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La Maçonne

Robert Boulin : Frère de la GLDF & Fantôme de la République.

Notre frère Vabadus souhaite, dans cet article, rendre un hommage personnel à Robert Boulin, frère de la GLDF et homme politique, ainsi qu'à sa famille - dont sa fille - qui, depuis 35 ans - est en quête de la vérité. 

Photo : Robert Boulin (in Association Robert Boulin "pour la vérité")

Le dimanche 30 octobre 2016 après le journal de 13h de France 2, la chaîne avait programme un documentaire intitulé :

Les films noirs de la Ve République : Robert Boulin : « Mort en eaux troubles » – film visible en « replay » sur le site de France 2.

Le documentaire est annoncé en ces termes :

« Le 30 octobre 1979, des gendarmes retrouvent le corps de Robert Boulin, dans un étang de la forêt de Rambouillet. Verdict : le ministre du Travail s'est suicidé. Un juge reprend le dossier 37 ans plus tard et découvre que les nouveaux témoignages recueillis ne collent pas à la version initiale des faits. Une enquête est ouverte pour tentative d'enlèvement, séquestration et assassinat »

Connaissant un peu cette affaire j’étais curieux de savoir si des éléments nouveaux faisant progresser l’enquête serait annoncé dans le film. Sur ce point je n’ai pas été déçu et je vous incite à regarder ce film.

 

Et puis je fus surpris de voir la bonne figure de Jean Verdun interviewé comme Maçon ayant bien connu Robert Boulin et qui défendit sa mémoire avec talent et fraternité. Or j’avais le souvenir d’avoir lu dans son ouvrage « Rapsodie en bleue » la lettre qu’il avait adressée à Fabienne Burgeat, la fille de ce ministre et maçon décédé dans des circonstances très troubles. C’est, à ce moment là, que j’ai eu envie de vous faire part de la façon dont des Maçons exerçant des postes de responsabilité ont régi à propos de la mort de leur Frère Robert Boulin, la façon dont ils ont manifesté leur Amitié d’une part envers un intime et, de solidarité fraternelle d’autre part, envers un Frère. Ces aspects seront traités dans une seconde partie après avoir évoqué l’état actuel de l’enquête.

 

L'affaire Boulin. 

Circulez ! «il n'y a pas d'affaire Boulin » - Raymond Barre

La fille de Robert Boulin lutte depuis longtemps pour faire reconnaître l’assassinat de son père. Elle a écrit un livre Le Dormeur du val » dans lequel elle dénonce la collusion entre Pouvoir politique, Police judiciaire et Parquet pour étouffer l’affaire.

Extraits

"Achille Peretti, haute personnalité politique de l’époque, est venu voir ma mère après la mort de mon père en lui proposant beaucoup d’argent pour faire taire ses doutes sur le suicide. Lorsque, tout en repoussant son offre, celle-ci lui dit tout savoir, Achille Peretti lui lança violemment : « Alors faites sauter l’État ! ».

Quelques jours après la mort de mon père le porte-parole du groupe socialiste, Laurent Fabius, posa une question au Premier ministre. Il y soulignait que la mort de Robert Boulin avait soulevé, au-delà des divergences d’opinion politique, une émotion considérable, et poursuivait : « L’opinion éprouve… en même temps que de l’émotion, une grande perplexité. Les motifs, les circonstances, les conditions exactes, tout cela n’apparaît pas clair… êtes-vous réellement prêt à rechercher la vérité ? Qui nous garantit qu’une fois de plus elle ne sera pas étouffée ? ». Raymond Barre botta en touche : « Il y des instructions en cours. Il n’y a pas d’affaire Boulin, il y a une affaire Groult-Tournet"

 

Un anglais, voulant se moquer de la valeur des statistiques, avait dit un jour que bon nombre d’individus s’était noyé dans un lac qui était en MOYENNE profond de …60 cm !

Or Robert Boulin selon la version officielle s’était lui noyé par « suicide « dans un étang de la forêt de Rambouillet à un endroit précis près de la berge où la profondeur de l’eau était de …60 cm !

La suite est connue dans ses grandes lignes. Dès le départ on affirme que le suicidé était dépressif à cause d’une « sale affaire » qui venait d’être révélée et que toutes les preuves à la disposition de la Justice conduisaient à cette version du suicide. Cela prit du temps mais le dossier judiciaire fut fermé malgré des réactions de la famille Boulin qui rejetait cette hypothèse. Ni le Président Giscard et ni le Premier Ministre Barre n’assistèrent aux obsèques de Robert Boulin.

 

Vous pouvez retrouver toute une analyse de ce dossier sur internet d’après Wikipedia. Vous pouvez aussi lire un ouvrage très documenté de Benoit Colombat, journaliste réputé pour ces compétences d’investigateur : « Un homme à abattre : Contre-enquête sur la mort de Robert Boulin ». Il démonte les failles de l’enquête et la non recevabilité de preuves contenues dans le dossier judiciaire. Pour lui il y a bien eu assassinat pour des raisons politiques. Cette vision était également celle de diverses importantes personnalités politiques.

On avait donc une autre hypothèse  que le suicide : l’assassinat d’État. Robert Boulin était un gêneur pour deux raisons possibles :

  1. il pouvait devenir Premier Ministre étiqueté « gaulliste » et non « chiraquien » ?

  2. il détenait des dossier compromettants sur le SAC et/ou sur les financements occultes du RPR mais pas que… ???

"Je n'oublie pas Robert Boulin victime de la diffamation et du mensonge" Nicolas Sarkozy

Francis Christoffe, journaliste a publié en avril 2016 un ouvrage intitulé

« Claude Guéant, un préfet en eaux troubles »

En cinquante pages consacrées l’affaire, le journaliste vise à montrer que c’est un assassinat d’État. Francis Christophe rappelle d’ailleurs, que Nicolas Sarkozy en campagne, sous la houlette de son directeur de campagne Claude Guéant, n’a jamais manqué d’envoyer à ses amis du RPR le « message subliminal » qui déverrouille les portes les mieux fermées. Ainsi, en meeting à Poitiers, le 26 janvier 2007, quand il lance devant Bernadette Chirac et tout le gratin de l’UMP : « Je n’oublie pas Robert Boulin, victime de la diffamation et du mensonge » Tous les intéressés ont compris.

Journaliste à l’AFP pendant treize ans, puis enquêteur à l’OGD (Observatoire géopolitique des drogues), Francis Christophe est notamment l’auteur de divers ouvrages dont : « Boulin, le fantôme de la Ve République », un ouvrage illustré par le dessinateur Loco.

La République, la tête dans le sac

Dans l’actualité de la diffusion de Crime d’État, un téléfilm de Pierre Aknine sur la mort de Robert Boulin, diffusé en janvier 2013 sur France 3, Médiapart diffuse un article le 30 janvier 2013 dans lequel il note à propos de Robert Boulin

  •  '"Ayant dénoncé avec force le putsch de Jacques Chirac sur l’UDR en 1974, Robert Boulin a probablement été  perçu comme un péril par la garde rapprochée de Jacques Chirac, et dans le noyau dur de la garde chiraquienne, il y avait les gens du SAC, comme Jacques Foccart "
  • "De par ses responsabilités ministérielles, qui lui avaient permis d’avoir une vision transversale du fonctionnement de l’État français, l’homme savait beaucoup de choses. Il avait notamment des dossiers sur le financement occulte de l’UDR (qui deviendra le RPR en 1976, sous la houlette de Jacques Chirac) en rapport avec la  France-Afrique. "

A propos du décès de Robert Boulin l’article indique :

« Il se peut que l’assassinat de Robert Boulin par des sbires du SAC ait été un malheureux dérapage, la tragique boulette de seconds couteaux en roue libre voulant en découdre, il se peut aussi que ce meurtre ait été commandité par l’appareil du RPR et dûment perpétré par des assassins patentés. Quoi qu’il en soit, boulette criminelle ou assassinat d’État, il est parfaitement intolérable que, dans un État de droit comme la France, la justice n’aille pas jusqu’à son terme dans une affaire où la vérité et le sens même des institutions est en jeu. » fin de citation

Note personnelle : la vérité est certainement écrite ci-dessus.

Dossier Judiciaire "Robert Boulin" : "enquête pour tentative d'enlèvement, séquestration et assassinat". 

Il est fait état dans ce film récent, « Robert Boulin : « Mort en eaux troubles » d’éléments nouveaux ayant permis de rouvrir le dossier. Mais ce qui m’a le plus frappé ce sont les affirmations suivantes :

  • par le gendre de Rober Boulin : on sait désormais qui étaient les « commanditaires » et maintenant on cherche à savoir qui étaient les exécutants de cet assassinat ;

  • par la fille d’Antoine Sangunetti, ancienne figure du gaullisme et dirigeant du SAC comme Pasqua : son père, ami de la famille Boulin avait mené sa propre enquête et au moment de mourir avait révélé 3 noms de responsables de l’assassinat qu’elle

(la fille) avait communiqué au juge ;

  • Robert Boulin se serait rendu à un rendez-vous avec des dossiers ;

  • la CIA avait révélé qu’elle possédait un dossier sur la mort la mort de Robert Boulin mais ne voulait pas le communiquer.

     

Le dossier a été rouvert en août 2015 et des esprits chagrins note que cela s’est fait après le décès de Charles Pasqua en juin 2015 avec de nouveaux témoins ayant accepté de parler. Espérons que l’on n’attendra pas maintenant le décès d’un personnage encore dans l’ombre dans cette affaire pour révéler les dessous de l’affaire.


 

Photo : Robert Boulin & sa fille. 

Robert Boulin & les trois souris aveugles. 

Le coq chanta une troisième fois et le Maçon Robert Boulin fut trahi par TROIS de ceux qui partageaient avec lui le pain et le vin aux agapes fraternelles. « Frère, Frère, Frère pourquoi m'as-tu abandonné? »

Parmi tous ceux qui « oublièrent » leurs liens fraternels avec Robert Boulin après son décès j’en ai distingué trois :

Michel Viot, le Vénérable Maître de sa Loge

Jean Verdun,  passé Grand Maître de la GLDF

Pierre Simon,  passé Grand Maître de la GLDF

 

Lorsqu’au lycée le professeur d’anglais s’évertuait à nous apprendre les base de la langue de la perfide Albion il nous faisait chanter une vieille comptine d’outre Manche : »Three Blind Mice « 

Littéralement ce titre de chanson signifie « Trois souris aveugles »

De ces 3 Frères « aveugles «  deux retrouveront la vue et le troisième persistera dans son aveuglement

Le repentir du père Viot. 

Sur le site de l’OBS à dater 24/06/2012 on peut lire un article intitulé : "Pourquoi je ne crois pas au suicide de Robert Boulin" par Père Michel Viot Prêtre catholique.

Michel Viot y déclare (extrais) :

« En 1975-1976, en tant que Vénérable Maître de la Loge James Anderson de la Grande Loge de France, j’ai initié Robert Boulin au grade d’apprenti franc-maçon. Il est ainsi devenu pour moi un frère et un ami jusqu’à sa disparition brutale en 1979.

Il était maître maçon parce qu’assidu aux travaux de la loge. Aimé de tous, bien au-delà d’opinions politiques particulières aux uns et aux autres, il a toujours gardé la confiance de ses frères malgré les attaques dont il a été l’objet à propos de l’achat d’un terrain à Ramatuelle. Dire qu’il n’a pas été affecté par ce qu’il ressentait comme un règlement de compte politique serait faux. Mais il ne faut pas exagérer. Robert Boulin était un « routier » de la politique.

Tout ce qui pouvait être prouvé c’est qu’il avait été victime d’un escroc.

Pendant les 48 heures qui ont suivi sa mort, je n’ai pas cru au suicide, tout comme le Vénérable qui m’avait succédé. Ni lui, ni moi n’avons reçu la fameuse lettre d’adieu. Pour plusieurs raisons tenant aux usages maçonniques, Robert n’aurait pu ainsi nous oublier en prenant une décision aussi grave que le suicide, pratique qui, de plus, allait à l’encontre de ses convictions catholiques.

Quelques jours après avoir exprimé mes doutes devant un cercle restreint, Pierre Pascal, un proche de Jacques Chaban-Delmas, m’a proposé de le rencontrer car ce dernier voulait me parler. C’était un ami sincère de Robert Boulin et vice-versa.

On explique alors à Michel Viot les raisons qui firent qu’en se suicidant, Boulin aurait voulu épargner sa famille

« Aussi, pour éviter qu’on s’acharne contre sa famille qu’il aimait par-dessus tout, Robert aurait préféré disparaître de la scène publique en se donnant la mort. Dans ces conditions, a poursuivi Pierre Pascal, prêter l’oreille à la thèse de l’assassinat et lui donner quelque crédit aurait obligé à défendre plus fortement la thèse du suicide et, pour cela, en donner les vraies raisons en étalant au grand jour ce que justement, par sa mort « volontaire », Robert avait voulu empêcher.

J’avais 35 ans à l’époque, et peu d’expérience politique et maçonnique. J’ai donc cru cette thèse, d’autant plus que le Président Jacques Chaban-Delmas me l’a confirmée. Par fidélité à la mémoire de Robert et pour ne pas aller contre sa volonté, dont son « suicide » m’était présenté comme son expression, j’ai défendu cette thèse longtemps.

Je ne crois plus au suicide et j’ai été trompé

J’ai été ébranlé, au début des années 2000, par les questions téléphoniques de Benoît Collombat qui préparait un livre sur l’affaire. Je regrette de ne pas lui avoir porté toute l’attention qu’il méritait, je venais de quitter la franc-maçonnerie et l’Eglise luthérienne, j’entrais dans l’Eglise catholique et me préparais à la prêtrise.

Sans suivre forcément toutes les thèses de l’auteur du livre « Un homme à abattre », ma conscience m’oblige à dire d’une manière très claire que je ne crois plus au suicide et que j’ai été trompé (tout comme Jacques Chaban-Delmas qui était de bonne foi).

J’ai su, en 2005, qu’Alexandre Sanguinetti n’y avait jamais cru. Le témoignage de sa fille, Laetitia Sanguinetti, sur TF1 m’a décidé à parler. J’ai l’intention de revenir sur cette question dans un prochain livre sur « mon parcours ».

 

Photo : Jean Verdun (illustration des éditions Trédaniel). 

 

 

Le repentir de Jean Verdun

Robert Boulin et Pierre Simon étaient des Amis. Le premier pris le second comme Conseiller à son Ministère de la Santé. Pierre Simon permit l’intégration de Robert Boulin à la GLDF.

Voici ce qu’a écrit Jean Verdun à Fabienne Burgeat reproduit dans son ouvrage « Rapsodie en bleue ». extraits.

"Paris, le 16 février 2011 

Chère Fabienne,

Ton livre Le Dormeur du val bouleversa bien des lecteurs. Je le souhaite vivement, mais aucun plus que moi qui ne suis pas tout a fait extérieur à ta terrible histoire ;

Mon propre père a été victime d’un assassinat politique quand j’avais treize ans et, dès ce très jeune âge je me suis acharné à découvrir pourquoi et comment. J'y suis parvenu non sans mal et quarante ans plus tard, le drame de mon père a surgi sous forme de méchantes rumeurs visant à me chasser de la Grande Loge de France ; Cette opération fut menée par des individus très proches à coup sur de ceux qui ont provoqué ton malheur ; Un ami, Pierre Simon joua dans mon affaire, dérisoire comparaison de la tienne, un rôle très semblable envers toi et envers moi. J’y ai pensé très souvent en relisant ton livre. Ce soir là et quelques autres qui le suivirent, tu t’en es prise à moi et à la Grande Loge de France dans le silence gèné de ton mari. Blessée, vibrante, hors de toi, ce qui pouvait passer de l’exaspération, tu reprochais à la Grande Loge en ma personnelle silence, l’inaction, voire l’indifférence de nos frères et, surtout celle des dirigeants de l’obédience, dont j’étais alors le Grand Secrétaire. Où était donc passée, me demandais-tu, cette fraternité dont se targuait les francs-maçons ? Elle n’allait pas au delà du recueillement et de la chaîne d’union autour du cercueil de ton père dans l’appartement de tes parents. Elle n'obligeait à rien de concret. Un frère mourrait suicidé ou assassiné et, la conscience tranquille nous ne cherchons pas à en savoir plus. Que valait donc cette fraternité. Que valait donc cette fraternité maçonnique à minima ?

Amicale, très amicale, tu m’accusais moi d’autant plus fort que j’avais été l’inspecteur de la loge de Robert Boulin, qu’il m’avait traité en ta présence avec une déférence appuyée car je représentais à ces yeux l’autorité obédientielle. De plus, Nicole et moi, vous nous avez reçus à déjeuner en famille au ministère du Travail. Bref sans avoir été, et de loin, aussi intime avec ton père que Pierre Simon, je me devais d’agir encore plus que lui, puisque moi j’étais en fonction à un poste clé de l’obédience.

Ces soirs-là, tu avais raison, Fabienne, parfaitement raison et j’ai honte à présent que nous ayons eu tort, nous, les responsables de l’obédience."

Charles Pasqua et la France-Afrique

Toujours dans cette lettre Jean Verdun fait un parallèle entre les deux situations : celle de Rober Boulin et la façon dont lui a été exclu de la Grande Loge de France : « les coups vicieux qui m’ont été portés provenaient pour une part de la Centre-Afrique et de l’autre de l’environnement personnel de Charles Pasqua »

D’un côté je n’avais pas facilité l’accession à la Grande Maîtrise d‘un homme officiellement proche de Omar Bongo »

Par ailleurs explique Jean Verdun il a refusé un service, en fait une magouille policière, que Charles Pasqua lui avait demandé personnellement afin de pouvoir faire infiltrer par des flics la loge de Nouvelle Calédonie de la GLDF.

Pierre Simon et le Totem à sautoir à franges. 

Jean Verdun indique à la fille de Robert Boulin qu’il trouvait un autre point de similitude, la position de Pierre Simon qui avait avec lui des relations fraternelles et amicales très anciennes.

« Or il adopta la même attitude envers toi et envers moi. Non seulement il refusa de s’en mêler, mais il nia très vite la réalité des calomnies dont j’étais l’objet. Mis au courant par moi de détail et, en particulier de ce qui concernait Charles Pasqua, il m’assura que j’avais mal compris, que j’affabulais, que j’attachais de l’importance à des riens qui ne méritaient que je me révolte et encore moins qu’il m’aide. « Croire à ce que je racontais, c’était mettre en accusation l’institution maçonnique tout entière. »

En ce qui concerne le « suicide » de Robert Boulin voici ce que raconte Jean Verdun à propos de l’attitude de Pierre Simon

« Il était tellement fier, et de manière enfantine, d’avoir été l’un des huit destinataires de la fameuse lettre posthume par laquelle Robert Boulin annonçait son désir de suicide, qu’émettre un doute, même infime sur la réalité du suicide, revenait à l’attaquer directement. Pierre, interrogé de tous côtés, clouait le bec de tous. Son crédit moral, son importance sociale, son prestige d’ancien Grand Maître, son privilège de maçon le plus proche de Boulin, toute sa personne se trouvait mise en cause par qui contestait la thèse officielle. Il s’exprima sur ce sujet en toute occasion avec fermeté comme le porte-parole de la Grande Loge de France, même si, n’étant plus en charge, il n’en avait plus le droit. »

Les relations amicales et fraternelles entre les deux hommes vont s’effacer.

« Je n’ai revu Pierre Simon qu’une seule fois, dans un temple où nous étions côte à côte à l’Orient. Nous avons échangé quelques mots de politesse froide. Je sais qu’il est mort avec beaucoup de courage. C’était un homme généreux, friand de nouveautés philosophiques ou artistiques. Il avait défendu de grandes cause, il fut l’un des deux ou trois meilleurs Grands Maîtres de la Grande Loge de France au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, mais son besoin de reconnaissance publique a toujours paralysé son intelligence dès qu’il était question de s’en prendre à nos institutions maçonniques."

Le passé GM Pierre Simon joua donc les Ponce Pilate et ne défendit pas la mémoire de son Frère et ami Rober Boulin comme il renvoya Jean Verdun vers ses « affabulations », quand ce dernier avait besoin d’un soutien face aux attaques dont il était l’objet

Comportement de caste maçonnique sans affect de la part d’un dignitaire qui a certainement fait moult discours vantant les valeurs humanistes et de Fraternité de la Franc-Maçonnerie Universelle.

 

Au Salon maçonnique du Livre de 2014 Jean Verdun a reçu le Prix Spécial du Jury « pour l’ensemble de son œuvre » de la part du jury de l’Institut maçonnique de France.

Cette année là la GLDF n’était pas partie prenante dans ce salon et c’est tant mieux ! Les dirigeants de cette obédience ont sanctionné en son temps Jean Verdun pour sa liberté d’expression avec un châtiment « saoudien » car on lui trancha la main droite. En 1995 fort inquiet de la situation maçonnique générale, Jean Verdun écrivit « Le Franc-Maçon récalcitrant », mais en centrant sa réflexion sur sa propre obédience. Le livre paraît en mai 1996. 
Traduit en Justice maçonnique, Jean Verdun est condamné à un an de suspension de ses droits maçonniques et à une interdiction à vie d’écrire sur la Grande Loge de France sous peine de radiation. Il se soumet à la suspension, mais refuse l’interdiction d’écrire. Il rend publics les termes extravagants du jugement qui le condamne, refuse de faire appel et démissionne de la Grande loge de France où il a passé 33 ans et s’affilie au GODF.

 

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C
Sur les obsèques de Robert Boulin, seul Giscard était absent. <br /> Absent aussi au domicile, alors qu'au téléphone, il avait assuré Colette Boulin de sa venue imminente avec Anne-Aymone. <br /> Tout est étrange dans le comportement de Giscard. En visite de travail à Bonn chez son ami Helmut Schmidt, il regagne précipitamment Paris dans la nuit du 29 au 30 octobre 1979 et part chasser dans les terres de son chateau d'Authon, où il prétend avoir été averti en fin de matinée du suicide de son ministre. <br /> Il est établi -Claude Guéant le reconnait lui-même- que la mort de Boulin était connue au ministère de l'Intérieur avant 8 h 40, le mardi 30 octobre, il ne fait aucun doute qu'elle a été connue à l'Elysée, et répercutée à Giscard.
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N
mon Très cher F Vadabus l'affaire Boulin dite aussi affaire de Ramatuelle laisse à beaucoup un gout amer Quid ? ...un jour au début des années 80 je suis avec Renaud Van Ruymbeke la conversation est plaisante et je ne sais plus pourquoi je lui pose une question sur un aspect l'affaire Boulin et la lui si calme d'habitude pique une colère ...pourqoi ? sentiment d’échec, instruction impossible ...<br /> quelques années plus tard il y eu Pierre Bérégovoy suicidé avec une balle dont l'orifice d'entrée se situe au milieu du crane (drôle d'idée) dont l'arme, le projectile, le rapport d'expertise ... sont introuvables... Puis François de Grossouve dont la thèse du "suicide " ne résiste pas al'analyse ,suicide contesté par la famille ... puis Lucet trouvé avec deux balles de 357 dans le crane ,très fort.<br /> la liste des suicides suspects est malheureusement assez longue pou ne pas y réfléchir surtout quant on sait que pour deux d'entre eux la liaison entre le pouvoir et l’enquête était un F .°. <br /> la j'ai plutôt envie de vomir
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C
Il y eu également l'affaire Fontanet, l'affaire de Broglie, l'affaire Ben Barka, j'en oublie..? Pour une République irréprochable cela laisse rêveur.
N
et presque en meme temps " le décès" du f... pasteur Doucet ? lien entre les deux affaires ?
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V
Bonsoir <br /> Condorcet a raison: il s'agit bien d'Alexandre Sanginetti et non d'Antoine. J'ai rédigé de mémoire et la maladie d' Aloïs non encore déclarée me joue déjà, sournoisement, de mauvais tours! Merci Condorcet pour la rectification.<br /> Je réponds également à Jabba. Je suis un fidèle lecteur du Canard et le "Palmipède" en 1979 a mené campagne contre Boulin à partir de documents (vrais ou faux) qui lui avait été envoyés. Mercredi dernier il n'y a pas eu d'enquête cette fois encore de sa part, mais de la redite d'affirmations faites en 1979 + une critique sur le documentaire d'A2 qui présenterait une thèse et"ne laisse pas aucune place à une autre" selon eux si j'a bien lu!. Oui mais au moins les journalistes ont refait une enquête ce que n'a pas fait le Canard qui n'est donc pas sérieux sur ce coup là ! <br /> L'essentiel n'est pas là. Il m'a paru fraternel de rendre (modestement) une forme d'hommage à Robert Boulin et aussi à Jean Verdun dont l'honneur fut foulé aux pieds, pour l'un comme pour l'autre, par des gouvernants de la GLDF sans... FRATERNITÉ.
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T
il parait qu'on entend (aux manifestations des policiers) "les FM en prison"...pas étonnant, la pression de la fraternité (concours, syndicats) est à tous les niveaux et fait râler ceux qui ne sont pas frangins.<br /> ...et ça éclaire aussi sur les compromissions passées et présentes."je te tiens, tu me tiens par la barbichette...".
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J
Bonjour !<br /> Une simple question : pourquoi le Canard Enchaîné, pourtant expert à démonter les coups les plus tordus , conteste- il la thèse du complot , a l'analyse simple des faits ? <br /> Et le Canard n'a pas varié d'un iota, au fur et à mesure des livres paraissant sur le sujet.<br /> Cordialement
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L
Aucune idée. <br /> Même si, tout d'un coup, j'ai l'impression d'avoir loupé toute une carrière. <br /> Le coup du "suicide marocain", comme on le disait à une époque, n'est pas "nouveau".
C
Article qui fait réfléchir...Je pense néanmoins qu'il y a une confusion dans les prénoms des frères Sanguinetti. Je pense que le prénom Antoine a été employé à tort, il s'agissait vraissemblablement de l'ancien Ministre Alexandre Sanguinetti. Antoine je l'ai bien connu personnellement, m'étonnerait qu'il faisait partie du SAC.
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L
Je ferais la correction dès que j'aurais un ordi sous la main.
M
Robert Boulin en France et Aldo Moro en Italie...<br /> Bien frat:.
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