6 Août 2016
Le premier des droits de l'homme c'est la liberté individuelle, la liberté de la propriété, la liberté de la pensée, la liberté du travail.
Ce document a, au moins, le mérite de poser les bases d'une réflexion sur les différentes approches et visions de la franc-maçonnerie mais aussi de soulever un problème de définition d'une part et d'autre. C'est pourquoi , en retirant les spécificités de la GLAMF, il est utile de s'y pencher à nouveau.
« la Maçonne » demande LA liste de Landmarks
Si chacun comprends qu'une obédience s'organisent autour de règles et de principes, qu'elle en définit ses limites comme le cœur de sa démarche, qu'elle cherche à les faire respecter, j'appartiens à cette majorité silencieuse qui ne sait pas ce qu'est un « Landmarks », n'en ayant jamais vu un seul. Je vous vois rire – là bas au fond de la salle – mais reconnaissez que c'est un vrai problème. Comment peut-on en parler sans savoir ce que ces « landmarks » contiennent ? Dans ses constitutions de 1723, la Grande Loge de Londres s'y référaient « Chaque Grande Loge annuelle détient le pouvoir et l'autorité de créer de nouvelles règles ou de les modifier, pour le bien de l'ancienne fraternité, à condition de toujours préserver soigneusement les anciens « Land-Marks ». »
Les Landmarks ne sont, bien sûr ,à ne pas confondre avec les Basics Principles, dont le respect aux anciens landmarks est un des principes. Le chat qui se mord la queue.
La loge "l'Union Française" n°17 », qui comme son nom ne le dit pas est une loge américaine, (New-York), présente sur son site en français, comme son nom l'indique, une définition qui mérite une place sur ce blog : «“Tout ce qui est trouvé nécessaire à maintenir l’identité et à garantir la continuité de la Franc-Maçonnerie a la puissance d’un Landmark. »
Ce qui signifie que cela peut être n'importe quoi, comme cela peut être en fonction des nécessités de l'époque et qu'ils peuvent être modifiés autant que je nous le voulons.
Or, si vous lisez cet article qui donne cette intéressante définition, vous constaterez avec stupéfaction que « l'Union Française » y voit, au contraire, une bonne raison pour que ces « landmarks » soient immuables pour nous dire qu'il est impossible pour donner une liste complète !
Or, même dans cette franc-maçonnerie « régulière » des frères se sont posés la même question que moi depuis l'aube des temps. Surtout les américains avec leur fâcheuse manie de poser les questions qui fâchent. Le premier fut le Docteur Albert Mackey qui en lista 25. Pour lui, pour qu'une règle soit reconnue « landmarks », il faut qu'elle soit reconnue comme d'ancienneté immémoriale, être universelle et être absolument irrévocable. Depuis chaque Grande Loge américaine a une liste de landmarks, qui peuvent être au nombre de 54 comme au nombre de 7. Entre la « croyance en Dieu » et l'interdit faite aux femmes, il est peu probable de les considérer comme « irrévocables ». Certainement, parce que rien ne l'est vraiment.
Ainsi, lorsque des francs-maçons « réguliers » ou d'autres souhaitent s'en référer pour affirmer une authenticité de leur démarche, il faut s'attendre à se plier à ce rebutant exercice qui consiste à parler en langage des signes à des aveugles.
Il n'existe aucune autre manière de le dire : il n'y a pas de landmarks.
La franc-maçonnerie adogmatique se repose, si je puis dire, sur cette navrante réalité : aucun landmarks ne peut être imposé à des hommes et des femmes, libres et raisonnables. Si en on accepte sa qualité mythique, il n'en est pas moins qu'il n'est pas demandé aux maçons libéraux et adogmatiques de se soumettre à une fiction.
En effet, cela est reproché : les obédiences adogmatiques définissent leurs propres règles, leurs propres principes, dont la source d'inspiration est la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme – que je préfère aux siècles des Lumières – Mon goût immodéré pour les listes, certainement.
Liberté de conscience et d'opinion.
La liberté de conscience est un principe largement partagé dans toutes les déclarations de principes des obédiences adogmatiques et libérales qu'elles s'appellent Grand Orient de France, en passant par le Droit Humain et la Grande Loge Féminine de France ou même la Grande Loge de France.
Il faut une vie pour en envisager tous les aspects. Pour faire simple, la liberté de conscience est comprise comme la liberté de croire ou de ne pas croire. Elle est à la fois une liberté de religion, d'en avoir une ou pas, de croire ou non, comme une liberté vis-à-vis des religions. En France , elle est inscrite dans les principes fondamentaux reconnus par la République. Elle découle de l'article 10 des Déclarations des Droits de l'homme et du citoyen de 1789, de la loi sur la Laïcité, et de l'article 9 de la convention européenne des droits de l'homme.
Or, la liberté de conscience ne se résume pas à sa croyance ou incroyance, mais aussi à la liberté d'opinions, à leurs expressions, à la liberté de pensée, comme à son libre-arbitre. Pour la franc-maçonnerie adogmatique, elle est considérée sans limite.
D'ailleurs pour le Commission Européenne des Droits de l'Homme, c'est la même chose au vu de ce document d'une centaine de page sur le seul article 9. Comme il est indiqué dans ce document d'étude :
« A la base, l’article 9 vise à prévenir l’endoctrinement des individus par l’Etat en permettant à chacun d’eux d’avoir une pensée, une conscience et une religion personnelles, de les développer, de les approfondir et, finalement, d’en changer. C’est ce que l’on désigne souvent par l’expression for intérieur : .
Par exemple : « l’intention de voter pour un parti donné est essentiellement une démarche intellectuelle intervenant dans le for intérieur de l’électeur et son existence ne peut être ni prouvée ni réfutée tant qu’elle ne s’est pas manifestée par l’acte consistant à voter. »
L'adogmatisme ne concerne pas que la religion et la croyance. Il concerne tout ce qui nous structure individuellement : notre vision du monde, de la société, notre culture, nos convictions personnelles, … du moment que ces convictions ne soient pas des atteintes à la liberté d'autrui, conduisent aux jugements ou à sa discrimination pour une raison ou une autre. C'est du moins l'idéal.
Je suis la première – disons la deuxième – pour avoir mesurer que si l'intention des fondateurs et fondatrices de nos obédiences s'appuyaient sur un désir d'une société meilleure, construite au sein de la structure obédientielle, la franc-maçonnerie adogmatique n'a pas réussi cette transformation. Il y a toujours discrimination – les femmes, par exemple – ou encore toujours atteinte à la liberté de conscience.
Contrairement à ce qui est considéré, cette liberté de conscience n'est nullement nuisible et séparée de la démarche initiatique. Elle en fait partie. Elle en est même le principal pilier. Une liberté d'opinion et de son expression implique de facto que la démarche initiatique soit tout autant libre. La franc-maçonnerie adogmatique considère qu'il n'existe pas de cadres. Il n'y a pas de « mauvaise » ou « bonne » initiation. Il n'y a, d'ailleurs, à ses yeux pas de franc-maçonnerie qui peut se gargariser d'être plus authentique qu'une autre. Le débat « déiste », « théiste » et « athéiste » n'existe pas ou ne devrait pas exister. Par contre, il est nullement interdit à l'athée de regarder ce qu'est la démarche d'une sœur ou d'un frère théiste ou déiste, et inversement – de s'en enrichir et de la partager – L'interdit est d'imposer sa démarche à l'autre ou de contraindre l'autre du fait de sa démarche.
La franc-maçonnerie d'aujourd'hui se montre, certainement, en matière de libertés sous son plus mauvais visage. Ce n'est pas, du fait, des choix et des libertés qu'elle défendrait, mais par leur absence dans les démarches de nombreux frères et sœurs. Ce Manifeste en est l'une des illustrations. Il explique que « La Grande Loge s’interdit tout dogmatisme idéologique qu’elle imposerait à ses membres, fondé par exemple sur une interprétation « officielle » et institutionnelle des problématiques du monde contemporain. Elle considère la liberté d’opinion comme la première des libertés. »
Or, cette initiation ou cette démarche initiatique ne supporte ni les femmes, ni la liberté de conscience considérée comme « une assimilation fallacieuse à un droit individuel », ni les « inter-visites » avec des membres issus des obédiences dites « irrégulières » ou dans des obédiences « irrégulières », ni le déisme, ni l'athéisme, ni d'autres sujets que ceux dédiés à la franc-maçonnerie.... Avec autant d'interdit, une telle démarche ne peut être que discutable voir altérable à chaque fois que le frère quitte sa loge. Cette liberté qu'il dit "première" n'en supporte aucune autre.
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