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La Maçonne

Pologne : le droit à l'IVG menacé.

Ce 19 mars, la "Commission Justice et Droit Humain" (qui ne porte que le nom) du parlement polonais a donné son accord concernant un énième projet de loi ayant pour but d'interdire le droit à l'IVG pour les polonaises. 

En 2011, 2013, 2015 et 2016, des propositions ont été faites pour limiter ou interdire quasiment l'avortement. À la suite de manifestations publiques massives, telles que les « black protests » en 2016, largement relayées et soutenues par des mouvements massifs dans plusieurs pays d’Europe, ces projets de loi ont été rejetés.

Depuis le 19 mars, le Parlement Polonais discute d'un projet ayant pour but d'interdire l'avortement en cas de malformation du foetus. On imagine que les parlementaires, qui voteront un tel projet,  s'engagent à élever ces enfants à naître. En effet, le droit à l'IVG est un des plus restrictifs en Europe. Il n'est actuellement possible qu'en cas de viol, de malformation de foetus et de mise en danger de la vie de la mère. Il n'y a, actuellement, en Pologne que 1100 avortements légaux contre 150 000 avortements clandestins voir 200 000 suivant certains journaux polonais. Les avortements légaux pour malformation du foetus représentent 95% des avortements légaux totaux. Autant dire que ce projet de loi souhaite simplement mettre fin à un droit des femmes qui est, d'ors et déjà, un des plus restrictif en Europe. 

La restriction des droits reproductifs des femmes est telle que la "pilule de lendemain" est interdite en vente sans ordonnance d'un médecin. Les moyens de contraception sont difficiles à obtenir pour les millions de polonaises du fait d'un droit des médecins à appeler à une "clause de conscience" leur permettant aussi de refuser de fournir les ordonnances. 

Lors du régime communiste, le droit à l'avortement était libéralisé en Pologne. En 1993, il s'agissait de rendre hommage à l'église catholique qui, ainsi, s'engageait à aider à renverser le communisme.  Or, plus d'1,7 millions de signatures ont été enregistrées en Pologne en faveur d'un référendum pour légaliser (re-légaliser?) le droit à l'IVG et les droits essentiels des femmes. Ces signatures ont été tout simplement jetées à la poubelle pour décider une limitation des droits des femmes.

Dans les années 2000, les mouvements féministes ont été isolés. A l'instar de l'argument qui a existé en France, les partis de gauche polonais estimaient que la Pologne était trop conservatrice pour s'autoriser à lancer le débat. La gauche polonaise a ainsi laissé la place vide à l'église qui décide de la vie sexuelle, les normes et statuts des femmes. En 2006, ainsi, il était prévu que les idées fascistes allaient séduire la population (ici) et balayer les partis de gauche. Ce qui arriva. 

C'est donc avec cynisme que l'église catholique souhaite interdire et empêcher toute libéralisation vis-à-vis des droits des femmes. Le risque est, commentent les journalistes polonais pour le droit à l'IVG , que la population se détourne de l'église comme de PiS aux prochaines élections. Or, la situation politique polonaise inquiète, d'ors et déjà, la Communauté Européenne. Elle est déjà mise au banc de l'Union Européenne et menacée de sanction du fait de ses manquements graves aux droits fondamentaux et politiques des citoyens. Elle avait 3 mois pour répondre à l'Union Européenne. Ce délai prenait fin début avril 2018. 

Vendredi noir. 

Le vendredi 23 mars, les polonaises ont manifesté lors d'une journée de grève des femmes, instaurant un "vendredi noir". Cette manifestation a réuni pas loin de 55000 personnes dans les rues de Varsovie. Les slogans "vos chapelles, nos utérus" ou encore "nous voulons avoir le choix, pas la terreur" démontrent que les femmes et les hommes défendant ce droit ont parfaitement conscience que ces lois restrictives en matières des droits des femmes émanent d'un gouvernement conservateur, inféodé à l'église catholique. En sus de ces manifestations, les étudiants ont manifestés. L'Université de Varsovie a été fermée. Une pétition a obtenu 150 000 signatures. (source polonaise)

C'est encore dans ce pays que l'on peut débattre dans une émission de télévision exclusivement "entre hommes" sur les droits reproducteurs des femmes ! (source) Plus grave encore, des pressions conduites par le gouvernement contre des associations ONG militant pour les droits des femmes sont d'un autre âge  comprenant autant le tabassage des militantes par les policiers, que des descentes de police dans leurs locaux. Tout est fait pour faire abandonner les femmes. (source) 

Au delà de ces droits fondamentaux, ce sont aussi des questions de santé publique qui sont soulevées. En effet, des femmes - du fait de leur grossesse - décèdent parce que des soins, considérés comme risqués pour le foetus, leur sont interdit. Les examens prénataux sont retardés malgré les demandes des patientes afin de dépasser le délai légal d'un avortement en cas de malformation du foetus mettant en danger la vie des femmes et faisant, là aussi, son lot de décès. Quant aux avortements clandestins, que certains journalistes polonais estiment aux alentours de 150 à 200 000, qui sont soit effectués dans des cliniques étrangères ou par les femmes elles-même pour les plus pauvres d'entre elles, ils sont une mise en danger de la vie des femmes, faute de suivi et de soins appropriés.  . 

Face à ce projet de loi, les journaux polonais n'hésitent pas à souligner que le parti politique alors au gouvernement (PiS), financé par l'église catholique et soutenu par elle, ressort un projet de loi limitant les droits des femmes dès que le gouvernement a quelque chose à cacher. Le Conseil de l'Europe comme l'ONU, de leur côté, ont fait pression sur le gouvernement polonais. Les journées de discussion ont été reportées - inquiétant d'ailleurs les évêques craignant que ce projet tombe à nouveau à l'eau. (source polonaise).

75% de la population suivant un dernier sondage sont contre le projet de loi qui sera discuté ce 11 avril au parlement polonais. 

 

 

 

 

 

 

 

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Je suis surpris que personne ne commente cette information. Certes, cela n'aurait aucun impact en Pologne et ici, en France, on peut ne pas ressentir besoin de s'exprimer sur ce site au sujet de l'avortement, largement débattu ailleurs, à d'autres moments.<br /> <br /> Mais l'église catholique ne devrait-elle pas se désolidariser de sa soeur polonaise? Si vous fréquentez l’église, chuchotez ce conseil à votre évêque.
Répondre
L
Personne ne commente parce que la plupart des FM se fichent des droits des femmes surtout dans un pays aussi lointain que la Pologne!