une telle charte existe déjà. En somme, pour Elisabeth Borne, ce sont les patientes qui ne comprennent pas tout.

A les entendre, Borne et Bergé ne sont pas loin de souhaiter compter Emile Duraï dans les hautes fonctions au sein de leur gouvernement ! 

Il faudra attendre le prétexte d'un remaniement pour voir Damien Abad, la seule prise de 2022  "Les Républicains" de Macron, évincé de ses fonctions de ministres. 

Quant à l'affaire « Nicolas Hulot », l'intervention de Marlène Schiappa, alors secrétaire d'état pour l'Egalité des hommes et des femmes et qui se présente comme féministe, est assez révélatrice du peu d'entrain politique à protéger les femmes victimes de violences sexuelles. 
Emmanuel Macron avait demandé à Marlène Schiappa de s'engager pour sauver Nicolas Hulot. Il fut imaginé de les voir ensemble à l'Assemblée Nationale et la rédaction d'une tribune, signée par Marlène Schiappa qui considérait que les victimes « bafouaient la parole des femmes ». Le bon vieux truc d'accuser les victimes d'être la cause des violences qu'elles ont subie a été sa ficelle préférée. 
Ainsi, disait -elle « Je pourrais répéter cela. Je pourrais ajouter que c'est "un homme charmant" (c'est le cas), "respectueux" (c'est le cas), que je pense à son épouse et ses enfants (c'est le cas), qu'il porte un combat majeur pour l'avenir de la planète (c'est le cas) ; mais en quoi cela apporterait-il quoi que ce soit, dans un sens ou dans un autre? » et de continuer plus loin : 
« Une seule sempiternelle question : que pensez-vous de l'article sur Nicolas Hulot? Alors, voilà ce que j'en pense : je le trouve irresponsable, cet article. Quand j'entends sur un plateau de télévision l'une de ses auteurs dire solennellement qu'elle appelle les femmes victimes de viol, "par lui ou un autre", à contacter la presse, je trouve cela abject. Parler d'une agression sexuelle pour la première fois doit pouvoir se faire dans un cadre sécurisé, pour le bien de la victime, auprès de personnes formées ou empathiques qui n'ont aucun intérêt personnel à l'orienter vers tel ou tel point. #BalanceTonPorc et #MeToo avaient une intention éloignée de cela. » 

Comment une « féministe » peut avoir écrit une telle tribune en protégeant  ce type de personnage sans aujourd'hui en avoir honte ? Là, c'est un autre mystère que personne ne saura expliquer. Pourtant, la plainte relatée par feu le journal Ebdo pour agression sexuelle était de Pascale Mitterrand, mineure lors des faits.

Si Schiappa et le gouvernement faisaient tout pour couvrir Nicolas Hulot, personnalité emblématique dans le monde de l'écologie, le parti EELV, lui, décidait de ne plus l'inviter  ses manifestations et événements comme l'explique le média indépendant Reporterre

Par la suite, quatre femmes racontaient avoir été victimes d'agressions sexuelles de la part de Nicolas Hulot. 

Avec le recul, au regard des affaires qui ont suivies, on comprend cependant mieux en quoi Marlène Schiappa fut utile à Emmanuel Macron. Elle n'a pas donné qu'une « caution féministe » (je pense que les féministes de tout bord même les plus modérées ne la prennent plus au sérieux depuis longtemps) mais a aidé à couvrir des violeurs, agresseurs et autres harceleurs présumés. 

1,509 Agression De Femme Photos libres de droits et gratuites de Dreamstime  - Page 5

Conclusion. 

A la lueur de ces nombreux errements, et c'est peu dire, aujourd'hui encore, la majorité présidentielle n'a pas pris la mesure des violences faites aux femmes et encore moins de s'interroger sur les politiques abuseurs en tout genre. Ils ne savent que se vautrer dans la contestation d'affaires concernant leurs opposants politiques – qui pourtant prennent des mesures qu'eux mêmes se refusent et critique dont une cellule qui évince (un peu trop?) systématiquement les accusés (LFI, EELV, ..). 

En effet, si la gifle de Quatennens n'est pas acceptable, ce dernier l'a reconnu bien qu'elle date d'une année et que les traces sont certainement effacées depuis longtemps, n'en minimise pas l'effet (autant que l'on sache) et sait se retirer de ses responsabilités au sein de son propre parti. On peut aussi se dire que la justice, comme le font si bien les membres de la majorité présidentielle, tranchera.  

EELV est au prise, de son côté, avec une affaire de violences dont on ignore tout (et même la qualification exacte) mettant en cause Julien Bayou. Il n'existe aucune plainte et élément judiciaire à ce jour. De plus, la plaignante a refusé de s'adresser à la cellule d'enquête de EELV. Par ailleurs, l'accusé dispose de SMS de son accusatrice mettant en doute le sérieux de sa plainte alors que Sandrine Rousseau apporte un autre éclairage sans pour étant plus précise sur les faits. En attendant que les choses s'éclaircissent, Julien Bayou s'est mis en retrait de son parti afin que ce dernier ne soit pas accusé de couvrir des agissements violents. 

 

Pour obtenir un tel résultat, soit une mise à l'écart le temps que les choses se règlent, ou encore espérer obtenir la démission de Gérald Darmanin et la secrétaire d'Etat Chrysoula Zacharopoulou, il faudrait au moins une révolution féministe digne de celles des iraniennes à brûler des effigies  sur la place publique et à saccager un monument phallique et républicain qui reste à définir. 


Oui, nous en sommes là

 

 

 

 

 

 

Notes : 

1 - 5% est une côte mal taillée. A raison de 400 députés (1er mandat), ministres et secrétaires d'Etat, il y aurait une 20aine d'entre eux mis en cause dans des affaires. Hors MoDem, on compte 15 affaires dans ce récapitulatif.  
Les affaires concernant les députés LREM ne sont pas cités. Il y aurait une 10aine d'affaires les concernant. 


 
2 - Matheus Branquinho, suppléant de la députée LREM Valéria Faure-Muntian, dans la 3e circonscription de la Loire, est soupçonné d’agressions sexuelles sur deux fillettes de 6 et 8 ans  et de détention de plusieurs milliers d'images  pédopornographiques. En 2021, il était en détention provisoire. 

 

3- Contrairement à ce que souhaite faire croire certains commentateurs, la justice applique une graduation dans la gravité des violences. 
Le viol est du pénal, l'agression sexuelle du correctionnel et quand aux coups et blessures, le nombre de jours d'ITT est un indicateur (avec un barème financier ) . 
Les différentes affaires de harcèlement moral  connues ont été traitée dans le cadre des Prud'Hommes pour Sira Sylla. Elle a été condamnée deux fois suite à deux plaintes de ses ex-collaborateurs. Les affaires couvrent toute la période 2019 à 2020. 
Quant à Laetitia Avia, qui nie les faits, elle sera jugée en mai 2023 pour harcèlement moral (homophobie et racisme) en correctionnel. 


La nomenclature Dintilhac  (2005) permet aux victimes de mesurer leur préjudice selon différents critères qui ne s'arrêtent pas aux nombres de jours d'ITT, mais aux dépenses, les séquelles, etc. Si la loi n’impose pas cette nomemclature, la majorité des juridictions à l’heure actuelle l’applique. Les politiques ne peuvent ignorer (ou faire semblant de le faire) que les violences faites aux femmes ont augmenté de 30% cette dernière année, en France. 

 

4 - Alors que tous les partis de gauche disposent de cellules afin de permettre aux victimes de trouver un recours interne, Les Républicains, par Bruno Retailleau, réfléchissent pour mettre en place une cellule identique. N'oublions pas que les faits reprochés à Damien Abad datent de la période où il était militant dans ce parti politique et qu'aucune des victimes n'ont eu l'occasion de le signaler.

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