27 Juillet 2014
Ainsi devant un plat de currywurst et s'abreuvant de bière, et dégustant des berliner, ce 23 juillet, les cinq Grandes Loges ont rédigé la Déclaration de Berlin.
Celle-ci fut publiée, deux jours plus tard, dans le blog « la Lumière » par François Koch : on ne change pas les équipes qui gagnent.
Une réponse de la CMF en date du 25 juillet est de même jointe.
Cette fois, les 5 Grandes Loges ont fait un effort sémantique d'importance. Je me lassais d'expliquer aux frères de la GLDF ce que signifiait « rompre sans ambiguité avec les obédiences irrégulières ».
Si la Déclaration de Bâle n'était pas à la hauteur de la compréhension des frères de la GLDF, j'avoue qu'il m'avait échappé qu'il y avait deux objectifs à celle-ci.
Je l'ai tellement lu, tant des analyses farfelues ont été faites, que je pourrais presque vous la réciter par cœur. Il n'y a aucune mention dans la Déclaration de Bâle d'un premier objectif qui serait la remise en conformité de la GLNF et son retour à la paix et à l'harmonie. J'avais analysé, plutôt, tout le contraire.
Je ne peux donc que sourire en lisant :
La déclaration de Bâle a atteint son premier objectif. Le processus de désintégration de la GLNF a été stoppé, la paix et l'harmonie ont été restaurées parmi les Frères de la GLNF.
Il s'agissait certainement d une incantation magique en encre sympathique. Je ne vois, en effet, aucune autre explication rationnelle qui puisse permettre au 5 Grandes Loges de faire un tel constat. Je vais aller plus souvent allumer des cierges. On ne sait jamais.
Contraintes et forcées, elles sont confrontées à une réalité plus tangible : la GLUA a renoué ses liens avec la GLNF en juin 2014. Pour rester dans les jupes de la vieille anglaise, elles sont obligées d'en prendre acte et de reconnaître la GLNF.
Le paragraphe suivant présente plusieurs idées, qui méritent quelques commentaires :
Cependant, la dynamique et la complexité de la situation maçonnique française ne se limitent pas à la seule restauration de la GLNF. Plusieurs Grandes Loges françaises, à savoir la GLDF (Grande Loge de France), la GLAMF (Grande Loge de l'Alliance française) et la GLIF (Grande Loge Indépendante de France), ont entretemps fondé une Confédération (CMF) avec pour but d´obtenir la reconnaissance internationale grâce à l’observance stricte des règles de la régularité. A partir des documents officiels reçus de la CMF, qui contiennent un certain nombre de modifications importantes dans la Constitution et le Règlement Général de la GLDF, les cinq Grandes Loges signataires sont convaincues que la CMF est dès lors susceptible d'être elle aussi reconnue internationalement.
Elles considèrent à présent le paysage maçonnique français comme étant de facto un territoire "à partager" par toutes les parties concernées.
Effectivement, la création – vu de Berlin en dégustant une wurst – d'une GLAMF et d'une GLIF, scission de la GLNF, associée à une GLDF, auxquelles on a promis une « reconnaissance internationale » alors que la GLNF l'a retrouvé un peu plus tôt que prévu, complique fondamentalement les choses pour ces Grandes Loges, prises au piège de leurs manœuvres. Ce sont, en effet, elles qui ont appelée (c'était d'ailleurs le sens de la Déclaration de Bâle) à la constitution d'une Confédération.
La France est la France. Quoiqu'il en soit, elle peut s'offrir une énième obédience – voir même des énièmes. En effet, la GLIF – que tout le monde oublie – est aussi une émanation de la GLNF qui pourrait fusionner avec la GLAMF, histoire de simplifier le « paysage maçonnique français ». Pourquoi ne le fait-elle pas?
Voir même, soyons fou – les loges de la GLAMF pourraient retourner à la GLNF. Hélas, grâce au cinq Grandes Loges, à une Confédération Maçonnique brandit tel un étandard, une simple incantation magique aussi efficace soit-elle, ne suffira pas.
Mettons-nous d'accord de suite. J'espère qu'ici ces Grandes Loges parlent bien de ce que je crois qu'elles parlent. A leur prochaine déclaration, je souhaiterais que ces cinq Grandes Loges présentent les fameuses règles en annexe, si toutefois elles les connaissent. Les obédiences françaises, dont celles composant la CMF, semblent les avoir oubliées – ou tout au moins, là – maintenant, tout de suite, cela ne leur inspire rien.
On peut tortiller, ce point, autant de fois que l'on veut : il n'y a aucune échappatoire possible.
C'est donc du sérieux : on se prosterne ou pas, mais l'essentiel est dit. L'objectif de la CMF est bien – et a toujours été - de faire plier la GLDF aux règles de la régularité, de la faire rompre avec les obédiences libérales, et d'obtenir une reconnaissance internationale qui ne se limite pas à l'Europe.
Je brandis, alors mon sabre en m'écriant : Ah!Ah !
Tous ceux qui estimaient le contraire, à grand renfort de déclarations et d'articles durant ces deux dernières années, racontaient prosaïquement n'importe quoi. Tous les frères de la GLDF qui se sont endormis sous l'hymne « nous allons entrer dans l'histoire » vont pouvoir se réveiller à la rentrée pour découvrir que leur Grand Maître n'a pas vraiment travaillé dans le sens de leur convent.
Tous ceux qui estimaient encore en juin que « rompre avec les obédiences irrégulières » ne voulaient pas dire « rompre avec les obédiences régulières » (notez la différence sémantique) vont devoir s'amender. Ah ! Ah ! Donc.
Je souhaite prévenir humblement les cinq Grandes Loges que les documents concernant les modifications de la constitution n'ont pas été voté par le convent de la GLDF. Il ne s'agit que de propositions.
Les loges de la GLDF ont jusqu'à décembre pour se décider lors de leur Tenue de Grande Loge. En sus, leur convent de juin 2014 ont voté tout le contraire des propositions présentées par Marc Henry.
Toutefois, cette petite phrase laisse supposer plusieurs choses :
Les Grandes Loges signataires sont convaincues que dans le cadre d’une recomposition du paysage maçonnique francais, consacrée sur le plan international, une distinction nette doit être maintenue entre Grandes Loges régulières et non régulières.
Tout en lisant, la réponse donnée par la CMF co-signée par Alain Juillet (GLAMF) et Jacques ZAMBROWSKI (GLDF). On connait le premier, le second est un nom qui semble sortir du chapeau, ainsi que sa "fonction" de haut représentant ...
Si les 5 Grandes Loges ont fait un effort, la réponse de la CMF est un fouillis sémantique. Cependant, elle confirme l'idée que les loges de la GLDF ont toujours été menées en bateau et cela depuis deux ans.
La Déclaration de Berlin renforce la motivation des Francs-Maçons de ces Grandes Loges confédérées d’obtenir l'établissement de relations mutuelles effectives entre la CMF, et les cinq Grandes Loges d’Europe continentale ayant appelé à cette évolution, puis au-delà avec d’autres Grandes Loges de la chaîne maçonnique universelle.
Ce mouvement permettra, sans exclusive et dans un esprit d’ouverture et de fraternité, notamment vis-à-vis de la Grande Loge Nationale Française, de rassembler des Francs maçons attachés aux valeurs spiritualistes et traditionnelles ainsi qu’à la régularité des pratiques maçonniques.
Comme l’envisage la Déclaration de Berlin, c’est un pas significatif à la hauteur des enjeux qui nous motivent, respectueux à la fois de la diversité des choix et de l’unité des principes de base intangibles issus de la tradition.
Autant dire, que la GLDF, vu le panier de crabes, n'a aucun intérêt à accepter lesdites modifications, car rien ne leur assure qu'effectivement que cette « reconnaissance internationale » leur soit acquise, malgré cette déclaration dithyrambique.
L'analyse vaut aussi pour la GLNF qui, a contrario, venant de récupérer la fameuse "régularité", ne compte pas la perdre à nouveau.
Serais-ce là une autre incantation magique ? Ces cinq Grandes Loges peuvent le considérer, même espérer devant des currywurst et une bière. Je dirai même que ce serait tant mieux : cela signifierait que la GLUA n'existe plus. Ce qui n'est a priori pas le cas.
je ne vois pas le convent de la GLDF – somme toute composé de frères sains de corps et d'esprit même si parfois un peu trop endormis– nier leurs votes de juin 2014 pour une « reconnaissance internationale ».
La GLDF, certes a un problème majeur d'identité, se trouvant avec un Grand Maître militant pour une CMF qui ne changera rien du paysage maçonnique français – puisqu'une obédience dite « régulière » existe toujours – tout en ayant un convent qui n'en veut pas si elle modifie leur pratique maçonnique. Pourtant, le vote du convent parle contre ces cinq Grandes Loges.
Vous ai-je dit que les obédiences libérales sont assez ouvertes d'esprit pour supporter trois obédiences régulières de plus ? Ainsi, le fait en soi, n'importunera personne dans le cas où le convent de la GLDF se pliera aux volontés des cinq Grandes Loges. Elles perdront ses relations avec une GLDF qui sera en train d'imploser littéralement.
Celle-ci soit fondera une nouvelle obédience, soit réussira à faire en sorte que les quelques frères et loges qui militent toujours pour la CMF la quitte et rejoignent la GLAMF ou la GLNF, soit se séparera de son Suprême Conseil … soit fera tout cela en même temps.
Croyez-moi, la disparition de la notion même de régularité en France ne m'aurait nullement abattue. Mon esprit d'indépendance est seul en cause, ajouté à cela à une pratique maçonnique extrêmement libre.
Néanmoins, si des hommes adultes et responsables veulent s'enchaîner avec des règles d'un autre temps, ce ne seront pas les premiers et ce n'est pas moi qui irait les contrarier, tant qu'ils n’enchaînent qu'eux.
Or, se dessine de plus en plus une troisième voie – sinon une hypothèse de travail : ces cinq Grandes Loges souhaitent détrôner la GLUA. Elles souhaitent constituer un groupe d'obédiences en Europe assez fort numériquement parlant, et possédant peu ou prou les mêmes règles émises par leur ancienne maîtresse. Bref, faire une copie de la GLUA et prendre par la suite sa place, dans un discours déjà connu : « c'est nous, les vrais maçons ».
La séparation entre les obédiences dites « régulières » et les obédiences libérales est toujours le credo fondateur de ces cinq Grandes Loges, voir même la base de cette nouvelle régularité, qui ne se distingue que dans la division des leurs. Le reste est devenu littérature.
Pour elles, quoi inventer d'autre ? La maçonnerie libérale existe déjà.
Pour l'étranger, la Confédération Maçonnique est régulière. Certains - et je ne parle qu'au masculin - s'en félicite certainement. … et si ces hommes étaient libres, simplement libres, cela ferait longtemps que les « traités d'amitié » seraient dans les ordres du jour de chaque convent.
Là, peut-être qu'ils auraient réussi à m'impressionner.
Lilithement vôtre,
A lire ici les modifications proposées par Marc Henry (GLDF) aux loges - pour vote en décembre 2014 : http://lamaconne.over-blog.com/2014/07/gldf-cmf-marc-henry-persiste.html
Déclaration de Berlin des 5 Grandes Loges du 23 juillet 2014
Communiqué de la CMF du 25 juillet 2014 (réponse à la déclaration de Berlin)