6 Septembre 2014
Jean-Laurent Turbet dans son blog nous présente la lettre adressée aux frères du Suprême Conseil Pour la France signé par son Souverain Grand Commandeur Jean-Luc Fauque. http://www.jlturbet.net/2014/09/vers-la-reunion-de-la-famille-du-reaa-en-france-decision-majeure-du-scplf.html
L'article de Jean-Laurent Turbet mentionne de quoi interpeller toutes les soeurs pratiquant le REAA : Un Suprême Conseil Unique et Meilleur de France (le SCUMF) va se créer .... entrant dans l'histoire du REAA. Ces sœurs qui travaillent sans faire d'annonce dithyrambique et sans se lance dans le bienheureux et facile exercice de l'auto congratulation sont certainement, tout comme moi, choquées par de tels propos, tout en étant blessées par cet étalage profane et arrogant.
Le courrier de Jean-Luc Fauque qui se veut protester contre une décision de la GLNF, qui a demandé fin août aux frères de la GLNF de quitter ce même Suprême Conseil, ne manque pas de sel.
Beaucoup ont été surpris par la prose quelque peu embrouillée de la circulaire n°35 de Marc Henry. Jean-Luc Fauque, bien que d'un style un peu plus direct, procède à quelques petits arrangements à sa façon. Son objectif est, bien sûr, d'inciter les frères de la GLNF de rester dans le Suprême Conseil pour la France.
Voici un joli exercice … Comment un Souverain Grand Commandeur d'un Suprême Conseil (REAA) raconte une histoire à ses frères ?
Dans son introduction, celui-ci explique qu'il a suivi dans la plus grande attention les affaires de la GLNF. François Stefani (que l'on ne vous présentera pas) a rompu ses relations avec ce Suprême Conseil. La raison de cette première rupture est la scission de la GLNF, fondant entre autres obédiences la GLAMF.
En avril 2012, dans une dernière déclaration, Jean-Luc Fauque estimait que la présence de frères de la GLNF et de la GLAMF était une « disposition exceptionnelle » qu'il décidait de maintenir tant que les Grandes Loges Régulières n'auraient pas pris elles-mêmes position. http://www.scplf-reaa.org/Accueil/tabid/40/articleType/ArticleView/articleId/19/DECLARATION.aspx
Entre 2012 et 2014, les positions n'ont pas manquées d'être prises. L'exception serait-elle devenue une règle ?
La première partie de cette lettre de 3 pages fait le point sur les derniers événements d'un dossier qui finalement va de rebondissement en rebondissement, me détrompant sur un point. En effet, je considérais que la course à la régularité associée à la « recomposition du paysage français » allait prendre fin suite aux différents votes du convent de la GLDF.
Certes, j'imaginais que des frères allaient encore s'y raccrocher comme à une bouée, tout se trouvant des explications des plus farfelues, mais loin de moi la pensée qu'un Souverain Grand Commandeur allait en être.
Jean-Luc Fauque mentionne: la GLNF qui retrouve ses médailles auprès de la GLUA (11 juin 2014), la déclaration de Berlin du 23 juillet des 5 Grandes Loges, et la lettre du 29 juillet du Grand Maître de la GLNF.
Le hic ? Il omet soigneusement et méticuleusement le dernier communiqué de la GLUA en faveur de la GLNF, en réponse à la Déclaration de Berlin des cinq Grandes Loges Européennes.
Il est, pourtant, capital.
En un mot, un seul, ce communiqué annulait tout espoir de reconnaissance d'un rassemblement confédéré d'obédiences, sur un territoire qui n'est pas à partagé, quelque soient l'analyse faite par les 5 Grandes Loges Européennes dans leur déclaration de Berlin. Seule une obédience peut être reconnue et non pas la très anonyme CMF. Les anglais donnent, de plus, un blanc seing quant aux partages du territoire à la GLNF, renvoyant les 5 Grandes Loges dans quelques villes européennes qu'elles n'auraient pas encore visitées.
Ce communiqué interdit toute « reconnaissance » pour la GLUA, mais aussi interdit aux 5 Grandes Loges de reconnaître une CMF anonyme ou une autre obédience en France … à part celle qui est seule sur son territoire.
Lire à ce propos ici "CMF : c'est Berlin!" :
CMF: C'est Berlin! - La Maçonne
Ou plutôt Verdun! Cette belle petite ville française ne méritant plus cette expression moqueuse, je vous en propose une autre plus dans l'air du temps et qui pourra être typiquement " maçonniq...
http://lamaconne.over-blog.com/2014/08/cmf-c-est-berlin-ou-pour-les-puristes-verdun.html
Aussi une première analyse sur la Déclaration de Berlin http://lamaconne.over-blog.com/2014/07/cmf-glnf-declaration-de-berlin-des-5-grandes-loges-europeennes.html
Tout ceci, malgré tout, mis bout à bout démontrait, si doute il y avait, que la GLNF est bel et bien reconnue par la GLUA. Jusque là, n'importe qui, sans même avoir passé un diplôme ès-Sciences de la Régularité, pouvait arrivé à cette fatidique conclusion... sauf le Grand Commandeur Jean-Luc Fauque. Ce dernier n'hésite pas à écrire :
« La reconnaissance partiellement retrouvée de la Grande Loge Nationale Française, met institutionnellement fin à quatre ans d’une crise, sans précédent dans l’histoire de la Franc--Maçonnerie. »
Ah non ! Je proteste ! Remboursez !
Cette affaire est déjà assez navrante pour que ce Souverain Grand Commandeur ne s'aventure pas à sous-entendre que des « régularités » à l'anglaise et les « reconnaissances » de la GLUA peuvent être partielles. Ils sont tordus, certes, mais pas à ce point.
Voici donc une mise en situation guère honnête de la part de Jean-Luc Fauque.
La suite, je vous prévient, risque de vous faire mal comme un lendemain de cuite avec un mauvais vin. Jean-Luc Fauque essaye de mettre Paris en bouteille, alors qu'il ne réussit qu'à pousser le bouchon un peu trop loin.
« Dans l’hypothèse, où les cinq Grandes Loges Européennes précitées confirment définitivement en fin d’année, la reconnaissance de la Confédération Maçonnique Française, notre Juridiction, conformément à ses statuts et règlements, est légitimement fondée à recevoir dans ses ateliers tous les Maîtres Maçons de cette Confédération et de la Grande Loge Nationale Française. »
Hypothèse : Si les 5 Grandes Loges Européennes reconnaît la CMF.
L'omission du dernier communiqué de la GLUA trouve, de suite, une justification. Les 5 Grandes Loges reconnaissaient la GLNF (ou allaient le faire). Elles ne peuvent pas reconnaître la CMF en tant qu'entité commune. Seule une obédience peut être reconnue, si le partage du territoire est accepté par la GLNF.
Conséquence : Si l'hypothèse est vrai, le Suprême Conseil peut recevoir tous les maçons de la CMF et de la GLNF. Sauf que l'hypothèse n'étant pas d'actualité, ce Suprême Conseil ne le peut pas encore, bien que ce soit la situation actuelle. C'est pour cette raison que la GLNF demande à ses frères de le quitter, sachant que l'hypothèse sera toujours fausse, puisqu'elle est la seule à pouvoir décider.
Une modification initiatique de taille est à apporter au REAA : le bon usage des suites logiques …
Clairement, Jean-Luc Fauque explique que la GLNF a parfaitement raison de demander aux frères de la GLNF de quitter le Suprême Conseil, parce que la GLAMF n'est pas reconnue par les 5 Grandes Loges européennes. La formulation, n'est-elle pas intéressante ?
« Nous avons dans cette perspective, établi des contacts avec les Frères du Suprême Conseil de France aux fins d’étudier les modalités qui permettraient de travailler ensemble, au développement du Rite Ecossais Ancien et Accepté sur le territoire Français. Les destins de nos deux Suprêmes Conseils sont liés. Les événements que vous connaissez, ont conduit, en 1964, à une séparation. Aujourd’hui, l’histoire sollicite de nouveau les Maçons Ecossais Français et ouvre l’espérance d’un développement futur du Rite à la hauteur de ses origines et de sa deuxième place dans le concert maçonnique mondial. »
Bref, si tout cela « marche », les Suprêmes Conseils entrent dans l'histoire pour se rassembler & devenir le 2nd au monde. Le SCUMF est né.
Je sais, vous ne comprenez pas.
Par quelle magie - car il doit en falloir - ces deux Suprêmes Conseils existants seront meilleurs qu'ils ne le sont aujourd'hui après une hypothétique reconnaissance des 5 Grandes Loges ? Rien – en effet, rien – ne leur interdit à ce jour de travailler ensemble, de s'unir dans un Suprême Conseil Unique et Meilleur de France (SCUMF) si cela leur plaît.
Comment un Souverain Grand Commandeur peut se permettre de décider en lieu et place de ses membres d'une fusion de deux Suprêmes Conseils et en faire sa publicité?
Un SCUMF - mais un SCUMF ND - Non Démoncratique - est programmé.
La suite du courrier de Jean-Luc Fauque fustige la décision de Jean-Pierre Servel, Grand Maître de la GLNF. Il déclare ainsi :
« La brutale prise de position du Grand Maître de la Grande Loge Nationale Française, sans aucune concertation préalable--‐notre dernière rencontre date du 6 févier 2014 --‐ répond à l’évidence, au lointain et persistant désir de soumettre les degrés de perfectionnement à l’autorité de la Grande Loge. »
Je souhaite rappeler au Souverain Grand Commandeur qu'une Grande Loge, même chez les « libéraux », n'a pas de concertation à prendre auprès d'un Suprême Conseil et d'aucune juridiction de hauts grades. Il n'y a en réalité, à ma connaissance , qu'une obédience en France qui le prévoit dans ses constitutions : le Droit Humain.
Par contre, une Grande Loge, dans n'importe quel autre cas, peut estimer qu'une juridiction de Hauts Grades est devenue infréquentable pour ses membres.
La GLDF est censée fonctionner de cette manière. Jean-Laurent Turbet, dans son dernier article, vient de nous montrer qu'une ingérence d'un Suprême Conseil dans les affaires d'une obédience est chose normale. Voir même il admet que le Suprême Conseil Pour la France, émanant d'une GLNF/GLAMF, écrive l'histoire de la GLDF et de ses loges bleues.
Si je ne m'abuse, la GLAMF est présentée, elle-même, comme étant indépendante de son Suprême Conseil. Son Souverain Grand Commandeur Jean-Luc Fauque ne paraît pas le savoir.
Et on ne se moquera pas pour cette heureuse suite :
« Les considérations mises en avant par le Grand Maître SERVEL pour justifier sa prise de position, sont purement politiciennes. Il surfe sur des confusions entre régularité, reconnaissance et relations en amitié qui débouchent sur des ukases incompatibles avec la liberté de choix et de conscience du Maçon Ecossais. »
Certes, il y a certainement confusion entre « relation en amitié » et « reconnaissane/régularité ».
Pour le duo « reconnaissance/régularité », nous avons compris qu'une obédience peut être « régulière » sans être « reconnue » (et on se fiche par qui elle n'est pas reconnue).
En gros, se dire « régulière » ne sert à pas grand chose, à part se faire plaisir, si l'obédience n'est reconnue par personne. C'est d'ailleurs le cas de la GLDF et de la GLAMF - autrement dit de la CMF -
Ce monde des « réguliers » est, en lui-même, bien fabuleux.
Lorsque la GLNF était reconnue par 100 Grandes Loges mondiales, elle était moins que rien et détruite sur ses bases ayant perdu sa médaille anglaise. La GLAMF & la GLDF se sont empressé de fonder une CMF, censée « recomposer le paysage français » pour « refonder la maçonnerie de tradition »devant une GLNF finie.
Par contre, une GLAMF, reconnue uniquement par la GLDF et aucune grandes loges régulières, c'est comme si elle avait trouvé l'arche d'alliance entre une vieille poussette et des rangées de bocaux vides, dans le grenier de la grand mère du Souverain Grand Commandeur!
Que l'on ose prétendre que la "reconnaissance" par la GLUA n'a aucune importance aujourd'hui est à l'image de cette fable de La Fontaine "le Corbeau et le Renard" ... "Tout juste bon pour les goujats". A quelque part, le débat n'est malheureusement pas là.
Le Suprême Conseil pour la France n'est pas le seul à partager une histoire commune avec celui de la GLDF. Celui du Droit Humain est né en 1899 et à les mêmes sources que celui de la GLDF. Il est son jumeau. Celui du GODF possède aussi ce même héritage. Nous pourrions parler même du frère aîné, même si les historiens en débattent encore. Qu'est-il en effet rester au GODF après le départ du Suprême Conseil, fondateur de la GLDF en 1894 ?
La GLFF possède son propre Suprême Conseil Féminin, grâce aux anglaises .... Elles-mêmes possédant le leur provenant du Droit Humain... et donc partageant la même origine historique que le Suprême Conseil de France et pour la France.
La grande famille du REAA? Quelle insulte! Elle ne fait qu'oublier finalement son histoire et cette histoire est liée - que ces messieurs le veulent ou non - à l'histoire des obédiences féminines & mixtes.
N'oublions pas que ces 5 Grandes Loges, pour que la GLDF obtienne « leur reconnaissance », qu'elles ne confondent pas avec des liens d'amitié certainement, demandent à la GLDF de rompre ses relations avec les obédiences mixtes et féminines ainsi que le GODF. Relations d'amitié entretenues depuis plusieurs décennies. Le débat est justement là.
Jean-Luc Fauque, imminent Souverain Grand Commandeur, est très mal placé pour faire la leçon à qui que ce soit aux sujets de quelques relations d'amitié entre obédiences. Il n'en a visiblement que des connaissances purement livresques.
« La Maçonnerie Française peut--‐elle encore se permettre un psychodrame de scission ? » se demande-t-il.
N'exagérons rien. La seule scission que la maçonnerie française ne pourra se permettre sera celle de la GLDF.
« Mes Très Chers Frères, nous avons aujourd’hui rendez--‐vous avec l’histoire. »
Pour prendre de tel rendez-vous, faut-il encore éviter de ré-écrire la première partie de l'histoire.
Le Suprême Conseil pour la France & ses dirigeants n'ont en fait qu'une intention : prendre la main sur le Suprême Conseil de la GLDF, en lui apportant une « régularité à la mode anglaise » et quelques reconnaissances avec des Suprêmes Conseils Réguliers, que les dirigeants de la GLDF lorgnent depuis longtemps.
Malheureusement, le départ des frères de la GLNF va conduire ces Suprêmes Conseils Réguliers à rompre avec celui qui va appartenir à la seule GLAMF. C'est d'ailleurs, au niveau des Suprêmes Conseils la même bataille que pour les obédiences. En effet pour qu'un Suprême Conseil soit régulier et reconnu, il faut que ses membres soit issus d'une obédience « régulière ET reconnue ». Ce que n'est pas la GLAMF et la GLDF.
Jean-Luc Fauque peut tempêter tant et plus. La cruauté des faits n'admettent aucune confusion.
En décembre, les loges bleues de la GLDF vont se prononcer sur des modifications de sa constitution et encore une fois sur la rupture avec les obédiences libérales.
Des frères de la GLDF se demandent, certainement, comment leur obédience a réglé ses comptes pour se mettre dans un tel bourbier.
Effectivement, en furetant sur le site de Jean-Laurent Turbet, j'ai découvert à leur intention une interview de Alain-Noël Dubart de janvier 2010, alors qu'il était Grand Maître de la GLDF.
Il disait ceci :
« S’il est athée, cela ne nous pose pas de problème dans la GLDF, nous lui demandons simplement de dire qu’il va prêter son serment sur la Bible. Il va se rattacher, par ce serment sur la Bible, à la tradition religieuse, au sens large, de la majorité de ses concitoyens. Même si une grande majorité de ses concitoyens ne sont plus pratiquants. Ce serment les rattache à la communauté au sens général. La Franc-Maçonnerie est la conjonction d’Athènes et de Jérusalem, de la rationalité de la philosophie grecque et de l’évolution de la pensée religieuse judéo-chrétienne. C’est l’histoire qui nous a fait comme ça. Mais nous ne sommes pas restés comme ça. «
Et plus loin :
« Quels faits de sociétés interpellent les maçons aujourd’hui ?
Dans les loges maçonniques de la GLDF, il est strictement interdit de débattre de politique et de religion au sens profane du terme. Ce qui peut diviser les «frères» sur les questions politiques ou religieuses est banni. Par contre, il est tout à fait possible de faire un exposé sur un sujet religieux ou politique. Simplement, si ce sujet est exposé dans une loge, en aucun cas il ne peut y avoir de vote pour ou contre l’exposé qui a été fait par ce «frère». Un «frère» peut très bien exposer pourquoi il est catholique pratiquant, on l’écoutera de façon respectueuse et intéressée, on lui posera des questions, mais il n’y aura jamais de vote pour dire si cela est bien ou mal. La seule règle en franc-maçonnerie est la liberté de penser. S’il n’y a pas la liberté de penser, nous ne sommes pas dans une loge maçonnique. »
En juin 2014, ces mêmes loges bleues de la GLDF ont été obligées de voter cette « liberté de conscience », cœur de leur pratique initiatique, que leurs dirigeants voulaient arranger pour entrer dans le cadre de la maçonnerie "à l'anglaise".
Etant tout autant libre de leurs approches que de leur sujets de travaux, ils se trouvent face à des modifications qui auront pour objet de ne plus leur permettre de faire les travaux tels que Alain-Noël Dubart le décrit.
Nul doute, que les loges bleues vont rejeter ces propositions. Elles sont un véritable déni à ce en quoi ils se sont engagés en choisissant la GLDF.
Nul doute qu'ils ont honte, eux aussi, de cette maçonnerie de petits bras et de déclarations pathétiques. De ce SCUMF … Qui n'a pas même le bon goût d'être une mauvaise blague.
Nul doute qu'ils vont porter longtemps le deuil de ce qu'ils étaient avant la Déclaration de Bâle.
Lilithement vôtre,
A lire aussi la réponse de Jean-Pierre Servel, GM de la Grande Loge Nationale de France.
Table des matières - Si Fodieris Invenies
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A lire aussi ... ce site présente l'histoire de la GLDF lorsqu'elle courait à la régularité vers 1950.