20 Juillet 2013
Je ne suis pas la seule fâchée. Ce qui ne me rassure pas.
La GLDF, à la demande de 5 obédiences européennes appartenant à la franc-maçonnerie régulière, a fondé une Confédération avec la GLTSO, la GLAMF (ex-GLNF) et la GLIF (ex-GLNF) en l'espace d'une année. Ceci ayant pour but d'être reconnu par ses obédiences régulières et ensuite obtenir le sceau de la régularité par la Grande Loge Unie d'Angleterre, détentrice unique du sceau en question.
La Déclaration de Bâle stipule, entre autre, dans ses conditions qu'il est nécessaire de ne plus avoir de relations avec les obédiences irrégulières, c'est-à-dire les autres obédiences en France, qui sont le GODF, la GLFF, le DH, la GLMU, la GLMF, OITAR, Menphis-Misraïm, la LNF …Des frères et mais aussi 30 000 sœurs.
La GLAMF et la GLIF, très officiellement, interdisent les inter-visites avec les obédiences citées et donc nous ne devrions pas en voir un seul lors des tenues en maçonnerie dite « irrégulière ». Officieusement – et c'est ce qui devient incompréhensible – nous en voyons. Néanmoins, ces deux obédiences demeurent finalement sans surprise dans leur décision.
La GLDF et la GLTSO appartiennent (encore) à cette franc-maçonnerie libérale, adogmatique et donc irrégulière au sens anglais du terme. Elles reconnaissent les autres obédiences adogmatiques, avec lesquelles elles ont signées des années auparavant des traités adéquat, permettant des visites entre obédiences, des tenues communes et autres festivités.
Le fait qui fâche est la dernière trouvaille du Grand Maître Marc Henry : faire signer aux frères visiteurs une déclaration, comme quoi ils respecteraient les règles de régularité.
Le Grand Maître du GODF proteste vertement. Même si l'on peut admettre qu'il manque un peu de méthode et de subtilité, c'est assez clair.
Ah ! Te revoilà ma belle loi du Talion !
Ainsi, la GLAMF et la GLIF sont tenus de quitter les temples de cette maçonnerie si irrégulière au 1er septembre. Je ne jette pas la pierre. La Franc-maçonnerie régulière sait très bien virer avec bien moins de prévenance des loges féminines ou mixtes, en France ou ailleurs. Est-ce que la GLNF louerait ses temples à la GLFF ? L'idée leur paraîtrait curieuse. Je ne pense pas qu'ils débattront longtemps pour répondre "Non" à la question.
D'ailleurs pourquoi la GLNF ne louent-ils pas des temples à la GLAMF?
La menace s'étend à la GLDF et à la GLTSO.
" La signature qui sera demandée, n’est qu’un engagement à respecter 7 règles pendant le temps de la tenue. C’est la moindre des choses, lorsque l’on visite une obédience, d’adopter provisoirement ses règles" Déclare Jean Dubar (Grand Maître de la GLTSO).
La trouvaille de la GLDF&GLTSO ne passe pas. Il y a de quoi.
Une sœur/frère, lorsqu'elle/il visite une loge d'une autre obédience que la sienne, accepte les différences de rituels et de pratiques aussi divergentes soient-elles des siennes, parce qu'elle/il reconnaît que ces différences sont aussi une pratique honorable de la Franc-maçonnerie.
Ainsi, s'il y a une bible, il ne va pas y mettre le feu ou réclamer une autre troisième lumière. S'il appartient à une loge mixte, il ne va pas dire qu'il travaille en non-mixité, ce qui serait mentir. S'il n'y a pas de GADLU dans son rituel – il n'est pas vraiment effacé par ailleurs comme la GLDF aimerait le faire croire dans les obédiences libérales, étant mentionné dans de nombreuses constitutions – il ne va pas l'invoquer au sens anglais du terme, s'il est athée – et encore moins signer qu'il va le faire -
On comprends pourquoi la trouvaille du Grand Maître de la GLDF est insidieuse et surtout qu'elle fâche. La goutte d'eau est – en réalité – cette disposition imbécile, une insulte à la franc-maçonnerie – et à toutes les franc-maçonnerie – qui serait de convenir qu'elle se résume à une déclaration hâtivement signée sur un registre de visite.
La Franc-maçonnerie est un tout : une liberté de conscience, une vision du monde, une façon d'être, de penser, … aussi bien pour les obédiences libérales et adogmatiques que pour les obédiences régulières. Il y a recherche, mais cette recherche est profondeur. Elle est dans l'autre aussi.
Dans la maçonnerie libérale, les échanges entre obédiences en font une de ses richesses.
L'existence d'une obédience déiste ne dérange pas. Pour preuve, la GLTSO était parfaitement bien reçue et acceptée. Leurs membres ont fait un choix qui leur conviennent le mieux à titre individuel. Ce choix est tout autant respectable qu'un autre.
Aller à la rencontre des autres dans le respect des différences appartient à nos valeurs et à notre idéal pour la franc-maçonnerie libérale, d'où d'ailleurs l'importance des inter-visites et des débats qu'elles engendrent. Refuser les inter-visites est refuser cet idéal. Nier même que l'autre existe et le possible qu'il peut offrir.
C'est interdire - ou réduire - l'existence des obédiences adogmatiques, les dénigrer, les montrer du doigt, pinailler sur les sujets des travaux (de quoi je me mêle?), discuter du sexe de ses membres, obliger des frères et des sœurs à se plier à des considérations qu'elles et ils n'ont pas choisi par ailleurs, qui fâchent et que fait le Grand Maître de la GLDF depuis plus d'une année.
La Confédération signe et perpétue l'interdiction faites aux soeurs, soient-elles pasteur ou athée, soient-elles au DH (alors qu'ils acceptent les frères de la même obédience), ou à la GLFF, ce n'est pas le débat. Ce sont des femmes et cela suffit à l'exclusion. Des sous-humain donc. Cela s'appelle du sexisme, autant appeler un chat, un chat.
C'est ceux-là même qui nous font une leçon sur le droit à la différence.
Ils ont juste oublié que la franc-maçonnerie est un peu plus profond que l'ego démesuré de quelques grands maîtres. Qu'il y a une vie dehors.
Si c'est cela l'avenir de la Franc-maçonnerie ….
Les 7 règles que la GLDF et la GLTSO souhaitent faire signer à leurs visiteurs hors Confédération :
-l’invocation du Grand Architecte de l’Univers,
- la présence en Loge des trois grandes Lumières : le Volume de la Loi Sacrée exposé et ouvert avec I’Equerre et le Compas,
- la souveraineté exclusive sur les grades symboliques,
- l’indépendance vis-à-vis de toute structure maçonnique de hauts grades,
- la non- mixité dans les travaux rituels,
- l’interdiction de discussions politiques ou religieuses,
- le caractère progressif et spirituel de la démarche maçonnique.
José Gulino « Il faut que la GLDF et la GLTSO choisissent leur camp, entre la régularité anglaise et la franc-maçonnerie adogmatique et libérale, le grand écart n’est plus tenable."