25 Juillet 2015
Le droit à l'interruption volontaire de grossesse fut obtenu par les portugaises, de longue lutte et depuis seulement 2007. Un premier référendum en 1998 avait fait capoté le projet, avec 68% d'abstention et un « non » majoritaire.
Les femmes étaient condamnées à 3 ans de prison. L'IVG était permis uniquement en cas de viol et si la grossesse menaçait la santé de la femme. Il y avai, alors, entre 20 000 et 40 000 avortements clandestins par an. Les femmes les plus aisées se rendaient en Espagne, les plus modestes utilisant des moyens entrainant des complications. Ainsi, en une seule année (2003), plus de 10 000 femmes ont été hospitalisées, 5 sont décédés.
Un procès en 2002, mettant en cause 43 femmes et hommes, a secoué l'opinion publique. Une sage femme a été condamnée à 8 ans de prison et deux femmes, ayant avouées, ont été condamnées elles aussi. Ceci a permis une mobilisation et l'obtention d'un droit à l'IVG pour les femmes portugaises plusieurs années plus tard.
Malheureusement, ce 21 juillet 2015, le parlement portugais a décidé de limiter ce droit. Il oblige les femmes à suivre des examens complémentaires et à devoir prendre en charge la totalité des frais. Le mobile est le plan d'austérité conduit par un gouvernement de droite, mais aussi une Eglise catholique qui a financé des campagnes féroces contre ce droit durant plusieurs années. Plus grave encore, si cela était possible de le faire, ces examens obligatoires permettent aux médecins et psychologues "objecteurs de conscience" d'intervenir. Cette restriction est qualifiée d'acte de terrorisme auprès des femmes, infantilisées et dont les droits de choisir leur sont niés.
Lorsque l'on lit les témoignages des italiennes, on imagine aisément l'état d'esprit de ces "objecteurs de conscience", qui tendent à être plutôt des tortionnaires et des bourreaux, organisant des avortements thérapeutiques tardivement en abandonnant les femmes en plein travail après leur avoir mis une couche!
Cette restriction au Portugal touchera pleinement les femmes de milieu modestes, qui seront obligées de retourner à la clandestinité. Elle souligne, une fois encore, la fragilité des droits des femmes en Europe, qui peuvent être remis en cause à tout moment et dans tous les pays.
Plusieurs associations féministes en France se mobilisent contre cette loi, contraire aux dernières décisions de la Cour Européenne par le vote du rapport Tarabella.
En Europe, la Pologne, l'Irlande et Malte condamnent les femmes qui avortent à plusieurs années de prison. La loi irlandaise est la plus restrictive au monde. Elle va jusqu'à obliger des femmes à garder des foetus morts, dans le cadre de fausses couches, durant plusieurs semaines "pour être sûrs que le coeur ne bat plus", en risquant la vie des femmes à chaque instant, ceci au nom d'un "droit à naître".
On ne peut pas séparer le droit à l'interruption volontaire de grossesse, aux droits des femmes d'obtenir des soins pour préserver leur santé et leur vie lors de grossesses difficiles et à risque et lors des temps de maternage physiquement et psychologiquement difficile.
Ainsi, le Portugal - après la tentative de l'Espagne - souhaite réduire les droits des femmes, bien plus pour une idéologie rétrograde, que par véritable souci de droits et d'équité sociale.
Lilithement vôtre,
Courrier International : http://www.courrierinternational.com/article/portugal-le-droit-lavortement-fait-un-pas-en-arriere
Italie : http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150625.OBS1509/italie-tu-avorteras-dans-la-douleur.html
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http://www.femmes-solidaires.org/?Avortement-hier-l-Espagne-aujourd
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