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La Maçonne

Des chansons témoins de la Commune.

Des chansons témoins de la Commune.

Je ne me connais pas de goût particulier pour les chants révolutionnaires. Or, suite à mon article sur le très bon livre « Louise Michel, une femme debout », collection Voix d'Initiées (GLFF), j'ai cherché une illustration musicale. Il m'arrive, parfois, à passer plus de temps à chercher un morceau qu'à écrire l'article lui-même. J'ai découvert, dans cette curieuse quête, quelques pépites poétiques. Le chant, la musique, la poésie et l'expression artistique, en général, sont les clefs de nos révolutions. Imaginez ces hommes, ces femmes, chanter derrière les barricades, écrire et, finalement, rêver à un monde meilleur. Ils nous ont transmis leurs râges, leurs peurs, leurs révoltes et leurs espoirs dans des chansons populaires. Celles que l'on dénigre un peu trop souvent dans nos loges. Ainsi pour se réconcilier, voici celle de « la Commune » …

La plus connue est « le Temps des Cerises ». Elle a été écrite par Jean-Baptiste Clément peu avant la Commune (en 1867) et mis en musique par Antoine Renard en 1868. Elle n'est pas directement liée à la Commune, mais fut l'une des chansons – sinon l'une d'entre elle – qui évoque pour nous et qui fut comprise à l'époque comme telle, comme une chanson dédiée à cette période.

C'est une chanson d'amour – plus exactement de rupture amoureuse – On tente d'expliquer cette inexplicable attrait par une analogie ; le rouge des cerises seraient le sang … Soit. Peut-être, tout simplement, que le succès provient justement de ce texte intemporel et nostalgique. Elle fut interprétée par de nombreux chanteurs : Tino Rossi, Charles Trenet, Mouloudji, Montand, … aussi bien par des hommes que par des femmes. Une chanson universelle

Jean-Baptiste Clément (1836-1903) n'est pas connu uniquement pour cette première chanson, mais aussi par, ce qui fut d'abord un poème, écrit en 1871, « la Semaine Sanglante ».

Elle est relative au massacre par l'armée régulière, dite « les Versaillais », commandée par Adolphe Thiers alors réfugié à Versailles. Durant cette semaine, on dénombra pour la seule capitale 30 000 morts. Des milliers d'hommes et de femmes furent fusillés sans aucune forme de procès. Il existe plusieurs interprétations plus respectueuses du genre musicale de l'époque, mais j'ai trouvé celle-ci, bien plus audible … et qui finalement permet d'apprécier la qualité du texte.

« le Drapeau Rouge » est un des symboles de la Commune, dont la couleur est, bien sûr, non sans rappeler la lutte sanglante de la Commune. Il fut l'objet d'inspiration d'une première chanson écrite en 1870 par Justin Bailly. Elle fut reprise et, en partie, réécrite par Paul Brousse, en 1877 à Berne. Il fallut l'intervention de Achille Le Roy, condamné au bagne en Nouvelle-Calédonie, qui réadapta cette chanson de Paul Brousse. C'est cette dernière version que je vous propose ici:

Paul Brousse (1844-1912), médecin et homme politique, écrivit d'autres chansons portant le titre « Ni Dieu Ni Maître » et « le chant des prolétaires ». Pour cette première chanson, voici un extrait - dont je n'ai trouvé aucun enregistrement - mais dont le texte donne, déjà, le ton ...

Nous ne voulons ni dieu ni maître
Entravant notre liberté,
Mais nous voulons voir apparaître
Le soleil de l'égalité.
Pendant que le peuple sommeille,
Le canon vient de retentir,
Mais l'insurgé se réveille
Et sa bombe est prête à partir.

Refrain :

Debout, frères de misère !
Debout et plus de frontières !
Révoltons-nous contre les affameurs !
Pour écraser la bourgeoisie,
Et supprimer la tyrannie,
Il faut avoir du cœur,
Il faut avoir du cœur,
De l'énergie !

Après ces intermèdes musicaux, honneur à Louise Michel qui écrivit, elle-aussi, plusieurs chansons. Il nous reste « la danse des bombes » écrite en 1871.

Ci-dessous deux interprétations différentes de cette chanson. La première modifiée par l'interprète avec Louise Michel qui pose en tenue de fédéré et la seconde (l'enregistrement est de moins bonne qualité, mais la chanson ne perd rien) reprenant le texte de Louise Michel.

Sans vouloir jouer les critiques musicales, on remarquera la qualité du rythme (rappelant la fameuse danse des bombes) et la force du texte.

A force de recherche, j'ai retrouvé les paroles d'une autre chanson de Louise Michel : « le chant de l'international », mais aussi une interprétation sous le titre « l'Internationale Noire » (dont l'auteur n'est pas mentionné)!

Parce que c'est vous, vous avez le texte complet et la version "chantée". Dans les deux cas, on trouvera chez Louise Michel une vraie rage.

Debout les damnés de la terre !
Les despotes épouvantés
Sentant sous leurs pas un cratère,
Au passé se sont acculés.
Leur ligue folle et meurtrière
Voudrait à l'horizon vermeil
Eteindre l'ardente lumière
Que verse le nouveau soleil,

Refrain

Debout, debout, les damnés de la terre !
Ceux qu'on écrase en les charniers humains,
Debout, debout, les forçats de misère !
Unissons-nous, Latins, Slaves, Germains.

Que la troisième République
Se prostitue au tsar pendeur ;
Qu'une foule extralunatique
Adore l'exterminateur !
Puisqu'il faut que tout disparaisse,
Peu nous importe ! C'est la fin,
Partout les peuples en détresse
S'éveillent se donnant la main,

Bons bourgeois que César vous garde,
César aux grands ou petits bras :
Pape, République batarde ;
les tocsins sonnent votre glas
Rois de l'or hideux et féroces.
Les fiancés que vous tuez
Demain auront de rouges noces.
Tocsins, tocsins, sonnez, sonnez.

Les potentats veulent la guerre
Afin d'égorger leurs troupeaux :
Pour cimenter chaque frontière
Comme on consacrait les tombeaux.
Mais il vient le temps d'Anarchie
Où, dans l'immense apaisement,
Loups de France et de Sibérie,
Loups humains jeûneront de sang,

Remarques :

date : texte publié dans l'Almanach du Père Peinard de 1897
paroles : Louise Michel
musique : air de Wach am Rhein

Chants Révolutionnaires (JC Cabanel)

Pour rester sur le thème de « l'internationale », Paul Burani & Isch-Wall, écrivirent une « internationale » dont la musique est d'Antonin Louis, que l'on ne trouve malheureusement pas – Pour se consoler, voici une autre chanson de Paul Burani ...

L'auteur de « l'internationale », chanson que l'on ne présente plus, est Eugène Pottier. Né en 1816, décédé en 1887, il était peintre sur étoffe de métier et écrivit sa première chanson en 1830.

Révolutionnaire, il écrivit « l'internationale » en 1871. Il se réfugie en Angleterre pour éviter une condamnation et s'exila en 1873 aux Etats-Unis . Il y devint franc-maçon. Les américains ne se vantent pas … Mais savent-il qu'ils ont initié l'auteur de ce qui sera un hymne communiste tout au long du 20ème siècle?

De retour en France, en 1887, il publia ses « Chants Révolutionnaires », dont la célèbre « Internationale ». Le texte fut remarqué et mis en musique par Pierre Degeyter la même année. Elle remporta ses premiers succès en 1888 après la mort de Eugène Pottier. Ce dernier mourut ruiné.

Hormis l'Internationale, on peut retrouver d'autres chansons d'Eugène Pottier comme «l'Insurgé» que vous retrouvez ici :

Voici aussi une très jolie interprétation d'un autre texte de Eugène Pottier « elle n'est pas morte !».

Pour conclure un tel article, on ne peut que revenir à l'héroïne de la Commune, la « Vierge Rouge », Louise Michel et à notre temps présent.

Le groupe « Louise Attaque » a choisi ce nom en hommage de cette dernière. Gaëtan Roussel, un de ses membres, a écrit la bande originale du film « Louise Michel » dont voici la chanson ...

Des chansons témoins de la Commune.
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J
Hé non ! Ce ne sont pas des Américains qui ont initié Pottier à New-York, ce sont des exilés Français, qui y avaient fondé une Loge indépendante. Voir<br /> http://mvmm.org/c/docs/internationale2.html
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L
Mais, mais ... je connais ce site!!! C'est un plaisir de le retrouver! <br /> Est-ce toi qui en est l'auteur?
H
Bel article !<br /> La recherche des chansons et illustrations a du être un GROS boulot !
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L
Un cadeau pour mes lectrices et lecteurs qui chantent l'internationale sous leur douche tous les matins. <br /> Je leur dois bien cela ....
J
A l'illustration qui accompagne "le drapeau rouge", on voit aussi une bannière portant l'inscription "aimez-vous les uns les autres" : c'est la bannière de la Loge "le Globe" de Vincennes.<br /> <br /> Voir à ce sujet la page<br /> http://mvmm.org/c/docs/Cerises.html
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