9 Février 2019
Dans un souci de tester ses (grandes) idées, Emmanuel Macron s'est entretenu avec un petit groupe de journalistes à l'Elysée. Le Point en fait une recension (lire ici).
Contrôler les médias : c'est le grand projet de Emmanuel Macron. Déjà voté en novembre 2018, la loi pour (soi-disant) lutter contre les fake news avait pour but d'amorcer ces réformes. Au delà du « contrôle » des médias, les justifications de Macron sont aussi fantaisistes qu'effrayantes : une théorie du complot pur-jus.

Franc-maçonne, je les connais toutes. Sinon, je sais les reconnaître dès lors que l'une d'entre elles pointent son nez malveillant et sournois au détour d'une conversation ou d'une lecture. J'ai même un super-pouvoir pour cela.
D'ailleurs, puisque j'y suis, je vous livre – ici – tous mes secrets. Les théories fumeuses de complot d'illuminatis extra-terrestres planquant leur peau de lézard sous une vraie peau 100% synthétique, c'est mon petit plaisir perso. Je suis même membre d'une page FB intitulée « Je suis illuminati et je vous emmerde ». Je suis membre d'un autre où ce serait les chats qui conspireraient contre l'humanité. Mais là, j'y crois moins.
Une théorie du complot est reconnaissable par deux caractéristiques :
Emmanuel Macron nous propose du lourd. Les spécialistes du genre s'inclineront.
Aux yeux d'Emmanuel Macron, les gens – les citoyens – ne sont pas égaux « en droit et en raison » et, en l'occurrence, en expression publique. Ainsi, pour lui, on ne peut pas mettre sur un même pied d'égalité « Jojo avec un Gilet Jaune », c'est-à-dire un citoyen lambda et un ministre sur un plateau télé. Il faudrait accepter la « hiérarchie des paroles », dit-il aux journalistes. On se demande pourquoi le « grand débat » si l'opinion des français est moins importante pour lui que celle de son premier ministre (qui n'est pas élu d'ailleurs) ?
Aurait-il trouvé que ces ministres ou députés « En Marche » avaient moins de charisme et d'intelligence que notre bon « Jojo »? C'est très certainement probable.
Peut-être qu'il a considère le nouvel amour des journalistes pour des citoyens normaux, le pays, complètement déplacé. Lui, passe son temps à dénigrer la nation. Lui, il rêve d'une politique de néons et de fards, pas de cette politique où tous les Jojo et autres Jojette seraient la France et mériteraient quelques considérations médiatiques. Il faut le comprendre : c'est un technocrate – et s'il promet d'arrêter avec ses petites phrases méprisantes lors de la même conversation – ce ne sera pas encore pour aujourd'hui.
Dès lors que les journaux et chaîne TV se laissent envahir par des manants des ronds-points, explique-t-il, à ces quelques journalistes triés sur le volet qu'il a réuni autour de lui pour cet entretien – dont on ne sait pas si c'est du « off » ou du « on » - mais là, au point où nous en sommes, on s'en fiche un peu - ils ne peuvent plus faire leur boulot de vérif normalement. Ben ouais, Jojo le Gilet Jaune, ça prends de la place, ça bouge, ça cause … et c'est envahissant. Un ministre, il suffit de le ranger dans un coin le temps de faire des vérifications d'usage et le ressortir du placard une fois que tout est clair. Le commun méconnaît les longs temps d'attente des politiques dans des petits placards spécialement prévus à cet effet.
Les manifestations des « Gilets Jaunes » explique-t-il encore aux journalistes seraient issu de manipulations de l'extrême droite et de l'extrême gauche sur les réseaux sociaux. Oui, ma bonne dame, mon bon monsieur, c'est un complot. Emmanuel Macron sait, lui, d'où cela nous vient.
"La fachosphère, la gauchosphère, la russosphère représentent 90 % des mouvements sur Internet". Le mouvement des « Gilets Jaunes » pourrait être même conseillé de l'étranger. (lire aussi L'Express à ce sujet)
Il détient, bien entendu, une preuve de ce qu'il avance : le boxeur « Gilet Jaune », aujourd'hui en attente de son jugement, n'aurait pas, selon Emmanuel Macron, grand spécialiste du langage, les « mots d'un boxeur gitan ».
« Le boxeur, la vidéo qu'il fait avant de se rendre, il a été briefé par un avocat d'extrême gauche. Ça se voit ! Le type, il n'a pas les mots d'un gitan. Il n'a pas les mots d'un boxeur gitan" dit-il. Marianne soupçonne un délit de sale gueule de la part de Monsieur le Président. Moi, j'appelle cela du racisme. Chacun sa définition.
Enfin, arrive sa fabuleuse idée.
« Comment recrédibiliser les médias et faire la part du vrai et du faux ? s'interroge-t-il. Emmanuel Macron y réfléchit et invite la presse à faire de même. « Le bien public, c'est l'information. Et peut-être que c'est ce que l'État doit financer » […] Il faut s'assurer qu'elle est neutre, financer des structures qui assurent la neutralité. » (source)
Cela ne s'invente pas.

Moi aussi, je veux boire le même café que Macron et voir des éléphants roses. Tout partout. Avec des ailes toutes bleues.
Macron a le café mauvais, il voit – lui – les russes et Poutine derrière les manifestations des Gilets Jaunes. On l'a échappé belle ! Il pouvait tout aussi bien accuser les francs-maçons.
Des députés LREM ont diffusé sur leur compte une fake news qui accusaient, elle, les américains d'avoir ouvert un site « Gilets Jaunes » quelque temps après les élections de 2017.
Début novembre 2018, Emmanuel Macron expliquait l'utilité de se protéger des cyberattaques provenant de Chine, de Russie ou des Etats-Unis …. et la nécessité d'une armée européenne pour se protéger des russes aux frontières de l'Europe.
Dès le 10 décembre 2018, cette accusation complotiste avait déjà été posée et tout aussitôt démontée. Rien ni personne n'ont influencé les citoyens français que ce soit avant le 17 novembre à aujourd'hui pour les inciter à manifester. Rien d'extérieur à leur propre réalité et à leur quotidien. Tout laisse penser que la manifestation du 17 novembre devait être la seule. C'est de l'avoir minimiser et ridiculiser qui a poussé les citoyens à réitérer l'expérience. Plusieurs fois.
Quant à la russophobie macroniène, il serait de bon goût que Monsieur le Président se soigne. Les russes n'aiment pas. Selon Sputnik News, « on » lui demanderait des explications officielles par voie diplomatique.
La théorie du complot de Macron est à analyser comme toutes les théories de ce genre : un moyen de se déresponsabiliser. Ce n'est pas de « sa faute » si la France connaît des manifestations depuis 14 semaines, mais celles de vils manipulateurs, des surdoués des médias sociaux, qui ont manipulés des foules entières … Si, en plus, ces vils manipulateurs de l'opinion publique sont « étrangers » et – même – russe, c'est tout bénef. Parce que les Russes, voyez-vous, c'est le nouvel axe du mal …
Une théorie du complot, c'est vouloir expliquer, de manière simpliste, ce qui paraît inexplicable. Emmanuel Macron vient de montrer qu'il est paumé dans ce monde où la pensée n'appartient à personne, où elle serait mondialisée, plurielle, et ce qui apparaissait inconcevable : la réunion de diverses protestations de tout horizon rassemblée sur les mêmes ronds-points. Ainsi, le divers - souvent synonyme de division - semble savoir s'unir.
C'est ainsi que sont nées toutes les révolutions et cela avant les réseaux sociaux (et les russes) parce qu'un jour, on arrive à trouver une expression commune malgré les diversités individuelles.
Si on peut constater et même craindre que des groupuscules dits "ultradroite" ou "ultragauche" tentent de s'infiltrer au sein d'un mouvement, qui rejette d'ailleurs toutes formes d'organisation, même la sienne, cela ne signifie pas qu'ils y sont arrivés et encore moins qu'ils sont à l'origine du mouvement.
Pour toutes les personnes habituées à penser que la légitimité passe par une organisation et une représentation, les "Gilets Jaunes" peuvent rendre perplexes.
On se trouve face à des leaders qui ne veulent pas l'être, une liste européenne qui n'arrive pas à rassembler plus de 8 noms sur les 79 requis, et des milliers de personnes qui refusent de s'organiser. Les "Gilets Jaunes" ont tout d'une anarchie autonome.
C'est pourtant très simple : ceux qui veulent s'organiser en "mouvement politique" ne sont plus "Gilets Jaunes".
Dans leur rapport à la politique, les "Gilets Jaunes" ont adopté en quelque sorte un principe maçonnique : pas de prosélytisme. Cela n'interdit pas d'avoir une opinion personnelle, d'adhérer à un mouvement politique ou syndical, mais interdit d'utiliser "Gilets Jaunes" à des fins personnels ou pour fonder un mouvement parallèle. Cela évite des crises internes , des ruptures mais aussi tout risque d'être "infiltré" ou utilisé. Ce qui n'empêche pas que l'on essaye. (5)

Emmanuel Macron souhaite définir ce qui est le « vrai » et non pas la « vérité ». En effet, sa théorie du complot ne repose sur aucune vérité mais sur ce qu'il estime comme « vrai ».
D'ailleurs, toute sa gestion des affaires de l'Etat repose sur son sentiment qu'il détiendrait le vrai à défaut de connaître la vérité.
Pour les médias, Emmanuel Macron ne semble pas, non plus, savoir distinguer les deux côtés de la même pièce :
Les deux types de journalisme ne sont, d'ailleurs, pas séparés. Il n'existe pas un média qui donne « que des informations brutes » mais des médias pluriels qui sont censés donner une opinion et répondre à un besoin d'information d'un lectorat (qui peut être un auditorat) ciblé.
Ainsi, financer des structures qui assureraient la neutralité de l'information, consisterait ni plus, ni moins, à interdire la publication d'opinions, de décryptage de l'information ou encore d'analyses provenant d'horizon diversifié – et qui peut provenir aussi du citoyen lambda – puisque ce dernier devrait être, suivant la hiérarchie définie pas Macron, bien moins important que l'opinion d'un ministre. Macron souhaite non seulement contrôler les médias mais surtout les censurer.

Les français reprochent aux médias de n'avoir pas fait leur job de « vérifications » concernant les différentes manifestations des Gilets Jaunes, que ce soit concernant les effectifs des manifestants, pour leurs propos dénigrants des citoyens traités de poujadisme, - dont Macron nous offre une nouvelle variante avec son « Jojo avec un Gilet Jaune » - planquant joyeusement les violences policières, montrant à longueur de samedi une poubelle en feu …
Le sensationnalisme a pris la place à une réelle investigation et recherche journalistique. En somme, il est reproché aux médias un manque d'indépendance vis-à-vis du gouvernement et donc de n'avoir pas exercé cette liberté de presse.
La liberté de la presse n'est pas uniquement avoir le droit d'écrire ou dire ce que l'on veut (dans la limite du mensonge, de la diffamation, de propos racistes, sexistes, antisémites qui sont, bien entendu, prohibés par la législation) mais du droit des citoyens d'un pays à être informé.
Pour l'exercice de cette liberté, il ne faut pas uniquement que des journalistes daignent informer les citoyens, il faut aussi qu'ils puissent avoir, eux-mêmes, accès aux informations au cœur des institutions nationales concernées.
Ce qui semble être une difficulté rarement mentionnée par les journalistes eux-mêmes en tant que telle, bien que l'on peut analyser bien des informations, dont celle entourant Benalla, comme entrant dans ce cas de figure. L'Elysée refuse de s'expliquer. Par contre, on sait tout de la garde robe de Brigitte Macron.
Ce n'est ni de la faute des médias, ni de la faute des lecteurs-demandeurs d'une offre d'information, mais la faute des politiques qui ne répondent pas sur l'essentiel mais noient le poisson sous le superficiel, le futile et le bavardage.
Le droit à l'information est organisé autour de la protection du journaliste comme de ses sources.
Deux atteintes de la liberté de la presse, en quelques mois, m'apparaissent d'une importance majeure :
D'ailleurs, ces deux atteintes suffiront à faire dégringoler la France de plusieurs places dans le prochain classement de Reporters Sans Frontières (ici ). La France est à la 33ème place, loin derrière le Costa Rica, le Guana, la Nambie, …. Bref, déjà rien de glorieux.
On ne peut pas envisager une quelconque indépendance des médias, si les journalistes risquent de perdre un œil parce qu'ils prennent la « mauvaise » photographie ou encore qu'ils soient contraint de donner leurs sources pour éviter une condamnation. Cela non plus n'est ni de la responsabilité des médias eux-mêmes, ni encore des lecteurs, mais bien du gouvernement.
Etre infichu de remettre en cause les effectifs de 30 000 manifestants (comme par exemple ici pour le Figaro) avec 80 000 CRS en face, donné par Castaner, tout en expliquant combien il est difficile de maintenir une telle « foule » (et donc valider l'utilité d'une loi « anti-casseur », ou encore l'usage d'armes offensives, par extension) est aussi imbécile et scandaleux que de parler d'un suicidé avec deux balles de fusil dans la tête, fusil trouvé dans une poubelle en bas de l'immeuble. (1)
De tels médias ne sont pas responsables de l'information fausse et mensongère, bien qu'officielle. Par contre, refuser de la critiquer, de chercher une information alternative, est un choix que les médias font en toute connaissance de cause dans un pays démocratique.
Avec cynisme, de tels médias ne peuvent pas se plaindre de risquer de perdre un droit qu'ils ne respectent pas eux-mêmes.
Marianne a publié une analyse de André Gunthert, maître de conférence en histoire visuelle à l’Ehess.
Il explique que les vidéos des Gilets Jaunes ont produit une information brute et permis la construction d'une opinion et d'une analyse qui manquaient dans les médias traditionnels. C'est sous la pression de ces analyses que les médias traditionnels ont pris en compte les violences policières, explique-t-il.
Or, transmettre une information alternative, débattue et analysée dans un collectif virtuel, répond tout à fait au principe de, ce qui est appelé, la liberté de la presse, c'est à dire au droit des citoyens d'être informé.
C'est donc à l'antipode de ce que souhaite et analyse Emmanuel Macron. Un contrôle des médias ne pourra que conduire à limiter le droit des citoyens à être informé et à faire eux-mêmes, pour combler le vide ainsi laissé, de l'information. Après tout, n'est-ce pas ainsi qu'est né le journalisme ?

« Nous exigeons des médias libres, indépendants et objectifs » fut-il demandé par des manifestants devant les locaux de BFM TV, qui sont aussi ceux de Libération. Il faut être sacrément tordu pour y voir, là, une influence russe ou de la fachosphère ! C'est,bien évidement, un droit qui est parfaitement intégré par les citoyens français dont il s'agit.
Les médias sont d'une part accusé d'avoir méprisé une crise sociale d'importance et d'autre part Macron les accuse d'en avoir donné une visibilité trop importante, allant jusqu'à les menacer d'un contrôle. En somme, il reproche aux médias, même à ceux qui se sont montrés trop complaisants vis-à-vis du gouvernement, de n'avoir pas assez bien transmis sa vision du « vrai » en mettant trop en avant « Jojo avec un gilet jaune ».
Continuer à vouloir plaire au pouvoir politique actuel, c'est risquer d'être entraîné dans sa chute et de perdre, si ce n'est pas déjà fait, complètement en crédibilité.
Faire marche en arrière et devenir – si cela leur est possible – un média libre, répondant ainsi à une demande, remplir le vide, c'est risquer de créer un mécontentement politique du côté de Emmanuel Macron et de son gouvernement.
D'ailleurs, 150 « Gilets Jaunes » d'après le Point, information relayée uniquement par France Soir , dans la catégorie médias traditionnels, seraient mis sur écoute au titre d'appartenir à des mouvances à l'extrême gauche ou à l'extrême droite.
"En Marche", ce n'est pas encore tout à fait les versaillais, mais cela y ressemble de plus en plus.
Rassurez-vous : la théorie complotiste de Macron est relayée par Jacline Mouraud (4), ex-célébrité des Gilets Jaunes, qui vient d'annoncer la création de son parti politique (source ici), et elle-même habituée à voir des complots partout (lire Marianne ici)…
Comme quoi, les grands esprits finissent toujours par se trouver.

(1) Il faudra attendre que les Gilets Jaunes organisent un « décompte » eux-mêmes pour que certains médias donnent une double information. (Page FB "le nombre jaune" ici)
(2) Affaire Benalla : entre le début de la rédaction de mon article et la publication, d'autres informations filtrent, comme l'existence de la cheffe de la sécurité du Premier Ministre (qui a fini par démissionner) dont le conjoint (suspendu de ses fonctions depuis le 7 février) travaillerait avec Alexandre Benalla sur le contrat russe, que ce dernier aurait négocié alors qu'il était encore sous contrat avec l'Elysée. Une enquête pour "corruption" est ouverte.
(3) Quant au « Grand Débat », voici de Télérama un exemple et, pour le coup, un parfait résumé de ce que j'en pense.
(4) Jacline Mouraud, complètement disparue de nos écrans, a très vite été contestée au sein du mouvement les Gilets Jaunes. Il lui a été reproché, entre autre chose, de vouloir organiser les « Gilets Jaunes » en demandant un nom de contact pour chaque département. Elle fut alors soupçonnée de vouloir transmettre ces précieuses informations au gouvernement ceci suite à une vidéo qu'elle a publié sur son mur FB. Dès la 5ème semaine de manifestation, elle a lancé un appel afin de stopper les manifestations. Elle fut accusée de faire alors le jeu du gouvernement qui tenait le même discours. Le côté illuminé du personnage a certainement été handicapant pour gagner en crédibilité.
(5) Dans les tentatives de "récupération" du mouvement, il y a bien sûr la liste européenne de Ingrid Levasseur qui semble échouer à rassembler, liste organisée vraisemblablement par Bernard Tapie et tout au moins dans ses locaux. Il y a le dépôt à l'INPI de l'expression "Gilet Jaune" par le mouvement de Florian Philippot, ex Frontiste. Aussi, alors que les syndicats avaient rejetés toutes relations avec le mouvement, à noter d'une "grève" générale commune le 5 février qui, selon les organisateurs, auraient réunis 300 000 personnes. Les chiffres du Ministères de l'Intérieur sont introuvables. es
Ajouts suite à l'acte 13 - samedi 09 février 2019.
Selon le Ministère de l'Intérieur, c'est (encore) 51 000 manifestants contre 60 000 samedi dernier et les journalistes notent une "baisse" du mouvement comme, par exemple, l'Express. Or, suivant "le Nombre Jaune" ce sont 111000 personnes qui ont manifesté (chiffre provisoire en version "basse") qui sera consolidé pour diffusion dimanche matin. Lors de l'acte 12, le Nombre Jaune estimait à 115 000 personnes mobilisées (chiffre consolidé).