17 Septembre 2015
L'affairisme en franc-maçonnerie est ce qui fait la joie des extrémistes de tout bord, la une des journaux, les « marronniers », le gagne-pain du blog « la Lumière » et la honte de la grande majorité des franc-maçonnes et franc-maçons. Sans jusqu'à aller à détourner les fonds (publics) et monter de juteuse escroquerie, nous avons toutes et tous des exemples de sœurs et de frères qui font de la franc-maçonnerie alimentaire, pour une carte de visite et se faire des relations d'affaire.
C'est le paradoxe – et vous savez que j'aime les paradoxes – Non seulement, ils font le lit de l'antimaçonnisme mais aussi – et bien pire – ils sont en total accord avec les délires antimaçonniques les plus tenaces qui font de la franc-maçonnerie un « réseau d'affaires » efficaces. Rien d'ailleurs n'indique qu'il soit plus efficace que taper des balles sur un green ou s'inscrire dans le club poterie du quartier ...
On les reconnaît facilement car, hormis le fait qui sont les premiers à offrir leurs « services » contre rémunération, ils ne produisent aucun travail maçonnique. Lorsque je parle de « travail maçonnique », je ne parle pas de tenir un plateau. Nos « affairistes » ont souvent la cordonite aiguë. Il s'agit pour eux d'une visibilité nécessaire ... Bien sûr, l'inverse n'est pas vrai.
J'ai quelques exemples croustillants et haut en couleur. Celui-là, qui après un échec électoral cuisant, a décidé de revenir dans sa loge 10 ans après sa démission. Considéré comme étant plus à droite que la droite et possédant une réputation peu intègre, il semble vouloir redorer son blason en affichant un humanisme de bon bourgeois… Un mois après son élévation au grade de maître, à la surprise générale et le jour des élections, il a réclamé comme étant son dû un plateau dûment pourvu qui, heureusement, il n'a pas obtenu.
Cet autre-là qui monte son réseau de frères et des sœurs pour faire fructifier sa petite entreprise et qui n'a présenté qu'une planche depuis 2008… s'accroche à son plateau souhaitant dépasser largement le nombre d'années de ce que nos us et coutumes permettent, invectivant celles et ceux qui s'y opposent. Ses affaires ne doivent pas si bien aller pour en avoir autant besoin.
Si ces deux exemples ressemblent à des situations que vous connaissez, ce n'est pas fortuit. En effet, ces maçons et maçonnes sont assez nombreux pour parasiter nos loges.
Ce n'est pas « vouloir faire des affaires » qui dérangent, mais – comme le montrent ces deux exemples – c'est leur manque de goût pour le fait maçonnique, leur manque de sincérité – sinon de valeurs - qui, dans certains cas, frisent l'insulte à l'intelligence.
Certaines de sœurs et certains de nos frères cherchent et trouvent dans la franc-maçonnerie une sociabilisation. Ce que la franc-maçonnerie sait très bien donner. Certes, eux aussi manquent furieusement d'à propos, de curiosité et n'ont jamais ouverts un seul livre. Or, ils cherchent l'autre, leur amitié, leur regard. Ils développent ainsi une forme de sincérité et de connaissances qu'ils peuvent transmettre, si nous savons prendre le temps de les écouter. Ce que ne peuvent pas être celles et ceux qui entrent en franc-maçonnerie pour une carte de visite, s'inquiétant guère des autres.
Peut-on construire l'avenir de nos loges, de nos obédiences, si nous ne réagissons pas, chacune et chacun à notre niveau ? En dehors de « l'affairiste » du tout venant, le petit politique qui cherche à redorer une réputation entachée, il y a ceux qui passent la ligne rouge s'estimant au-dessus des lois (ou tout simplement s'en fichant).
Lorsque nous voyons les obédiences masculines sans réponse devant les « affaires », attendant qu'un scandale éclate pour réagir (et encore !), on peut estimer que nos obédiences sont bien mal armées. Les opérations « Mains Propres » entreprises par les obédiences fin des années 1990 sont loin dans nos souvenirs. Avant l'explosion, il y a – pourtant - des signes avant-coureurs, des alertes, des plaintes mêmes discrètes, des départs « en masse », des loges en dysfonctionnement, … La franc-maçonnerie est décrite comme un milieu fermé où règne le secret. Elle ressemble bien plus à un village anglais sorti d’un roman de Patricia Wentworth qu’aux caves du Vatican. Tout se sait.
Que s'est-il passé pour que ces signes n'évitent rien ? Laxisme des sœurs et des frères comme des obédiences ? Est-ce que ces affairistes de toutes espèces, finalement, ne répondent pas à un autre besoin : celui de nous donner l'illusion que les francs-maçons ont un véritable pouvoir - juste l'espace d'un battement de cils ?
Cette illusion de pouvoir, une illusion perverse et néfaste pour nos loges et nos obédiences, est bien plus le mal qui nous ronge que la présence d’affairistes à la petite semaine à des plateaux en mal de reconnaissance. Ils reflètent une de nos réalités. La franc-maçonnerie est en crise, en perte de valeur comme notre société. Ils sont, ainsi, les frères et les sœurs que nous méritons.
Lilithement vôtre,