5 Septembre 2013
La Symbolique maçonnique de Jules Boucher est incontestablement le livre qui se trouve dans toutes les bibliothèques des francs-maçons, même de la mienne.
Il est le premier livre qu'un apprenti achète. On sait peu de choses sur l'auteur, né en 1902, il fut initié dans une loge clandestine « L'Arche d'Alliance » de la Grande Loge de France à l'âge de 41 ans, durant la Seconde Guerre Mondiale.
En 1948, il publia « la Symbolique Maçonnique ». Alors que quelques années plus tôt, il écrivit le "Manuel de Magie Pratique" (1941), livre complètement oublié aujourd'hui, comme on ignore que Jules Boucher tenta de fonder un « Ordre Martiniste Rectifié », voulant revenir au martinisme originel de Papus.
Mais qui a lu ce livre en entier – d'un seul tenant – notes de bas de page incluses ?
Si beaucoup de francs-maçons le considèrent comme (encore) un livre de référence, l'expression de la Tradition, il faut avouer que de nombreux passages sont succulents.
Note de bas de page – page 188 :
« Il nous faut dire ici un mot sur les loges d'adoption. Ces loges essentiellement féminines « étaient » en quelque sorte une annexe à la maçonnerie masculine. Elles ont aujourd'hui leur autonomie complète. … L'initiation maçonnique nous paraît être une forme particulière d'initiation non applicable aux femmes ; celles-ci ont leur génie propre et la transposition d'un symbolisme opératif, à leur égard, nous semble difficilement concevable. On peut dire à ce sujet que la Maçonnerie anglaise qui exclut les femmes se montre parfaitement logique. »
Jules Boucher n'était pas spécialement visionnaire.
Mon passage préféré se trouve pourtant page 33, article sur les Métaux (je n'ai pas eu longtemps à attendre pour éclater de rire).
Après avoir cité, Amélie Gedalge au sujet de son interprétation (Manuel du Premier Degré), il présente le point de vue de Leadbeater, qu'il présente ainsi en note de bas de page :
« Leadbeater, à côté d'aperçus incontestablement curieux, fait preuve souvent d'une imagination exagérée. Adepte déchaîné de la réincarnation et des existences successives, ne dit-il pas que tout ce qu'il vit en loge lui était familier et lui rappelait des souvenirs vieux de six mille ans. »
Il faut reconnaître que l'analyse de Leadbeater est des plus surprenantes : la présence des métaux nuisant à la qualité de la cérémonie pouvant gêner la circulation des énergies (magnétiques), il conseille :
« A cet égard, la vigilance des officiers, dans la Maçonnerie mixte, devrait même être supérieure à celle que l'on juge nécessaire dans la Maçonnerie masculine ; car, avec la complication du costume féminin, une infraction au règlement peut peut facilement passer inaperçue. La plupart des épingles à cheveux doivent bien entendu être absolument prohibées ; la même précaution s'applique aux agrafes et à beaucoup de boutons de jarretières. »
J'avoue que je ne crois pas vraiment aux énergies magnétiques et à la magie.
Pourquoi conseiller ce livre aux apprentis ? Peut-être par sentimentalisme.
Parce qu'en fait, je le conseille aussi.
Cela fait quoi d'être libre?