25 Novembre 2020
Alors que j'avais publié cet article, une affaire de violences policières filmées vient d'ajouter à la condamnation de cette loi "Sécurité Globale". L'agression d'un homme par trois policiers a été entièrement filmées : soit 15 mn de tabassage.
Ces policiers sont entrés dans un lieu privé pour tabasser cet homme. La présence de témoins les obligent finalement à sortir du studio. Finalement, ces policiers cassent la vitre, lancent une grenade lacrymogène à l'intérieur des locaux. La scène qui suit relève d'un autre monde. A visionner jusqu'au bout pour comprendre l'ampleur du problème. Ces policiers pour justifier ce tabassage explique que l'homme en question les "a tiré à l'intérieur", "qu'il a tenté de leur prendre une arme" et qu'il avait un sac d'où sortait une odeur de stupéfiants. Ils ignoraient en remplissant leur compte-rendu de l'intervention que le local (un studio d'enregistrement) était munie d'une caméra qui a tout filmé. L'homme, néanmoins, a fait 48 heures de garde à vue. Aucune des accusations n'ont été retenue par le procureur de la République au visionnage des images de vidéos.
Ça s'est passé samedi à Paris. 15 minutes de coups et d'insultes racistes.
— Loopsider (@Loopsidernews) November 26, 2020
La folle scène de violences policières que nous révélons est tout simplement inouie et édifiante.
Il faut la regarder jusqu'au bout pour mesurer toute l'ampleur du problème. pic.twitter.com/vV00dOtmsg
Ça s'est passé samedi à Paris. 15 minutes de coups et d'insultes racistes.
— Loopsider (@Loopsidernews) November 26, 2020
La folle scène de violences policières que nous révélons est tout simplement inouie et édifiante.
Il faut la regarder jusqu'au bout pour mesurer toute l'ampleur du problème. pic.twitter.com/vV00dOtmsg
Lundi 23 novembre, la Commission Européenne a rejoint l'avis du Conseil de Droits de l'Homme de l'ONU et de Amnesty International rappelant à la France les quelques principes : « La Commission s’abstient de commenter des projets de loi, mais il va sans dire qu’en période de crise, il est plus important que jamais que les journalistes puissent faire leur travail librement et en toute sécurité ».
Ce n'est pas la première fois que, sous le mandat d'Emmanuel Macron, l'ensemble des institutions européennes et internationales s'inquiètent du virage répressif et liberticide de sa politique.
Ainsi, l'ensemble des défenseurs des droits humains se retrouvent, une nouvelle fois, opposé à un projet de loi ou une décision politique.
Les violences policières ont été, sur le blog « la Maçonne », un sujet lors des manifestations sociales dites Gilets Jaunes.
Je souhaite signaler à tous lecteurs et lectrices qu'ils soient profanes ou francs-maçons : aucune obédience maçonnique ne s'est inquiétée de ces violences passées ou présentes, aucune n'a réclamé des enquêtes et l'égalité des droits, aucune encore ne s'oppose à la loi "Sécurité Globale" bien qu'étant une atteinte à la liberté d'expression et de la presse.
A ce titre, on ne peut décemment pas les considérer comme appartenir aux associations défendant les droits universels et fondamentaux.
C'est bien l'objectif poursuivi par les syndicats policiers et Gérald Darmanin. Ce dernier, proche de Sarkozy et de Xavier Bertrand, ne peut que plaire à une droite dure et extrême.
Si Gérald Darmanin ne veut plus voir de vidéos de violences policières et les trouvent insupportables, il suffit que sa police et sa gendarmerie n'en commettent plus. Cette idée – pourtant simple – ne lui est pas venue.
Cela démontre que le gouvernement LREM ne souhaite ni les limiter, ni les condamner – mais les cacher, conscient que ces vidéos de violences gratuites nuisent à l'image des forces de l'ordre.
C'est peut-être pour cela que sa loi « Sécurité Globale » apparaît si inique et soulève une si vive opposition : vouloir à ce point cacher les violences policières en menaçant toutes personnes qui les filment et les diffusent de poursuites, c'est non seulement accepter que la police en France soit répressive et violente, mais aussi vouloir pérenniser ces violences.
C'est, à ce point honteux pour la France, que des Belges et des Suisses proposent de diffuser les vidéos de violences policières pour les Français si cette loi est appliquée.
Le 19 juin 2020, le Parlement Européen votait une résolution suite à l'assassinat de George Floyd par un policier américain, qui indique à l'article 30 : « rappelle que les citoyens ont le droit de filmer les scènes de violence policière en guise de preuve et qu’ils ne devraient jamais être menacés par la police ou l’autorité compétente lorsqu’ils filment, ni être obligés de détruire les preuves, ni être privés de leurs biens pour les empêcher de témoigner. »
Malgré ces différentes alertes, les députés « En Marche », majoritaire à l'Assemblée Nationale, la quasi-totalité députés de la droite (LR & RN), du groupe « Agir », l'UDI et ceux en partie du MoDem, ont voté la Loi « Sécurité Globale ». Ce qui constitue une majorité parlementaire de 388 votes pour contre 104.
Ceux qui ont voté contre sont les députés de gauche : ceux du Parti Socialiste, les « Insoumis », cinq députés MoDem et dix députés LREM qui ont (encore) une conscience.
Vous trouverez ci-joint l'état des votes ici.
Le texte va passer entre les mains du Sénat (majorité LR) qui, en dehors de quelques propositions, refuseront de remettre en cause cette loi. Enfin, il reste la possibilité de saisir le Conseil Constitutionnel.
Pourquoi voter une loi qui a toutes les chances d'être réduite à néant par le Conseil Constitutionnel ?
Il s'agit d'une manœuvre purement clientéliste. En effet, comme on le sait, c'est l'extrême-droite et une droite dure qui à l'origine d'une telle loi et qui la soutient. Emmanuel Macron souhaite récupérer leurs électeurs en suivant l'exemple bien connu de Nicolas Sarkozy. Cela en prévision des élections présidentielles 2022.
Souhaité par des syndicats policiers (d'extrême-droite), il s'agit aussi de leur plaire. Ainsi, sans hésiter, LREM offre un de cadeau de Noël à des policiers ultra-violents en leur assurant une impunité totale.
Il faut reconnaître qu'en dehors de la couleur politique de ces syndicats, entre Christophe Castaner et Gérald Darmanin, ce dernier toujours sous enquête pour une affaire de viol, les policiers et gendarmes peuvent douter et n'avoir aucune confiance en leur propre ministre. Ainsi, un tel cadeau se justifie.
Finalement, celles et ceux qui rêvent d'extrême-droite au pouvoir ont un très bel avant-goût avec ces différentes lois liberticides.
Ils savent déjà qu'il existe, en France et dans le monde, un autre camp : celui de la liberté et de la défense des droits humains. Ce camp est certes peu présent à l'Assemblée Nationale. Cependant, il existe et c'est bel et bien ce camp-là qui s'oppose à cette loi comme, d'ailleurs, il s'est opposé aux nombreuses lois liberticides qu'a adopté le même parlement.
Ce n'est pas comme si la France risquait des sanctions internationales : c'est déjà le cas.
Mais comment les chaînes d’info ont-elles pu passer à côté d’une journée de mobilisation aussi massive ?
— Marcel Aiphan (@AiphanMarcel) November 21, 2020
On dirait presque de la mauvaise volonté...
🎥@caissesdegreve#StopLoiSecuriteGlobale #StopPPLSecuriteGlobale pic.twitter.com/EjZ6qvbIh2
Un journaliste de France Télévisions a été placé en garde à vue 12heures alors qu'il filmait des interpellations à la fin d'une manifestation contre la proposition de loi "sécurité globale" hier soir, déplore le groupe qui "condamne cette restriction des droits de la presse" #AFP pic.twitter.com/4jQtaokS7D
— Agence France-Presse (@afpfr) November 18, 2020
Sur mon instruction, la @prefpolice procède ce matin à l’évacuation d’un campement illicite de 2000 personnes vivant dans des conditions sanitaires déplorables à #SaintDenis.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) November 17, 2020
Merci aux forces de l’ordre mobilisées et aux agents de la @prefet75_IDF qui assurent leur mise à l’abri
Un groupe d'élus et de journalistes, nassés par des policiers, est libéré à condition de se disperser, indique un commissaire à @ericcoquerel. #Republique #Paris pic.twitter.com/JJPzevVstQ
— actu Paris (@actufrparis) November 23, 2020
Suite aux interventions policières particulièrement brutales et choquantes contre des réfugiés dans Paris hier soir, j’ai écrit ce matin au ministre de l’Intérieur pour lui faire part de ma plus ferme condamnation. pic.twitter.com/YtWgGZG8UX
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) November 24, 2020
Différentes associations de défense des Droits Humains, de journalistes et encore d'associations ont mis fin de manière prématurée à la réunion prévue avec Gérald Darmanin, ce lundi soir à 21 heures. Le père de Cédric Chouviat, ce livreur décédé suite à des violences policières d'une rupture du larynx (clef d'étranglement), était aussi présent.
Ils reprochent à Darmanin son absence d'écoute, appelant à manifester ce prochain samedi et un entretien avec le premier ministre.
La journée du 23 novembre ne semble plus se terminer. La vague de protestation contre la loi « Sécurité Globale » a trouvé son illustration dans la nuit de lundi à mardi.
Suite au démantèlement d'un camp de Seine-St-Denis ce 17 novembre, des migrants n'ont pas eu de propositions de logements, n'ont pas accès aux soins et au minimum vital. Médecins du monde évoque « 500 personnes laissées à la rue et dispersées de force ». D'ailleurs, des hommes seuls.
Ce démantèlement fut fait à la demande de Gérald Darmanin qui s'en félicite dans un tweet. Pour la région, c'est la 66ème opération de la sorte, sans qu'au final de solutions durables et satisfaisantes ne soient trouvées pour les familles et les personnes seules. Les associations s'accordent pour dénoncer d'ailleurs l’inefficacité de ces opérations.
Pour démontrer la gravité de la situation, les associations ont monté un camp de fortune, Place de la République à Paris.
En juillet 2020, la France a été condamnée pour la 4ème fois en un mois par la Cour Européenne des Droits de l'Homme (Strasbourg) pour le traitement dégradant et inhumain des migrants ayant été laissés à la rue.
C'est donc dans ce cadre qu'une vaste opération fut menée par différentes associations. Le Préfet de Police a ordonné une évacuation des lieux. Les vidéos montrent des violences policières inouïes à l'égard d'une population fragilisée et vulnérable, mais aussi contre les médecins présents (Médecins Sans Frontière), des avocats, des élus et des journalistes.
Médecins Sans Frontière dépose plainte contre le Préfet de Police, Lallement.
Dans son communiqué, cette célèbre association explique : « Les 450 migrants ainsi que les élus, avocats et associations présents Place de la République demandaient la mise à l’abri de ces personnes traquées par la police, harcelées et contraintes à l’errance depuis l’évacuation du campement de Saint-Denis la semaine dernière. Après la confiscation brutale des tentes et couvertures, les exilés et certains de leurs soutiens ont été encerclés par de nombreuses forces de police, nassés, dispersés avec des grenades de désencerclement puis pourchassés dans les rues pendant plusieurs heures sans relâche. Des personnes ont été intimidées, molestées, blessées par les forces de l’ordre qui ont fait usage de flash-ball, de gaz lacrymogènes et de matraque. »
Après les avoir chasser, frapper, gazer et confisquer leurs (maigres) affaires, les forces de l'ordre ont reconduit sous escorte, les migrants à la sortie de Paris, à pieds (!) - soit 45 minutes de marche – pour les laisser sur place.
Vu de province, on ne comprend pas cet exil à marche forcée et sous escorte hors des frontières de Paris. Est-ce à considérer que pour le Préfet de Police, Paris est une place forte interdite à toute manifestation même les plus pacifiques ? D'ailleurs, parler de pacifisme, c'est peu dire dans ce cas présent. Les forces de l'ordre ont frappé des personnes qui dormaient !
D'ailleurs, il semblerait même que la mairesse de Paris, elle-même, ne le comprenne pas. Selon ce courrier, la Ville de Paris avait proposé des places d'hébergements depuis vendredi.
Des élus de Paris étaient présents pour soutenir l'initiative des associations. Ils ont été « nassés » et invités par un commissaire de se disperser …
Alors que les vidéos montrent le contraire, Gérald Darmanin approuve autant les raisons que les modalités de l'évacuation.
A peu près 70 journalistes de toutes les rédactions du monde nassés par la police place du Trocadéro. Application immédiate du SNMO . Voila ce que @EmmanuelMacron Fait à la Presse #StopLoiSecuriteGlobale pic.twitter.com/UNQJMms7L0
— Arié Alimi (@AA_Avocats) November 21, 2020
«Filmer la police, nous diffuserons» un compte twitter belge propose de contourner la loi « sécurité globale » https://t.co/41JUeSvyGS via @RevPermanente
— Jean Sur (@JeanSur1) November 7, 2020
🇫🇷 Le moment où un policier m'agresse a #Republique pour avoir filmer une arrestation. (Tirage de cheveux).
— Leticia Fuentes (@leticiafuentesm) November 24, 2020
🇪🇸Para evitar que grabase la detención de un refugiado, un policía me coge del pelo y me arrastra varios metros, a pesar de identificarme como prensa. pic.twitter.com/rXtWZ5gZ4O
Voici l'intégralité de la séquence que j'ai pu tourner hier soir pour @RMCinfo dans les rues de Paris (Centre Pompidou). On y voit la fuite de migrants, ce jeune homme en blanc qui cherche une sortie et ne représente aucune menace. Repoussé violemment puis fauché par un policier. pic.twitter.com/XYjp8XkQ3e
— Rémi Ink (@selectaa) November 24, 2020
allo @Interieur_Gouv - c'est pour un signalement - 972#ViolencesPolicieres lors de l'évacuation d'un camp de migrants place de la #Republique cc @PoliceNationale @prefpolice
— David Dufresne (@davduf) November 24, 2020
23/11/20, Paris. Source vidéo: @RemyBuisine pic.twitter.com/dtc7CVaJWM
allo @Interieur_Gouv - c'est pour un signalement - 970
— David Dufresne (@davduf) November 23, 2020
Journaliste @RemyBuisine frappé au sol. Selon son témoignage, c'est la troisième fois dans la même soirée qu'il est frappé.
23/11/20, Paris, Manifestation migrants. Vidéo: @XseniaSputnik
cc @prefpolice @GDarmanin pic.twitter.com/QLURnD3FEC
La porte était tellement ouverte que nous l’avons prise devant votre refus de retirer les articles 21, 22 et 24 de la #LoiSecuriteGlobale et du #snmo. Et devant votre déni face à la gravité de la situation. Voilà ce qui s’est passé réellement monsieur le ministre. https://t.co/bexn9k39Xu
— David Dufresne (@davduf) November 23, 2020
Dans quel pays peut-on accepter que des journalistes, des avocats et des médecins soient molester et frapper par une police ? Uniquement dans les dictatures.
Des policiers s'arrogent le droit d'interdire à des journalistes de filmer des manifestations de citoyens. Des journalistes ramènent, dans leur pays, leur témoignage et vidéos des violences de la police française dont ils ont été victime. Des avocats frappés, des médecins empêchés d'apporter secours et soins, … C'est cela la loi « Sécurité Globale ».
Les violences policières ne sont pas nouvelles . Les manifestations contre la Loi Travail (François Hollande) ont donné lieu à des images et vidéos aujourd'hui tristement célèbres et représentatives.
Que certains disent encore qu'elles n'existent pas est non seulement une atteinte aux droits des victimes, mais aussi contraire à l'esprit de la République.
D’autres images de violences sur journalistes ce soir à Paris
— Marcel Aiphan (@AiphanMarcel) November 17, 2020
Les FDO ont bien compris le blanc-seing qui leur est accordé
En France tout le monde peut bosser sauf les petits commerces, les restos, la culture et les journalistes 😢#StopPPLSecuriteGlobalepic.twitter.com/AweWDNf2yn
Manifestation à #Lyon contre la loi sécurité globale : le parvis des 24 colonnes est noir de monde pic.twitter.com/XcviFWTQxW
— Morin Jérôme (@Je_Morin) November 24, 2020
Tirée par les cheveux par un policier, victime de remarques racistes, Leticia Fuentes (@leticiafuentesm) est journaliste pour le télévision espagnole @laSextaTV, elle raconte ce qu’il s’est passé hier pour elle à #Republique pic.twitter.com/K3zsmq6dpQ
— Taha Bouhafs 🔻 (@T_Bouhafs) November 24, 2020
Les violences sur des avocats et sur des membres du Conseil de l’Ordre sont inadmissibles ! Nous saisissons immédiatement @GDarmanin et @prefpolice. Le devoir des forces de l’ordre c’est d’encadrer sans violence des manifestations pacifiques de citoyens. https://t.co/XNH9PkhFs8
— Bâtonnier de Paris (@batonnierparis) November 24, 2020