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La Maçonne

Droit de réponse de la GLFF à la GLDF.

Lorsque j'ai commencé à rédiger cet article, je venais de découvrir l'interview de Marc Henry, Grand Maître de la Grande Loge de France, dans lequel il explique que son obédience était fière d'avoir « mis au monde la franc-maçonnerie féminine ». (voir Gadlu.info :http://www.gadlu.info/la-grande-maitresse-de-la-glff-repond-au-grand-maitre-de-la-gldf.html)

Je n'en fut pas surprise : j'avais entendu auparavant de nombreux frères de la GLDF expliquer, aussi bien dans des conversations privées que lors de tenues, que « grâce à la GLDF, la GLFF existait ». Lorsqu'une sœur s'indigne ou fait remarquer un raccourci historique condescendant, ces mêmes frères, dans le meilleur des cas, lui font la leçon sur son intolérance chronique. Dans le pire des cas, la prennent pour une folle. J'ai toujours été stupéfiée par la « lecture » que font les frères de la GLDF sur l'histoire de la maçonnerie féminine et les croyances qui lui sont associées, me demandant d'où cela pouvait venir.

Je n'ai pris connaissance du droit de réponse de la GLFF, ce 25 février tard dans la soirée. Simple agacement ou véritable désir de privilégier la vérité historique avant toute chose, peu importe : la GLFF a décidé de répondre.

On s'en doutait déjà : la GLDF n'a pas inventé les loges d'adoption et l'initiation féminine. Alors que la GLDF venait d'être fondée (1893), des loges de la très célèbre Grande Loge Symbolique Ecossaise (GLSE n°1), l'obédience dont une loge a initié Maria Deraismes) l'intégrèrent. Les loges restantes de la GLSE n°1 devinrent mixtes. Elles initièrent, pour les femmes célèbres, Madeleine Pelletier et son amie Louise Michel. La turbulente GLSE n°2 fonda aussi la première loge d'adoption de la Grande Loge de France, avec des sœurs alors initiées au REAA, dont une avait une double affiliation avec le Droit Humain, dès 1904. Cette première loge fut fondée sans l'autorisation du Convent de la GLDF, qui botta en touche. Ce n'était pas au convent de décider. On se demande encore qui le pouvait. Soit pour s’accommoder avec les frères de la GLSE, soit parce que mise devant le fait accompli, la GLDF accepta finalement les loges d'adoption – qui n'avaient que le nom – Les sœurs fondatrices pratiquaient le REAA, le fonctionnement était mixte … La GLSE n°2, composée de 4 loges, disparut en 1911. Le rituel d'adoption n'apparut qu'en 1913. On ignore comment il fut imposer aux soeurs, comment la transmission fut effectuée. La cohabitation entre la GLDF et les loges d'adoption ne fut pas chose aisée : il y eut de nombreux couacs.

En 1934, la GLDF et son Grand Maître décidèrent de supprimer les loges d'adoption découvrant la régularité anglaise. L'expression utilisée était : « leur donner leur indépendance ». N'ayant pas été consultées et n'ayant aucun droit de vote, les sœurs refusèrent de partir. Le problème était, a priori, purement matériel et financier. Dès 1935, elles travaillèrent à leur départ, retardé par la Seconde Guerre Mondiale.

Après guerre, les sœurs survivantes se retrouvèrent et fondèrent l'Union Maçonnique Féminine. Le nom fut imposé par la GLDF. Elles eurent un local et une somme d'argent pour s'installer.

Quelques années plus tard, elles décidèrent de s'appeler « la Grande Loge Féminine de France » et de troquer le rituel d'adoption contre le REAA. Elles récupérèrent les rituels, grâce à des frères, conjoints ou parents. Elles traversèrent la Manche pour obtenir les hauts grades dans une obédience féminine. Dès 1954, la GLDF travaillait à sa marotte : la reconnaissance anglaise, ce n'était pas pour donner des rituels à des femmes et aider des femmes à fonder une obédience maçonnique ! Bien au contraire !

En examinant les faits, la GLDF passe surtout pour l'innocente victime d'une invasion de femmes. Difficile de donner une quelconque paternité ou maternité à la GLDF, même la première loge d'adoption a été fondée sous leur nez sans qu'elle n'y puisse pas grand chose!

La Grande Loge Féminine de France a été fondée par des femmes, qui se sont battues et, à en croire le droit de réponse de la GLFF, qui se battent encore. La GLFF n'existe pas pour dédouaner la GLDF, de son passé comme de son présent.

Lilithement vôtre,

Quelques articles sur ce blog :

Guerre de tranchée : l'avantage des femmes (http://lamaconne.over-blog.com/2013/10/guerre-de-tranch%C3%A9e-3-l%E2%80%99avantage-des-femmes.html)

dis-moi pourquoi? les femmes et le REAA : http://lamaconne.over-blog.com/dis-moi-pourquoi-les-femmes-et-le-reaa

Le "Boucher" : http://lamaconne.over-blog.com/le-boucher

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M
Ben oui facile de réécrire l' histoire ...
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T
super article, il est bon d'aller dans la Vérité!
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J
Ils se font aussi remonter à 1730 !! Sorte de besoin de plus exister que les autres !! :-)<br /> http://www.gldf.org/fr/qui-sommes-nous/la-gldf-de-a-%C3%A0-z<br /> &quot;Histoire<br /> &quot;L'année 1894 marque la naissance de la Grande Loge de France sous sa forme actuelle. Mais elle inscrit son histoire dans celle des obédiences qui ont marqué l’histoire maçonnique française, depuis les années 1730 où est apparue la première Grande Loge de France, dont l’obédience actuelle est pour une part la continuatrice.&quot;
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J
Il est tout a fait exact que la GLDF ne peut pas prétendre à la paternité de la GLFF, vu ce que fut son attitude à plusieurs reprises et bien qu'en son sein, mais en marge, se soient trouvés d’authentiques féministes, parfois repentis, et les SS se sont bel et bien débrouillées toutes seules.En revanche, génétiquement parlant, si l'on ose dire, c'est bien le REAA que ces SS sont allées chercher, celui de la Grande Loge. Il faut dire que du côté du RF, on ne s'intéressait alors guère à ces femmes.
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