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La Maçonne

Après Ève.

Après Ève.

Si la pensée féministe considère que les hommes et les femmes ne doivent pas être assignés à des rôles sociaux, économiques et culturels du fait de leur seul sexe, ouvrant ainsi à tout un champ d'études sur ce qu'est le genre, il faut avouer que l'idée n'est pas accepté – loin de là – par tous. Les opposants aux études du genre estime qu'il existe un « ordre naturel », dans lequel homme et femme ont un rôle déterminé par la biologie. Cependant, l'idée – elle-même – a été développée, du-moins renouvelée, par le Cardinal Joseph Ratzinger, au sein de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, en 2004, dans une « LETTRE AUX ÉVÊQUES DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE
SUR LA COLLABORATION DE L'HOMME ET DE LA FEMME
DANS L'ÉGLISE ET DANS LE MONDE » accessible ci-dess
ous.

Le Vatican est, très certainemet, à l'origine non seulement d'une définition du rôle assigné à l'homme comme à la femme, mais aussi est toujours opposé à toutes évolutions des droits de la femme. Il est un des rares pays à n'être pas signataire du CEDAW. Il s'est souvent opposé à l'adoption de droits pour les femmes, comme celui de la contraception ou l'IVG. Par exemple, aux Philipines, l'Eglise menaçait d'excommunication tous membres du gouvernement qui soutenait un projet de loi permettant aux femmes l'accès gratuit à la contraception, alors que 15 femmes par jour meurent des conséquences d'une grossesse et que des milliers d'enfants vivent dans la rue. En 2013, encore, l'Eglise Polonaise menait un campagne contre les féministes les accusant d'être responsable des actes de pédophilie des prêtres !

La doctrine catholique définissant les rôles sexués des hommes et des femmes n'est pas mineure et encore moins sans conséquence pour la vie d'enfants et de femmes dans le monde.

Voilà pourquoi que je me suis penchée sur ce texte. Il présente, en effet, sur plusieurs axes l'ensemble de celle-ci. Le cardinal Ratzinger présente, tout d'abord, le problème puis une approche biblique justifiant la position du Vatican et conclut par une présentation « des valeurs féminines dans notre société ».

Le problème selon le Vatican.

Se disant « experte en humanité », le Vatican expose plusieurs tendances. L'analyse du problème, comme on le verra, oriente la suite de la réflexion. Il s'agit, en fait, dans cette partie de présenter la société actuelle et ce que le Vatican récuse. Les principales responsables sont, bien sûr, les femmes.

  1. Il y a tout d'abord les femmes qui « s'érigent en rivales de l'homme », contestant sa subordination et voulant lui confisquer le pouvoir.

  2. L'autre tendance, que le Vatican juge tout autant néfaste pour l'ordre naturel, est « pour éviter toute suprématie de l'un ou l'autre sexe », on tend à gommer les différences entre les femmes et les hommes, considérés comme un simple conditionnement culturel et historique. Cela remet dangereusement en question les valeurs de la famille (un père, une mère pour reprendre l'expression des anti-mariages pour tous), développe un « modèle nouveau de sexualité polymorphe » comme l'homosexualité.

  3. Cette dernière tendance estime toujours le Vatican a, certes, pour origine l'émancipation de la femme, mais aussi le désir que tout être humain a de vouloir se libérer de sa situation biologique. Les individus sont définis selon leur bon vouloir et non plus comme étant biologiquement normés. Si vous ne voyez pas en quoi cela est mal, le Vatican l'explique : cela remet en cause la lecture des Saintes Ecritures. De même, cette tendance nie l'importance que « le fils de Dieu ait assumé la nature humaine dans sa forme masculine ».

Que pensez de cette analyse du problème ? Le féministe est considéré clairement comme responsable d'une évolution de la société et de ce qui apparaît être un dérèglement social pour le Vatican. L'humanité existe que depuis le catholicisme. C'est très certainement pourquoi, il ne se réfère nullement à d'autres modèles que lui et n'envisage pas d'autres axes de pensées. Une autre lecture de la Bible n'est pas possible. C'est d'ailleurs le principe du dogme, mais c'est toujours bon à rappeler. On regrettera pourtant – et c'est certainement le premier reproche que l'on peut faire à l’Église de Rome – une analyse paradoxalement guère spirituelle et surtout manquant de sensibilité.

De Ève à Noé.

Cette partie mériterait une analyse plus fine que celle qui va suivre. Son intérêt et son caractère positif est la lecture symbolique qui y est faite. Seulement, contrairement à une étude symbolique maçonnique, le symbolisme du texte biblique n'est pas la question mais la preuve, plus exactement la construction du dogme.

Bien sûr, au delà de la création de l'homme Adam, il y a celle de la femme, Eve. Le second texte de la Genèse présente Adam, être souffrant de la solitude que la présence des animaux ne peut combler. Eve devient une compagne égale, « à la hauteur », à la fois avenir de l'homme et énergie vitale. Cependant, la différence sexuelle entre Adam et Ève existe dès le premier jour. Le récit de la chute de l'humanité conduisant à son départ de l’Éden n'apporte rien de nouveau. La faute en est à Eve. Une Eve qui n'est pas créée pour elle, mais pour l'autre. L'homme et la femme sont liées, mais leur relation n'est pas le projet divin, ni la vérité. La chute a conduit à la séparation de l'homme et de la femme. La concupiscence, le désir sexuel, l'orgueil et le besoin de richesse en sont les principales caractéristiques. Il faut donc guérir. Le premier acte de guérison est Noé, qui sauva l'humanité et toutes les espèces humaines du Déluge.

Ce texte explique finalement les raisons de ce qui séparent immuablement l'homme de la femme. Tout d'abord, ils furent créés par Dieu comme différents. La chute est le second motif de cet amour imparfait, pervertie entre l'homme et la femme – qui n'est pas le projet initial de Dieu – et qui nécessite une réconciliation.

De là - découle une définition du féminin et du masculin et de leurs rôles dans les deux dernières parties, le Cardinal Ratzinger explique la place des femmes dans la société et dans l'Eglise. Je n'évoquerais pas le dernier point qui n'apporte finalement pas grand chose de nouveau.

La femme contemporaine

La capacité de la femme à donner la vie la conduit nécessairement à vivre pour l'autre, affirme le Cardinal Ratzinger. Cependant, la surprise vient de la suite : la femme ne doit pourtant pas être enfermée dans un rôle biologique, celui de donner la vie. Le texte développe même l'idée que l'enfantement n'est pas exclusivement physique. Pourtant, la femme serait dotée de qualités et d'une intuition qui oblige qu'on lui reconnaisse une place centrale au sein de la famille. C'est au sein des familles que les enfants grandissent et que les peuples se forgent. Finalement, la femme n'est pas une source de détestation – mais ce sont ces qualités et pourrait-on dire une volonté divine qui les dotent d'obligations auxquelles elles doivent se plier.

Autre surprise : Si la femme a une place centrale au sein de la famille qu'elle fonde, elle doit avoir, tout autant, une place dans le monde du travail comme en politique. Le Cardinal Ratzinger pousse même la réflexion en demandant une organisation économique et sociale, et même un changement des mentalités, pour que les femmes puissent choisir de travailler tout en organisant leur vie de famille et aux autres de pouvoir choisir leur vie de famille sans être dévalorisées et pénalisées financièrement.

Ce texte présente une société « idéale » où la femme munie de compétences particulières est assignées à une mission. Cependant, malgré les bons sentiments de ce texte, on est en droit de s'inquiéter pour les hommes qui sont les grands oubliés de l'affaire. Le titre est donc trompeur. La femmes n'existe pas sans la famille, celle qu'elle fonde. C'est à se demander si le Vatican envisage cette possibilité. Même si le discours est très éloignés de celui renvoyant les femmes dans leur cuisine et les considérant comme des pondeuses, il ne permet pas aux femmes d'exister par elle-même et de choisir une autre voie que celle d'être mère du peuple.

Un culte mariale qui nous coûte.

Lilithement vôtre,

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M
@ jacob, c'est ça... tuez les tous, dieu reconnaitra les siens. Si jamais un jour le doute vous effleure...essayez la franc-maçonnerie, son amour et sa tolérance ne pourront que vous faire du bien.<br /> <br /> Pour Anne, avant Eve selon la Kabbale (enfin, dans interprétations...) il y eu Lilith, qui quitta Adam et devint ensuite prince des succubes...<br /> <br /> Bises à Anne
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L
Maître Folace, <br /> ça, c'était avant. Je suis d'un autre temps. J'avais produit un petit article au sujet de Lilith, il y a quelques temps, pour la présenter. Bises ...
J
Toutes les religions sont des maladie mentales dangereuses. Tous les croyants des criminels misogynes violents que n'importe quoi peut activer.
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