18 Août 2024
Le GODF ne manque pas de structures et de règlements internes, constitués au fil des années – sinon des décennies. Aujourd'hui, nous assistons à une désagrégation de ces dernières que ce soit l'exécutif avec le Conseil de l'Ordre et son Grand Maître – comme avec la Chambre Suprême de Justice Maçonnique.
Entre les premiers qui couvrent leurs escrocs « maison » et les seconds qui s'octroient une « immunité », il y a de quoi s'interroger sur l'avenir du GODF ces prochaines années. Certes, dira Gérard Contremoulin … le GODF est beau-grand-alléluia avec ces 50000 membres. Or, tous les enfants le découvrent amèrement devant une coupe de glace au chocolat : la quantité ne fait pas la qualité.
Dans un précédent article de réflexion générale, je disais que toutes les obédiences connaissent des membres condamnés et/ou en délicatesse avec la loi (profane, française et de la République). C'est la manière dont elles les gèrent qui importe.
Pour le GODF, la manière de le gérer est de mettre à la tête de la Chambre Suprême de Justice Maçonnique un membre de Alliance-Police, connu pour ses propos négationnistes, et qui demande l'avis – de son propre aveu – au Conseil de l'Ordre et de l'autre d'avoir un Grand Maître et un Garde des Sceaux, tous deux membres de l'UNSA … qui n'ont eu de cesse de protéger ses petits copains pour des raisons quelques peu légères.
Il est temps de se rappeler des fondamentaux de la franc-maçonnerie.
Nous sommes à une époque où ceux qui dénoncent le racisme, l'antisémitisme, y compris les propos négationnistes, se font traiter de « ultra-gauche-wokiste-islamo-gauchiste » … y compris par des francs-maçons ! J'ai testé pour vous en publiant l'article concernant notre Jean-Luc G de la loge « St-Jean de Jérusalem » à Nancy.
L'appartenance à une structure classée à l'extrême-droite est logiquement un motif d'exclusion pour le GODF. Or, accessoirement, on découvre qu'un ex-secretaire général de Alliance-Police est membre du GODF. Alliance-Police est un syndicat policier classé à l'extrême-droite depuis plus de 5 ans !
Les policiers de Nancy, dont les CRS, se sont illustrés à différentes reprises pour avoir protéger des milices d'ultra-droite.
« le 26 avril 2023, lors d'une manifestation anti-Zemmour, des nostalgiques de Pétain, des bourgeois bien mis et propres sur eux, s'étaient placés juste derrière les CRS et avaient tranquillement entonné « Maréchal nous voilà », dans l'indifférence totale de ces derniers. » raconte BLAST, site internet spécialiste de la lutte contre l'extrême-droite, vidéo à l'appuie de cette séquence.
Est-ce que ce sont ces milices et policiers que défend le GODF en préservant Jean-Luc G d'une exclusion du fait de son appartenance ?
En effet, on ne l'y voit pas secouer les CRS de sa ville.
En dehors de Stéphane Lemercier, capitaine de police, syndiqué à la FSU qui témoigne dans l'article cité , on n'y voit pas le syndicat Alliance à ses côtés pour s'insurger sur ces méthodes policières et son racisme endémique. Pire encore, Alliance Police a largement soutenu Eric Zemmour, réfute toutes les accusations de racisme et de violences policières, les estimant toutes « légitimes » et réclame un permis de tuer. (Sources ici)
Que faut-il de plus pour que des frères et des sœurs, même les plus à droite , considèrent que ce syndicat et ses représentants se situent à l'extrême-droite ? Considérer que les nazis ont fait avancer la science ? Ben, cela tombe bien, Jean-Luc G l'a fait.
Et il est devenu Président de la Chambre Suprême de Justice Maçonnique !
“Le Juif, [..] est et demeure le parasite type, [..], qui tel un bacille nuisible, s’étend toujours plus loin, sitôt qu’un sol favorable l’y incite. Là où il se fixe, le peuple qui l’accueille s’éteint au bout de plus ou moins longtemps.”
— Sabrina AliBenali (@DrSabrinaaurora) June 30, 2023
Adolf Hitler — 1925-1926
« L’heure n’est… pic.twitter.com/0nSIgKQyY8
"Eux contre nous". La police contre les sauvages noirs et arabes. Ces nuisibles comme le furent les juifs en un autre temps ou les tutsis au Rwanda. Alliance et UNSA police utilisent désormais une diatribe raciste genocidaire et appellent en filigrane a des tueries de masses. pic.twitter.com/37Em7OFZKz
— Arié Alimi Avocats (@AA_Avocats) June 30, 2023
Lorsque l'on s'engage en franc-maçonnerie, on s'engage à respecter les "lois du pays ». J'ai repris l'expression de la GLFF (Grande Loge Féminine de France) mais j'imagine que le GODF a la même chose dans ses différents articles (à moins que non, ce qui n'excusera rien).
Suite aux affaires politico-financière des années 1990, le GODF avec d'autres obédiences ont mené des opérations « Monsieur Propre ».
Les obédiences maçonniques avaient connu une autre crise dont les conséquences ne peuvent qu'être rappelées.
En 1934, de nombreux frères du GODF et la GLDF étaient compromis dans l'affaire Stavisky, une fraude avec la mise en circulation de faux bons au porteur pour un montant de 261 millions de francs.
Cette affaire a eut un retentissement à plus d'un titre. Les protagonistes étaient tous francs-maçons et bons nombres d'entre eux parlementaires. La GLDF a exclu plus de 600 frères et le GODF s'est trouvé en difficulté. Cela a donné lieu, en dehors des émeutes meurtrières, des rassemblements antisémites et antiparlementaristes de l'extrême-droite, à la première interview d'un grand maître du GODF : Arthur Groussier.
« Nous avons rayé, sans les entendre, les francs-maçons arrêtés ou inculpés. Nous prendrons les mêmes mesures à l’égard de ceux qui apparaîtraient coupables. » expliqua-t-il alors, sans paraître très dingue du "droit à la défense". Ce qui n'était pas tout à fait vrai.
En réalité, le GODF mettra deux ans pour exclure les frères mis en cause.
Comme les francs-maçons concernés étaient aussi des politiques, des juges, des policiers, une crise politique et démocratique s'en suivi. On sait, aujourd'hui, qu'elle conduira en partie à la 2nde Guerre Mondiale et au Pétainisme.
Lors du Convent de septembre 1934, le frère Georges Voronoff déclarera : « La grande part de cette crise |politique, du pays] est due à nous-mêmes. Nous avons oublié la véritable tradition maçonnique, l’observation stricte de notre Constitution, le but moral et l’idéal admirable de la vraie Maçonnerie ».
Louis Doignon, Grand Maître de la Grande Loge de France, dira en décembre 1933 dans une réunion maçonnique : « La Franc-maçonnerie est attachée plus que jamais à des formes supérieures de la vie sociale qu’elle pensait définitivement acquise par la civilisation : la liberté d’opinion et d’expression, le respect de la pensée et de la civilisation humaines, la souveraineté du peuple et l’élimination de la force dans les rapports entre les hommes et les nations. Or, la valeur de ces principes est remise en cause par l’institution de régimes qui prétendent justement les éliminer de la vie sociale. »
En décembre 1935, l’extrême droite demandera l'interdiction de la Franc-maçonnerie à la Chambre des députés. La proposition de loi sera rejetée … mais nous savons que 5 ans plus tard, une des premières actions de Pétain sera d'interdire les obédiences maçonniques et d'exclure les frères de toutes les fonctions publiques.
Ce rappel historique permet de prendre du recul dans le débat. Le problème du GODF en 1934 est le même qu'en 2024, ce n'est pas vraiment la présence d'escrocs dans ses rangs qui est contestés, c'est d'avoir mis du temps (2 ans en 1934 …) pour les avoir exclus.
Cela a conduit à renforcer l'extrême-droite qui, pour le coup, n'avait pas besoin d'inventer de toutes pièces un complot politico-maçonnique.
Le numéro 108 de la Chaine d'Union ayant pour thème « les habits neufs de l'antimaçonnisme » montre que l'antimaçonnisme existe toujours sous les mêmes formes : religieuse (chrétienne), complotiste et d'extrême-droite. Malheureusement, ce numéro fort intéressant ne propose pas un article sur la responsabilité des obédiences maçonniques et ne s'interroge pas vraiment sur le fait que l'anti-maçonnisme n'est qu'un élément d'une problèmatique sociale plus large incluant l'antisémitisme, l'anti-républicanisme et bien entendu s'oppose aux droits humains. L'anti-maçonnisme n'est jamais « tout seul » sinon il ne servirait à rien.
Le GODF comme l'ensemble des obédiences maçonniques françaises n'ont pas pris la mesure ces 10 dernières années de la montée de l'extrême-droite et l'ont « combattu » très mollement, intégrant dans ses rangs lepenistes et autres zemmouristes en toute connaissance de cause.
Il faut dire que ces dernières années, les obédiences maçonniques n'ont pas eu la chance d'avoir à leur tête des hommes et des femmes visionnaires et, encore moins, épris de Justice – à part quelques rares exceptions.
Aujourd'hui, nous comptons plus de 120 députés d'extrême-droite au Parlement national.
Pensez-vous vraiment qu'ils soient très différents de leurs ancêtres idéologiques de 1934 ?
Qui choisira un Jean-Luc G, par exemple, si l'extrême-droite, une fois au pouvoir, décide de mettre tout en œuvre pour faire interdire les obédiences maçonniques ? Son syndicat policier ou sa loge ? Il choisira celui qui sera le plus fort et le plus utile à ses intérêts personnels – et autant dire que le GODF ne risque pas de faire le poids.
Pour des Alphonse A, Yvan V, Pimprenelle et Nicolas, Ferry B ou encore Géplu du Hiram.Be ... et j'en oublie certainement, salissent des milliers de francs-maçons par leurs malhonnêtetés. Ils fraudent, au sens propre comme au sens figuré, leurs loges et leur obédience comme leur pays.
Notez que moralement, et dans certains cas prévus par la législation, lorsque l'on a connaissance d'un fait contraire à la loi, comme une fraude, une escroquerie, et/ou que d'une manière ou d'une autre on la couvre et empêcche sa divulgaton, on est complice. Est-ce que les conseillers de l'ordre et les divers conseillers de la Chambre de Justice Maçonnique veulent être considérés complices de la fraude au RSA de Alphonse, avoir soutenu les mensonges de Pimprenelle pour intégrer le GODF ou encore de l'escroquerie à la société fictive et fraude fiscale de Géplu / Hiram.Be ?
Est-ce cela leur sens de l'éthique maçonnique ?
Le premier rôle d'une obédience est de se montrer exemplaire – et au moins de compter dans ses rangs des hommes et des femmes, honnêtes et droits en toutes occasions. Une obédience doit se montrer intransiègeante avec ses fraudeurs, menteures et escrocs.
Le respect des lois du pays ne doit plus être considéré comme une option, mais comme une condition.
Ce n'est pas demander l'impossible …
Pourtant.
Sources
LEFEBVRE Denis, « Années 30 : la franc-maçonnerie au péril de ses faiblesses », La chaîne d'union, 2009/3 (N° 49), p. 38-47. DOI : 10.3917/cdu.049.0038. URL : https://www.cairn.info/revue-la-chaine-d-union-2009-3-page-38.htm