20 Novembre 2017
Il y a peu de temps les réseaux sociaux s'allumaient sur #Balancetonporc . Là, dans cette histoire des plus sordides, j'en ai tout un lot.
Emilie (changement de prénom) a été initiée dans une loge du GODF de Tarbes en 2012. En 2014, elle a été reçue au grade de compagnon. Malheureusement, elle accompagnera sa jeune nièce âgée de 5 ans atteinte d'un cancer incurable et qui décédera. Durant plusieurs mois, elle sera ainsi absente de sa loge. Elle avait rencontré un jeune frère d'une autre loge, Jean (changement de prénom).
En mai 2017, lors d'une dispute, celui-ci la jeta hors de chez lui et la frappa. Un arrêt de 5 jours s'ensuivra, deux certificats médicaux permettant d'établir les faits. Les certificats mentionnent que la jeune femme trouva refuge chez des voisins de Jean et signalent une agression en deux temps ... Le deuxième temps, après avoir quitté ses voisins, ont donné lieu à des marques de strangulation significatives (hématomes).
Le dossier de plainte comprend aussi un texto de Jean qui appelle un autre frère à venir, indiquant qu'il est sur le point de virer la jeune femme "sans ménagement" ! Bien sûr, je ne souhaite pas ici faire le jugement mais souhaite indiquer que les pièces à charge sont suffisantes pour démontrer que cette double agression s'avère sérieuse.
Emilie déposera plainte contre Jean pour coups et blessures. Apprenant les faits, le vénérable de Jean décida, dans un premier temps, de suspendre ce dernier le temps que la justice statue. Néanmoins, dans le communiqué transmis aux membres de la loge faisant état de l'affaire, ce vénérable maître indique :
"Au-delà des résultats de la justice profane nous serons peut-être conduits à étudier ce dossier sous une approche plus maçonnique." et conclut : "C'est dans cet esprit que nous apportons aujourd’hui, dans l’état actuel des faits rapportés, notre soutien maçonnique à notre S E et à notre FJean"
Comment peut-on apporter un même soutien à un agresseur présumé et à sa victime? Comment ce vénérable de la loge de Jean peut indiquer qu'une "étude maçonnique" est nécessaire? Autrement dit, ce vénérable se croit-il supérieur à un tribunal et juger lui-même l'affaire?
Revirement de situation. Les deux vénérables, de la loge d'Emilie et de Jean, reçurent les parents, maçons tous les deux de la jeune sœur, leur expliquant « que cela ne s'était pas passé comme cela ». Jean leur avait donné une "autre version" ! Ils montrèrent, dès lors, un soutien vis-à-vis de l'agresseur présumé, sans attendre les conclusions de la justice.
Dans la même semaine, Emilie fut reçue par le vénérable et le 1er surveillant de sa loge qui lui conseillèrent – je cite - « d'aller baiser ailleurs pour se changer les idées ». Ce qui situe parfaitement le niveau des protagonistes.
Alors qu'elle devait être élevée à la maîtrise, la loge a reporté le vote pourtant notifié à l'ordre du jour. Le vénérable de la loge explique que la jeune sœur « n'était pas prête pour la maîtrise ». Il me semble, pour ce qui le concerne, surtout prêt pour gagner des galons du plus gros sexiste du GODF de l'année.
Cette loge du GODF a rejeté la jeune sœur, victime d'une agression. Son vénérable refuse tout contact avec elle, espérant ainsi qu'elle démissionne. Ce qui vu le grossier personnage, ce n'est pas plus mal. Elle n'a plus aucune nouvelle de sa loge. Son élévation à la maîtrise semble être "définitivement" suspendue.
Fin septembre, Jean annonce à la loge « un non lieu ». Il fut réintégré dans sa loge. Il a même présenté une planche en octobre 2017.
Or, le procès n'a jamais eu lieu … et Emilie n'a jamais reçu de classement « sans suite » comme il se devrait. Quant à l'avocate de cette jeune soeur, elle a été injoignable durant deux longs mois et n'apporte aucun élément de réponse précis concernant l'avancement du dossier. Il est à conseiller à cette jeune soeur de se trouver un avocat un peu plus compétent.
A moins qu'à Tarbes, les tribunaux soient les seuls en France à savoir traiter une telle affaire – du correctionnel – dans une affaire de violence ayant entraîné 5 jours d'ITT - en moins de 6 mois, il me semble peu probable qu'un greffier sache trouver une imprimante pour éditer un classement sans suite ou un « non lieu » sans l'envoyer à la première intéressée ! Aucune date ne doit même être, à ce jour, fixée ! Jean est, donc, toujours sous le coup d'une plainte pour violence, coups et blessures sur sa petite amie.
Ces deux vénérables du GODF – un GODF dans la société, boîte à outils de la République – sont deux belles andouilles pour avoir gobé que l'affaire était déjà traitée par le tribunal correctionnel, en sus de se montrer tels qu'ils sont, deux machos qui ont abandonné une jeune sœur, traumatisée par la violence qui lui a été faite, en prenant la défense de son agresseur-présumé.
A moins que parfaitement conscients que l'affaire est très loin d'être résolue par la justice, ils aient inventé de toute pièce avec la complicité de Jean un "non lieu" pour pouvoir le réintégrer au bout de quelques mois. Ce qui n'est guère mieux.
Etrangement, la loge de la GLFF de Tarbes a aussi voté, lors d'un comité de maîtrise, la réintégration de Jean - qui est dans une loge du GODF ! Lors d'un échange de textos, la vénérable de la GLFF s'embrouille d'ailleurs ... disant une fois que sa loge a voté et que finalement il s'agissait d'une "information" adressée aux soeurs. Alors qu'un des chevaux de bataille de la GLFF est la violence faite aux femmes, on pourrait s'attendre de la part d'une loge de la GLFF des décisions plus mesurées et circonspectes ... et de sa vénérable de prendre une telle affaire un peu plus au sérieux !
La plainte est, donc, toujours d'actualité. Elle ne pourra que l'être – surtout que certains suspectent des pressions de la part d'élus, membres du GODF, afin de bloquer la plainte au niveau du commissariat. Serions-nous face à une magouille politico-judiciaire dont les frères du GODF sont spécialistes? Est-ce cela la fameuse gestion "plus maçonnique" à laquelle se référait le vénérable de la loge de Jean? J'espère que non ...
Cette histoire illustre la violence faite aux femmes et ce qu'elles traversent lorsqu'elles osent déposer plaintes contre leur agresseur présumé.
Elle montre, aussi, comment deux loges du GODF, dont au moins l'une se dit mixtes, ont des comportements outrageants et indignes vis-à-vis des sœurs qu'ils initient. Les loges du GODF, encore une fois, se montrent parfaitement incompétentes à recevoir des soeurs.
J'invite fortement le conseil de l'ordre du GODF à suspendre Jean - étant sous le coup d'une plainte pour violence - et, avec lui, de suspendre aussi les deux vénérables ainsi que le 1er surveillant qui ont fait pression sur cette jeune soeur et ses parents, tous les deux maçons, et qui ont réintégré un agresseur présumé ... juste pour le fun.
Je souhaite, que par ce geste symbolique et maçonnique, le conseil de l'ordre fasse preuve d'un peu de décence et assure ainsi tout son soutien à cette jeune soeur, afin de lui permettre de se reconstruire sans avoir à souffrir de tels comportements.
Aucune violence n'est acceptable. La violence physique dont cette jeune soeur a été victime est déjà - en elle-même - insupportable, mais que penser de la violence que ces deux loges du GODF lui ont fait ?