18 Février 2017
Le frère, qui a écrit cette lettre de démission; fut un de ceux qui, les premiers, ont mis le pied dans le plat lors de la triste période de la CMF. Par la suite, ce même frère a souhaité organisé avec d'autres une tenue commune avec une soeur plancheuse de la GLFF. Sa loge fut menacée de démolition tout aussitôt, bien que l'organisation de cette tenue tenait de la tenue "sauvage" plutôt que d'une tenue de loge de la GLDF ... Ensuite, il a vu un de ces frères menacés de radiation pour un courrier qu'il avait envoyé aux frères de sa propre loge.
C'est assez pour lui. La GLDF a perdu son âme, son esprit, dérivant jour après jour vers la soumission à son Suprême Conseil. S'isolant. Se perdant. S'épuisant.
Délations de frères contre d'autres frères, absence de transparence du conseil fédéral dans ses prises de décisions, déni des votes du convent voir même du convent lui-même, voilà en quelques mots ce que ce frère accuse dans sa lettre et motive son départ.
Une obédience, c'est aussi l'aimer. Aimer ce qu'elle représente dans le paysage maçonnique, Plus encore, c'est lui faire confiance - autant à son organisation, à son conseil fédéral qu'à ses membres. Lorsque tout cela disparaît, il n'y a plus lieu de lutter de l'intérieur comme de l'extérieur.
Il y a d'autres combats à mener, d'autres projets à conduire .... toute une liberté à conquérir. On n'imagine même pas - et j'en fais moi-même la découverte - tout ce qu'il y a à faire en franc-maçonnerie même en dehors d'une obédience.
Cette lettre est l'expression de cette lente érosion des valeurs d'une obédience et, finalement, de la franc-maçonnerie en France. Les grands principes maçonniques sont devenus des mots vides de sens dans la bouche de quelques maniaques du cordon. Demain, ceux-là partiront. Ils seront remplacés car facilement remplaçables.
Demain. Ce frère sera bien plus maçon encore.
Demain. Ce frère aura aura retrouvé le chemin de sa quête, sa foi en la franc-maçonnerie, aura vécu d'autres expériences, d'autres aventures. Il aura retrouvé sa parole alors que d'autres continueront à être soumis au silence.
Demain. Il pourra ouvrir les travaux d'une loge, quelque part, avec une soeur comme plancheuse sans être menacé, trahi, sans craindre pour un de ses frères.
Demain. Il sera parti. La GLDF comptera un esprit libre de moins
Afin de préserver l'anonymat de ce frère et de son vénérable, voici les extraits forts de ce courrier :
"Lorsque je suis entré en franc-maçonnerie l’idée que l’émancipation de l’homme devait être poursuivie dans tous les domaines afin d’améliorer l’homme et la société m’avait séduite. Cette idée a trouvé chez moi sa concrétisation par un engagement personnel à combattre tout ce qui tend à amoindrir, asservir ou pervertir l’individu, ou encore à défendre aux côtés d’autres, maçons ou non, mais s’inspirant du même idéal, les droits et les libertés de l’Homme, la laïcité de l’Ecole et de l’Etat, la justice sociale et la paix.
Fidèle en cela aux principes qui ont guidé la création de la Grande loge de France en 1894, je n’entendais me donner, ni ne me laisser imposer d’autre limite à mon action que le respect de la vérité objective et celui du respect de la personne humaine.
Le symbolisme a été, et est pour moi, un moyen supplémentaire d’élargir les limites de ma réflexion parfois un peu trop rationnelle, j’en conviens, et j’en suis parfaitement conscient.
Puis sont venus au fil de ces dernières années les temps de la réécriture de notre histoire, des restrictions dans de nombreux domaines, toutes attentatoires à la liberté des loges et à celle des ff, jusqu’à la tentative de nous imposer la formulation de soumission totale en transformant notre obédience en support d’une véritable religion de substitution.
[...]
Dans la vie, il y a les rebelles et les soumis. Ceux qui se battent et ceux qui se couchent. Ceux qui ne baissent pas la tête et ceux qui baissent les yeux. Ceux qui résistent et ceux qui collaborent. Ceux qui sont courageux et ceux qui sont lâches. Mais surtout, il y a le ventre mou de l’opinion dominante, qui, en fonction du rapport de forces, bascule du côté du plus fort. C’est cette dernière attitude que notre loge par son vote après le passage de notre Grand Maître a adoptée. Ce vote de soumission je ne l’accepte pas.
J’entends ceux qui voudront me donner une leçon de démocratie, mais la démocratie c’est la liberté de son vote en totale liberté de conscience et non un vote sous contrainte et menace de démolition de notre loge attitude conforme aux pratiques de politiciens de bas étage.
[...]
Entrer en résistance interne constitue un choix possible mais dans une secte ce n’est pas le cas. Le Gourou finit toujours par avoir raison et l’attitude de la majorité de notre loge après l’intervention d’un Grand Maître menaçant de démolition notre loge ne requiert pas d’autres commentaires.
Une secte ne se combat pas de l’intérieur car les procès en sorcellerie contre les récalcitrants sont organisés selon le bon vouloir du gourou, ou celui de ses adjoints, qui peuvent de surcroît toujours compter, comme aux heures sombres de notre histoire, dont les maçons eux-mêmes furent les victimes, sur le concours zélé de dénonciateurs anonymes, ou non, qui lui faciliteront la tâche pour l’exécution de ses basses œuvres. Pour preuve un de nos frère doit passer devant le jury fraternel non seulement en toute illégalité de procédure mais de surcroît là encore suite à une dénonciation ce qui pour moi dans une société qui se prétend fraternelle constitue une forfaiture.
|...]
La grande loge de France s’est transformée au fil du temps et surtout au cours de cette dernière décade sous l’influence néfaste du suprême conseil de France. La GLDF n’est plus celle que j’ai connue au moment de mon initiation, c’est-à-dire celle qui respectait ceux qui croyaient au ciel et ceux qui ni croyaient pas, laissant à chacun d’entre nous dans le respect de ses convictions intimes la faculté d’en débattre avec ses frères. Tel n’est plus le cas.
Notre grande loge est devenue sectaire et intolérante même si elle se cache derrière les mots que la démocratie revendique, avec toujours les mêmes dignitaires qui s’échangent les postes, j’allais dire la soupe, et la chasse aux sorcières contre tous ceux qui rechignent et ne se soumettent pas aux atteintes à nos libertés. [...]
Dans ces conditions, il me reste la seconde solution, c’est-à-dire celle de partir et la présente constitue ma lettre de démission de la Grande Loge de France."
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