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La Maçonne

Une franc-maçonnerie adogmatique incomprise.

Le premier des droits de l'homme c'est la liberté individuelle, la liberté de la propriété, la liberté de la pensée, la liberté du travail.

Jean Jaurès

Une franc-maçonnerie adogmatique incomprise.

Ce que montre le « Manifeste » (voir lien en fin d'article) de cet Assistant Grand-Maître de la GLAMF, dont on regrettera encore la suspension et le passage en justice maçonnique, est son incompréhension – mais je doute qu'il soit le seul – de la franc-maçonnerie adogmatique et libérale.

Ce document a, au moins, le mérite de poser les bases d'une réflexion sur les différentes approches et visions de la franc-maçonnerie mais aussi de soulever un problème de définition d'une part et d'autre. C'est pourquoi , en retirant les spécificités de la GLAMF, il est utile de s'y pencher à nouveau.

 

« la Maçonne » demande LA liste de Landmarks

Si chacun comprends qu'une obédience s'organisent autour de règles et de principes, qu'elle en définit ses limites comme le cœur de sa démarche, qu'elle cherche à les faire respecter, j'appartiens à cette majorité silencieuse qui ne sait pas ce qu'est un « Landmarks », n'en ayant jamais vu un seul. Je vous vois rire – là bas au fond de la salle – mais reconnaissez que c'est un vrai problème. Comment peut-on en parler sans savoir ce que ces « landmarks » contiennent ? Dans ses constitutions de 1723, la Grande Loge de Londres s'y référaient « Chaque Grande Loge annuelle détient le pouvoir et l'autorité de créer de nouvelles règles ou de les modifier, pour le bien de l'ancienne fraternité, à condition de toujours préserver soigneusement les anciens « Land-Marks ». »

Les Landmarks ne sont, bien sûr ,à ne pas confondre avec les Basics Principles, dont le respect aux anciens landmarks est un des principes. Le chat qui se mord la queue.

La loge  "l'Union Française" n°17 », qui comme son nom ne le dit pas est une loge américaine, (New-York), présente sur son site en français, comme son nom l'indique, une définition qui mérite une place sur ce blog : «“Tout ce qui est trouvé nécessaire à maintenir l’identité et à garantir la continuité de la Franc-Maçonnerie a la puissance d’un Landmark. »

Ce qui signifie que cela peut être n'importe quoi, comme cela peut être en fonction des nécessités de l'époque et qu'ils peuvent être modifiés autant que je nous le voulons.

Or, si vous lisez cet article qui donne cette intéressante définition, vous constaterez avec stupéfaction que « l'Union Française » y voit, au contraire, une bonne raison pour que ces « landmarks » soient immuables pour nous dire qu'il est impossible pour donner une liste complète !

Or, même dans cette franc-maçonnerie « régulière » des frères se sont posés la même question que moi depuis l'aube des temps. Surtout les américains avec leur fâcheuse manie de poser les questions qui fâchent. Le premier fut le Docteur Albert Mackey qui en lista 25. Pour lui, pour qu'une règle soit reconnue « landmarks », il faut qu'elle soit reconnue comme d'ancienneté immémoriale, être universelle et être absolument irrévocable. Depuis chaque Grande Loge américaine a une liste de landmarks, qui peuvent être au nombre de 54 comme au nombre de 7. Entre la « croyance en Dieu » et l'interdit faite aux femmes, il est peu probable de les considérer comme « irrévocables ». Certainement, parce que rien ne l'est vraiment.

Ainsi, lorsque des francs-maçons « réguliers » ou d'autres souhaitent s'en référer pour affirmer une authenticité de leur démarche, il faut s'attendre à se plier à ce rebutant exercice qui consiste à parler en langage des signes à des aveugles.

Il n'existe aucune autre manière de le dire : il n'y a pas de landmarks.

La franc-maçonnerie adogmatique se repose, si je puis dire, sur cette navrante réalité : aucun landmarks ne peut être imposé à des hommes et des femmes, libres et raisonnables. Si en on accepte sa qualité mythique, il n'en est pas moins qu'il n'est pas demandé aux maçons libéraux et adogmatiques de se soumettre à une fiction.

En effet, cela est reproché : les obédiences adogmatiques définissent leurs propres règles, leurs propres principes, dont la source d'inspiration est la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme – que je préfère aux siècles des Lumières – Mon goût immodéré pour les listes, certainement.

Liberté de conscience et d'opinion.

La liberté de conscience est un principe largement partagé dans toutes les déclarations de principes des obédiences adogmatiques et libérales qu'elles s'appellent Grand Orient de France, en passant par le Droit Humain et la Grande Loge Féminine de France ou même la Grande Loge de France.

Il faut une vie pour en envisager tous les aspects. Pour faire simple, la liberté de conscience est comprise comme la liberté de croire ou de ne pas croire. Elle est à la fois une liberté de religion, d'en avoir une ou pas, de croire ou non, comme une liberté vis-à-vis des religions. En France , elle est inscrite dans les principes fondamentaux reconnus par la République. Elle découle de l'article 10 des Déclarations des Droits de l'homme et du citoyen de 1789, de la loi sur la Laïcité, et de l'article 9 de la convention européenne des droits de l'homme.

Or, la liberté de conscience ne se résume pas à sa croyance ou incroyance, mais aussi à la liberté d'opinions, à leurs expressions, à la liberté de pensée, comme à son libre-arbitre. Pour la franc-maçonnerie adogmatique, elle est considérée sans limite.

D'ailleurs pour le Commission Européenne des Droits de l'Homme, c'est la même chose au vu de ce document d'une centaine de page sur le seul article 9. Comme il est indiqué dans ce  document d'étude :

 

Une franc-maçonnerie adogmatique incomprise.

« A la base, l’article 9 vise à prévenir l’endoctrinement des individus par l’Etat en permettant à chacun d’eux d’avoir une pensée, une conscience et une religion personnelles, de les développer, de les approfondir et, finalement, d’en changer. C’est ce que l’on désigne souvent par l’expression for intérieur : .

Par exemple : « l’intention de voter pour un parti donné est essentiellement une démarche intellectuelle intervenant dans le for intérieur de l’électeur et son existence ne peut être ni prouvée ni réfutée tant qu’elle ne s’est pas manifestée par l’acte consistant à voter. »

L'adogmatisme ne concerne pas que la religion et la croyance. Il concerne tout ce qui nous structure individuellement : notre vision du monde, de la société, notre culture, nos convictions personnelles, … du moment que ces convictions ne soient pas des atteintes à la liberté d'autrui, conduisent aux jugements ou à sa discrimination pour une raison ou une autre. C'est du moins l'idéal.

Je suis la première – disons la deuxième – pour avoir mesurer que si l'intention des fondateurs et fondatrices de nos obédiences s'appuyaient sur un désir d'une société meilleure, construite au sein de la structure obédientielle, la franc-maçonnerie adogmatique n'a pas réussi cette transformation. Il y a toujours discrimination – les femmes, par exemple – ou encore toujours atteinte à la liberté de conscience.

Contrairement à ce qui est considéré, cette liberté de conscience n'est nullement nuisible et séparée de la démarche initiatique. Elle en fait partie. Elle en est même le principal pilier. Une liberté d'opinion et de son expression implique de facto que la démarche initiatique soit tout autant libre. La franc-maçonnerie adogmatique considère qu'il n'existe pas de cadres. Il n'y a pas de « mauvaise » ou « bonne » initiation. Il n'y a, d'ailleurs, à ses yeux pas de franc-maçonnerie qui peut se gargariser d'être plus authentique qu'une autre. Le débat « déiste », « théiste » et « athéiste » n'existe pas ou ne devrait pas exister. Par contre, il est nullement interdit à l'athée de regarder ce qu'est la démarche d'une sœur ou d'un frère théiste ou déiste, et inversement – de s'en enrichir et de la partager – L'interdit est d'imposer sa démarche à l'autre ou de contraindre l'autre du fait de sa démarche.

Crise de la Franc-maçonnerie. Crise des libertés.

La franc-maçonnerie d'aujourd'hui se montre, certainement, en matière de libertés sous son plus mauvais visage. Ce n'est pas, du fait, des choix et des libertés qu'elle défendrait, mais par leur absence dans les démarches de nombreux frères et sœurs. Ce Manifeste en est l'une des illustrations. Il explique que « La Grande Loge s’interdit tout dogmatisme idéologique qu’elle imposerait à ses membres, fondé par exemple sur une interprétation « officielle » et institutionnelle des problématiques du monde contemporain. Elle considère la liberté d’opinion comme la première des libertés. »

Or, cette initiation ou cette démarche initiatique ne supporte ni les femmes, ni la liberté de conscience considérée comme « une assimilation fallacieuse à un droit individuel », ni les « inter-visites » avec des membres issus des obédiences dites « irrégulières » ou dans des obédiences « irrégulières », ni le déisme, ni l'athéisme, ni d'autres sujets que ceux dédiés à la franc-maçonnerie.... Avec autant d'interdit, une telle démarche ne peut être que discutable voir altérable à chaque fois que le frère quitte sa loge. Cette liberté qu'il dit "première" n'en supporte aucune autre.

Une franc-maçonnerie adogmatique incomprise.
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E
Ma TCS <br /> Ton commentaire me déçoit. Au travers des articles que tu publies j'avais cru comprendre que tu jouissais d'une plus grande ouverture d'esprit et je ne m'attendais pas à une telle caricature de mon propos. Tout d'abord en aucune façon je ne m'exprime au nom de mon obédience. Ce que je t'ai écrit est uniquement l'expression de ma conception intime de la liberté de penser et d'agir. Cela ne remet nullement en cause le principe d'universalité de la Franc Maçonnerie. Je considère tous les maçons, quelle que soit leur appartenance, comme des frères et des soeurs, sans aucun à priori. En revanche je confirme que je ne souhaite pas que celles et ceux qui ne partagent pas ma vision (et celles de mes frères) de la maçonnerie tentent de m'imposer leurs propres critères, en particulier en brandissant , a chaque occasion, l'étendard d'une conception de la liberté de conscience qui n'est pas la mienne. Ce n'est pas parce que je joue au foot et toi au rugby à XV que tu as la moindre légitimité à vouloir m'imposer de prendre le ballon avec les mains, au prétexte de me libérer d'une contrainte que j'ai en fait librement acceptée parce que je préfère largement le ballon rond au ballon ovale. Nous ne pratiquons pas le même jeu et ne sommes pas sur des terrains identiques, mais cultivons des valeurs communes. Ce qui nous différencie ne nous empêche pas d'être unis dans une fraternité à portée universelle, celle du sport collectif et nous sépare des femmes et des hommes qui n'en pratiquent pas. Au fait, dans ces sports....les équipes ne sont pas mixtes?...en revanche il y a du rugby et du foot féminins. Cela ne t'inspire t-il aucune réflexion? <br /> Pour conclure, je te rassure tout de suite: dans ma loge nous débattons très librement et durant nos travaux nos esprits et nos âmes accèdent parfois à des plans de conscience très élevés....malgré le fait que nous soyons rigoureux quant à la pratique des rituels et particulièrement enjoués au cours de nos banquets fraternels! Ainsi chacun de nous a les plus grandes chances de repartir de nos tenues doté de la force morale nécessaire pour remplir chaque jour, au sein de la société des hommes, le rôle qui lui est dévolu dans la réalisation du plan du GADLU. C'est à ça que sert la Franc Maçonnerie, du moins c'est l'idée que je m'en fais. Si en plus elle peut être un chemin de vie et un levier d'élévation spirituelle pour certains (dont je suis) tout est parfait.
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E
Ma TCS, la liberté d'une loge ou d'une Obédience c'est de fixer son règlement et son terrain de jeu. Libre à elle de recruter qui elle veut avec les critères qui sont les siens, de fréquenter qui elle veut et d'autoriser les visites ou non de ses membres a l'extérieur. Elle n'a de comptes à rendre à personne dans la mesure où ses membres sont libres et de bonnes moeurs et ses travaux conformes à la Loi Universelle. Elle n'a à se justifier devant personne. C'est ça la liberté. Tout débat sur le fait que telle ou telle obédience accepte ou non les femmes, refuse ou non les intervisites, exige ou non le théisme etc...est superfétatoire: chacun ou chacune choisit son point de chute, c'est aussi simple que cela. Et celui ou celle qui se sent décalé là où il est n'a qu'à aller ailleurs. Le mal vient de ceux où celles qui plutôt que de partir veulent réformer le système avec lequel ils/elles ne sont plus en symbiose et ou ils sont minoritaires. Il vient aussi des maçons et/ou maçonnes qui extérieurs à la structure veulent qu'elle se réforme pour ressembler à un modèle qui pas le sien. <br /> Personnellement je ne suis pas intéressé par les sujets sociétaux et je poursuis un parcours essentiellement spiritualiste; bien qu'étant profondément démocrate dans la société civile, je ne crois pas du tout à l'efficacité de la démocratie en franc maçonnerie; bien que marié depuis fort longtemps avec une femme belle, cultivée, intelligente et que j'aime, et appréciant la compagnie et l'amitié des femmes tout autant que celle des hommes, je ne souhaite pas travailler en Loge avec elles. Les loges mixtes et/ou sociétales, pas plus que ce que tu nommes "maçonnerie libérale et/ou adogmatique, ne m'intéressent. Il y a,à mon sens, des cafés philo, des associations ou des partis pour ce genre d'activités. Ce n'est pas ce que suis venu chercher en maçonnerie il y a un quart de siècle. J'ai choisi librement un autre cadre, dont j'ai accepté les règles et le terrain de jeu, et je m'y trouve particulièrement bien. Je ne cherche a l'imposer à personne et je ne juge pas ceux où celles qui en ont choisi un autre. Mais j'ai aussi plusieurs filleuls et filleules dans d'autres obédiences que la mienne car je les ai orientés vers ce qui me paraissait être la voie la mieux adaptée pour elles ou eux. Ça c'est la vraie liberté.<br /> Le dogme c'est de vouloir imposer aux autres sa propre conception de la liberté.
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L
Si pour toi, la franc-maçonnerie c'est cela (ou du moins ton obédience), il serait plus honnête de préciser : qu'elle n'est pas universelle, ne rassemble que les "que pensent d'une seule manière", qu'elle refuse tous les débats, et qu'elle n'a aucun rôle (ou ne sert à rien) à part organiser des bouffes après un rituel entre hommes. Tout simplement.
U
Bonjour, <br /> Comme d'habitude, tu fais, ma S:: La Maçonne, un excellent article, auquel je souscris avec d'autant plus d'entrain que je suis une femme.....une Soeur donc........ et que mon esprit libre me "coûte" l'éloignement de mon Obédience, GLMF....... <br /> Bien Fraternellement,
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